La Direction générale de l’action contre le racisme a tenu sa deuxième assemblée publique le 15 octobre 2016 Université Laurentienne à Sudbury.

Veuillez lire la transcription ci-dessous pour en apprendre davantage sur ce qui a été entendu durant cette assemblée.

Ginelle : Bonjour tout le monde. Nous voulons d’abord vous remercier d’être venus et vous informer que nous allons bientôt commencer. Bien? Il y a des rafraîchissements de l’autre côté de la porte. Servez-vous. Autrement, donnez-nous quelques instants et nous allons bientôt commencer. C’est situé sur les rives nord du Nord de l’Ontario. Aujourd’hui, Perry travaille au centre de santé Chickamauga à Sudbury comme directeur de la programmation traditionnelle. Il a aussi travaillé pour son peuple dans les domaines des services sociaux, de l’éducation et de la culture.

Ancien Perry : Mon nom anishinaabe signifie conteur. Je viens du clan de la Grue de la Première Nation de Nipissing, et je suis ce qu’on appelle un Usquabaes, un aidant, un aidant traditionnel. Je travaille présentement au centre de santé ici à Sudbury. On m’a demandé de venir aujourd’hui et d’aider avec l’introduction, alors j’aimerais d’abord partager une chanson, et ensuite un enseignement à tirer de cette chanson.

[Chante]

La chanson dit que je vois l’aigle; et c’est une vieille chanson que j’ai apprise il y a bien longtemps, et il y a une histoire qui vient avec. J’ai aussi eu l’honneur de l’apprendre tôt dans mon parcours. La chanson parle du moment où l’aigle s’est assis avec le créateur il y a fort longtemps. Et l’aigle était un bon ami de notre peuple, il nous aimait. Il s’est assis avec le créateur observant sa création, tous ces enfants de la création, pour constater qu’ils étaient malades, souffrants. Et cette souffrance, ils se l’infligeaient à eux-mêmes. Il y avait des commérages, différents types de violence et les gens étaient blessants. Le créateur, voyant tout cela, dit à l’aigle que les choses allaient si mal qu’il allait peut-être devoir purifier la terre et tout recommencer. L’aigle, qui nous aimait tant, implora le créateur de ne pas le faire. Le créateur y réfléchit et lui dit ce qu’il allait faire : « Si tu es capable de trouver une personne pour allumer ce feu spécial, ce feu sacré, et offrir du tabac et exprimer sa reconnaissance pour toute la beauté qui nous entoure, alors je ne le ferai pas. » L’aigle y réfléchit et dit : « Je peux le faire. J’accepte. » Le créateur lui dit d’accord, mais tu as quatre jours. L’aigle y réfléchit à nouveau et accepta. Alors ce matin-là, avant que la lumière jaillisse – le premier Bedobin, première lumière qui se pose à l’Est sur l’horizon – l’aigle s’assit dans la noirceur en attendant avec impatience et excitation. À mesure que la lumière se propageait, il vola partout à travers la création, visitant les villages et les lieux, les familles et les clans qu’il connaissait, mais à la fin de la journée, tout ce qu’il vit fut douleur et souffrance, tous ces tourments que nous nous infligions.

Alors, lorsqu’il revint vers le créateur, celui-ci lui demanda s’il avait trouvé quelqu’un. « Non, personne. » « Eh bien, il te reste trois jours. » L’aigle s’assit dans la noirceur à nouveau le lendemain, encore sûr de pouvoir trouver quelqu’un, en attendant que la lumière apparaisse. Alors qu’elle jaillissait, il partit à nouveau. Cette fois-ci, il se rendit à d’autres endroits qu’il n’avait pas visités depuis longtemps, des villages et des communautés éloignés. Mais encore, après cette deuxième journée, il ne trouva rien d’autre que de la douleur et de la souffrance. Il revint à nouveau. Le créateur lui demanda encore « as-tu trouvé quelqu’un? ». Il fit non de la tête. « Eh bien, il te reste deux jours. » Il repartit donc le troisième jour. Cette fois-ci, il s’assit dans la noirceur, mais le doute se mit à envahir son cœur et la peur à croître en lui. Mais il savait qu’il devait le faire, alors il décolla quand la lumière apparut. Cette fois-ci, il visita des lieux dont il avait entendu parler : des villages, des communautés, des lieux de rassemblement. Mais il ne trouva encore rien d’autre que la même douleur et la même souffrance. Il s’en retourna encore penaud. Le créateur le vit dans son visage et n’eut pas besoin de lui poser la question le troisième jour. Il savait qu’il avait une dernière chance. Le dernier matin, l’aigle s’assit dans la noirceur. Maintenant le doute commençait à le submerger. La peur commençait à s’emparer de son cœur, mais il savait qu’il avait un devoir à accomplir. Alors que le Bedobin se levait, que la lumière se répandait, il décolla. Cette fois-ci, il alla jusqu’aux confins de l’Île de la Tortue pour voir les élèves vivant dans ses grandes rives et baies. Encore une fois, il ne trouva rien d’autre que la même souffrance. Vers la fin de la journée, il commença à voler vers le créateur. Il étudia la création, observant ses alentours, sachant que le lendemain, tout cela n’existerait probablement plus. Alors qu’il observait autour de lui, il vit un mince filet de fumée qui s’élevait d’un bosquet. Par curiosité, il passa au-dessus. Il le survola une première fois. Il vit qu’il y avait un feu plus bas. Il le survola à nouveau. Il vit qu’un grand-père et une grand-mère se tenaient d’un côté du feu. Il le survola à nouveau. Cette fois, il vit qu’il y avait deux enfants de l’autre côté, en plus des grands-parents. Il le survola une quatrième fois et vit du tabac entre les mains des grands-parents, comme offrande au feu, pour montrer aux petits comment nourrir correctement le feu. Et son cœur rempli de joie, il s’envola à toute vitesse vers le créateur pour lui annoncer sa découverte. Le créateur sourit et lui dit qu’il ferait ce qu’il avait promis. « Je vais leur donner la chance de recommencer du début pour qu’ils puissent être guéris. »

Ainsi, aujourd’hui, lorsqu’on écoute le matin alors qu’il fait encore noir, on peut entendre les créatures de la nuit chanter leurs chansons, ainsi que les insectes, les oiseaux et toutes les autres créatures nocturnes. Mais lorsque la lumière apparaît, il y a un silence, et si vous êtes debout à cette heure-là, vous savez de quoi je parle. Il y a alors un certain calme. L’univers devient silencieux. Et à mesure que la lumière apparaît, on peut entendre les créatures diurnes commencer à chanter leurs chansons pour accueillir le jour nouveau, cette nouvelle vie. Et certains affirment que c’est à ce moment que toute la création se tourne vers l’Est pour rendre hommage à l’aigle qui nous a soutenus, nous a aidés, nous a donné la chance de revivre. Je partage cette histoire avec vous parce que lorsque je vois le racisme, je le vois comme un feu, et différents feux existent dans l’univers autour de nous et en nous. Nous avons le grand-père soleil et la grand-mère lune qui possèdent les feux qui nous réchauffent et qui nous donnent la vie pendant le jour et la nuit. Nous avons les étoiles, ces feux de camp qu’on retrouve à travers tout l’univers et qu’on peut voir la nuit. Nous avons les feux qui proviennent des oiseaux-tonnerre, le feu de la vie qui se trouve dans chaque chose vivante et dans chaque pierre et chaque animal et chaque plante. Nous avons le feu de la vie en nous, mais aussi ces autres feux, nos sentiments, nos émotions de colère, de joie et de tristesse. Un de ces feux est le feu de la peur, d’où provient parfois ce feu grandissant de la haine d’autres races. Et lorsqu’on se demande, alors, quel est le feu en moi que j’aimerais voir grandir? C’est celui-là qu’il faut nourrir. Il est donc important de reconnaître ces feux à l’intérieur de chacun d’entre nous. Nous sommes tous habités de ces feux. La question est de savoir lesquels nous nourrissons. Voilà donc l’enseignement qui m’a été transmis à propos de nous-mêmes et du feu. Alors j’aimerais vous le transmettre. Meegwetch.

[Applaudissements]

>> Ginelle : Merci beaucoup. Alors tout le monde, j’aimerais vous présenter le député provincial de la région, Glenn Thibeault. S’il veut bien me rejoindre.

[Applaudissements]

>>Le député Glenn Thibeault : Bien le bonjour, tout le monde, et merci d’être ici aujourd’hui. Je ne m’attendais pas à parler. Je m’attendais à rester assis et écouter. Perry, merci d’avoir partagé cette histoire. C’était une histoire captivante, et je connais aussi l’histoire avec les deux loups et celui qu’on nourrit. Je pense que c’est un sujet très important dont nous allons discuter, et pour moi, je pense qu’un des autres enseignements que j’ai pu tirer de mon ami des Premières Nations est l’écoute. Aujourd’hui, je veux être ici pour écouter. Sur ce, je vais en fait vous rendre la parole. Merci beaucoup, et merci à tous et à toutes d’être ici aujourd’hui.

[Applaudissements]

>> Ginelle : Et maintenant, j’ai le plaisir d’accueillir le ministre Coteau qui va nous dire quelques mots.

[Applaudissements]

>> Le ministre Coteau : Bien, merci beaucoup. Je voulais d’abord souligner que nous nous trouvons actuellement sur un territoire traditionnel, et reconnaître la longue histoire de la communauté autochtone, non seulement ici à Sudbury, mais partout en Ontario et au Canada. Et merci à Perry pour cette chanson d’introduction et ces commentaires. Vous savez, c’est intéressant. Vous avez parlé de nourrir des feux et je réfléchissais à ce que vous disiez, que nous avons de nombreux feux à l’intérieur et je suis d’accord à 100 %. C’est ce que nous tentons vraiment de cultiver qui détermine la personne que l’on devient. N’est-ce pas? Il est facile de nourrir le feu de la peur et de la colère et de la haine et il est parfois très difficile de nourrir les feux de la gratitude et de l’amour, parce que le monde est un endroit très compliqué. Et j’aimerais simplement dire merci pour ces paroles, parce que je méditais même sur moi-même alors que vous parliez.

Glenn, merci de nous recevoir ici à Sudbury aujourd’hui. Je sais que c’est la cinquième discussion que nous tenons à travers la province. Nous allons visiter dix collectivités à travers l’Ontario pour parler de racisme systémique et pour parler de comment la Direction générale de l’action contre le racisme va étudier les façons de lutter contre le racisme systémique ici en Ontario.

Et cette discussion a été difficile, parce que nous avons visité différentes collectivités, et il y a beaucoup de colère chez les gens. On retrouve beaucoup de douleur chez les gens. Beaucoup de désespoir, parce que nous visitons des collectivités dans lesquelles les gens se battent contre le racisme depuis des décennies, nous présentons et discutons. Beaucoup de gens nous ont dit : « Allez-y. » « Mettez-vous au travail. » Mais nous sentions qu’il était nécessaire de sortir et de consulter, de parler aux gens, parce que ce que nous construisons ici, je pense, sera un outil efficace pour évaluer les différents types de racisme systémique qui existent et pour recueillir de l’information afin de prendre de bonnes décisions politiques et de travailler avec les collectivités pour construire un Ontario meilleur.

