Dans bon nombre de vergers de pommiers de la province, la saison 2016 a été très difficile en ce qui a trait à la brûlure bactérienne (feu bactérien), même dans le cas des variétés moins vulnérables et des vergers qui n'avaient jamais connu cette maladie auparavant. Alors que la bactérie responsable de la brûlure bactérienne est toujours présente dans un verger, le risque d'infection varie d'année en année, selon certains facteurs environnementaux, les pratiques de gestion utilisées et la santé globale du pommier. Malheureusement, les conditions cette année ont été idéales pour la brûlure bactérienne au moment de la floraison, y compris une longue floraison secondaire dans bon nombre de régions. Les produits de protection comme la streptomycine se dégradent rapidement sous l'effet des rayons UV et ne sont efficaces que durant environ deux jours au bout desquels un nouveau traitement est nécessaire. Les producteurs qui n'ont pas pulvérisé d'agent de protection en prévention durant la floraison, qui n'ont pas effectué de traitements assez souvent ou au bon moment, ou qui n'ont pas retiré les inflorescences secondaires ont observé des symptômes de brûlure bactérienne dans leur verger.

La première ligne de défense dans la lutte contre la brûlure bactérienne dans un verger est la prévention. Il n'y a pas de remède miracle pour éradiquer cette maladie une fois qu'elle est établie. Les producteurs qui doivent combattre la brûlure bactérienne cette année devraient envisager des méthodes de lutte vigoureuse, dont voici quelques exemples :

Tailler les tissus infectés - Le retrait le plus tôt possible des sources d'inoculum réduire considérablement les infections secondaires. Toutefois, un élagage sévère tôt en saison sur des arbres vigoureux peut aggraver la situation en stimulant les pousses charnues qui deviendront vulnérables à l'infection. On peut donc envisager de reporter l'élagage des arbres plus vieux (âgés de plus de 8 à 10 ans) présentant de nombreux chicots jusqu'à l'apparition des bourgeons terminaux ou durant la période de dormance. Se rappeler toutefois que de reporter la suppression de l'inoculum accroît les risques de brûlure propagée par les blessures en cas d'épisodes de pluie, de grêle ou de vents violents plus tard en saison.

Autres points à retenir concernant la taille des tissus infectés :

  • Tailler à moins 30 cm au-delà du tissu visiblement infecté (figure 1), préférablement dans le bois de 2e ou de 3e année.
  • Élaguer les chicots uniquement quand il y a deux ou trois jours consécutifs de faible humidité et des températures inférieures à 25 °C.
  • Quel que soit le moment de la taille, désinfecter les outils utilisés entre chaque coupe dans une solution composée d'une partie d'eau de Javel et cinq parties d'eau ou dans une solution à base d'alcool à 65 à 70 %.
  • Prévenir la propagation de la brûlure bactérienne en évitant de traîner le matériel infecté à travers le verger. Les parties coupées peuvent être laissées dans le milieu des rangs jusqu'à ce qu'elles sèchent pour être retirées en suite ou enfouies.
  • Vérifier la présence de chancres de brûlure bactérienne (figure 2) dans le verger, ces derniers pouvant héberger la bactérie active durant l'hiver.
  • Élaguer les branches infectées de chancres ou, au besoin, couper l'arbre au complet durant la saison de dormance.
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Figure 1. Frange visible de l'infection par la brûlure bactérienne; en dessous, les tissus semblent sains.

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Figure 2. Chancre de la brûlure bactérienne formant une zone déprimée aux pourtours fissurés et présentant un suintement à sa surface.

Retirer les gourmands - Ces pousses adventices (figure 3) peuvent accroître les risques de brûlure bactérienne pour plusieurs raisons :

  • Les gourmands offrent un point d'entrée pour la brûlure bactérienne - Le porte-greffe infecté par le greffon meurt souvent un an plus tard, alors que le porte-greffe infecté par les gourmands meurt la même année. Les porte-greffe vulnérables comme le M9 et le M26 peuvent mourir rapidement après avoir été infectés par l'intermédiaire des gourmands.
  • Les gourmands offrent un point d'entrée pour les herbicides systémiques (comme le glyphosate, l'amitrole) - Ces herbicides peuvent affaiblir l'arbre et le rendre encore plus vulnérable aux maladies, comme la brûlure bactérienne.
  • Les gourmands attirent les insectes suceurs en fin de saison - Puisque les gourmands continuent de croître après l'apparition des bourgeons terminaux, ils peuvent devenir un site idéal pour les insectes nuisibles plus tard en saison. Les insectes suceurs peuvent transmettre la brûlure bactérienne.
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Figure 3. Les gourmands d'un pommier peuvent représenter un point d'entrée pour les bactéries responsables de la brûlure bactérienne. Photo : J. Clements, University of Massachusetts

Utiliser des pesticides homologués - Envisager de pulvériser une huile de dormance à base de cuivre le printemps prochain afin de tuer les bactéries qui suinteront des chancres de brûlure bactérienne ayant hiverné. Les pulvérisations peuvent être effectuées du stade de dormance jusqu'à celui de la pointe verte. Il est cependant préférable de faire les applications au stade de la pointe verte puisque de fortes précipitations après le traitement peuvent partiellement lessiver le cuivre, réduisant ainsi son efficacité. Le report du traitement au cuivre après le stade de la pointe verte peut être une source de phytotoxicité et de grave roussissure du fruit, selon le produit utilisé.

Les inflorescences ouvertes sont souvent la voie primaire d'infection pour l'infection par la brûlure bactérienne. Il est donc crucial de protéger ces fleurs par des traitements antibiotiques effectués au bon moment (Streptomycin, Kasumin) ou des agents biologiques (Blossom Protect, Bloomtime, Serenade). Les applications doivent être effectuées quand on prévoit des conditions favorables à la prolifération des bactéries responsables dans le verger grâce à l'utilisation d'un modèle de prédiction comme CougarBlight ou Maryblyt. Toujours utiliser différents produits en alternance afin de réduire les risques d'apparition de résistance.

Les fleurs secondaires (appelées aussi « fleurs en queue de rat ») ouvrent souvent quand les conditions ambiantes pour l'infection sont élevées ou extrêmes. Puisqu'elles ouvrent beaucoup plus tard que la majorité des autres fleurs, elles sont souvent non protégées et, par conséquent, extrêmement vulnérables à la brûlure bactérienne. Si possible, enlever les fleurs secondaires dès leur apparition étant donné qu'elles produisent rarement des fruits commercialisables et sont davantage une source de problèmes. Autrement, poursuivre avec un programme de traitements des inflorescences lorsque le modèle de prédiction indique la présence de risques de brûlure bactérienne.