Introduction

Les producteurs vache-veau peuvent améliorer leur productivité et leur efficacité en comprenant et en mettant en pratique les principes de la génétique. Des améliorations de nature génétique peuvent être obtenues par le biais de deux différentes méthodes :

  1. La sélection
  2. Le croisement

Pour obtenir des améliorations génétiques, les produc-teurs vache-veau qui élèvent des bovins consanguins de race pure doivent se servir de la sélection et procurer un environnement optimal aux bovins sélectionnés pour exprimer leur potentiel génétique. La sélection est un excellent outil dans le cas des caractères dont l'héritabilité est modérée à élevée, tels que le taux de croissance et les caractères liés à la carcasse. Toutefois, l'héritabilité de certains caractères les plus importants qui sont liés à la production des bovins de boucherie est faible. C'est le cas des taux de reproduction et de survie des veaux. La réussite d'un programme de sélection fondé sur ces caractères serait donc très limitée.

Le croisement présente des avantages provenant de deux composants principaux, l'hétérose et la complémentarité. L'hétérose (vigueur hybride) s'exprime lors de l'accouplement de deux races différentes. Dans l'optique de l'hétérose, tous les bovins de race pure sont considérés comme étant consanguins suite à la formation et à la sélection de la race. La consanguinité entraîne une réduction de la performance, c'est.-à-dire. une dépression consanguine. Lorsque des races différentes sont accouplées, la progéniture croisée est moins consanguine que ses parents. Il en découle que la perfor-mance des veaux est supérieure à la moyenne de leurs parents. Voilà ce qu'est l'hétérose ou vigueur hybride. Les caractères dont l'héritabilité est plus faible ont tendance à présenter une hétérose élevée. Par conséquent, l'hétérose est plus importante pour les caractères clés, liés à l'efficacité reproductive et à la survie des veaux, dont l'héritabilité est faible et qui répondent mal à la sélection (tableau 1).

Chaque race a ses points forts et ses points faibles. La complémentarité entre en action lorsque des caractéristiques désirables de races différentes se combinent pour former une race croisée. Le croisement permet d'obtenir une fréquence plus élevée de caractéristiques désirables dans les races croisées par rapport à ce que l'on retrouve dans l'une ou l'autre des races parentales. Comme exemple de complémentarité prenons le croisement d'un taureau Charolais (croissance et rendement au détail) à une vache croisée Gelbvieh Angus. Résultat : la vache procure le lait et la fertilité, et le veau a une croissance et un rendement au détail plus élevés. Les caractéristiques acquises par cet accouplement se complètent. Cet effet de différence raciale est puissant, mais le choix des individus d'une race est également très important. Les mauvais choix de races et d'animaux d'une race donnée auront un impact persistant sur la réussite de tout programme de croisement.

L'hétérose utilisée dans le cadre d'un programme de croisement judicieux peut augmenter la productivité d'un troupeau de bovins de boucherie de 20-25 % par rapport à un programme comparable de sélection en race pure. Pour utiliser pleinement le potentiel d'un programme de croisement, les vaches elles-mêmes doivent être croisées. Les

Tableau 1. Comparaison de l'héritabilité et de l'hétérose (vigueur hybride)
CaractèresHéritabilitéHétérose
fertilité, capacité de maternage, survie des veaux
faible
élevée
Poids à la naissance et poids au sevrage, facilité de traite et gain d'embouche
moyenne
moyenne
Poids adulte, qualité de la carcasse
élevée
faible

vaches croisées, par rapport aux vaches consanguines, font de meilleures mères. Les vaches croisées sèvrent environ 15 % plus de livres de veau/vache que les vaches consanguines (tableau 2). Un autre avantage est la longévité et la production à vie. Des recherches effectuées au Nebraska montrent que la production à vie et la longévité de vaches Hereford X Angus (3 258 lb au sevrage en 11 ans) et de vaches Angus X Hereford (3 514 lb au sevrage en 10,6 ans) étaient supérieures de façon significative à celles de vaches consanguines Angus (2 837 lb au sevrage en 9,4 ans) ou de vaches Hereford (2 405 lb au sevrage en 8,4 ans).


Tableau 2. Effet catalytique de l'hétérose chez les vaches croisées

  • 10 % d'augmentation du taux de conception
  • 10 % d'amélioration de la facilité de vêlage
  • 7,5 % d'augmentation du nombre de veaux élevés jusqu'au sevrage
  • 5-10 % d'augmentation de la production laitière

Effet cumulatif = 15 % d'augmentation de poids sevré/vache.