Il n’y a pas de doute pour moi que l’Ontario est un endroit qui a offert beaucoup d’occasions pour beaucoup de gens, mais il n’y a pas de doute pour moi qu’il existe de nombreuses barrières dans la province qui freinent les gens. Il faut simplement trouver des façons de retirer autant de barrières que possible, pour que tout le monde dans la province ait la possibilité de réussir.

J’ai eu l’occasion de faire le tour et de me présenter à peut-être 95 % des gens dans la salle aujourd’hui, et vous savez, il y a des gens de la fonction publique, de la Ville. Nous avons ici des gens de différentes collectivités autour de Sudbury, je suis de Sudbury. Et j’ai même rencontré un monsieur qui a dit qu’il voulait simplement apprendre comment être un bon allié pour aider à lutter contre le racisme et je trouve que c’est une chose excellente d’avoir des gens qui se joignent à nous ici pour découvrir des façons de se débarrasser du racisme systémique en Ontario.

Et je suis réaliste. Des gens m’ont demandé « Alors vous pensez vraiment que vous allez être capable d’éliminer le racisme? ». Et je leur dis, je ne pense pas que nous serons capables d’éliminer le racisme, mais je pense que nous pouvons prendre des décisions efficaces pour faire un peu mieux la lumière et rendre plus transparents ces enjeux et pour trouver des façons d’améliorer les choses. Vous savez, j’ai entendu cette citation il y a des années, et je m’en suis souvenu récemment. Lors d’une des consultations, quelqu’un a fait remarquer que sans données, il ne peut y avoir de problème. Et sans problème, il ne peut y avoir de solution. Et vous savez, j’ai assisté à ce phénomène en personne à la Commission scolaire de Toronto lorsque j’y étais administrateur. Moi-même et un autre conseiller avions présenté une motion pour commencer à recueillir des données sur la race au Conseil scolaire du district de Toronto, et il était temps que l’information sorte, parce qu’elle a révélé que 40 % des élèves noirs à Toronto ne finissaient pas l’école secondaire. Et c’est la première fois que le Conseil a admis qu’il s’agissait d’un problème. Il avait un problème. Et il se fondait sur des chiffres. Et vous savez, pour moi, cela nous a permis de changer beaucoup de choses dans le Conseil. Nous avons donc reconnu qu’il y avait un problème, puis nous avons commencé à chercher des façons de changer le fonctionnement du système en matière d’allocation des ressources, d’aide aux élèves dans le besoin. Et vous savez, certaines de nos écoles se basaient traditionnellement sur les occasions d’apprentissage, alors c’étaient des écoles qui étaient classées en fonction de la plupart des besoins. Une fois les données obtenues et le système reconfiguré d’après les besoins, cela a changé l’intégralité du système quant au classement des écoles ayant les besoins les plus importants. Alors j’ai vu un changement et j’ai vu des améliorations fondées sur ce genre d’information, alors je sais que la Direction générale de l’action contre le racisme aura la possibilité de réfléchir à des façons de recueillir des données, aura la possibilité de mener des campagnes de sensibilisation, travaillera avec des groupes à travers la province pour bâtir une ligne de communication en matière de racisme systémique. Il existe des outils que, vous savez, nous pouvons élaborer afin que les organisations puissent réfléchir et voir si elles contiennent en réalité des éléments de racisme systémique dont elles pourraient ne pas être vraiment conscientes, parce que le racisme est passé en grande partie des individus aux institutions, et il est institutionnalisé au sein de ces organisations en raison de décisions prises dans le passé.

Je suis donc enthousiaste d’être ici. Nous sommes moins nombreux que d’habitude, mais je pense que cela nous offre une excellente occasion de vraiment donner nos avis, de discuter des enjeux, de partager nos expériences. Je vous encourage, s’il y a quelque chose que je dis avec quoi vous n’êtes pas d’accord, faites-nous savoir pourquoi. Si vous pensez que nous passons par -dessus des choses importantes, veuillez donner votre avis sur la bonne approche. Partagez vos expériences ou des expériences qui vous ont été contées par d’autres membres de la collectivité. Et nous avons une série de questions que nous allons vous présenter. D’aucune façon ces questions ne sont présentées pour imposer le sens de la discussion. Elles sont simplement là pour stimuler la conversation. Sentez-vous à l’aise de parler de tout ce qui concerne le racisme systémique. Elles sont simplement là pour faciliter, guider la discussion et générer des réflexions. Mais surtout n’hésitez pas à parler de tout ce qui a rapport au racisme systémique et de partager vos expériences. Nous sommes un petit groupe, cela veut dire que nous avons plus de temps pour ’nous écouter. Merci encore d’être présents. De la part de la première ministre, j’aimerais vous remercier de participer à ce processus, et maintenant, je vais inviter Sam Erry à me rejoindre, il est le sous-ministre adjoint de la Direction générale de l’action contre le racisme. Il a constitué une excellente équipe qui travaille à trouver des façons de combattre le racisme systémique et à vraiment mieux le comprendre et mettre en place certaines solutions pour l’avenir, et il présentera une discussion que nous avons amorcée il y a quelques mois avec de nombreuses organisations à travers la province, et vous communiquera l’approche que nous voulons adopter, puis nous passerons à une séance de discussion et commentaires. Veuillez donc accueillir Sam Erry.

[Applaudissements]

Sam : Merci, Monsieur le ministre. Bonjour tout le monde, et merci d’avoir pris le temps de participer. Je sais que tout le monde a l’épicerie à faire, les enfants à conduire au hockey, et d’autres choses à faire. Je suis content que vous soyez ici. Cela démontre votre engagement envers la justice sociale, alors je vous en remercie. Donc je vais vous offrir, à travers une série de diapositives, un avant-goût de là où nous nous dirigeons en tant qu’organisation. Comme le ministre l’a mentionné, nous en sommes au début, alors une grande partie du travail que nous allons accomplir consiste à établir des fondements. L’élément clé ici, c’est que vos commentaires nous aident beaucoup, alors lorsque nous tenons ces séances, et que nous recevons de bons conseils, nous bâtissons l’organisation avec vous à mesure que nous avançons.

Je pense que vous êtes conscients, la plupart d’entre vous, lorsque vous regardez la documentation et la réalité et l’expérience dans les communautés à travers la planète, qu’il existe essentiellement quatre types de racisme dans la société. Et celui qui reçoit le plus d’attention et dont on parle le plus est le racisme individuel. Et cela les gens le sentent. C’est l’expérience qu’ils en ont. Mais je soulève cela pour que vous compreniez et sachiez que nous allons nous concentrer sur le racisme systémique et institutionnel, parce que la logique est que si l’on règle le problème en amont, on le règle aussi en aval. Nous allons donc être très intéressés à étudier quelles sont les barrières systémiques; mais des années de préjugés conscients et inconscients se sont maintenant, vous savez, essentiellement empilées et cela pose un défi à tous les citoyens cherchant à s’impliquer d’une façon holistique dans la société.

Comme le ministre l’a mentionné, le gouvernement et les institutions gouvernementales jouent un rôle crucial. Le fait est que, si nous voulons nous débarrasser du racisme dans l’ensemble de la société, il faut que toutes les sections de la société contribuent à cette conversation. La lutte contre le racisme devrait être l’affaire de tout le monde. La lutte contre le racisme n’est pas uniquement l’affaire de la Direction générale de l’action contre le racisme. En fait, nous aurons échoué si c’est encore le cas dans cinq, dix ou huit ans. Alors dans toutes les conversations que j’ai avec les gens, je suis très clair sur cet aspect, de dire que nous devons tous lutter contre le racisme. Et nous sommes conscients que la Direction générale a un rôle crucial pour aider à démarrer cette conversation et offrir les outils et les ressources pour le faire. Mais au bout du compte, les institutions et les organisations ont le mandat de servir tous leurs citoyens, y compris les citoyens desservis par leurs programmes et leurs services. Alors le milieu des affaires a un rôle très, très important à jouer.

Pour ceux d’entre vous qui ont fait leurs devoirs sur cette question, à la racine des disparités et des inégalités, sans mentionner l’équité, on retrouve l’économie. Il est donc très important que le milieu des affaires participe à cette conversation de façon concrète. Les communautés ont un rôle très important à jouer, n’est-ce pas? La société, les parents, chacun d’entre nous peut contribuer à cette conversation. Alors seulement pourrons-nous combattre le racisme systémique. Voilà la définition dont nous nous servons. Si on regarde la documentation et ce que disent les experts, il s’agit d’une définition largement acceptée du racisme systémique. Au bout du compte, nous allons servir de catalyseur, offrir un cadre, des analyses, des données, mais nous voulons nous assurer que tout le monde qui participe, vous savez, dans la province, s’implique d’une façon vraiment holistique et d’une façon significative dans cette conversation.

Les efforts se concentrent sur le racisme systémique. Nous ne partons pas de zéro. Cela causerait du tort à tout le travail qui se déroule depuis déjà des années sur cette question. Alors voici simplement quelques petits échantillons des rapports dans lesquels beaucoup des travaux et de la recherche et de l’expertise ont déjà été fournis, afin qu’on puisse parler des enjeux. Alors vous savez, on peut remonter il y a longtemps, jusqu’à la Commission royale sur les peuples autochtones, la Commission sur le racisme systémique dans le système de justice pénale, le Rapport de Stephen Lewis en 1992, l’Examen des causes de la violence, et plus récemment, le rapport de la Commission de vérité et de réconciliation. Et bien sûr, plus récemment à Sudbury, le rapport Vital Signs, que la Fondation communautaire de Sudbury, vous savez, a publié, parlait du fait que même si les choses s’améliorent, il reste des écarts et des disparités et nous devons résoudre ce problème et être disciplinés dans la direction que nous prenons. Notre travail est contextualisé grâce aux recommandations et aux conclusions de ces rapports. Nous ne partons donc pas de zéro. Je pense que comme le ministre l’a mentionné dans une de nos séances, il y en a qui nous disent « Vous êtes là. » « Vous nous parlez. » « Nous avons tous ces rapports alors pourquoi perdez-vous votre temps? » D’un autre côté, les gens disent vouloir une chance de parler avec les représentants directement. Nous tenons ces séances. Nous n’allons pas en tenir des centaines. Nous tenons ces séances pour obtenir vos commentaires, mais le cadre de référence existe pour nous permettre de poursuivre notre travail. Et tous ces rapports ont indiqué qu’il faut nous concentrer sur les enjeux systémiques et régler le problème de ce point de vue.

