En 2008, la récolte ontarienne de betteraves à sucre est exceptionnelle. Les rendements dépassent largement les attentes, de sorte que l'offre excède la capacité normale de transformation. Les producteurs sont invités à participer à un programme de retrait aux termes duquel une partie des cultures ne serait pas récoltée ou ne serait pas livrée en vue de la transformation.

Les producteurs prévoyant de participer au programme chercheront sans doute des solutions de remplacement, comme la récolte des betteraves entières en vue de leur incorporation dans les aliments pour le bétail. Plusieurs éleveurs ont sans doute nourri leur bétail avec le sous produit de la transformation de la betterave à sucre, c. à d. avec la pulpe humide de betterave, mais non avec la betterave entière. À cause de sa teneur en sucre et en fibres digestibles, celle ci constitue une bonne source d'énergie. On l'a employée avec succès pour nourrir des ruminants comme les bovins et les ovins. Par le contenu énergétique, sa valeur nutritive s'apparente à celle de la semoule de maïs et de la farine de maïs entier, mais sa teneur en protéines est un peu inférieure.

Le tableau suivant compare la composition nutritionnelle, en poids sec, de la betterave entière à celle de la pulpe de betterave, du maïs d'ensilage, de la semoule de maïs et de la farine de maïs entier, ainsi que du maïs égrené.

 Matière sècheProtéines brutesÉnergie (T.D.N.)CaP
Betterave entière
20 %
6,8 %
81 %
0,24 %
0,24 %

Pulpe de betterave à sucre
(humide)

25 %
9,0 %
72 %
0,72%
0,20%
Semoule de maïs et farine
de maïs entier
87%
9,0%
82%
0,10%
0,24%
Maïs d'ensilage
35%
8,0%
69%
0,30%
0,20%
Maïs égrené
87%
9,5%
88%
0,01%
0,30%

Points à examiner avant d'utiliser la betterave à sucre comme aliment pour animaux

  • La teneur élevée en humidité (environ 80 %) et la teneur assez élevée en sucre de la betterave à sucre causent parfois des problèmes d'entreposage.
  • Les conseillers du secteur industriel sont d'avis que la betterave à sucre non transformée peut être conservée en piles sans perte importante jusqu'à une date avancée en février. Cependant, elle doit être consommée avant la période de réchauffement de la mi mars car la chaleur provoque sa décomposition rapide et amène d'importants problèmes de nuisance causés par les insectes.
  • Une meilleure solution à long terme serait l'ensilage de la betterave à sucre transformée en mélange avec un ingrédient sec comme la paille, le foin ou les tiges de maïs de manière à obtenir un taux d'humidité final de 35 % à 40 %. Les piles doivent être recouvertes de manière à empêcher le passage de l'oxygène.
  • Il faut évaluer avec soin le choix d'un emplacement pour les piles servant à l'entreposage temporaire, de manière à abaisser le plus possible les risques de contamination du milieu et la production d'odeurs nauséabondes. Il faut exercer une surveillance et veiller à ce que tout écoulement possible n'atteigne des plans d'eau, par exemple un cours d'eau, un fossé ou une mare.
  • Il est établi que le mélange dans des proportions de quatre ou de cinq parties de betteraves transformées pour une partie de paille offre un rendement d'ensilage élevé.
  • À cause de sa teneur élevée en sucre, la betterave à sucre est une excellente source de glucides fermentables qui sont nécessaires à une bonne fermentation.
  • Il existe différentes méthodes de transformation de la betterave, par exemple son passage dans une récolteuse hacheuse ou dans un bol de broyage, son brassage prolongé dans un mélangeur à RTM, son broyage par des véhicules ou son broyage dans une déchiqueteuse de bois.
  • Les bovins et les ovins peuvent ingérer les betteraves à sucre entières, mais afin de réduire le risque d'étouffement sur des betteraves de petite taille et de manière à obtenir sans peine un mélange uniforme avec d'autres ingrédients, il est recommandé de défaire ou de transformer les betteraves avant de les donner au bétail.
  • Les taux suggérés d'incorporation dans les rations peuvent s'élever à 20 % de la matière sèche ingérée par le bétail au stade du pré engraissement ou au stade de croissance, et jusqu'à 50 % de celle ingérée par les vaches d'élevage de boucherie.
  • Les feuilles de betterave peuvent aussi servir à l'alimentation, cependant la plus grande partie de la valeur alimentaire étant contenue dans la racine, il est préférable de conserver et d'utiliser la betterave plutôt que son feuillage.
  • Il importe d'établir quel fongicide ou quel herbicide ont été appliqués sur les cultures du fait que les étiquettes de certains de ces produits comportent des restrictions relatives à l'utilisation de la betterave à sucre pour l'alimentation du bétail. Ainsi, l'étiquette du produit Tilt™ mentionne ce qui suit : « Ne pas laisser paître le bétail dans les feuilles et les pétioles des betteraves à sucre traitées avec du propiconazole ni utiliser celles-ci comme fourrage. » Il n'existe cependant pas de restriction : concernant la betterave elle même. L'étiquette du produit Senator 70W™ affiche l'avertissement suivant : « Aucune betterave à sucre ni partie de betterave à sucre ne peut être utilisée en pâturage ni comme fourrage au Canada. » Le produit Headline™ ne semble pas faire état de restrictions concernant l'alimentation. Ce qu'il faut faire - lire l'étiquette!

Les éleveurs de bétail qui choisiraient d'alimenter leur bétail avec la betterave à sucre devraient consulter un nutritionniste pour le bétail afin de s'assurer que les rations sont équilibrées de façon optimale en fonction de la santé des animaux et du rendement.

Pour plus de renseignements sur l'emploi de la betterave à sucre comme aliment, s'adresser à :

Ron Lackey
Spécialiste des ingrédients et des sous-produits, alimentation animale
Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales
581, rue Huron
Stratford (Ontario) N5A 5T8
Tél. : 519 271-7407
ron.lackey@ontario.ca