Par ailleurs, les avantages conférés aux veaux croisés par l'hétérose sont significatifs (tableau 3). Un système de reproduction optimal fait usage des deux méthodes d'amélioration génétique, en accouplant des individus sélectionnés qui sont génétiquement supérieurs, dans le cadre d'un programme de croisement bien conçu. Cela permet d'exploiter l'hétérose et la complémentarité.


Tableau 3. Avantage de l'hétérose chez les veaux croisés

  • 5 % d'augmentation du nombre de veaux survivant jusqu'au sevrage
  • 5 % des poids plus élevés au sevrage
  • 3 % d'augmentation des gains après le sevrage

Avantage combiné = 10 % plus de livres sevrées/veau né


Améliorations de la production du troupeau par la sélection ou le croisement

Lorsque l'on calcule, pour le troupeau, les avantages qui découlent de l'hétérose ou de la sélection en fonction du temps, il faut tenir compte de plusieurs facteurs. Les progrès attribuables à la sélection dépendent non seulement de l'héritabilité du caractère, mais aussi de l'intensité de la sélection, de la variation génétique dans la population et de la vitesse à laquelle les animaux sélectionnés entrent dans le troupeau (taux de remplacement). La réalisation des avantages qui découlent de la sélection est ainsi un processus relativement lent.

Par opposition, les avantages afférents à l'hétérose s'expriment à leur valeur maximale dans chaque animal croisé. Cela signifie que les retombées rattachées à l'instauration d'un système de croisement sont observées beaucoup plus rapidement que celles qui découlent de l'instauration d'un programme de sélection. En ce qui concerne les caractères du veau, les avantages maximaux rattachés à l'hétérose au niveau du troupeau peuvent se concrétiser au cours de la première année du programme de croisement, si tous les veaux sont croisés.

La figure 1 présente les avantages économiques attendus qui sont attribuables à la sélection ou au croisement sur une période de 5 ans, pour le caractère de la survie des veaux (veaux sevrés/veaux nés). L'héritabilité de ce caractère est faible, mais en contrepartie son potentiel d'hétérose est élevé. Cet exemple illustre la difficulté d'améliorer les caractères dont l'héritabilité est faible au moyen de la sélec-tion. Même après 5 ans, la valeur d'amélioration attribuable à la sélection est très faible (< 500 $ par troupeau), par rapport aux avantages provenant de l'hétérose (> 13 500 $). Cela repré-sente une augmentation de 34 % de la productivité attribuable à l'hétérose, par rapport au troupeau consanguin de base. L'avantage économique découlant de la survie accrue des veaux dans ce cas est 41 fois supérieur pour un programme de croisement que pour un programme de sélection, au cours des premiers 5 ans.

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Figure 1. Valeur de production supplémentaire attribuable à la sélection ou au croisement pour améliorer la survie des veaux1,2,3

1 Compte tenu de l'héritabilité, de l'intensité de sélection, de la variation génétique, du taux de remplacement des vaches (20 %) et des contributions parentales des pères et des mères. Pères sélectionnés parmi les 10 % supérieurs de la population et femelles de remplacement parmi les 40 % supérieurs des génisses, pour le caractère d'intérêt.

2 Hétérose résultant de la mise en application d'un programme de croisement rotatif à 3 races dans un troupeau consanguin. Combinaison de l'hétérose attribuable aux veaux croisés et conservation des génisses de remplacement croisées dans le troupeau.

3 Veaux évalués à 1,00 $/lb, troupeau consanguin de base de 100 vaches ayant un taux de conception de 90 %, une survie des veaux de 90 % et un poids au sevrage de 500 lb. Valeur de production de base du troupeau de 40 500 $ par année.

La figure 2 présente les avantages prévus en fonction du temps lorsque ces deux stratégies génétiques différentes sont employées pour augmenter le poids au sevrage. L'héritabilité de ce caractère est modérée et son potentiel d'hétérose l'est aussi. Il figure de façon typique dans les programmes de sélection de l'industrie. Bien que l'amélioration du poids au sevrage par la sélection soit importante, le croisement se traduira par le double d'avantages économiques après les premiers 5 ans.