Notre mandat. Je dois m’excuser ici. Notre mandat n’est pas d’atténuer le racisme systémique, mais de l’éliminer. C’est notre cible ambitieuse et notre objectif. Sensibiliser et améliorer la compréhension du racisme systémique, lorsqu’on parle à la plupart des gens du racisme systémique, ça suscite un air perplexe, parce qu’ils reviennent toujours à la question du racisme individuel ou ils disent qu’il est systématique, plutôt que systémique. Alors il y a de l’éducation du public qu’il est nécessaire de faire ici à propos du racisme systémique. Faire la promotion de pratiques et de politiques équitables qui mènent à l’équité raciale, voilà l’objectif au bout du compte. N’est-ce pas? C’est l’équité raciale. Voilà ce que nous voulons en tant que société, et c’est donc ça que l’on vise. Et ensuite en faire la promotion et aller collaborer et travailler avec différents partenaires. Vous savez, il s’agit d’un parcours que nous devons tous suivre, alors la Commission des droits de la personne, par exemple, a beaucoup d’expertise en matière d’éducation du public et de sensibilisation, si bien que nous allons travailler avec eux sur certaines des initiatives que nous entreprenons.

Il y a quelques organismes de lutte contre le racisme très, très dévoués. Nous allons travailler avec eux à mesure que nous élaborons nos produits et les différentes choses que nous voulons propager dans la province. Alors il s’agira d’un effort combiné, et une partie de nos valeurs sera de collaborer avec ces organisations afin d’obtenir leur opinion pour que ça soit cohérent lorsqu’ils feront leurs affaires. Pour que ça soit judicieux. Pour que ça résonne auprès de différentes communautés. Et je vais vous donner quelques exemples un peu plus tard.

Alors les efforts de la Direction générale, il s’agit de paramètres généraux que nous définissons ici. D’abord et avant tout, il s’agit de recherche et d’évaluation de politiques, parce que nous allons régler le problème en amont, nous devons adopter une approche fondée sur des données probantes dans la conversation en cours. Le ministre a mentionné les données sur la race. Le Conseil scolaire du district de Toronto et la Société de l’aide à l’enfance de Toronto sont les deux seules institutions qui recueillent des données désagrégées sur la race. Alors non, il n’y a pas de données à profusion. Alors, une des premières choses que nous allons faire est de créer un cadre pour la collecte de données, un cadre pour la collecte de données à l’échelle de la province et de données désagrégées sur la race et nous allons offrir cela au gouvernement et aux institutions gouvernementales afin que les gens commencent à se concentrer sur ce qu’ils devraient recueillir et comment ils devraient le recueillir. Ce qui compte vraiment ici est que lorsqu’on étudie les administrations progressistes qui ont résolu ce problème, vous savez, il est nécessaire de faire des analyses de tous les secteurs afin d’obtenir un portrait global du problème.

Je vais vous donner un bon exemple. Nous savons que les jeunes noirs et autochtones sont représentés de façon disproportionnée dans le système de justice criminelle et parmi les organismes de protection de la jeunesse. Il ne sert à rien d’étudier ce problème au moment où ces enfants se présentent à la porte des sociétés d’aide à l’enfance. Il faut aller plus loin, et pour aller plus loin, il faut des analyses poussées et des données de qualité. Il faut avoir une idée du moment où le problème est vraiment survenu. Puis se concentrer sur ce moment et trouver comment régler le problème. Alors le problème est réglé en amont, et il est réglé jusqu’en aval. Il est très important que tous les secteurs soient impliqués et participent à cette conversation. Alors, nous allons revenir en bas ici, je dois retrouver mon curseur, le point juste ici, sur le cadre pour la collecte de données sur la race.

L’autre chose que nous allons faire est d’élaborer une stratégie de lutte contre le racisme à l’échelle de la province, qui comprendra, et ce n’est pas une liste exhaustive, un volet qui se concentra sur le racisme contre les Noirs, un volet sur le racisme contre les Autochtones et un volet sur l’islamophobie. Et toute autre question qu’il est nécessaire de traiter. Alors nous allons avoir une approche très disciplinée concernant notre façon de composer avec les communautés racialisées et autochtones. Il s’agit là de seulement deux exemples de ce que nous allons faire en matière de politiques et d’orientation. Et bien sûr, je devrais mentionner que dans la fonction publique elle-même, nous devons nous assurer, et c’est très, très important, que les décideurs et les gens qui conçoivent les programmes et services sont aussi bien formés et éduqués en matière de lutte contre le racisme. Les compétences de lutte contre le racisme ne sont pas des compétences traditionnelles dans la fonction publique. Alors je ne sais pas si vous avez vu les annonces, mais nous recrutons largement dans la communauté pour construire cette organisation. Nous avons d’excellentes compétences en matière de leadership. Nous avons d’excellentes compétences stratégiques. Nous avons toutes sortes de compétences. Nous n’avons pas de compétences poussées en matière de lutte contre le racisme, alors cela faisait partie de notre stratégie de ressources humaines de recruter des gens qui sont qualifiés et diplômés et expérimentés dans le domaine, parce qu’il faut s’assurer que les décideurs et les rédacteurs de politiques comprennent aussi ce cadre de référence afin qu’un cadre et un outil existent pour aider à l’élaboration des nouvelles politiques. Et je ne parlerai que d’un de ceux-ci. C’est un outil très solide, l’évaluation de l’incidence de l’équité raciale. Il y a deux ou trois administrations très progressistes aux États-Unis : la ville de Portland, Seattle, et King County à Seattle, qui ont utilisé cet outil pour faire des changements au sein de ces institutions publiques et pour lutter contre le racisme.

Pour l’éducation du public et la sensibilisation, encore une fois, nous allons adopter une approche largement fondée sur les données probantes. Nous allons faire cette étude de marché. Nous allons nous pencher sur les relations sur lesquelles nous pouvons compter au sein des collectivités autochtones et parler de ce à quoi ressemblerait une éducation solide et efficace et pertinente à l’échelle de la province. Qui devrait-elle viser? Devrait-on se concentrer sur les jeunes à l’aide des médias sociaux? Devrait-on se concentrer sur ceux qui comme moi se trouvent au centre du sandwich démographique? Et il s’agit là de renseignements importants dont nous avons besoin afin que, lorsque nous concevrons cette campagne, elle rejoigne tous les bons groupes et les bons électeurs. Collaborer avec la communauté. J’en ai parlé plus tôt. Il y a un groupe central d’organismes de lutte contre le racisme avec lesquels nous allons travailler. Lorsque nous traiterons ces questions, nous ferons participer à la conversation et chercherons à obtenir leur approbation au moment de prendre une décision afin qu’elle ait un écho et fasse une différence, vraiment, au bout du compte.

Un dernier élément vaut la peine d’être remarqué, et je sais que cela sonne comme du jargon de bureaucrate, alors laissez-moi le démystifier pour vous. La gouvernance durable. Une des choses que nous entendons lorsque nous visitons les collectivités, vous savez, au gouvernement actuel, au ministère, et à la Direction générale, c’est : « Quoi que vous fassiez, veuillez vous assurer que cet exercice n’est pas un exercice ponctuel, que cet exercice aura une longue vie. » Malheureusement, le chemin vers l’équité raciale est long. Mais ce n’est pas obligé d’être le cas. Ça dépend de la vitesse approximative à laquelle nous voulons travailler ensemble et accomplir ce projet, mais il s’agit d’un chemin. Ce sera un long chemin, parce que de nombreux problèmes doivent être réglés. Alors, si votre travail aujourd’hui consiste à établir des fondations, continuez à le faire. Continuons à nous baser sur nos compétences. Continuons à nous baser sur notre expérience, sur les données, et sur toutes les bonnes choses qui surviennent et réglons ce problème. Alors vous savez, le ministre Coteau nous a demandé de réfléchir à des possibilités durables pour la Direction générale. Quelle serait la bonne formule avec laquelle aller de l’avant? Comment pouvons-nous intégrer ce travail afin qu’il fasse partie de l’ADN de l’organisation, que ce ne soit pas une arrière-pensée, vous savez, et ainsi de suite. Il s’agit d’un domaine de travail important pour nous.

L’autre est la capacité organisationnelle, et je vais en parler. Nous construisons la capacité au sein de la Direction générale, et donc, vous savez, nous nous lançons dans un processus de recrutement très ouvert afin d’aller chercher ces compétences, et nous nous dépêchons de le faire. C’était donc un aperçu pour vous. Nous sommes peu nombreux, alors je peux prendre quelques questions. Madame l’animatrice, puis-je? C’est vous qui décidez. Avez-vous des commentaires, des réflexions ou des questions? Ou nous pouvons attendre au micro lorsque nous tiendrons la tribune ouverte. Vous aviez la main levée. Ça va?

>> [Hors micro]

>>Sam : Merci. Nous avons publié un communiqué à l’échelle de la province, et nous avons également contacté certaines des organisations que nous connaissons pour savoir si elles aimeraient avoir d’autres branches à travers la province. Et nous avons également diffusé certains renseignements à l’échelle locale en faisant passer le mot. Nous faisons donc tout ce que nous pouvons pour que le message se propage. Vous savez, je pense, comme l’a mentionné le premier ministre, qu’avec le bouche à oreille ou autrement, nous avons été en mesure d’avoir une participation un peu plus importante, tout au moins dans le grand Toronto. Mais nous sommes ouverts à réfléchir à d’autres mécanismes. Je pense que nous utilisons également les médias sociaux pour faire passer le message aux gens avec ce type de rencontres. Et en passant, ce n’est pas la seule possibilité. C’est le début de la conversation, et non sa fin. N’est-ce pas? Parce que cet exercice nous permettra de grandir ensemble. Nous avons le site Web. Si vous avez un commentaire à apporter, merci de le faire. Nous surveillons activement le site Web. Il y a aussi des fiches de commentaires, si vous pouviez les faire circuler. Vous n’avez pas à les remettre aujourd’hui, ce qui nous donne l’occasion d’obtenir les commentaires de ceux qui, pour quelque raison que ce soit, n’ont pas pu se joindre à nous aujourd’hui. Oui, Monsieur?

>> Membre de l’assistance : Je vous écoute avec grand intérêt, et je vous félicite pour tout ce qui a été accompli jusqu’à présent. Je veux simplement dire que pour quelqu’un qui est passé par le système correctionnel, j’ai travaillé sur le terrain pendant plus de 25 ans, le décalage entre la gestion des établissements et les travailleurs sur le terrain est énorme. Alors pour avoir l’adhésion des gens, ce que je suggérerais – et vraiment, ce n’est que ma suggestion – c’est que vous alliez rallier ceux qui sont sur le terrain. Il y a beaucoup de cynisme. Les gens demandent, c’est quoi cette fois-ci? Qu’est-ce que vous allez suggérer cette fois-ci? Et tout le monde hoche la tête et espère simplement que ça passera. Et je ne voudrais vraiment pas que ça arrive pour cette initiative. Alors j’espère sincèrement que vous prendrez le temps qu’il faut, et ce n’est pas qu’une question de ressources humaines, ce n’est pas qu’une question de compétences et de formation, c’est qu’il faut l’apport de ceux qui sont sur le terrain.

>> Sam : Non, merci beaucoup. C’est en plein la question. J’ai eu la chance d’être responsable de mettre de l’avant plusieurs initiatives à l’échelle des entreprises, et vous avez absolument raison. Vous allez avoir plusieurs personnes qui sont au sommet et qui hochent la tête en disant qu’ils feront telle chose, et en fait il n’y a eu aucun apport des gens au milieu. Alors nous trouverons des façons d’obtenir cet apport, parce que la vérité est que les gens comme moi sont ceux dont on peut le plus facilement se passer. Ce qui compte ce sont les gens en première ligne, ceux qui donnent les services et tout le reste. Ce sera un aspect important de ce que nous avons à faire, mais je prends note de votre commentaire.

