Introduction

Les coûts d’alimentation des vaches de boucherie représentent la plus grosse dépense des exploitations vache-veau. Une étude comparative ontarienne a permis d’établir qu’en 2006 et 2007 les coûts d’alimentation animale représentaient respectivement 62 % et 63 % de l’ensemble des frais d’exploitation dans les fermes à revenu élevé (Profil des exploitations vache-veau de l’Ontario — Programme d’analyse des exploitations vache-veau, 2006 et 2007).

Problème de nutrition chez la vache

L’alimentation des vaches exerce un effet majeur sur leur santé, d’où l’importance d’équilibrer les coûts et l’apport nutritionnel. Les producteurs ont intérêt à s’informer sur les nouveaux aliments offerts, sur leurs valeurs nutritives ainsi que sur les programmes d’alimentation qui conviennent à leur exploitation. La présente fiche technique décrit différentes méthodes qui visent à réduire les coûts d’alimentation tout en fournissant aux vaches une ration saine.

La fiche est rédigée en utilisant les unités couramment employées dans le secteur des bovins de boucherie. Le recours aux mesures impériales constitue la norme de l’industrie.

Programmes d’alimentation à base de fourrages

Les fourrages constituent la base de la ration des vaches. De nombreux aspects doivent être pris en compte lorsqu'on formule les rations à partir de cultures fourragères entreposées de manière appropriée.

Pénurie de foin entreposé

Plusieurs stratégies peuvent être mises en place dans les cas de pénurie de foin entreposé pour remplacer les fourrages ou en prolonger l’utilisation. La stratégie la plus utilisée est de remplacer le foin par d’autres céréales à paille, des tiges et des résidus. L’ampleur de cette substitution dépend de la qualité de la paille et du stade de production de la vache.

Le tableau 1 présente les paramètres nutritionnels des fourrages les plus utilisés (ainsi que de certains autres aliments pour animaux) sur la base de la teneur en matière sèche, incluant la digestibilité des fourrages et leur teneur en protéine brute. La fibre de détergent neutre (NDF) mesure à quel point une ration stimule la rumination, laquelle constitue une partie importante du processus de digestion des vaches. À mesure que les recherches se poursuivent sur les autres sources de fourrages, le pourcentage de NDF totale qui est composé de fibre de détergent neutre efficace (NDFe) peut devenir important pour le secteur de la production bovine tout comme il l’est pour le secteur laitier. Une teneur suffisante en NDFe stimulera la mastication, la salivation et la rumination, ce qui favorise la présence d’un pH sain dans le rumen et le maintien de la prise alimentaire.

Tableau 1. Analyse nutritionnelle de différents fourrages sur la base de la teneur en matière sèche.
Type de fourragesPourcentage d’unités nutritives totales (% UNT)Pourcentage de protéine brute (% PB)Pourcentage de fibre de détergent neutre (% NDF)Pourcentage de fibre de détergent neutre efficace (% NDFe)
Foin de luzerne — début de floraison6219,939,392
Ensilage de luzerne — début de floraison6319,543,082
Foin de dactyle pelotonné — début de floraison6512,859,698
Foin de dactyle pelotonné — fin de floraison548,465,098
Ensilage de maïs — 45 % de grain728,743,081
Maïs grain humide1931090
Farine de maïs et rafles1829,026,056
Ensilage de tiges de maïs556,368,081
Ensilage de blé — stade pâteux5712,560,761
Paille de blé413,578,998
Paille d’orge404,472,5100
Paille de soya1425,070,0100

PB = protéine brute; UNT = unités nutritives totales

Source: Nutrient Requirements of Beef Cattle, Seventh Revised Edition, 1996, Annexe tableau 1A, sauf pour les entrées suivies d’un 1 qui proviennent de Nutrient Requirements of Small Ruminants, 2007, Tableau 15–11.