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Figure 2. Valeur de poids supplémentaire au sevrage attribuable à la sélection ou au croisement1

1 Compte tenu de l'héritabilité, de l'intensité de sélection, de la variation génétique, du taux de remplacement des vaches (20 %) et des contributions parentales des pères et des mères. Pères sélectionnés parmi les 10 % supérieurs de la population et femelles de remplacement parmi les 40 % supérieurs des génisses, pour le caractère d'intérêt.

Trois des caractères clés liés à la production dans les systèmes d'exploitation vache-veau sont le taux de conception, la survie des veaux et le poids au sevrage. L'impact combiné cumulatif de l'hétérose pour ces caractères, sur une période initiale de 5 ans, serait une amélioration de 16 % de la valeur de production, par rapport à un troupeau consanguin de base. Par opposition, il est attendu que la valeur de production d'un programme de sélection n'augmenterait que de 3 % par rapport au troupeau de base (en supposant que la sélection de caractères multiples était aussi efficace que pour un seul caractère).

Cela démontre le potentiel très élevé des avantages du croisement dans la production vache-veau. Si l'on considère l'option d'acheter des femelles hybrides comme moyen de démarrer un programme de croisement, les avantages conférés par l'hétérose s'accumuleraient encore plus rapidement. Il est important de savoir que la sélection et le croisement peuvent être employés en même temps. Un plan stratégique qui tire profit tant du croisement que de la sélection optimiserait l'emploi de la génétique au sein du troupeau de bovins de boucherie.

 

Systèmes de croisement

Le croisement est une méthode efficace pour améliorer l'efficacité de la production des troupeaux vache-veau. Cependant, les éleveurs commerciaux de bovins devraient étudier les systèmes de croisement et les évaluer avant de décider lequel convient le mieux à leur environnement et à leurs ressources. Le tableau 4 donne un aperçu des propriétés de base des systèmes de croisement qu'il faut considérer lorsque l'on envisage d'adopter un programme.

En général, les systèmes de croisement se répartissent en 2 catégories, ceux qui produisent des femelles de remplacement et des bovins de marché (systèmes rotatifs et mixtes) et ceux qui ne produisent que des bovins de marché (croisement terminal). Dans les systèmes rotatifs (ou mixtes), les taureaux doivent être sélectionnés en fonction des caractères maternels, en plus des caractères liés à la croissance et à la carcasse, étant donné que les génisses de remplacement sont conservées dans le troupeau.

Tableau 4. Critères d'évaluation des systèmes de croisement

  1. Niveau de valeur hybride (hétérose)
  2. Valeur des races composantes
  3. Complémentarité
  4. Constance de la performance
  5. Influence sur les antagonismes génétiques
  6. Compatibilité avec le produit final ciblé.
 

Les systèmes terminaux permettent de mettre l'accent sur la sélection en fonction des caractères des taureaux qui sont liés à la croissance et à la carcasse, étant donné que les femelles de remplacement proviennent de l'extérieur du troupeau. La valeur génétique d'un taureau terminal en fonction des caractères maternels n'a aucune importance, puisque sa progéniture femelle ne sera pas accouplée. La facilité de vêlage doit être prise en considération sans égard au type de système de croisement.

Systèmes rotatifs

Le système rotatif nécessite l'établissement de deux troupeaux de reproduction ou plus. Dans le système rotatif à deux races, deux groupes de vaches croisées sont formés. Les vaches engendrées par la Race A sont accouplées à des mâles de la Race B, et les femelles engendrées par la Race B sont accouplées à des mâles de la Race A. Dans le système rotatif à trois races, une troisième race est ajoutée à la suite (figure 3).

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Figure 3. Système rotatif (3 races)

Dans les systèmes rotatifs, des niveaux élevés d'hétérose sont conservés, 66 % dans le cas de la rotation à deux races et 86 % dans le cas de la rotation à trois races. Toutefois, la fluctuation de composition de la race entre les générations peut entraîner une variation considérable des niveaux de performance chez les vaches et les veaux, à moins que les races utilisées dans la rotation ne possèdent des caractéristiques de performance semblables. L'emploi de races dotées de caractéristiques de performance semblables restreint l'utilisation que l'on peut faire des différences raciales pour optimiser la complémentarité des races.