>> Membre de l’assistance : Ceux qui sont en première ligne n’y croient vraiment pas, et ça devient un véritable problème systémique.

>> Sam : Absolument, et je pense qu’une partie de la solution, et certainement de l’importante bureaucratie avec laquelle nous travaillons, c’est de savoir comment mobiliser les gens. Comment mobiliser ses employés? Quelles valeurs participent à cette mobilisation? La collaboration ouverte, le partage d’information et la création de nouvelles possibilités pour que cette discussion ait lieu. Ce n’est pas une discussion facile. Il faut l’admettre. Particulièrement dans les établissements. Voyez-vous, les gens ne parlent pas de race. Soit ils ont peur de ne pas être politiquement corrects, ou certaines personnes pensent que ce n’est juste pas permis, et certaines personnes sont perdues. Alors on doit vraiment réfléchir sérieusement et attentivement à la façon d’y arriver avec ce que nous avons, d’arriver à cette discussion dans notre organisation. Et il ne s’agit pas d’accuser des gens de racisme. Il s’agit de s’attaquer à ce qui nuit à la pleine participation de nos citoyens à la société. Alors je vous entends. Je pense que nous avons besoin d’un plan approprié pour ça. Mais ça exige entre autres d’avoir la participation des gens de ces autres paliers. Il ne faut pas laisser la question aux échelons supérieurs.

>> Membre de l’assistance : Pardon. Je ne veux pas monopoliser le micro. Je veux juste soulever un dernier point. Je pense également que ça ne devrait pas être une solution universelle, et c’est très facile à dire. Par exemple, en tant qu’agent correctionnel, la ségrégation, à cause des problèmes raciaux, c’est un vrai problème. Mais aussi, si on obtient l’adhésion des gens sur la façon de régler la question et de faire les choses différemment, le problème de la sécurité est toujours là. Le problème de l’affiliation aux gangs est toujours là. Alors, si on tente de créer un seul programme en essayant de l’appliquer partout, ça ne marchera pas, surtout dans mon environnement.

>> Sam : Je suis heureux que vous souleviez ce point précis. L’outil dont j’ai parlé, l’évaluation de l’incidence de l’équité raciale, l’analogie que je voudrais faire est avec une évaluation environnementale, et aujourd’hui on ne construit aucun pont ou autoroute ou hôpital sans faire une évaluation environnementale. C’est impossible. N’est-ce pas? C’est une exigence qu’on ne peut pas ignorer. Cet outil d’évaluation d’impact sur l’équité raciale est exactement la même chose. Ça devient un exercice obligatoire que vous faites quand vous élaborez une politique. Donc, dans le correctionnel, il y a un examen. Comme vous le savez, c’est pensé comme une transformation du système correctionnel. Nous voulons aller en amont de ce processus et aider à transformer cette perception. Si vous faites ce travail, alors vous êtes sûr de ne pas créer inconsciemment de biais. Vous ne créez rien ou ne faites rien dans le programme qui engendrerait des problèmes soit pour les gens qui offrent le programme ou pour ceux que le programme dessert. Alors c’est vraiment un travail en amont, mais merci pour ce commentaire. D’accord?

>> Membre de l’assistance : C’est fantastique. Je suis si content de simplement faire partie de tout ça. Si on regarde complètement autre chose, je travaille en première ligne, alors j’ai affaire à des femmes autochtones enceintes, vous savez. Des personnes qui sont toujours en situation de crise, et qui ne savent pas où aller et personne ne veut les aider. Et je suis celui qui doit les aider, mais je dois réussir à faire ça de façon créative, être créatif avec mon financement pour les soutenir, parce que mon financement ne suffit pas, mais je veux les soutenir et je sais qu’elles ont besoin d’aide. Alors là où j’en suis, je me dis, bon. Tu as besoin d’aide. Comment est-ce que je peux t’aider? Et c’est carrément ce que je fais jour après jour. Et je me dis, bon, c’est sûr, les gens ne comprennent pas, mais il faut qu’on leur fasse comprendre. N’est-ce pas?

Alors il y a des gens à qui elle va raconter son histoire, comme la personne que j’aide, et elle va toucher tout le monde dans la salle ici, et vous n’aviez aucune idée d’où elle vient, de ce qu’elle a traversé, rien du tout. Mais elle va quand même vous toucher et là vous allez dire « j’aimerais te donner tout ce que j’ai », parce qu’elle vous fait tellement de peine. Et moi je me dis, c’est la fille qui était à côté de vous dans l’autobus. Euh, attends une minute. On ne prend pas l’autobus. Non? Non. On ne prend pas l’autobus. Parce que c’est dégueulasse. Mais tout est là. N’est-ce pas? Tout est là-dedans. Il y a des gens qui doivent être créatifs pour trouver des façons de se nourrir, et nourrir leur conjoint, et nourrir leurs enfants, et parfois de supporter de la violence conjugale. Vous voyez? Et elle, elle dit juste qu’elle aime ses enfants, et qu’elle l’aime lui, et qu’elle aime tout le monde. Et je lui dis : « tu n’es pas obligée de faire tout ça ». Et elle me dit : « non, j’ai pas le choix, j’ai pas le choix de faire tout ça ». Et là tu te dis que oui, des fois on n’a pas le choix, mais c’est là qu’on en est. C’est pour ça qu’on est là aujourd’hui, mais on ne veut pas vraiment le voir. On ne veut pas vraiment le voir, parce que je suis ici, et je suis bien habillé et je suis au chaud et tout va super et c’est parfait, mais ce n’est pas réel. Il y a tellement de gens qui voulaient peut-être venir aujourd’hui, mais qui ne pouvaient pas se rendre. Ils sont à Sudbury. Ils n’ont pas d’argent pour l’autobus. Bon. N’est-ce pas? Alors je me dis, c’est bon, mais comme travailleur de première ligne, il y a beaucoup de choses qu’on ne voit pas. Comme le financement. Je fais des demandes de financement. J’obtiens du financement et c’est fantastique, mais dès que tu veux le mettre ailleurs, non, non, non, non. Et tout est, disons, bloqué, on veut tous aider les gens, mais les gens qui ont besoin d’aide ne l’ont pas toujours. Et c’est pour ça que, voilà, je suis là. J’ai longtemps vécu à Sudbury, et je pense que c’est fantastique, enfin, je crois. Je suis celui qui est en première ligne et qui fait le gros du travail, et c’est pas toujours facile. Et dans ce sens-là, je suis content d’être ici. Je suis content qu’il y ait une Direction générale de l’action contre le racisme, que toutes ces choses se passent, mais je voudrais vraiment qu’ils jettent un peu de lumière sur les coins plus sombres. Alors voilà, merci.

>> Sam : Merci.

[Applaudissements]

>> Sam : Merci d’avoir partagé tout ça, et merci de ce que vous faites chaque jour, vous savez, parce que je suis ici à parler de diapos et tout ça. Vous êtes là-bas, à travailler avec les gens tous les jours, à faire une véritable différence. Alors merci, de la part de tout le monde ici et des gens qui travaillent avec vous.

Je pense que vous avez raison, et c’est un peu notre propre biais, à savoir, comment inviter ces voix autour de la table, ces voix auxquelles nous n’avons traditionnellement pas accès? C’est une difficulté pour nous, et nous sommes heureux d’avoir votre point de vue et celui des gens avec qui vous travaillez tous les jours. Comment faire cette lumière? Comment raconter ces histoires? Peut-être que ça fait partie des choses que la campagne de sensibilisation devrait essayer de rendre, essayer de saisir ces histoires vraies. N’est-ce pas? Comme ça les gens pourraient comprendre que nous parlons de personnes qui existent vraiment. Ce ne sont pas des processus ou de la bureaucratie ou quoique ce soit du genre. Ce sont de vraies personnes avec de vraies vies qui sont affectées. Alors je pense qu’il y a des façons de travailler avec vous. Je pense que parmi les autres choses qui se passent au gouvernement, il y a cette question de savoir comment avoir une vue plus holistique de nos programmes. [] Comment on peut penser de façon plus holistique nos programmes pour les jeunes, pour que ça ne se retrouve pas dans les vases clos bureaucratiques des différents ministères. Nous essayons d’améliorer la vie des jeunes, qu’ils soient autochtones ou racialisés. Il faut que nous devenions meilleurs. Le premier ministre a lancé une initiative visant à regrouper et obtenir un point de vue issu de la communauté, et non du gouvernement ou des fonctionnaires, dans la province. Je sais que je n’essaie pas de répondre à la question ou à ce que vous demandez, parce que c’est le nœud du problème, et nous aurons collectivement échoué si nous n’arrivons pas à aider ces gens que vous aidez aujourd’hui.

>> Ginelle : Bon. Alors aujourd’hui, vraiment, nous sommes ici pour écouter tous ceux qui sont dans cette pièce sur la question de la mise sur pied de cette Direction générale et sur son mandat. Jusqu’ici nous avons entendu les remarques du ministre, et nous venons d’entendre le sous-ministre adjoint, et maintenant c’est à vous, en tant que membres de la communauté, de partager vos opinions et vos idées. Alors il y a quelques questions qui pourraient orienter vos commentaires, et comme l’a mentionné le ministre, elles ne visent pas à vous limiter. Mais vous avez reçu une fiche, je crois, à l’accueil. Est-ce que tout le monde en a une? Parce qu’elles contiennent quelques-unes des questions pouvant orienter la discussion d’aujourd’hui. Alors vous pouvez vous y reporter.

Et, je le répète, nous sommes ici pour réellement vous écouter. La rencontre est diffusée en direct et enregistrée, et elle pourrait être rendue accessible au public après la séance d’aujourd’hui. Alors si vous vous joignez à la rencontre, nous considérons que vous comprenez ces conditions et que vous les acceptez.

Des traductions en français et en langue des signes américaine sont également disponibles pour cette rencontre. J’y pense, je n’ai aucune note ici sur les toilettes, mais je crois me souvenir qu’elles se trouvent derrière ces portes à l’autre bout du hall. D’accord? Alors servez-vous. Il y a aussi quelques rafraîchissements légers juste à l’extérieur du coin salon.

Alors nous souhaitons vous entendre, et je pense que nous nous ajusterons au fur et à mesure pour voir pendant combien de temps chacun devrait parler pour permettre à tout le monde de partager leurs commentaires. Si vous n’avez pas l’occasion de prendre la parole aujourd’hui et que vous rentrez chez vous avec certaines questions ou certains enjeux qui vous brûlent les lèvres, vous pouvez écrire un courriel à antiracism@Ontario.ca et tous les commentaires seront acceptés jusqu’en décembre sur le site Web. Antiracism@Ontario.ca, vous pourrez y partager vos commentaires. D’accord?

Alors sans plus tarder, j’aimerais aller au micro. Nous avons quelqu’un.

>> Ginelle : Si vous pouviez utiliser le micro, ça faciliterait le processus d’enregistrement.

