L'alimentation est à elle seule le plus important coût de l'élevage des bovins de boucherie, comptant pour 60 % des coûts d'exploitation. La gestion des fourrages vous procurera le meilleur rendement de tout investissement sur votre ferme. Des recherches ont montré que jusqu'à 1/3 des aliments entreposés peut être gaspillé à cause de la pluie, de la neige et des ravageurs. Un des meilleurs investissements d'une ferme bovine est une grange pour le foin.

Toutefois, une fois l'hiver bien entamé, vous devez utiliser au mieux les aliments que vous avez. Faites un inventaire complet de tous vos fourrages en les regroupant selon leur qualité (bonne, mauvaise et passable. Faites analyser vos fourrages pour en connaître leur teneur en protéines, en énergie et en d'autres éléments nutritifs. Vous aurez ainsi un indice de la qualité des aliments et de la quantité que vos animaux sont susceptibles de consommer.

Calcul de la quantité requise

Connaissez le poids vif de votre bétail. Pesez les vaches ou, à tout le moins, vérifiez le poids des dernières vaches de réforme vendues. Une fois que vous avez une bonne idée du poids moyen du groupe d'animaux que vous avez, vous serez en mesure de calculer la quantité d'aliments requis pour le reste de la période d'alimentation. Par exemple, pour un fourrage de qualité moyenne, une vache consommera environ 2 % de son poids vif en matière sèche par jour. Une vache de 680 kg (1500 lb) consommera par conséquent 13,5 kg (30 lb) de matière sèche de fourrage, soit environ 16 kg (35 lb) de fourrage en l'état. Si vous avez 100 vaches, vous aurez besoin de 1590 kg (3500 lb) de fourrage par jour jusqu'à la saison de pâturage, dans peut-être encore 150 jours. D'ici là, vous aurez besoin de 240 tonnes de fourrage. Si vous avez des balles rondes de 4 x 5 d'environ 365 kg (800 lb), vous aurez donc besoin de 650 balles de foin.

Groupez vos femelles de reproduction en fonction de leur âge et de leur état de chair. Cette simple stratégie de gestion permet de fournir une alimentation selon les besoins des animaux au lieu de nourrir le troupeau pêle-mêle. Séparez les vaches maigres, les vaches gestantes de deux ans et les génisses primipares du restant du troupeau. Servez les aliments de meilleure qualité à ces animaux car ils sont moins en chair ou encore en croissance. Utilisez les aliments de moins bonne qualité pour le restant du troupeau de vaches.

Alimentation rationnée

Une option pour la gestion des fourrages en quantité limitée est de rationner les animaux. L'objectif est de donner au troupeau moins que ce qu'il consommerait normalement. Par exemple, limitez l'apport de matière sèche des vaches à 1 % au lieu du 2 % habituel. Bien que le rationnement exige la bonne gestion du distributeur de fourrages, elle peut réduire les pertes et abaisser les coûts. Pendant leur tarissement, les vaches en gestation peuvent perdre un peu de leur état de chair. Vous pouvez leur donner une petite quantité d'aliment complémentaire pour équilibrer les besoins nutritifs. Cette option peut être économique dans les périodes où le fourrage est en quantité limitée ou très cher. Assurez-vous que les fourrages sont entiers, et s'ils sont conditionnés, veillez à ce qu'ils ne soient pas hachés à moins de 3 po de long. Il faut aussi que tous les animaux aient accès aux aliments en même temps.

Une vache de 680 kg (1500 lb) consomme normalement 16 kg (35 lb) de fourrage (2 % de son poids vif en matière sèche). Cette quantité lui procure son besoin de 6,8 kg (15 lb) d'UNT (énergie) par jour. Le fait de limiter à 1 % la matière sèche, soit 8 kg (17,5 lb) de fourrage par jour réduit de 50 % la consommation du foin. Cependant, ce rationnement procure seulement 3,4 kg (7,5 lb) d'UNT, soit la moitié de ses besoins énergétiques. Elle doit maintenant compenser pour l'énergie manquante par une autre source d'énergie telle que le grain. Pour combler ses besoins, on pourrait lui donner 3,6 kg (8 lb) de maïs par jour. La consommation totale par vache serait maintenant de 10,7 kg (23,5 lb) par jour au lieu de 16 kg (35 lb). Selon le prix du foin et du maïs, cela peut s'avérer avantageux.

Autres stratégies d'alimentation

Si vous avez deux types de fourrages, c.-à-d. des fourrages de bonne et de pauvre qualité, en donnant un seul type de fourrage un jour et l'autre fourrage le lendemain, vous optimiserez l'utilisation des fourrages dans l'ensemble. Cette méthode réduit les effets d'une vache meneuse aux mangeoires, ce qui permet à toutes les vaches d'avoir accès à une alimentation de meilleure qualité en même temps.

La paille de céréale peut remplacer une partie des fourrages dans les rations. En règle générale, il est préférable que la paille ne représente pas plus du à 1/3 de l'affouragement total. Toutes les pailles ne s'équivalent pas. La paille d'orge est plus nutritive que la paille de blé, et la paille d'orge à 2 rangs est meilleure que celle de l'orge à 6 rangs.

Le hachage des fourrages au moyen d'un bol de broyage ou d'un équipement similaire peut augmenter leur digestibilité, réduire les effets de la poussière et des moisissures, et diminuer le gaspillage. Il permet une bien meilleure utilisation des fourrages de mauvaise qualité et réduit le triage.

Finalement, si vous devez fournir du grain à la production vache-veau en raison de carences d'éléments nutritifs ou de manque de fourrage, il vaut mieux donner le grain aux veaux que de le donner aux vaches. Les jeunes animaux utilisent le grain plus efficacement, puis le grain réduit la dépendance du veau envers sa mère. En plus, l'alimentation au grain à l'approche du printemps mène souvent à un programme de semi-finition. Il suffit parfois de donner aux veaux un accès à du fourrage de très bonne qualité, en réduisant l'apport aux vaches.

L'utilisation d'une ou plusieurs de ces suggestions peut permettre un meilleur usage des fourrages dont vous disposez pour nourrir le bétail de la ferme.

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