On observe une tendance à long terme en Ontario à convertir les parcelles de cultures fourragères en cultures commerciales. Selon le recensement agricole de Statistique Canada, les conversions vers le soja, le blé et le maïs sont passées de 28 à 57 % entre 1976 et 2011. Ces hausses se sont traduites par une réduction globale des cultures fourragères, ce qui accroît l'importance d'utiliser des résidus ou d'autres fourrages dans les rations de bovins de boucherie.

Les producteurs peuvent avoir recours à différents programmes d’alimentation des bovins de boucherie et de gestion des éléments nutritifs, mais la gestion des cultures peut aussi se révéler efficace pour faire face aux pénuries de fourrages.

L’une des meilleures solutions pour disposer de plus grandes quantités de fourrages est de semer et de récolter des cultures annuelles après la récolte du blé d’automne utilisé pour les rations hivernales. Étant donné que le blé d’automne est récolté en juillet, il est encore possible de semer des cultures fourragères de remplacement à la fin juillet et en août. Voici quelques aspects à planifier à ce sujet dès le début de l’été :

  1. Ensilage de blé — On peut envisager de récolter la totalité des plants de blé initialement destinés à la production de grains, pour en faire de l’ensilage. Dans les Prairies, on possède une vaste expérience de l’ensilage de céréales, lequel permet d’obtenir un rendement énergétique alimentaire maximal par acre de cultures fourragères, comme on le fait en Ontario avec l’ensilage de maïs. Pour cette utilisation, on doit récolter les céréales au stade pâteux mou et les faucher à une teneur en humidité de 65 %. Les variétés de céréales à barbes ne sont pas recommandées pour cet usage en raison du risque que les barbes se logent dans le palais des bovins. Vers la fin du stade pâteux, on peut s’attendre à une teneur en unités nutritives totales (UNT) d’environ 63 % et à 12 % de protéine brute (PB). De plus, le fait de récolter la culture avant la maturation du grain permet d’avoir accès à une plus longue période de croissance pour semer une autre culture fourragère.
  2. Mélanges d’avoine, de pois et de céréales fourragères semés après le blé — Ce mélange peut être utilisé comme ensilage pour remplacer l’ensilage préfané (sans développement du grain). La figure 1 montre les données sur le rendement de certains types de cultures fourragères dans des parcelles. Le fait d’inclure des légumineuses, comme des pois, ainsi que différentes céréales, permet d’obtenir des parcelles dont les cultures contiennent les teneurs en protéines voulues et présentent aussi des avantages agronomiques. On doit garder en mémoire que le paramètre le plus déterminant en ce qui a trait à la qualité des fourrages est la digestibilité ou l’énergie, ce qui en retour dépend de la maturité. Des valeurs élevées en protéines, en raison de la présence de légumineuses, ne doivent pas être confondues avec la qualité supérieure des fourrages jeunes et immatures. La meilleure manière d’évaluer la qualité des fourrages est d’utiliser les paramètres énergétiques obtenus par analyse comme les UNT et l’énergie nette qui sont indépendants de la teneur en PB.
Graphique à barres en couleur qui montre comment les terres en Ontario sont réparties entre les cultures conventionnelles et les fourrages.
Figure 1. Calculs du nombre de bovins à l’acre, basés sur les analyses de laboratoire des cultures fourragères semées après le blé d’automne, MAAARO, 2013.

Les résultats correspondent au taux de fertilité (livres d’azote à l’acre) pour les différentes cultures fourragères, avec un taux de semis optimal (livres à l’acre), comme cela été démontré dans les parcelles de 2012 selon le type de fourrages. Plus particulièrement, l’avoine et l’orge signalés ici avaient été semés à des taux de 70 lb et 90 lb à l’acre respectivement, et le mélange avoine/pois au double de ce taux pour les différentes doses d’application de l’azote.

Jusqu’à ce qu’il y ait davantage de superficies labourables utilisées en Ontario pour les cultures fourragères vivaces, la capacité à répondre à la demande en fourrages restera fortement reliée à l’utilisation de cultures commerciales qui sont récoltées à des fins fourragères. Les producteurs devront se montrer proactifs et trouver des cultures fourragères de remplacement, ainsi qu’accroitre leur approvisionnement en fourrages par des récoltes successives ou le recours à des cultures à haut rendement pour les pâturages comme pour les cultures fourragères entreposées.