>>Membre de l’assistance : Le financement et la question de savoir si le ministère chapeautant la Direction générale sera bien financé, et s’il sera en mesure d’offrir des bourses et autre soutien du genre. J’aimerais savoir quelle information vous avez à partager avec l’assistance sur cette question.

>> Sam : Merci pour la question. Pour le budget original pour la Direction générale de l’action contre le racisme, nous avons approuvé 5 millions de dollars, et c’est vraiment pour le personnel, pour la dotation, pour l’espace de bureau, pour l’administration, et nous nous ajusterons par la suite, parce que pour le moment, en fait, nous sommes en train de bâtir un plan stratégique pour la Direction générale de l’action contre le racisme. Mais une fois que nous serons lancés et qu’il sera question de collectes de données ou de campagnes de sensibilisation, nous renverrons ce plan au conseil des ministres, parce que c’est la structure de la Direction générale de l’action contre le racisme qui relève directement du conseil des ministres. Et ça arrivera quand nous serons plus avancés dans les initiatives, si nous investissons dans la recherche ou dans une campagne de sensibilisation ou pour une collecte de données, alors nous allons retourner au conseil des ministres pour le demander, selon le plan avec lequel nous allons aboutir. Mais le budget initial de 5 millions de dollars est consacré spécialement à l’administration de l’organisation, et nous retournerons au conseil des ministres pour toutes les idées que nous aurons, pour qu’il approuve un budget pour toutes les activités supplémentaires.

>> Membre de l’assistance : Bonjour, (nom retiré). Il y a plusieurs choses qui me sont venues en tête à propos de la Direction générale de l’action contre le racisme et sur les discussions que nous avons aujourd’hui, alors j’espère que je serai un peu cohérent. Quand je veux m’exprimer, ça sort : « blablabla ». Mais une des choses auxquelles j’ai pensé, c’était d’essayer d’élaborer des solutions selon les régions. Quand on pense aux leçons qu’on a tirées de l’histoire autour du rapport sur les causes de la violence, qui se concentrait vraiment sur Toronto et sur la violence qu’on y trouvait, on n’a pas vraiment regardé ce qui se passait à l’extérieur du Grand Toronto. Alors quand on se penche sur le racisme, eh bien, on en trouve dans les communautés du Nord, et je vois que vous organisez des discussions aussi loin que Thunder Bay, je vous suggérerais de regarder ce qui se passe à Kunar, ce qui se passe à Timmins, dans ces autres communautés nordiques, parce qu’une des choses auxquelles je pense, aussi, c’est au travail entourant la stratégie de réduction de la pauvreté, et des leçons qu’on a tirées de ça. Oui, elle a été adoptée en 2009. J’imagine que c’est vers ça qu’on se dirige, mais ce plan n’a pas vraiment de dents, et il n’avait pas vraiment de financement jusqu’à récemment. Et je sais qu’il y a des problèmes avec le financement, que c’est difficile de le faire parvenir aux communautés, et même d’y avoir accès. Quand on parle de données, et de données des Premières Nations et des communautés autochtones, c’est une grosse question, et je suis sûr que tout le monde connaît les problèmes liés à ça. N’est-ce pas? Alors, comment est-ce qu’on réussit à faire fonctionner tout ça? J’ai récemment travaillé avec la pauvreté. J’y pense souvent. Alors je sais que pour les organisations autochtones et des Premières Nations, juste le fait d’avoir accès à ce financement pour des projets locaux, c’est encore difficile, et c’est quelque chose dont il faut se souvenir quand on pense à se tourner vers des actions communautaires de lutte contre le racisme. Comment est-ce qu’on compte rendre le financement accessible aux communautés, quand on en sera là? Parce que quand vous parlez d’évaluations et de données, qu’est-ce qu’on fait de ces communautés dont l’état et les données n’ont jamais vraiment été recueillis? Comment est-on censé y avoir accès et les évaluer? Il nous faut d’abord les bases. Des données de référence. N’est-ce pas? C’est aussi à ça que je pense.

En regardant ce qui se passe au niveau local ici, à Sudbury, on a besoin de la participation du municipal. Je ne sais pas s’il y a des gens de la ville ici aujourd’hui. On sait tous que Thunder Bay avait une stratégie autochtone et un énorme problème de racisme. Il y a une vaste stratégie, mais aucune mesure concrète. Aucune volonté politique. Aucune relation. Alors je pense qu’on doit regarder les bases, quand on fait du racisme fondé sur les différences culturelles, pour construire une société multiraciale. Est-ce que ça a du sens?

Alors pour le futur, dans 10 ans, ça ressemble à quoi? Je pense que c’est notre chance. On a l’occasion de vraiment faire quelque chose de bien et de bon, pour voir de quoi ça aura l’air dans 10 ans. Si on se trompe sur quelque chose, si on se dépêche et qu’on rate, il va y avoir des lacunes. Une des choses, comme quand on regarde ce qui se passe avec la stratégie contre la violence envers les femmes autochtones, il y a environ 10 ou 11 ministères qui ont participé à ça. Est-ce que c’est ce qui se passe dans ce cas-ci? Alors il faut cette adhésion complète et totale. C’est juste ce qui me vient en tête.

>> Ginelle : Merci.

>> Sam : Merci d’avoir soulevé ce point. Il faut que vous sachiez que nous allons adopter une approche différente pour ce qui touche les communautés autochtones. Sur le dossier de la racialisation, nous avons un processus. Sur le dossier autochtone, nous allons prendre l’initiative et établir un partenariat avec le ministère des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation. Alors nous allons fonctionner à travers eux, avec eux. Ils n’ont pas encore organisé beaucoup de tables traditionnelles, en travaillant avec les chefs et tout ça. Alors on ne présume de rien. C’est le premier point.

La deuxième chose est que lorsqu’on élabore, par exemple, une stratégie d’action contre le racisme, on travaille à travers ces tables-là, et sur le terrain avec la communauté, et avec tout ce qu’on en retirera. Et comme vous le savez mieux que moi, il y a aussi une diversité régionale. Peut-être pas en tant que société ontarienne panautochtone, parce qu’il y a aussi des choses propres à la communauté autochtone. Nous travaillons avec ce ministère et ces partenariats et ces tables qui s’offrent à nous pour voir ce qu’on peut faire comme programmes, etc. Peu importe le budget de la direction générale, une de nos principales fonctions est de miser sur le mandat et les programmes d’autres ministères, parce que la lutte contre le racisme est l’affaire de tous. Alors nous voulons nous assurer qu’ils comprennent à quoi ressemble le racisme systémique quand nous élaborons une politique, parce que les ministères doivent se montrer responsables de leurs propres mandats. Ce sera un aspect très important de notre travail, de s’assurer que ces mandats sont pleinement exploités.

>> Le ministre Coteau : Si je peux me permettre, je voudrais simplement faire une remarque là dessus. Beaucoup de gens pensent que si on créait une ligne budgétaire, si on prenait un gros montant d’argent et qu’on disait aux gens : « vous pouvez faire une demande de financement pour lutter contre le racisme », que ce serait une solution. Je pense que nous pouvons faire mieux. Et je prendrai comme exemple la stratégie de réduction de la pauvreté. Alors pour la stratégie de réduction de la pauvreté, j’ai siégé sur le Comité pendant les dernières années, et oui, je crois qu’il y avait un fond de 50 millions de dollars pour aider à trouver des stratégies de lutte contre la pauvreté. Je pense que, plus important encore, d’importants changements ont été apportés aux politiques à la suite des travaux du Comité. Par exemple, ils ont changé la prestation pour enfants. Ça a été un virage important. Beaux sourires. Nous avons intégré 70 000 enfants de plus dans le programme de soins dentaires gratuits. Il y a, je veux dire, le vaccin contre le zona pour les aînés. Vous savez, tout ça est venu des recommandations de la stratégie de réduction de la pauvreté. L’une des plus importantes était pour les familles ayant un revenu inférieur à 50 000 dollars, avec 50 000 dollars ou moins si vous aviez des enfants, ou des jeunes adultes, même les adultes, chacun une mère, un père, vous pouviez aller gratuitement à l’université. Nous avons maintenant la gratuité scolaire. Et c’est arrivé sous forme de recommandations. C’est comme le disait Sam. Il s’agit de s’appuyer sur les ministères existants pour améliorer le processus de décision, prendre de meilleures décisions en matière de politiques afin de combattre la pauvreté, dans ce cas-ci. Je suis allé à une rencontre ministérielle à Halifax. J’y étais hier, et nous avons discuté d’incarcération. Une augmentation de 70 % des taux d’incarcération dans les prisons fédérales. Une augmentation de 70 % pour les Afro-Canadiens dans la dernière décennie. Vous savez, c’est un chiffre choquant. Comment peut-on expliquer ça? Nous savons qu’il y a une surreprésentation, pour les communautés autochtones, en Ontario et dans tout le pays. Est-ce que les Afro-Canadiens sont devenus de mauvaises personnes, ou est-ce que ça aurait plutôt rapport avec le système, avec une question de processus, avec la façon dont les choses fonctionnent? Alors on doit essayer de trouver ces choses-là et être attentifs, et faire des recommandations et essayer de changer ce genre de choses. Mon hypothèse est que le racisme systémique, et je défendrais cette idée, a une influence majeure sur les taux d’incarcération. Nous savons que si vous êtes Autochtone en Ontario, ou Noir en Ontario, vous avez plus de risques de vous faire interpeller. Vous avez plus de risques de vous retrouver dans une prison à sécurité maximale, d’être placé en isolement, des choses comme ça, et ce sont des choses qui sont démontrées statistiquement. Ça ne peut pas être juste… Il y a nécessairement plusieurs raisons derrière tout ça.

Et quand on parle des travailleurs de première ligne, j’aimerais vraiment avoir leur avis. Comment peut-on expliquer ça? Pourquoi y a-t-il eu une augmentation de 70 % dans la dernière décennie? Ce sont des choses qu’on doit absolument comprendre. L’argent est important. L’apport des ministères est important à mon avis. Et la chose la plus importante, c’est vraiment de faire la lumière sur les questions sur lesquelles nous avons déjà des hypothèses. Nous devons nous appuyer sur les données pour prendre de bonnes décisions, intelligentes, pour qu’elles ne puissent pas être remises en question par la suite.

>> Ginelle : Merci. Par ici?

>> Membre de l’assistance : J’ai juste quelques petits commentaires. Peut-être que c’est un peu logistique, à propos du lieu de la rencontre elle-même. Comme je viens de Sudbury, je sais que si vous organisez quelque chose à l’Université Laurentienne, je sais que c’est censé être une rencontre communautaire. Quand vous organisez une rencontre comme celle-ci à l’Université Laurentienne, vous vous coupez d’une énorme partie de la communauté. Je recommanderais juste qu’on trouve un endroit comme l’hôtel de ville. Si vous pouviez trouver un endroit comme ça. Je parle sans vraiment savoir. Je ne sais pas vraiment quels sont les endroits disponibles au centre-ville. Mais tout ça est vraiment important et c’est une chose vraiment incroyable qui se passe en ce moment, et c’est fantastique que le gouvernement fasse un effort réel comme ça. Mais si on pense à une éducation populaire, à une sensibilisation et à une collaboration avec les collectivités, ça pourrait être une bonne idée de trouver un endroit plus accessible aux différentes communautés que vous voulez rejoindre. Merci.