Taureaux croisés (hybrides)

Les taureaux hybrides offrent une méthode alternative de croisement rotatif. L'emploi de taureaux F1 ou de taureaux mixtes dans les systèmes rotatifs peut réduire de façon importante la variance intergénérationnelle, particulièrement si les races choisies pour produire les taureaux F1 optimisent les niveaux de performance (c'est-à-dire la complémentarité des races) dans leurs croisements (ex. continental X britannique). L'emploi de taureaux F1 composés des deux même races que celles des vaches croisées, mais non apparentés, peut entraîner une conservation de 50% de l'hétérose maximale possible. L'approvisionnement en taureaux F1 dont la performance est éprouvée et qui sont issus de parents sélectionnés et confirmés consanguins pourrait être limité.

Rotation des races paternelles

La rotation des races des pères aux 2 à 4 ans procure des avantages similaires à ceux d'un système de reproduction rotatif aux éleveurs de petits troupeaux dont la superficie de pâturages utilisés pour l'accouplement est limitée. Il en résulte une conduite simplifiée, ainsi qu'une hétérose individuelle et maternelle. Les inconvénients sont la variation inter-générationnelle accrue et la réduction de l'hétérose étant donné que la composition de la race des femelles oscille davantage vers une race, puis revient. Cet effet peut être réduit au minimum si les races utilisées sont similaires.

La rotation des mâles F1 aux 2 à 4 ans peut contribuer à réduire la variation intergénérationnelle, tout en maintenant la complémentarité si des croisements appropriés de races sont choisis. En effectuant une rotation de différentes races de taureaux F1 (AB, CD, EF, etc.) aux 4 ans, on peut éviter de grandes oscillations intergénérationnelles du type biologique, si les races A, C et E sont d'un type similaire aux races B, D et F.

Système terminal

Dans le système terminal (figure 4) tous les veaux sont mis sur le marché et les femelles de remplacement sont achetées à l'extérieur du troupeau. Cela permet d'effectuer une sélection plus intensive de caractères spécifiques chez les lignées de mâles et de femelles utilisées dans le croise-ment. Habituellement, la sélection des vaches se fait en fonction d'une taille moyenne, ainsi que de bonnes qualités de traite et de maternage. Un potentiel de croissance élevé et de bonnes caractéristiques de carcasse sont importants dans la lignée mâle.

Les avantages conférés par l'hétérose seront maximisés lorsqu'une vache croisée (femelle F1) est accouplée à un géniteur d'une troisième race. Dans le système terminal, les femelles sont sélectionnées de façon à correspondre à l'environnement et aux ressources disponibles, tandis que les mâles sont sélectionnés de manière à rencontrer les cibles visées en terme de produit final (c'est-à-dire croissance et carcasse). Il est possible d'atteindre un haut degré de complémentarité et de constance chez la progéniture. Les animaux de remplacement doivent être achetés; leur prix et leur disponibilité varient.

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Figure 4. Système terminal

Système rotatif terminal

La figure 5 illustre un système rotatif terminal. Ce système combine ce qu'il y a de mieux chez les systèmes rotatifs traditionnels et les systèmes statiques de géniteur terminal. La composante rotative fournit des femelles de remplacement, tandis que la composante du géniteur terminal permet à la plupart des veaux mis sur le marché d'être engendrés par des géniteurs dont le type favorise la croissance et une bonne carcasse. Les vaches demeurent dans la partie rotative du système jusqu'à l'âge de 4 ans, puis elles passent à la partie terminale du système. Un grand troupeau est toutefois nécessaire (au moins 100 vaches).

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Figure 5. Rotatif-terminal

 

Mixtes

Définition : Population composée de deux races constituantes ou plus, conçue de façon à conserver l'hétérose (vigueur hybride) dans les générations futures, sans avoir recours à des croisement avec d'autres races.

Les bovins mixtes sont des bovins hybrides qui sont accouplés à leurs semblables et qui conservent un niveau de vigueur hybride que l'on associe normalement au croisement traditionnel. Les exigences en matière de conduite du troupeau mixte ressemblent à celles qui existent pour un troupeau consanguin; une hétérose substantielle peut être conservée dans les populations mixtes tant qu'un nombre adéquat de géniteurs est utilisé à chaque génération pour éviter la consanguinité.

L'hétérose variera en fonction du nombre de races qui sont utilisées pour former la population mixte. Elle peut s'échelonner de 50 % d'hétérose maximale possible pour une population mixte à 2 races, à 87,5 % pour une population mixte à 8 races. Le choix des races qui formeront la population mixte est lui aussi critique. Les différences qui existent entre les races devraient être pleinement exploitées de façon à apparier la population mixte à l'environnement dans lequel elle sera utilisée et à répondre aux demandes précises du marché.