Stratégies de remplacement des fourrages. Rations à base de sous-produits agricoles et de foin

L’idée d’utiliser des sous-produits agricoles, comme les grains de maïs ou les drêches de distillerie, dans les rations de vaches de boucherie n’est pas nouvelle. Plusieurs études ont montré que, selon les prix courants, l’utilisation de grains de maïs, de gluten de maïs ou de drêches de distillerie en remplacement du foin permet de réduire le coût de la ration hivernale d’une vache gestante. Il peut être avantageux pour les producteurs de trouver un moyen d’utiliser ces produits pour les rations offertes dans les exploitations vache-veau, surtout lorsque le foin est de mauvaise qualité et rend nécessaire un apport additionnel de protéines. Utiliser de préférence des sous-produits dont la teneur en protéines est supérieure à 20 % et qui peuvent être utilisés dans toute ration contenant des grains, en plus d’une source de protéines.

Les tableaux ci-dessous présentent des suggestions et les contraintes qui y sont associées. Le tableau 2 fournit un exemple de rations pour remplacer l’ingestion de 28 à 30 lb de foin par jour pour une vache pesant 1 400 lb. On présume ici que le foin de graminées en mi-floraison contient 57 % d’UNT et 10 % de PB. Outre les ingrédients mentionnés, des minéraux doivent être ajoutés à toutes les rations. Ces derniers peuvent être mélangés avec le grain, donnés à volonté ou mélangés dans la ration totale mélangée (RTM).

Tableau 2. Exemples de rations pour vaches taries avec substitution du foin
Stade de production de la vacheNuméro de rationIngrédientsParamètres*
Mi-gestation
(2e trimestre)
1 (Ration utilisant 10 livres de foins, de paille et de grain)10 lb de foin
10 lb de paille de blé
3 lb de maïs broyé
2 lb de canola broyé
54 % UNT
7,5 % PB
Mi-gestation
(2e trimestre)
2 (Ration utilisant 10 livres de foins, de paille et de grain)15 lb de foin
7 lb maïs broyé
52 % UNT
9,8 % PB
Fin de gestation (3e trimestre)3 (Ration utilisant 20 livres de foin)20 lb de foin
5 lb maïs broyé
56 % UNT
8,8 % PB
Fin de gestation (3e trimestre)4 (Ration utilisant 20 livres de foin)20 lb de foin
5 lb de DDSS**
56 % UNT
12,0 % PB***

* Valeur nutritive basée sur une prise alimentaire équivalente de 28 lb
** Drêches de distillerie sèches avec solubles
*** Teneur en protéine de la ration supérieure aux exigences
PB = protéine brute; UNT = unités nutritives totales

Tableau 3. Comparaison des valeurs nutritives des grains de maïs et des drêches de distillerie sèches avec solubles (DDSS). Toutes les valeurs nutritives sont exprimées en pourcentage et sont basées sur la matière sèche (adapté d'une publication du National Research Council, 2007).
 Pourcentage de maïs (%)Pourcentage des drêches de distillerie avec solubles
DDSS (%)
Matière sèche8890
Protéine929
Énergie (UNT)8892
Matière grasse (extraite à l’éther)4.310.6
Fibre (NDF)943
Phosphore0.30.8
Soufre0.120.4
Apparence physiquegrain entier, secproduit haché, séché
Contraintes d’utilisationamidon (acidose)soufre, phosphore, matière grasse

Adapté d'une publication du National Research Council, 2007.