>> Membre de l’assistance : (nom retiré) : Je travaille avec des familles prises en charge par les services à l’enfance et à la famille. Aussi avec des jeunes accusés au criminel. Pour moi, ce qui me frappe le plus, c’est la grande importance que prendra la collecte de données. Je sais que nous avons quelques statistiques, mais elles sont vraiment dépassées.

Et quelle forme est-ce que ça prendra, et comment arriverons-nous à l’appliquer de façon uniforme dans tout l’Ontario? Parce que la collecte de données en matière de racisme systémique prendra une forme très différente si elle vient d’organisations d’aide à l’enfance ou de probation pour les jeunes ou d’une organisation comme Niswakumuc. Alors je crois qu’il est très important de collaborer, et de se demander comment obtenir ces informations d’une façon qui soit culturellement appropriée. C’est ce que j’avais à dire.

>>Membre de l’assistance : Juste pour poursuivre sur ce qu’ont partagé ces deux personnes, nous avons un cadre de référence qui s’appuie sur le cas des Autochtones. Et je sais que le cran et tout ce qui en découle c’est une question de sensibilité culturelle et de sécurité culturelle. Ce n’est pas que pour les Autochtones. C’est pour tout le monde. Alors si vous ne vous sentez pas en sécurité quand vous allez quelque part, vous n’irez pas à l’hôpital. Si vous ne vous sentez pas en sécurité quand vous allez quelque part, vous ne vous sentirez pas assez en sécurité pour aller au bureau de santé. Souvent, les Autochtones sont comme n’importe qui d’une autre culture. Vous vous sentirez en sécurité si vous allez à un endroit que vous pensez avoir été mis sur pied pour vous. Alors s’il y a un camp de l’amitié, s’il y en a un, oui, vous allez y aller, mais ça pourrait, ça pourrait ne pas être vraiment ce dont vous avez besoin si vous traversez une crise de folie. Ce n’est pas courant. Vous n’êtes pas dans un hôpital. Vous n’êtes pas dans un centre de crise. Tous ces endroits dont vous pourriez avoir besoin – ma conjointe pourrait en avoir besoin. Mon fils pourrait en avoir besoin. Et on ne sait pas, parce qu’on ne sait pas. C’est comme ça, tout simplement. Ou nous avons peur. Et je n’irai pas là. Je n’irai pas là parce que j’ai un petit peu peur. On peut y aller ensemble. D’accord? Alors nous irons là et c’est tout ce qu’il faut, mais parfois les gens, disons, vous savez, ne vont pas là et n’accèdent pas à toutes ces choses. Super, posons toutes ces grandes affiches partout et tout le monde viendra tout de suite. Pourquoi personne ne vient? Ils ont peur. Et alors nous regardons, c’est comme n’importe quoi d’autre, comme si on minimisait la grande part d’histoire qui vient juste de se produire, c’est vrai pour tout le monde, tout le monde qui vit au Canada. Autrement dit – le Canada est un pays neuf. Nous sommes un pays neuf. Et oui, vraiment, il y a beaucoup de choses qui se sont passées dans les 100 dernières années. On parle de nos grands-parents. Et c’est exactement ce qui s’est passé ici. Ce n’est pas quelque chose que nous devrions remettre en question, juste parce que nous aimons fonctionner rapidement. Nous aimons fonctionner rapidement. Nous aimons les réponses. Nous aimons tous ces trucs. Et, quoi, ce n’est pas bien? Pourquoi ne pouvons-nous pas trouver une solution à cela? Non, non, non, non, non. Parfois, j’ai juste besoin d’écouter. Asseyez-vous dans votre fauteuil, juste pour écouter quelqu’un, et parfois cela prend des heures et nous ne sommes pas habitués à faire ça, parce que nous regardons l’heure toutes les cinq minutes. Parfois, c’est ce qu’il faut faire. C’est ce que vous devez faire, tout simplement. Vous devez le faire. Et c’est de ça que vous avez besoin. Et cela manque dans nos familles. Dans nos familles. Notre peuple. Nos communautés. Et alors nous essayons de réparer nos communautés, parce qu’elles ne fonctionnent pas correctement. Et je dis : allez parler à votre enfant, peut-être, parce que nous les négligeons, en essayant de réparer nos communautés et en essayant d’être formidables, de formidables êtres humains égoïstes. Nous devons nous donner du temps les uns aux autres, et nous nous aiderions les uns les autres au lieu de nous dénigrer, au lieu de juger, parce que nous avons tous les mêmes problèmes. On ne fait que mentir au sujet de nos problèmes. Voilà tout. Littéralement, par exemple, au lieu de juger, je veux dire, quand même. Et, en tant que comité, j’espère que vous comprenez ça, vous aussi. Pour un travailleur de première ligne, il n’y a pas de jugement. Ce n’est pas comme si on disait : oh, vous êtes encore en train de faire ça? Bon. Je dois vous aider encore un peu, pas vous juger, et c’est tout.

>> Ginelle : Merci.

>> Membre de l’assistance : Le premier point, c’est : sur quelle institution devrions-nous nous pencher? Et si vous parlez d’une population de personnes qui sont victimes de racisme, elles sont déjà dans une position d’impuissance et une organisation comme le service de police est automatiquement une organisation qui s’autorégule. Comment vous allez réussir à obtenir des données fiables ou la moindre indication que des gens se comportent de manière raciste d’une organisation d’orientation blanche totalement dominante comme celle-ci? Je n’en ai aucune idée.

>> [Hors micro]

>> Le ministre Coteau : Tout le monde m’entend bien? Je vais parler au micro.

>> [Hors micro]

>> Membre de l’assistance : Oui.

>> Le ministre Coteau : Alors vous devez donner un mandat aux organisations. Comme je l’ai dit au début. J’en ai parlé au Conseil. Une des rares organisations qui le fait, sauf que c’est 10 ans plus tard, mais récemment, j’ai annoncé que je suis aussi responsable des sociétés d’aide à l’enfance d’Ontario, alors je viens tout juste d’annoncer, il y a quelques semaines, que je donnerais aux sociétés d’aide à l’enfance le mandat de commencer à recueillir des données dans toute la province. J’ai parlé à mes collègues des différents ministères, et cela passe vraiment par la réglementation. Vous savez, c’est la politique de fichage qui vient juste de changer, je crois que la date limite est en janvier, pour apporter des changements à la manière qu’ont les agents de police d’aborder les gens quand il s’agit, vous savez, des contrôles au hasard. Il faut que ça change. Il y a un processus d’imputabilité qui est en place. Si l’on veut obtenir des données des services de police, cela peut se faire par les commissions. La loi est l’autre façon d’y arriver. C’est donc une conversation que nous devrions avoir, mais vous ne pouvez pas simplement donner un mandat sans bien comprendre le processus que vous allez mettre en place. C’est ce que nous sommes plus ou moins en train d’établir actuellement, vous savez, monter un cadre de collecte de données demande assez de souplesse pour que cela fonctionne dans de nombreuses organisations différentes, mais il faut que ce soit contraignant et il faut que cela prenne place de telle manière que de véritables données en ressortent, et non pas seulement les données que nous décidons de recueillir. Il y a des instances où c’est en train de se faire. Sam a parlé de Portland, Seattle, et d’autres instances. La Direction générale ira collaborer avec ces groupes pour comprendre comment ils s’y prennent. Mais vous savez, en tant que société, vous savez, ce sont les forces de police que nous avons. Ce sont les commissions scolaires que nous avons. Et les politiciens qui sont élus sont redevables au public et je m’attends à ce que, s’il y a une volonté d’aller de l’avant, nous apportions ces changements. Il faudra donc que cela passe par la réglementation, par des lois, ou par des commissions décidant de le faire elles-mêmes. Mais il s’agit d’un changement de culture. Cela revient au premier point que j’ai abordé, s’assurer que les personnes qui sont sur le terrain font réellement le travail pour les personnes qui sont en première ligne. Ce que nous essayons de réaliser et d’adopter aussi. C’est un processus compliqué, mais je crois honnêtement que nous serons capables de commencer à recueillir de bonnes données et de compléter cela avec Statistique Canada, et la commission scolaire, au Conseil scolaire du district de Toronto, a fait un travail incroyable et ils ont tant de renseignements détaillés maintenant, et, dernière remarque autour de, vous savez, l’importance culturelle, vous ne pouvez pas simplement recueillir les données et les diffuser. Vous devez collaborer avec les communautés pour établir comment sera diffusée cette information, aussi. C’est donc un processus très, très, très compliqué. Nous allons mettre sur pied un groupe de personnes que nous consulterons à ce sujet, qui comprendront certains problèmes qui se présentent. Je crois vraiment que nous serons capables de mettre en place ce que nous voulons réaliser.

>> Membre de l’assistance : J’ai juste une question. Je suppose que, quand je lis ceci, en ce qui concerne les données, par où commençons-nous? Nous parlons de quelque chose qui est tellement imprégné dans notre culture. Si nous regardons du côté de nos voisins du Sud, avec leurs élections, je ne veux pas entrer dans une digression avec cela, mais ce que nous voyons, ce sont des personnes qui ne comprennent pas leur histoire, où vous avez un candidat qui dit des choses comme « les États-Unis avant tout », vous savez, et le complot du système bancaire international, qui sont des choses, en passant, qui sont toutes apparues dans les années 40. C’était antisémite. C’était extrêmement raciste et maintenant ça apparaît dans le discours dominant et avant que nous commencions à croire qu’au Canada c’est beaucoup mieux, Kelly Leitch est en train de parler des valeurs culturelles canadiennes. Ouf. Je n’ai jamais pensé que j’entendrais ça un jour. Je n’ai jamais pensé que je verrais ça un jour. Mais nous y sommes. La question est de savoir comment nous pouvons commencer à poser les bonnes questions. Cela apparaît comme une tâche si monumentale que je m’interroge sur le point de départ. Quelles questions poser, et à qui?