Les races mixtes ont le potentiel de devenir la norme des bovins commerciaux, réduisant ainsi la variation que l'on observe actuellement chez les animaux de marché. Aujourd'hui, les bovins difficiles, en termes d'engraissement et de carcasse, sont des races extrêmes sur le plan biologique. Ces bovins de marché extrêmes sont dus aux bovins de race pure, au pourcentage élevé d'animaux de races extrêmes ou aux croisements de races extrêmes similaires. Ils sont aussi parfois le résultat de mauvaises décisions de croisement. En ce qui concerne les races mixtes, les décisions relatives aux croisements sont prises une fois que la race est formée. Les éleveurs commerciaux n'ont qu'à choisir la race mixte à utiliser. On s'attend à ce que les races mixtes soient complètes et équilibrées quant à la performance et que seuls les individus mixtes qui répondent à cette attente survivent.

Quelles races utiliser?

Les environnements et les ressources disponibles pour élever des bovins de boucherie sont tout aussi variés que les races (tableau 5). Il faut remarquer l'énorme variabilité entre les races disponibles. Un autre facteur dont on doit tenir compte est le degré élevé de variabilité qui existe à l'intérieur d'une race. Les décisions en matière de reproduction font appel aux animaux individuels et non à des moyennes de race, en conséquence, la sélection des individus qui conviennent à l'intérieur d'une race est critique. De telles différences de race peuvent être la cause du manque d'homogénéité du produit, mais elles peuvent également être exploitées pour produire des animaux adaptés et un produit constant.

La grande variation des animaux souches et des secteurs vache-veau commerciaux de l'industrie permet justement d'apparier les types biologiques des vaches aux environnements et aux ressources. Le défi qui se pose est de concevoir des systèmes efficaces de croisement où la diversité a sa place dans le secteur vache-veau et qui fournissent un produit final constant.

De nombreux facteurs sont à considérer dans le choix des races à utiliser pour le croisement. Parmi ces facteurs, notons :

  • Les objectifs de reproduction individuels;
  • L'environnement;
  • La quantité et la qualité des aliments disponibles;
  • Le coût et la disponibilité de bons animaux souches;
  • La façon dont les races se compléteront l'une de l'autre au sein du programme de croisement; et
  • Les combinaisons de races spécifiques au marché qui pourraient imposer des primes.
Tableau 5. Groupement de races en types biologiques
Groupe de raceTaux de croissance et taille adulteRapport muscle/ graisseÂge à la pubertéProduction laitière
Jersey
XXXX X X X X
Longhorn
X XX X XX X XX X
Herf-Angus
X X XX XX X XX X
Red Poll
X XX XX XX X X
Devon
X XX XX XX X
Shorthorn
X X XX XX X XX X X
Galloway
X XX X XX X XX X
South Devon
X X XX X XX XX X X
Tarentaise
X X XX X XX XX X X
Pinzgauer
X X XX X XX XX X X
Brangus
X X XX XX X X XX X
Santa Gert.
X X XX XX X X XX X
Sahiwal
X XX X XX X X X XX X X
Brahman
X X X XX X XX X X X XX X X
Nellore
X X X XX X XX X X X XX X X
Braunvieh
X X X XX X X XX XX X X X
Gelbvieh
X X X XX X X XX XX X X X
Holstein
X X X XX X X XX XX X X X X
Simmental
X X X X XX X X XX X XX X X
Maine Anjou
X X X X XX X X XX X XX X X
Salers
X X X X XX X X XX X XX X X
Piedmontese
X X XX X X X X XX XX X
Limousin
X X XX X X X XX X X XX
Charolais
X X X XX X X X XX X X XX
Chianina
X X X XX X X X XX X X XX

n fonction de quatre critères ab

a Tiré de Cundiff et al., 1993 BIF Proceeding
b Un nombre croissant de X indique des valeurs relativement plus élevées.

Mélange idéal de types biologiques

Les scientifiques qui font de la recherche sur l'évaluation des races considèrent généralement qu'un mélange de races britannique et continentale d'environ 50/50 dans un troupeau de vaches serait optimal dans la majeure partie de l'Amérique du Nord, à l'exception des zones subtropicales. Les ressources alimentaires limitées commandent un pourcentage plus élevé de race britannique. Un pourcentage plus élevé de race continentale est recommandé dans les régions où des ressources alimentaires abondantes sont disponibles ou si l'on désire obtenir un rendement maximal en muscles. Afin de maximiser l'hétérose, il ne faut pas surutiliser une race particulière, quelle qu'elle soit.