Les drêches de distillerie sèches avec solubles (DDSS) ou les drêches de distillerie humides ont l'avantage de contenir trois fois les teneurs du maïs en protéine concentrée, en gras, en minéraux et en fibres lorsque l'amidon a fermenté. Le coproduit qui en résulte possède une concentration moyenne (24 à 27 %) en protéine tout en gardant une haute valeur énergétique en raison de sa proportion de gras et de la fraction restante de fibre de détergent neutre (NDF) hautement digestible, ce qui rend le produit utile dans les rations contenant moins de foin. Ce produit a également l'avantage d'être déjà broyé, plus riche en protéine et moins sujet à provoquer de l'acidose que le maïs broyé. Le gluten de maïs est semblable aux DDSS et aux drêches humides sous plusieurs aspects, surtout lorsque les DDSS ont un prix comparable à celui du tourteau de soya. Il est alors économique d'utiliser les DDSS dans les rations pour vaches gestantes, surtout lorsque les fourrages sont de mauvaise qualité. Le tableau 4 fournit des exemples de quelques rations qui pourraient être données à de jeunes animaux ou à des vaches, avec des DDSS ou non.

Tableau 4. Rations en milieu et fin de gestation pour vaches et génisses, avec ou sans DDSS.
RationStandardAvec drêches de distillerie avec solubles (DDSS)
2e trimestre
Vache de 1 400 lb
28,5 lb foin de graminées/légumineuses17,0 lb foin de graminées/légumineuses
5,0 lb de maïs ou de DDSS
3e trimestre
Vache de 1 500 lb
32,0 lb foin de graminées/légumineuses20,5 lb foin de graminées/légumineuses
5,5 lb de maïs ou de DDSS
Génisse de 700 lb
@ 2 lb/de gain journalier
13,5 lb foin de graminées/légumineuses5,0 lb maïs broyé 13,5 lb foin de graminées/légumineuses
4,9 lb de DDSS

Source: Ration produced with CowBytes Beef Ration Balancer v4.6.8, Alberta Agriculture.

Ces rations peuvent être données avec du foin de moindre qualité que ce qui est suggéré ici, puisque la protéine ne constitue pas une contrainte. Le prémélange de minéraux n’est pas inclus.

L’orge offre un apport énergétique équivalent à 90 % de celui du maïs, alors que celui du blé est égal ou légèrement supérieur à celui du maïs à cet égard. Les grains ne doivent pas composer plus du tiers de la ration totale. Exemple : une ration pour une vache de boucherie de 1 400 lb, composée de 28 à 30 lb de foin par jour, peut être changée par 20 lb de foin plus 5 lb de grain (5/25 × 100 = 20 % de grain). La limite supérieure pour le grain serait de 7,5 lb de grain (7,5/22,5 × 100 = 33 % de grain) avec 15 lb de foin. Avec ce dernier scénario toutefois, l’apport de grain doit être réparti en au moins deux portions par jour à moins de donner une ration totale mélangée (RTM) et de bien surveiller l’alimentation. Par ailleurs, les vaches risquent de moins ressentir la faim si on ne remplace que le tiers au lieu de la moitié du foin par du grain.

Toutes les fois qu’il s’avère nécessaire de fournir un apport supplémentaire en énergie et en protéines aux bovins de boucherie, qu’il s’agisse de veaux ou de vaches, les producteurs ontariens de vache-veau devraient envisager d’utiliser des grains, des DDSS à base de maïs et d’autres sous-produits agricoles. Dans certains cas, on peut acheter à peu de frais additionnels la protéine supplémentaire contenue dans les DDSS comparativement à ce qu’on peut trouver dans le maïs. En tenant compte de cela et du fait que les ruminants ingèrent ce coproduit prétransformé riche en fibres, on peut conclure que l’ajout de ce dernier peut être considéré dans tout programme d’alimentation prévoyant l’usage de sous-produits et dans bon nombre d’élevages vache-veau.