>> Le ministre Coteau : Je suis déjà passé par ce processus. À titre informatif, si vous ne connaissez pas beaucoup le Conseil scolaire du district de Toronto : 250 000 élèves, 100 000 étudiants adultes, un budget de 3,2 milliards de dollars, environ 560 écoles, 35 000 employés. Une organisation assez imposante. Et la raison simple pour laquelle je mentionne ces chiffres, c’est que cela nous ramène à tout ce que nous disions : obtenir l’adhésion du personnel, s’assurer que l’on peut trouver des ressources, comprendre qui doit être sondé et comment on va procéder pour y parvenir. Il nous a fallu environ trois ans pour nous y retrouver. Il a fallu beaucoup de temps et, heureusement, nous pouvons nous servir de ces renseignements qu’ils ont obtenus pour poser les bonnes questions, celles qui sont à retenir. Le Conseil scolaire du district de Toronto nous envoie une série de questions, et elles sont posées à différents moments du parcours scolaire des élèves, trois fois je crois, entre la maternelle et la douzième année. L’information est maintenant si détaillée, et j’utilise toujours cet exemple, que l’on peut poser la question suivante : les jeunes filles de huitième année d’origine grenadienne, de deuxième génération, vous savez, dans l’ouest de Toronto, comment se débrouillent-elles en français? Et vous pouvez réellement obtenir les données. Et ce qui est magnifique avec ces données, c’est qu’elles sont si détaillées et qu’elles parlent de la situation économique. Elles parlent de la configuration familiale. Elles vont jusqu’à l’autodéclaration, si les gens veulent faire une déclaration sur la structure et la teneur de leur composition familiale. La beauté de ce type d’information, et de ce qu’on demande aux parents ou aux élèves des écoles secondaires au tout début de l’année, c’est que l’on est en mesure de mieux planifier les politiques. Mais il a fallu quelques tentatives pour arriver à bien faire les choses et obtenir l’information aussi. Cela n’arrive pas du jour au lendemain, et des erreurs vont être commises, mais vous devez obtenir l’adhésion du personnel. Vous devez obtenir l’adhésion des membres de la communauté. Vous devez même obtenir l’adhésion des gens dont vous tentez d’obtenir l’information, parce que certaines personnes pourraient ne pas souhaiter participer à ce processus. Alors, je pense que le Conseil scolaire du district de Toronto, ils pourraient bien avoir un taux d’adhésion de 80 %. Je pense que c’était dans ces alentours la dernière fois que j’ai vérifié. C’est très compliqué. Vous ne pouvez pas simplement aller là et demander l’information. Ça ne fonctionnera pas. Mais le reste de Toronto s’est engagé à le faire aussi, et je sais que la Société de l’aide à l’enfance de Toronto a commencé à produire quelques données et que la collecte de données dans les deux organisations n’est pas aussi avancée que du côté du Conseil scolaire du district de Toronto, mais ils arrivent à un stade où ils s’améliorent beaucoup. Il y a tant de facteurs et tant de préoccupations.

Le processus de collecte de données du Conseil scolaire du district de Toronto coûte environ 2 millions de dollars, donc il y a un coût qui s’y rattache, aussi. N’est-ce pas, et ce n’est que pour un conseil. Il me semble qu’il y a 74 conseils en Ontario. Alors ce n’est que la commission scolaire. Il y a donc beaucoup de complications, mais c’est pour cela qu’il est important que nous nous posions une question et y répondions en tant que communauté : par où commençons-nous? Où allons-nous en premier? Je reviens à votre question, si l’on allait selon ma préférence, j’aimerais que l’on commence par l’éducation. J’aimerais commencer par le système correctionnel. J’aimerais commencer par les sociétés de l’aide à l’enfance. Plus important encore, j’aimerais commencer par la fonction publique. Nous avons 70 000 employés dans la fonction publique. Nous avons désigné des gens à différents postes, des choses comme ça. J’aimerais savoir : qui nommons-nous exactement? Et comparez cela –

[Applaudissements]

>> Ginelle : Merci.

[Rires]

>> Le ministre Coteau : Bien, nous parlons de – avec 51 % de femmes en Ontario, je ne sais pas si ce chiffre se reflète dans la façon dont nous – je ne suis pas sûr. Je serais étonné si trois ou quatre pour cent des personnes déployées dans le secteur public faisaient partie des groupes d’emploi en Ontario. Je ne connais pas les chiffres, je pourrais me tromper complètement. Mais voilà les types de choses que nous pouvons commencer à recueillir et, même quand il s’agit de la fonction publique, c’est un reflet des, vous voyez, communautés pour lesquelles ils travaillent. Il ne s’agit pas de discrimination positive. Il ne s’agit pas d’aller là-bas et d’imposer des choses, vous devez faire ceci, vous devez faire cela. Il s’agit de comprendre ce que nous faisons pour pouvoir apporter des améliorations en fonction de cette information.

>> [Hors micro]

>> Membre de l’assistance : La fonction publique est symptomatique de tout le reste dans la société, c’est-à-dire du privilège d’être blanc. Il serait stupide de penser autrement. Et je veux dire, je m’assois là quelquefois, et c’est pourquoi je dis, disons, j’aime l’idée de commencer avec les enfants à l’école et ainsi de suite. Je crois que c’est vraiment une excellente idée, parce que dans 10 ans, ce sera significatif et ce sera notre fonction publique, mais l’autre chose, c’est la suivante, et peut-être que je devrais choisir mes mots soigneusement. Nous avons des gens d’un certain parti politique qui est au gouvernement. Mais si la fonction publique est démantelée, ce ne sera pas une déclaration politique en bonne et due forme. Mais si la fonction publique est démantelée et mise en pièces et privatisée. C’est un autre problème. Cela signifie un autre type d’obstacle à la prestation de services. Il faut donc le reconnaître. Nous devons apprendre comment réparer ça. Si nous brisons les outils pour réparer ça, qu’est-ce que je peux dire de plus? Vous voyez ce que je veux dire…

>> Le ministre Coteau : C’est-à-dire que je ne suis au courant d’aucun plan de démantèlement de la fonction publique. Je n’ai jamais entendu parler de cela. Je sais que les emplois dans la fonction publique ontarienne sont parmi les meilleurs emplois au Canada et qu’ils ont de bons salaires, de bonnes pensions, et j’espère que ça ne changera pas.

>> Membre de l’assistance : Privatisation.

>> Le ministre Coteau : Je ne suis pas au courant d’une privatisation de ces postes, mais, si je reviens à mon propos, au bout du compte, de bonnes données permettent de prendre de meilleures décisions. C’est tout.

>> Ginelle : Nous avons une question ici. Ou un commentaire. Pardon.

>>Membre de l’assistance : Merci. Je suis entièrement d’accord. Je crois qu’il est nécessaire de regarder où sont les intersections de l’antiracisme, avec quels systèmes, et j’ai une préoccupation, je crois bien. Je suis à 100 % pour la collecte de données fondées sur la race. Je travaille dans le secteur de la protection de la jeunesse et j’ai vraiment salué votre remise en question du système et, en fait, peut-être certains changements à la loi qui seront contraignants pour notre secteur. Peut-être que beaucoup d’autres changements suivront. Mais ma question tourne autour de : comment pouvons-nous nous assurer que les données que nous recueillons sont exactes? Un des défis que je prévois est – je crois que vous avez mentionné la peur que les gens ont, ou n’ont pas, et peut-être qu’ils ne comprennent pas bien pourquoi nous leur posons ces questions en particulier. Je sais, avec l’optique de la protection de la jeunesse, vous savez, l’aide à l’enfance a mauvaise presse, pour de bonnes raisons. Les gens l’alimentent. Les gens ont immédiatement peur. Et quand je travaille avec mes collègues et les encourage et leur dis à quel point il est important pour nous d’avoir ces données, je dois leur assurer qu’ils peuvent discuter de ces choses en toute sécurité. Je dois les aider à poser les questions de telle manière que les gens se sentent en sécurité et à l’aise de répondre, et je dois aussi être en mesure de discuter avec mes collègues de l’importance de cette information pour qu’ils puissent rassurer les utilisateurs des services et les membres de la communauté au sujet de ce que nous allons faire de cette information. Pourquoi est-ce important? Alors je crois que, pour moi, c’est une question de ressources à certains égards. Il est aussi, je crois, vraiment important que cette initiative et la Direction générale passent le temps qu’il faut à mobiliser les membres de la communauté dans le cadre de notre conversation sur notre manière de travailler en collaboration, de manière à ce que, si et quand vous avez besoin de soutien, et je sais que les gens marginalisés et qui ont été racisés et qui vivent par la pauvreté ont besoin d’énormément d’appui, et nous avons un créateur de responsabilité – nous avons tous la responsabilité de leur fournir ces appuis, comment allons-nous y arriver de façon significative? D’une manière qui sera bien reçue d’eux avant tout? De manière à ce qu’ils se sentent en sécurité lorsqu’ils franchissent la porte?

>> Membre de l’assistance : Encore une fois, pour nous qui travaillons très étroitement avec les sociétés de l’aide à l’enfance, ce qu’il faut garder à l’esprit, aussi, c’est le traumatisme historique, la colonisation, tous ces morceaux que je connais en tant que femme autochtone travaillant avec les familles qui sont en relation avec les sociétés de l’aide à l’enfance; elles n’auront pas assez confiance en votre organisation pour vous donner cette information. Je ne crois pas que ça va arriver. Et c’est pour cela que cette collecte de données sera différente selon qu’elle vient d’une agence, de moi par exemple, ou de votre organisation. N’est-ce pas? Alors, si c’est partout pareil, ça réussira. Nous allons obtenir cette information et, aussi, comme je le disais plus tôt, il y a le racisme systémique, si vous n’avez jamais connu le racisme, vous n’allez pas croire qu’il y a un problème. Alors, par exemple, moi qui travaille avec de jeunes autochtones qui sont impliqués dans le système de justice pénale, je ne sais pas, je ne veux pas faire une déclaration politique ou jeter qui que ce soit aux lions, mais les gens des probations juvéniles avec qui je collabore étroitement, ils ne croient pas que le racisme systémique existe, et pourtant il existe. C’est évident. Nous savons qu’il existe.

Alors, j’imagine que ce que je veux dire, c’est : « bonne chance pour obtenir cette information, et si nous pouvons travailler ensemble, je pense, moi aussi, que la sensibilisation et l’éducation vont être très importantes ». Alors ces histoires de gens qui ont connu le racisme individuellement, mais, de manière systémique, cela doit être accepté. N’est-ce pas? Et ça le sera si nous continuons à travailler ensemble. Et, je veux dire, avec la lutte contre la pauvreté. Ça a commencé en 2009. Il faut continuer à aller de l’avant et prendre garde de ne pas se laisser aller et continuer de travailler. Donc les nouvelles, c’est super, et je sais que vous avez dit que vous en faites plus, alors simplement de continuer comme ça l’année prochaine. Et ensuite, l’année suivante, et faire des changements dans les politiques et les lois, et c’est super que vous alliez jusqu’au conseil des ministres. N’est-ce pas? Alors oui.

>>Membre de l’assistance : J’ai un commentaire, quand on parlait plus tôt, on a mentionné comment entrer dans, à défaut d’un meilleur terme, comment accéder à des groupes qui sont pas mal autonomes. Des groupes similaires aux forces de police, par exemple. Et surtout dans le judiciaire. En plus d’être capables de demander des mesures et de passer par le gouvernement et de pouvoir entrer par la grande porte, une autre approche qui pourrait marcher simultanément aussi, c’est qu’il y a déjà de très bonnes personnes dans ces systèmes, et peut-être qu’on pourrait essayer de les repérer et de trouver ces gens-là qui ont leurs entrées dans la communauté, qui peuvent vous permettre, je ne veux pas dire d’infiltrer, mais vous permettre de… Vous voyez ce que je veux dire? De façon stratégique.

>> Membre de l’assistance : Un peu comme trouver des alliés?

>> Membre de l’assistance : Oui.

>>Membre de l’assistance : Oui. Trouver des gens qui viennent de l’intérieur, qui peuvent vous aider à entrer par la porte avant et la porte arrière, essayer de rentrer d’un peu partout.

