Un photo d'un Chat-fou du Nord
Photo: Joseph R. Tomelleri

La protection et le rétablissement des espèces en péril en Ontario

Le rétablissement des espèces en péril est un volet clé de la protection de la biodiversité en Ontario. La biodiversité – la diversité des organismes vivants sur la Terre – nous fournit de l’air et de l’eau propres, de la nourriture, des fibres, des médicaments et d’autres ressources dont nous avons besoin pour survivre.

La Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) représente l’engagement juridique du gouvernement de l’Ontario envers la protection et le rétablissement des espèces en péril et de leurs habitats. Dès qu’une espèce est désignée comme disparue de l’Ontario, en voie de disparition ou menacée aux termes de la LEVD, elle est automatiquement protégée contre toute forme de harcèlement. En outre, dès qu’une espèce est désignée comme en voie de disparition ou menacée, son habitat est protégé contre les dommages et la destruction.

Aux termes de la LEVD, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (le ministère) doit veiller à ce qu’un programme de rétablissement soit élaboré pour chaque espèce inscrite à la liste des espèces en voie de disparition ou menacées. Un programme de rétablissement offre des conseils scientifiques au gouvernement à l’égard de ce qui est nécessaire pour réaliser le rétablissement d’une espèce.

Déclarations du gouvernement en réponse aux programmes de rétablissement

Dans les neuf mois qui suivent l’élaboration d’un programme de rétablissement, la LEVD exige que le ministère publie une déclaration qui résume les mesures que le gouvernement de l’Ontario prévoit prendre en réponse au programme de rétablissement et ses priorités à cet égard. Le programme de rétablissement pour le chat-fou du Nord (Notorus stigmosus) a été achevé le 22 novembre, 2013.

Cette déclaration est la réponse du gouvernement de l’Ontario aux conseils scientifiques fournis dans le programme de rétablissement. En plus de se fonder sur les renseignements fournis dans le programme de rétablissement, elle tient compte des commentaires reçus de la part de parties intéressées, d’autres territoires de compétence, des collectivités autochtones et du public. Cette déclaration reflète les meilleures connaissances traditionnelles, locales et scientifiques auxquelles on peut accéder en ce moment; elle pourrait être modifiée si de nouveaux renseignements deviennent accessibles. En mettant en œuvre les mesures prévues à la présente déclaration, la LEVD permet au ministère de déterminer ce qu’il est possible de réaliser, compte tenu des facteurs sociaux et économiques.

Le chat-fou du Nord est une petite barbotte qui est présente dans le Sud-Ouest de l’Ontario et qui peut atteindre 13 cm de longueur. La couleur de son corps va du gris olivâtre moucheté au brun, et son dos porte deux ou trois marques foncées en forme de selle.

Démarches futures pour protéger et rétablir le chat-fou du nord

Le chat-fou du nord est désigné comme espèce en voie de disparition aux termes de la LEVD. Aux termes de la LEVD, il est interdit d’endommager ou de perturber cette espèce, et d’endommager ou de détruire son habitat, à moins d’y avoir été autorisé. Une telle autorisation exigerait que des conditions établies par le ministère soient respectées.

Le chat-fou du Nord est une espèce indigène de l’Amérique du Nord et rare à l’échelle mondiale. Son aire de répartition actuelle englobe certaines régions du Nord-Est des États-Unis et du Sud-Ouest de l’Ontario. Au Canada, on le trouve uniquement en Ontario dans la rivière Sainte-Claire, le lac Sainte- Claire et la rivière Détroit (qui, ensemble, portent le nom de « corridor Huron-Érié »), et dans la rivière Thames. Plusieurs jeunes ont été recueillis dans tous les plans d’eau où l’existence de cette espèce est connue, ce qui permet de croire que la reproduction s’effectue. Vu qu’un nombre relativement faible de spécimens ont été capturés en Ontario, un échantillonnage ciblé se révèle nécessaire afin d’approfondir les connaissances sur les caractéristiques démographiques de la population dans toute son aire de répartition. On croit que l’espèce a disparu de la rivière Sydenham, puisqu’elle n’y a pas été capturée depuis 1975.

Le chat-fou du Nord est un poisson d’eau tempérée qui ne vit habituellement que deux ou trois ans et qui atteint apparemment la maturité sexuelle à l’âge de deux ans. Par conséquent, il ne fraie qu’une fois ou deux au cours de sa vie. Le chat-fou du Nord pond peu d’œufs comparativement à la plupart des autres poissons, ce qui rend ses populations plus sensibles aux facteurs nuisibles à la reproduction. Par exemple, étant donné que l’espèce dépose ses œufs dans un nid aménagé au fond d’une cavité, souvent sous de gros rochers, la prolifération des moules zébrées peut entraver la reproduction en obstruant ces cavités et en les rendant impropres à la nidification.