Les neuf meilleures stratégies pour réduire les coûts de l’alimentation et la main-d’œuvre

  1. Analyse et supplémentation : réduire les excès d’éléments nutritifs — L’industrie bovine se base sur les recommandations du « Nutrient Requirements of Beef Cattle, Seventh Revised Edition, 1996 » pour l’établissement des logiciels de formulation de rations et les recommandations relatives aux valeurs nutritives. Cela permet de comparer les analyses d’ingrédients et l’alimentation (formulation des rations) aux besoins des animaux (exigences) et de prendre ainsi des décisions éclairées. En fait, les vaches ne savent pas quand leurs besoins à cet égard sont comblés et elles continuent d’ingérer des aliments de haute qualité. Cela est vrai en ce qui concerne l’apport énergétique, la protéine, diverses vitamines et les minéraux. Il est donc important de faire correspondre les besoins des animaux à ce qui leur est fourni et de surveiller l’approvisionnement des aliments en évitant de se contenter de remplir systématiquement les mangeoires. C’est pourquoi on conseille d’avoir recours aux analyses avant de passer à la supplémentation. Cette approche, combinée à la souplesse des rations totales mélangées (RTM), diminue les risques d’excès inutiles et coûteux de suppléments d’énergie, de protéines ou de tout autre macro-minéral cher comme le phosphore et de certaines vitamines qui varient selon les exploitations. L’échantillonnage des fourrages pour analyse est une étape importante pour établir leur valeur dans le cadre d’un programme d’alimentation du troupeau. On peut aussi prendre des échantillons des cultures fourragères dans les pâturages afin de mieux connaître leurs teneurs en minéraux de même que pour établir des corrélations entre la gestion des parcelles et la qualité des fourrages (dans ce cas, du dactyle pelotonné seulement).
    échantillon de dactyle dans un sac en plastique indiquant la quantité à collecter
    Figure 2. Taille d’échantillon recommandée.
  2. Alimentation restreinte — Afin que la méthode d’alimentation restreinte fonctionne bien, il faut qu’il y ait suffisamment d’espace entre les mangeoires pour que chaque animal du lot puisse manger en même temps. Si cet espace est insuffisant, les animaux plus timides ne pourront pas se nourrir convenablement. Selon plusieurs sources, l’alimentation restreinte peut réduire le gaspillage ainsi que la consommation excessive d’aliments sans compromettre la productivité. La vache dispose d’un mécanisme tampon naturel qui lui permet d’augmenter ou de diminuer l’utilisation des ressources en modifiant ses réserves en gras, son métabolisme hépatique et sa production de chaleur résiduelle. Les vaches et les veaux de boucherie ont besoin de 65 à 75 cm (26 à 30 po) d’espace entre les mangeoires, comparativement à moins du tiers de cette distance dans le cas des systèmes d’alimentation à volonté.
  3. Utilisation des ionophores — L’ajout de plus grandes concentrations d’ionophores que ceux qui sont utilisés comme coccidiostats peut aussi réduire la consommation d’aliments. Si la fermentation dans le rumen est plus efficace, la vache peut emmagasiner plus d’énergie sous forme de métabolites pour son système, plutôt que de perdre cette énergie sous forme de méthane. Cette technologie peut être mise en place soigneusement soit par l’utilisation de granulés, ou par la RTM. Quelle que soit la méthode utilisée, il est préférable d’en discuter d’abord avec un nutritionniste ou un conseiller en alimentation animale.
  4. Utilisation d’ensilage de maïs — Le maïs (ainsi que d’autres grains ou sous-produits) peut être utilisé de manière très efficace pour remplacer en partie le foin. Le prix de l’ensilage de maïs peut parfois être moins élevé que celui du foin. Dans ce cas, on devrait utiliser plus d’ensilage de maïs dans la ration. On peut alors compléter avec des fourrages de moindre qualité et un supplément de protéines pour pallier la baisse de concentration de ces dernières, et donner le tout dans le cadre d’un système à alimentation restreinte. Il pourrait toutefois y avoir certains risques d’acidose en raison d’un excès de grains, d’autant plus que ces derniers doivent être habituellement transformés pour être donnés aux vaches. C’est pourquoi les grains ne doivent représenter qu’environ le tiers de la ration.
