Introduction

La biosécurité constitue une notion relativement nouvelle en matière d'élevage. Comme ce terme n'est pas répertorié dans de nombreux dictionnaires, on lui attribue un grand nombre de significations. Aux fins du présent exposé, nous retiendrons la définition suivante de la biosécurité : protection des troupeaux de porcs contre l'introduction d'agents infectieux (viraux, bactériens, fongiques, parasites, etc.). Signalons également que cette définition vise l'introduction d'agents infectieux et non pas nécessairement celle de maladies. La présence d'agents infectieux ne cause pas invariablement de graves infections chez les porcs, quoiqu'il puisse être important de ne pas se mêler à leurs troupeaux pour d'autres motifs.

Types d'agents infectieux

De nombreux types d'organismes sont à l'origine d'infections. Des vers ronds d'une longueur pouvant atteindre de 20 à 40 cm aux bactéries et virus microscopiques, une panoplie d'organismes peuvent infecter les porcs. Ces agents infectieux peuvent être classés de diverses façons : microscopiques et macroscopiques, pathogènes (causant des maladies) et non pathogènes chez les porcs, zoonotiques (transmissibles des animaux aux humains) et non zoonotiques, etc. Seules deux catégories d'agents infectieux suscitent des préoccupations en matière de biosécurité: les agents pouvant causer des maladies (pathogènes) chez les porcs et les agents zoonotiques.

Agents infectieux potentiellement pathogènes chez les porcs

Des centaines d'agents infectieux peuvent provoquer des maladies chez les porcs. On entend souvent les producteurs affirmer qu'ils ne se soucient pas de la biosécurité parce que leurs porcs sont déjà atteints de toutes les maladies existantes, ce qui serait vrai si tous leurs porcs étaient morts. La mort est véritablement un indicateur qu'un porc souffre de toutes les maladies présentes dans les troupeaux porcins de l'Ontario. C'est donc pourquoi la biosécurité revêt de l'importance pour tous les producteurs dont les porcs sont vivants.

On peut faire en sorte de minimiser ou d'éliminer les effets des agents infectieux sur la santé des troupeaux porcins. Seul un petit nombre de ces organismes sont pathogènes isolément. Cependant, le coût des mesures nécessaires pour éviter que les agents infectieux provoquent des maladies peut être prohibitif.

Bien que l'on puisse prendre des moyens pour minimiser ou éliminer les incidences de nombreux organismes infectieux sur la santé et la productivité d'un troupeau de porcs, la présence d'agents infectieux multiples aura raison des meilleurs efforts de lutte contre les maladies. En conséquence, la biosécurité est essentielle à la production de troupeaux dont la santé satisfait des normes élevées ainsi que des normes classiques. À l'inverse de ce croient certains producteurs, les maladies ne sont pas inévitables chez les porcs. De nombreux producteurs ont maintenu leurs troupeaux en très bonne santé pendant des dizaines d'années en se servant de protocoles de biosécurité relativement discrets.

Agents infectieux zoonotiques

Les agents infectieux transmissibles des animaux aux humains ou des humains aux animaux sont dites zoonotiques. Les organismes zoonotiques peuvent être pathogènes ou non pour les porcs. À titre d'exemple, mentionnons les toxoplasmes qui ne causent presque jamais de maladies porcines. Toutefois, ces organismes peuvent entraîner des lésions ou la mort fœtales chez les femmes enceintes qui en ingèrent. L'infection aux salmonelles des porcs peut, en revanche, causer des diarrhées à la fois chez les humains et les porcs. Tant les toxoplasmes que les salmonelles sont zoonotiques, tandis que seulement les salmonelles sont susceptibles d'être pathogènes pour les porcs.