Le chat-fou du Nord est une espèce difficile à étudier en raison de sa nature benthique et nocturne, et de sa rareté en Ontario. On ne possède donc que peu de connaissances sur ses exigences en matière d’habitat. Le chat-fou du Nord n’a pas été observé dans la rivière Sydenham depuis 1975 et la forte turbidité de ce cours d’eau peut avoir contribué au dépérissement de l’espèce. Cependant, on trouve encore celle-ci dans les eaux de la rivière Thames, où l’envasement, la turbidité et la charge en éléments nutritifs sont considérés comme de graves menaces pour elle. Dans le corridor Huron-Érié, les principales menaces qui pèsent sur le chat-fou du Nord comprennent la perte de l’habitat physique (p. ex., le durcissement des rives et autres changements liés au littoral), les espèces envahissantes et la présence de composés toxiques dans l’eau. En raison de la rareté et de la nature cryptique de l’espèce, on ignore l’ampleur exacte de ces répercussions. Des études approfondies s’imposent pour mieux comprendre les menaces auxquelles le chat-fou du Nord doit faire face.

Étant donné le manque de connaissances sur l’écologie de ce poisson et le degré de dégradation de son habitat aux endroits qu’il fréquente actuellement, les activités de rétablissement sont pour le moment centrées sur l’augmentation des connaissances liées aux besoins particuliers en matière d’habitat et sur l’amélioration de la qualité de l’eau afin de promouvoir la persistance à long terme du chat-fou du Nord en Ontario.

La protection et le rétablissement des espèces en péril sont une responsabilité partagée. Aucune agence ni aucun organisme n’a toutes les connaissances, l’autorité ni les ressources financières pour protéger et rétablir toutes les espèces en péril de l’Ontario. Le succès sur le plan du rétablissement exige une coopération intergouvernementale et la participation de nombreuses personnes, organismes et collectivités.

En élaborant la présente déclaration, le ministère a tenu compte des démarches qu’il pourrait entreprendre directement et de celles qu’il pourrait confier à ses partenaires en conservation, tout en leur offrant son appui.

Mesures menées par le gouvernement

Afin de protéger et de rétablir le chat-fou du nord, le gouvernement entreprendra directement les mesures suivantes :

  • Poursuivre la mise en œuvre du Plan stratégique de l’Ontario contre les espèces envahissantes pour traiter le problème des espèces envahissantes (p. ex., le gobie à taches noires, la moule zébrée) qui menacent le chat-fou du Nord.
  • Renseigner les autres organismes et autorités qui prennent part aux processus de planification et d’évaluations environnementales quant aux exigences de protection prévues à la LEVD.
  • Encourager la soumission de données sur le chat-fou du nord à l’entrepôt de données du ministère des Richesses naturelles au Centre d’information sur le patrimoine
  • Entreprendre des activités de communication et de diffusion afin d’augmenter la sensibilisation de la population quant aux espèces en péril en Ontario.
  • Protéger le chat-fou du nord et son habitat par l’entremise de la LEVD.
  • Appuyer les partenaires en conservation, et les organismes, municipalités et industries partenaires et les collectivités autochtones, pour qu’ils entreprennent des activités visant à protéger et rétablir le chat-fou du nord. Ce soutien prendra la forme de financement, d’ententes, de permis avec des conditions appropriées, et de services consultatifs.
  • Encourager la collaboration, et établir et communiquer des mesures prioritaires annuelles pour l’appui gouvernemental afin de réduire le chevauchement des travaux.

Mesures appuyées par le gouvernement

Le gouvernement appuie les mesures suivantes qu’il juge comme étant nécessaires à la protection et au rétablissement du chat-fou du nord. On accordera la priorité aux mesures portant la mention « hautement prioritaire » en ce qui concerne le financement aux termes de la LEVD. Lorsque cela est raisonnable, le gouvernement tiendra également compte de la priorité accordée à ces mesures lors de l’examen et de la délivrance d’autorisation en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. On encourage les autres organismes à tenir compte de ces priorités lorsqu’ils élaborent des projets ou des plans d’atténuation relatifs à des espèces en péril. Le gouvernement ciblera son appui sur ces mesures hautement prioritaires au cours des cinq prochaines années.

Secteurs d’intervention : Recherche et surveillance

Objectif : Accroître les connaissances sur les populations de l’espèce, les besoins en matière d’habitat et les principales menaces.

