Préparé par Sarah Wyshynski et Tanya Pulfer

L’aigle royal (Aquila chrysaetos) est principalement observé dans l’ouest de l’Amérique du Nord, mais il a autrefois été plus présent dans l’est des États-Unis et au Canada. La population d’aigles royaux vivant dans l’est du continent nord-américain est actuellement estimée à seulement quelques centaines de couples. Cette population se reproduisait traditionnellement dans l’est du Canada et dans le nord-ouest des États-Unis. De nos jours, l’aire de reproduction de la population vivant dans l‘est de l’Amérique du Nord se limite au Manitoba, à des régions septentrionales éloignées du Québec et de l’Ontario, à la péninsule de Gaspé au Québec et au Labrador. L’aigle royal est répertorié comme espèce en voie de disparition sur la liste des espèces en péril en Ontario (SEPO).

Les antécédents de reproduction de cette espèce en Ontario ne sont pas bien documentés. De récents relevés aériens des sites de nidification connus et probables réalisés par le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario (MRNO), et des relevés se rapportant aux deux Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario (1981-1985 et 2001-2005) ont permis de nettement mieux connaître l’aire de répartition de cette espèce en Ontario. Tous les nids répertoriés grâce à ces relevés se situent dans la région des basses-terres de la baie d’Hudson et le bassin hydrographique de la rivière Severn dans le district de Kenora. On estime qu’entre 10 et 20 couples nichent en Ontario; cependant, en raison des difficultés rencontrées lors des relevés sur la possible aire de reproduction de cette espèce, le fait que des sites de nidification puissent être manqués lors des relevés aériens et la conviction que la population totale puisse être/soit susceptible d’être accrue par un nombre inconnu d’« agents volants » non reproducteurs, il est actuellement impossible d’évaluer de manière formelle le nombre total de couples reproducteurs en Ontario.

Les aigles royaux vivant dans l’est du continent nord-américain font l’objet de nombreuses menaces directes et indirectes, comme : des intoxications par le plomb, des piégeages accidentels, des tirs, l’électrocution et des collisions avec des structures obstruant les trajectoires de vol, des perturbations aux sites de nidification, la disparition des habitats, la pollution environnementale et les changements climatiques. L’étendue de la plupart de ces menaces pesant sur les populations d’aigles royaux vivant en Ontario demeure à ce jour inconnue et doit être davantage examinée. Il est prouvé qu’il est fort probable que l’aigle royal n’ait jamais été une espèce commune en Ontario. Le nombre apparemment peu élevé d’aigles royaux en âge de reproduction en Ontario pourrait constituer son principal facteur limitant. La perte de quelques individus à la suite de l’une des menaces identifiées pourrait avoir des répercussions démographiques sur cette population déjà peu nombreuse.

Le but pour cette espèce, identifié dans le programme de rétablissement, est de maintenir les individus et les populations existants, de permettre une augmentation naturelle de la population des aigles royaux en Ontario grâce à une bonne reproduction et de minimiser les menaces. Les objectifs de protection et de rétablissement sont les suivants :

  1. identifier, réduire et atténuer les menaces pesant sur les aigles royaux et leur habitat de reproduction et leur habitat de non-reproduction en Ontario;
  2. identifier et protéger les habitats de cette espèce actuellement occupés et récemment identifiés en Ontario;
  3. mieux comprendre la biologie de l’aigle royal en Ontario, notamment son aire de répartition, son abondance, son cycle évolutif, ses besoins en matière d’habitat et les conséquences des menaces pesant sur cette population; et
  4. mieux faire connaître et sensibiliser davantage le public à l’aigle royal et à son habitat en Ontario.

Il est recommandé que les sites de nidification traditionnels, actuels et récemment découverts (qu’ils soient ou non occupés) fassent partie d’un règlement sur l’habitat. Il est bien connu que les aigles royaux réutilisent des sites de nidification et réaménagent plusieurs nids au cours d’une année. Le temps qui s’écoule entre la réutilisation des nids fluctue, et on relate que cela varie entre un an et 30 ou 40 ans. Actuellement, les efforts déployés pour recenser le nombre de nids en Ontario sont rares et peu fréquents, ce qui fait que les données sur l’utilisation des nids par les aigles royaux sont limitées. Il est donc recommandé que les sites de nidification ayant été identifies comme étant occupés ou inoccupés au cours des 35 dernières années fassent partie d’un règlement sur l’habitat.

Étant donné l’importance et le caractère sensible des habitats rupestres pour la nidification, il est recommandé que les habitats abritant des nids sur des falaises incluent les fronts de falaise sur lesquels reposent les nids, et s’étendent verticalement à partir du sommet de la falaise jusqu’en bas et horizontalement à travers toute la base de la falaise. Dans les sites où les aigles royaux font leur nid dans des arbres, il est recommandé que l’habitat visé par un règlement englobe le nid, l’arbre sur lequel est posé le nid, et une zone avec un diamètre de 22 mètres autour de l’arbre de nid pour protéger l’arbre lui-même.

L’utilisation des habitats par les aigles royaux en Ontario en dehors de leur période de reproduction n’est actuellement pas bien connue. Il est recommandé que des dispositions soient prises pour ajouter tous les renseignements recueillis à l’avenir sur les couloirs migratoires et les sites d’escale intermédiaire (l’habitat servant au repos et à l’alimentation pendant la migration) dans un règlement sur l’habitat.