  5. Repas l’après-midi ou le soir — Personne ne sait exactement pourquoi, mais il semble que les repas servis plus tard dans la journée sont associés à des vêlages diurnes dans bon nombre d’exploitations. La période de la journée durant laquelle une vache est nourrie influe sur le moment du vêlage. Les périodes de repas peuvent ainsi avoir un effet sur les besoins de main-d’œuvre la nuit. On recommande donc de commencer à nourrir les vaches l’après-midi ou le soir environ quatre à six semaines avant le vêlage.
  6. Alimentation tous les deux jours — Un certain nombre de recherches et suffisamment d’observations pratiques à la ferme laissent croire qu’on peut avoir recours à l’alimentation tous les deux jours comme moyen pour utiliser des aliments ayant une qualité ou des caractéristiques différentes, sans devoir employer des mélangeurs pour RTM et avoir à défrayer les coûts qui leur sont associés. Ainsi, si une ration quelconque est composée d’une moitié de foin de faible qualité et d’une moitié d’ensilage préfané de meilleure qualité, il est alors préférable d’opter pour la RTM. Un autre choix, si l’on a uniquement de grosses balles, est de donner un seul type d’aliment un jour, et l’autre type le lendemain (ou deux et deux, mais pas plus). La moins bonne stratégie consiste à donner des balles de foin de chaque type chaque jour car, en raison de la hiérarchie dans le troupeau, certains animaux ne seront pas convenablement nourris. On pourrait aussi donner de l’ensilage de maïs ou du maïs-grain tous les deux jours.
  7. Saison de vêlage — De nombreuses recherches ont été réalisées concernant l’effet de la période de vêlage sur les rations hivernales. Pour en savoir davantage à ce sujet, consulter le site Web du MAAARO.
  8. Réduction de l’ossature des vaches — Le meilleur indice qui permet de prévoir la quantité d’aliments ingérés par les bovins est leur taille et leur poids. En effet, plus une vache est grosse, plus la facture des aliments qu’elle consomme sera élevée. On peut donc envisager un meilleur usage des taureaux terminaux pour l’insémination de vaches plus petites (sans l’être trop) pour arriver à maintenir une bonne productivité des veaux tout en gardant les coûts d’alimentation hivernale des vaches relativement bas.
  9. Réduction du stress dû au vent et aux sols boueux — L’énergie alimentaire requise dans des enclos venteux et humides est beaucoup plus élevée que dans les enclos secs et à l’abri du vent. Les animaux stressés par le froid et dont le pelage est peu fourni ont besoin de plus de nourriture pour se maintenir que ceux non soumis à ces stress. Les sites d’hivernage humides et venteux peuvent presque doubler les exigences en matière d’énergie (pour contrer la perte de poids). Pour en savoir davantage sur les mesures permettant de réduire le stress dû au froid chez les vaches, voir le site Web du MAAARO.

Conclusion

La réduction des quantités de fourrages disponibles en Ontario oblige les producteurs de vaches de boucherie à utiliser de nouveaux aliments et à mettre en place de nouveaux programmes d’alimentation dans leur exploitation. Le remplacement du foin conventionnel avec des fourrages qu’on peut se procurer facilement et des sous-produits agricoles de qualité permettra de réduire les coûts d’alimentation et contribuera à améliorer la rentabilité du secteur bovin. Il est important de se rappeler de faire analyser les ingrédients utilisés dans l’alimentation animale, surtout pour les minéraux dans le cas des fourrages cultivés à la ferme, ainsi que pour les protéines et l’énergie. Il est également recommandé d’utiliser les valeurs ainsi obtenues avec l’aide d’un conseiller en nutrition en vue de mettre en place un programme de supplémentation ciblée permettant d’éviter la surconsommation d’ingrédients ou d’éléments nutritifs.

La présente fiche technique a été rédigée par Christoph Wand, spécialiste de la durabilité de l'élevage du bétail, MAAARO; Anita Heeg, spécialiste des ingrédients et des sous-produits, alimentation animale, MAAARO.