>> Ginelle : Merci beaucoup. Et par ici?

Membre de l’assistance>> Ma question, ou plutôt déclaration, touche plutôt l’élaboration de la politique. J’ai vécu dans le Sud de l’Ontario, et maintenant je suis dans le Nord, et beaucoup de politiques sont pensées en fonction du Sud, et les enjeux sont vraiment différents. J’ai travaillé auprès d’une ville, et une partie de mon rôle, comme je l’ai déjà mentionné, consistait à en faire une communauté plus inclusive et accueillante. Plusieurs des établissements que j’ai invités à participer, ils refusaient complètement l’idée qu’il y a du racisme systémique, et comme ils pensent qu’il n’y a pas de problème, il n’y a rien à régler. L’impression qui en ressort, c’est que ça touche un petit groupe de gens, et donc que ce n’est pas vraiment important. Le gros de la population n’est pas touché. C’est ce qu’on a l’impression que les gens pensent. Mais un autre élément que je voulais souligner par rapport au Nord, c’est le fait que oui, ce sont de petites populations, et pour ce qui est de la collecte de données, il y aura des difficultés liées aux questions de protection de la vie privée, et ailleurs où il y aura de plus petits groupes racialisés et communautés autochtones, il faudra se demander comment est-ce que vous allez gérer les données qui seront recueillies et comment vous allez traiter la question pour ce qui est de la diffusion et de la façon dont les renseignements seront partagés?

>> Ginelle : Merci beaucoup. Est-ce qu’il a d’autres interventions? Bon. Alors pour conclure, je voudrais simplement dresser un portrait de ce qui s’est dit ce soir, ou cet après-midi. Nous ne sommes pas encore tout à fait le soir. Comme il y avait une espèce de dynamique de questions-réponses dans notre rencontre d’aujourd’hui, certains des commentaires que je ferai ressortir seront des ministres, et certains seront de vous. Alors, vous avez parlé de mettre sur pied un plan stratégique, mais aussi insisté sur la nécessité de se pencher sur des solutions locales. Nous l’avons noté. Et il nous faut nous concentrer sur ce qui se passe dans le Nord de l’Ontario. Il y avait ce sentiment que vous êtes contents qu’on se penche sur d’autres endroits dans le Nord de l’Ontario, mais vous encouragez le ministère à en regarder davantage et à donner aux gens la chance de se faire entendre. Il a été question des données, qui pourraient poser problème dans le cas de communautés autochtones. Vous avez aussi mentionné qu’il nous fallait la participation du municipal, parce qu’il y a une stratégie mais aucune mesure concrète, et les mesures doivent être cohérentes avec cette stratégie, et vous avez aussi parlé d’une absence de volonté et de direction politiques, et du peu de relations avec les gens sur ces questions.

Nous avons aussi entendu qu’il fallait reconnaître, et qu’on reconnaissait déjà un peu la diversité qu’on retrouve au sein des communautés autochtones, et que l’approche devait tenir compte aussi de ça. On nous a aussi demandé de nous tourner vers d’autres ministères, et certains d’entre vous se sont montrés ravis du fait que nous n’allons pas travailler en vases clos, et que nous nous proposons plutôt d’envisager une approche globale avec les autres ministères.

On a un peu parlé de rendre les rencontres communautaires plus accessibles aux gens de la ville pour qu’ils puissent s’y rendre, et que c’était un peu éloigné ou difficile pour les gens de s’y rendre, pour ceux qui ne pouvaient pas prendre l’autobus jusqu’ici, soit qu’ils n’avaient pas l’argent ou pour n’importe quelle autre raison, alors c’est quelque chose dont on devra tenir compte à l’avenir.

Nous avons senti que les gens étaient généralement contents que le gouvernement se penche actuellement sur cette question. Et que la collecte de données sera extrêmement importante, mais vous vouliez vous assurer que nous comprenions qu’il fallait avoir des normes pour l’ensemble de la province, pour que la collecte soit appropriée sur les plans culturel et racial. Nous avons aussi parlé de sécurité culturelle, de sensibilisation culturelle, d’accès aux services, et que les gens devaient se sentir en sécurité pour accéder aux services.

>> [Hors micro]

>> Membre de l’assistance : Elle disait qu’il y a un exemple au Timiskaming.

>> Membre de l’assistance : Oui. Je parle du cadre de référence autochtone du Timiskaming qui a été adopté dans notre région, et je sais que c’est en train d’être adopté dans quelques autres collectivités également. Alors ça marche en fonction de la façon dont la communauté fonctionne également, mais c’est fondé simplement sur la sensibilisation, comme la sensibilisation culturelle, la validation culturelle, la… C’est comme… disons qu’un hôpital doit monter un atelier, ça pourrait faire peur aux gens seulement en raison de leur bagage culturel. Si c’était organisé, disons, ailleurs, alors oui, vous auriez la participation des cinq mères plutôt que de n’avoir aucune mère. Et c’est vraiment cette question de sensibilisation culturelle, cette sensibilité culturelle, et c’est tout ça. Et c’est un document vraiment extraordinaire. Vous pourriez le trouver en ligne. Et c’est génial, et ça fonctionne. Tous les partenaires avec qui on a fait affaire en tant qu’agence autochtone, ils ont été accueillants, et ça a vraiment aidé. Je ne sais pas si c’est entièrement infiltré, mettons, oui, avec ça, mais dans ce sens-là on fait un peu de chemin.

>> Membre de l’assistance : Vous pourriez répéter le nom du document?

>> Membre de l’assistance : Alors c’est le Indigenous – le Timiskaming Indigenous Linguistic Framework.

>> Ginelle : Bon. Merci beaucoup. Merci pour cette information. Nous avons aussi entendu que nous devrons être attentifs aux types d’institutions que nous allons examiner. Nous avons parlé de la police, de la Société de l’aide à l’enfance, des commissions scolaires. Nous avons parlé du fait qu’on ne pouvait pas simplement imposer des choses, mais qu’il fallait permettre aux gens de comprendre les mesures qu’on met en place, surtout parmi les gens de première ligne, et aussi pour les gens qui occupent des postes administratifs. Et la direction générale a indiqué qu’elle apprendrait des autres endroits où on a travaillé à un cadre de référence d’action contre le racisme et à des approches de lutte contre le racisme dans les politiques. Ils ont mentionné quelques villes des États-Unis.

Nous avons entendu certaines des inquiétudes par rapport à ce qui se passe parfois au sud de la frontière, mais aussi ici, avec des gens de différents échelons politiques exprimant des choses qui pourraient être perçues comme des valeurs culturelles canadiennes et s’exprimant de façon très douteuse sur ce que ça voudrait réellement dire pour les personnes marginalisées et tout ça. Nous avons parlé des coûts de la collecte de données, et de combien il nous faudra être attentifs à faire les choses correctement. Se pencher sur les nominations publiques et commencer avec les fonctionnaires. Se pencher sur la question des femmes et de la représentation culturelle. Se pencher sur le privilège blanc au sein des services publics, et sur l’impact de la privatisation sur la capacité de la direction générale d’intervenir sur ce plan.

Nous avons parlé de l’importance de la participation communautaire et du traumatisme historique causé par la colonisation, qui sape la confiance entre les gens et envers ces mêmes établissements auxquels on souhaite qu’ils aillent trouver des services. Nous avons été encouragés à poursuivre les rencontres de discussion ouverte, même après décembre, pour garder les gens mobilisés et garder la discussion ouverte, et on a dit que les politiques semblent pensées pour le Sud, mais doivent s’occuper également des collectivités du Nord, et que cet enjeu n’est pas aussi facilement reconnu qu’il pourrait l’être dans le Sud.

Et enfin, on nous a parlé des plus petites communautés qui pourraient rencontrer des difficultés en matière de confidentialité dans la collecte de données. Alors, j’espère que ça reflète bien les interventions que nous avons entendues aujourd’hui, et j’aimerais tous vous remercier d’avoir partagé vos idées, et inviter le ministre à dire quelques mots de clôture.

>> Le ministre Coteau : Je vais parler d’ici. Donnons une bonne main d’applaudissement à notre animateur.

[Applaudissements]

>> Le ministre Coteau : Je voudrais remercier tout le monde d’être ici aujourd’hui. Je voudrais remercier les bénévoles, en chandail rouge. Ils ne sont pas ici, mais je crois qu’ils sont à l’extérieur. Vous les remercierez pour moi, s’il vous plaît. Surtout, je veux vous remercier de votre participation. Ça a été une discussion très différente de toutes les autres que nous avons eues. Dans les autres rencontres, il y avait tellement de monde. Tout le monde avait deux minutes puis devait partir, vous savez, vite, vite. Ça a été une conversation très intime avec beaucoup de bonnes idées. Sam me disait justement combien c’était intéressant. Nous avons tiré beaucoup de bonnes idées de cette consultation. Alors je voudrais simplement vous dire merci. Je sais que certaines personnes ont voyagé. Certaines personnes sont ici parce qu’elles veulent savoir comment elles peuvent être des alliées. Certaines personnes sont ici parce qu’elles croient que, n’est-ce pas, le changement doit venir aussi de la participation des gens en première ligne. Et bien sûr, le municipal rejoint plusieurs communautés différentes. Alors je voudrais simplement vous dire merci d’être ici et de nous aider, parce que nous n’avons pas toutes les réponses, mais ce que nous avons, Glenn et moi-même, Sam, toute l’équipe de la Direction générale de l’action contre le racisme, c’est la détermination d’en appeler à du changement dans cette province. Nous savons que nous avons bien réussi sur de nombreux plans dans cette province, et elle a offert beaucoup d’occasions à certaines personnes. Vous savez, je suis un immigrant au Canada. J’ai grandi dans un endroit appelé Flemingdon Park à Toronto. Il y a certaines difficultés particulières dans le quartier dans lequel j’ai grandi. On m’a donné la chance de faire quelque chose, et je suis très honoré d’être là à parler à des gens de racisme et de comment nous pouvons changer les choses. Les sociétés de l’aide à l’enfance, comment pouvons-nous changer les choses. Tout le monde est engagé. Je vous dis, si nous pouvons le faire, nous allons le faire. Si ça rend les choses meilleures pour les gens en Ontario, je veux que cette conversation se poursuive. Je pense que c’est une idée très intéressante. Peut‑être, pendant qu’on fait avancer notre plan, il devrait y avoir une seconde ronde de discussions, peut-être après un an, pour voir ce que les gens pensent et avoir plus de réactions. Un processus continu, donc, intégré dans le processus plus large. Alors merci de votre temps. Nous avons terminé un peu à l’avance, alors les gens peuvent retrouver leurs proches ou leurs amis ou juste rentrer à la maison et faire ce que vous avez à faire, nous vous sommes reconnaissants d’avoir pris le temps d’être ici aujourd’hui pour parler d’une question dont les gens n’aiment pas parler, n’est-ce pas : le racisme. Mais il faut en parler si nous voulons faire de cette province, de ce pays, un endroit meilleur pour tout le monde. Alors encore une fois, je vous remercie au nom du premier ministre, et je vous remercie de votre engagement à bâtir une province meilleure. Merci.