Heureusement, très peu d'agents zoonotiques sont présents chez les porcs dans les installations d'élevage porcin modernes. Ce fait ainsi que l'habitude de bien cuire la viande de porc ont permis, dans une large mesure, d'éliminer les maladies d'origine alimentaire associées à la production du porc. Cependant, le risque d'infection par des agents zoonotiques dans le porc demeure cependant réel. De bonnes pratiques d'élevage, des mesures de biosécurité appropriées et des méthodes adéquates de manipulation et de cuisson de la viande permettront de maintenir l'excellente réputation du porc sur le marché.

Moyens pour empêcher l'introduction d'agents infectieux

C'est la présence d'un agent infectieux chez un ou plusieurs porcs qui risque le plus d'entraîner l'infection d'un troupeau porcin qui en est exempt. Ces agents provoquent l'infection des porcs parce qu'ils sont présents dans ces animaux. Ce sont donc les porcs eux-mêmes qui constituent la principale source de ces agents. Ce phénomène est à l'origine de deux importants principes en matière de biosécurité : 1. veiller à ce le troupeau (et non pas les troupeaux - nous l'espérons du moins) d'où proviennent les géniteurs d'une ferme soit dans le même état de santé ou en meilleure santé que le troupeau auquel ces derniers sont destinés, et 2. isoler tous les nouveaux géniteurs pendant un minimum de 30 jours hors des lieux ou, à tout le moins, les isoler du troupeau principal. Cette période de quarantaine permet de s'assurer que l'état de santé des animaux du fournisseur ne se détériore pas avant l'intégration au troupeau existant ou qu'on n'observe les premiers signes de maladie chez les nouveaux arrivés.

L'emplacement est aussi une cause de préoccupation qui se classe au deuxième rang d'importance après l'introduction de porcs vivants. La propagation régionale désigne la transmission de maladies d'un troupeau à l'autre dans les fermes situées près les unes des autres. On a observé une propagation régionale très marquée au cours de la flambée de fièvre aphteuse qui a eu lieu en Grande Bretagne l'année dernière. Bien que la cause de la propagation régionale (transmission aéroportée; présence d'insectes, de rongeurs et d'oiseaux porteurs; présence de chiens et de chats domestiques en liberté ou autres facteurs) suscite des débats chez les scientifiques, il est indéniable que plus les animaux en santé se trouvent à proximité d'animaux malades, plus ils risquent d'être infectés. Des distances d'un, de deux et de trois kilomètres entre les fermes ont tous été conseillées, quoiqu'il soit difficile de vérifier ces valeurs. La plupart des experts conseils recommandent, dans la mesure du possible, une distance variant de deux à trois kilomètres entre les exploitations.

Au troisième rang d'importance des principales causes de préoccupation sur les fermes porcines après l'introduction de porcs vivants et la propagation régionale se classent des sources diverses d'agents infectieux. On soupçonne alors tout contact récent avec des porcs : du sperme servant à l'insémination artificielle, des vétérinaires, des vendeurs, des camions qui transportent les aliments pour animaux, les cadavres d'animaux et le cheptel vif, les remorques de fumier, etc.

Conclusion

Les médicaments, les modèles d'étable ou les connaissances spécialisées d'un gestionnaire de ferme ne peuvent permettre, dans aucun cas, de faire contrepoids à la présence d'un nombre excessif d'agents infectieux sur une ferme. La biosécurité ne constitue pas une préoccupation propre aux troupeaux en très bonne santé. La biosécurité est indispensable au maintien de la productivité et de la rentabilité de tous les troupeaux porcins, indépendamment de leur état de santé.

Chaque agent infectieux introduit sur une exploitation d'élevage de porcs est susceptible d'augmenter les coûts de production et le temps consacré à l'étable et de réduire la productivité et l'enthousiasme du producteur. Bien que l'introduction d'agents zoonotiques puissent causer des maladies chez les porcs, le fait qui importe avant tout est que ce phénomène peut nuire à l'excellente réputation du porc sur le marché. La biosécurité est la clé de la productivité, de la rentabilité et de l'enthousiasme du producteur.