 

Résumé

Le croisement peut augmenter la productivité du troupeau de vaches de 20-25 % par rapport à un programme comparable de reproduction consanguine, en raison de l'hétérose. L'hétérose améliore la performance de caractères clés dont l'héritabilité est faible. Les niveaux d'hétérose attendus des divers systèmes de croisement décrits ci-dessus sont présentés au tableau 6. Cette augmentation peut s'obtenir sans qu'on doive hausser la taille de la vache ni les exigences en matière d'entretien. Le croisement peut aussi produire des avantages découlant de la complémentarité.

Le croisement est une méthode utile d'améliorer l'efficacité de production des troupeaux vache-veau. Cependant, il faut étudier les systèmes de croisement disponibles et peser le pour et le contre avant de décider de celui qui convient à un environnement et des ressources de production précis. Bien qu'il soit important d'utiliser des vaches croisées, il est encore plus important que ces vaches croisées correspondent à l'environnement de production et aux ressources alimentaires disponibles.

L'étape suivante consiste à viser des cibles en terme de produit final, mais cela ne devrait se faire que lorsque le type de vache est optimisé en fonction de l'environnement de production. Dans le tableau 7, on a caractérisé les environnements de production; on y trouve la liste des fourchettes probables des niveaux optimaux de plusieurs caractères importants dans ces environnements. Pour maximiser les avantages du croisement, il faut utiliser un très bon système de sélection afin d'identifier les animaux reproducteurs qui ont une valeur génétique supérieure en ce qui a trait aux caractères héritables et économiquement importants. Une mauvaise sélection des races ou des taureaux dans un troupeau aura un impact persistant sur le programme de croisement.

 

Tableau 6. Niveaux d'h�t�rose attendus de différents systèmes de croisement
Système de croisement% d'hétérose maximale possible*Accroissement estimé du
poids de veau sevré par vache (%)
Race pure
00
Rotation à 2 races à l'équilibre
6716
Rotation à 3 races à l'équilibre

86

20
Rotation des pères aux 4 ans : 2 Races
5012
Rotation des pères aux 4 ans : 3 Races

67

16

Père terminal X Femelles F1 achetées
10023-28
Rotation à 2 races et Père terminal
9021
Rotation des taureaux F1 : AB - AB
50
12

Rotation des taureaux F1 : AB - CD

8319
Rotation des taureaux F1 : AB - AD
6716
Mixtes : Mixte à 2 races ( ½ A, ½ B)
50
12
Mixtes : Mixte à 3 races ( ½ A, ¼ B, ¼ C)
6715
Mixtes : Mixte à 4 races ( ¼ A, ¼ B, ¼ C, ¼ D)
8318

* Par rapport à F1 à 100 %

Tableau 7. Appariement du potentiel génétique de différents caractères en fonction de différents environnements de production1
Environnement de productionCaractères
Disponibilité des alimentsStress environne-
mental 2
Production laitièreTaille adulteCapacité d'emmag-
asiner de l'énergie 3
Adaptabilité au stress 4Facilité de vêlageRendement au détail
ÉlevéFaible
Élevé
M-É
M
M-É
F-É
F-M
F-É
M
É
M-É
M
É
M-É
MoyenFaible
Élevé
M-É
F-M
M
M
M-É
M
M
É
M-É
M
M-É
M
FaibleFaible
Élevé
F-M
F
F-M
F
É
É
M
É
M-É
M
M
F-M
Rôle de la race dans le système de croisement terminal
Maternel
M-É
F-M
M-É
M-É
É
F-M
PaternelAÉFM-ÉMÉ

 

  1. F = Faible; M = Moyen; É = Élevé; A = Aucun
  2. Chaleur, froid, parasites, maladies, boue, altitude, etc.
  3. Capacité d'emmagasiner des graisses et de réguler les besoins énergétiques en fonction des fluctuations saisonnières de la disponibilité des aliments.
  4. Tolérance physiologique à la chaleur, au froid, aux parasites internes et externes, aux maladies, à la boue et aux stress.

*Adapté et traduit de Beef Improvement Federation. 1996. Guidelines for Uniform Beef Improvement Programs.