Mesures :

  1. (hautement prioritaire) Effectuer un échantillonnage ciblé dans des zones d’habitat adapté et d’habitat possible dans le corridor Huron-Érié et la rivière Thames pour déterminer les caractéristiques démographiques de la population et détecter de nouvelles occurrences. L’échantillonnage devrait être effectué à l’aide de techniques éprouvées pour la détection du chat-fou du Nord.
  2. Mettre en œuvre un programme normalisé de surveillance de la population et de l’habitat, et évaluer les besoins saisonniers en matière d’habitat (y compris le domaine vital et les mouvements de l’espèce) du chat-fou du Nord à toutes les étapes de sa vie.
  3. Faire enquête sur les effets des polluants chimiques, de la perte de l’habitat physique et des espèces envahissantes (p. ex., gobie à taches noires, moule zébrée) sur le chat-fou du Nord dans le corridor Huron-Érié, et sur les effets de la charge en éléments nutritifs, de l’envasement et de la turbidité sur l’espèce dans la rivière Thames.

Secteurs d’intervention : Protection et gestion

Objectif : Faire participer les propriétaires fonciers et les principaux intervenants à des activités d’intendance pour améliorer l’habitat et réduire les menaces. Mesures :

  1. (hautement prioritaire) Travailler avec des propriétaires fonciers, des exploitants agricoles, des superviseurs de drainage et des offices de protection de la nature pour réduire au minimum les menaces qui pèsent sur l’habitat de l’espèce en favorisant :
    • l’élaboration et la mise en œuvre de plans agroenvironnementaux et de plans de gestion des éléments nutritifs;
    • la mise en œuvre de pratiques de gestion optimales (PGO) dans des sites très dégradés à l’intérieur et autour de l’habitat de l’espèce pour prévenir ou réduire l’envasement, la turbidité et les polluants toxiques dans l’habitat.
  2. Poursuivre la réhabilitation des rives et du littoral durcis, conjointement avec les initiatives existantes de rétablissement de l’écosystème aquatique.

Secteurs d’intervention : Sensibilisation

Objectif : Promouvoir des pratiques de gestion optimales et l’importance de réduire au minimum les menaces qui pèsent sur l’habitat de l’espèce auprès des gestionnaires de terres et des collectivités.

Mesures :

  1. Créer des documents de sensibilisation qui expliquent en détail les menaces pesant sur le chat-fou du Nord et l’importance de mettre en œuvre des PGO afin de réduire l’envasement, la turbidité et l’introduction de composés toxiques. Distribuer de la documentation aux responsables de la protection de la nature, aux communautés autochtones, aux pêcheurs et à d’autres intervenants clés dans la région.

Mise en œuvre des mesures

Le soutien financier pour la mise en œuvre des mesures de rétablissement approuvées pourrait être fourni par l’entremise du Fonds d’intendance des espèces en péril, ou du Programme d’encouragement des exploitants agricoles à la protection des espèces en péril. On encourage les partenaires en conservation à discuter de leurs propositions de projets liés à la présente déclaration avec le ministère des Richesses naturelles. Le ministère peut aussi conseiller ses partenaires à l’égard des autorisations exigées aux termes de la LEVD afin d’entreprendre le projet.

La mise en œuvre des mesures pourra être modifiée si les priorités touchant l’ensemble des espèces en péril changent selon les ressources disponibles et la capacité des partenaires à entreprendre des activités de rétablissement. La mise en œuvre des mesures visant plusieurs espèces sera coordonnée partout là où les déclarations du gouvernement en réponse au programme de rétablissement l’exigent.

Évaluation des progrès

Aux termes de la LEVD, le gouvernement doit évaluer l’efficacité des mesures de protection et de rétablissement visant une espèce au plus tard cinq ans après la publication de la présente déclaration en réponse au programme de rétablissement. Cette évaluation permettra de déterminer si des rectifications sont nécessaires pour en arriver à protéger et à rétablir l’espèce.

Remerciements

Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont pris part à l’élaboration du Programme de rétablissement pour le chat-fou du Nord (Notorus stigmosus) en Ontario pour leur dévouement en ce qui a trait à la protection et au rétablissement des espèces en péril.

Renseignements supplémentaires :

Consultez le site Web des espèces en péril
Communiquez avec votre bureau de district du MNRF
Communiquez avec le Centre d’information sur les ressources naturelles
1 800 667-1940
ATS 1 866 686-6072
NHRIC@ontario.ca
Le site du Ministère des Richesses naturelles et des Forêts