Préparé par Jessica Linton

L’hespérie tachetée (Erynnis martialis) est un papillon gris foncé et brun de la famille des lépidoptères, de taille moyenne, aux marbrures foisonnantes. On le retrouve dans de petites colonies isolées, dans le sud de l’Ontario, là où l’habitat lui convient. Même si une présence abondante n’a jamais été documentée en Ontario, des observations récentes ont seulement noté des individus seuls ou en petit nombre. L’espèce a été classifiée en voie de disparition par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en 2012. À la suite de cette évaluation, le Comité de détermination du statut des espèces en péril de l’Ontario (CDSEP) a évalué et désigné l’hespérie tachetée comme une espèce en voie de disparition en 2013, lui conférant ainsi une protection en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD).

Les menaces qui guettent l’hespérie tachetée sont aggravées par leur lien étroit avec l’habitat jumelé à une capacité de dispersion limitée. Les menaces en Ontario sont liées à l’habitat et englobent : la fragmentation de l’habitat, la destruction de l’habitat, la succession et la fermeture du couvert forestier, le broutage des plantes hôtes larvaires par le chevreuil, l’utilisation de pesticides ainsi que la concurrence entre les plantes hôtes larvaires et les espèces envahissantes et/ou exotiques agressives. L’espèce entretient également une relation complexe avec le feu, qui est mal comprise. Des feux fréquents et intenses peuvent entraîner une mortalité directe des individus ainsi qu’une suppression de la disponibilité des plantes hôtes larvaires. En revanche, l’hespérie tachetée a également besoin des incendies (ou d’autres perturbations) afin de conserver des conditions convenables pour son habitat.

L’objectif de rétablissement pour l’hespérie tachetée se résume à faire en sorte que les menaces existantes qui guettent les métapopulations et l’habitat soient suffisamment atténuées pour permettre la persistance et l’expansion de l’espèce à long terme dans des habitats favorables inoccupés. Les objectifs de protection et de rétablissement à atteindre consistent à :

  1. répertorier, protéger et gérer les métapopulations existantes ainsi que leurshabitats;
  2. établir des prévisions démographiques fiables pour toutes les métapopulations etévaluer leur viabilité dans les conditions actuelles;
  3. faire de la recherche sur la réaction de l’espèce aux perturbations et auxchangements climatiques afin d’assurer une saine gestion de l’habitat;
  4. améliorer l’habitat et/ou créer un habitat, si possible, afin d’accroître la disponibilité d’habitats pour les métapopulations existantes;
  5. accroître les populations existantes, assister la colonisation afin de réhabiliter les populations historiques dans des sites convenables et/ou assister la colonisationdans des habitats propices auparavant inoccupés.

Il est recommandé que les aires où des populations d’hespéries tachetées sont présentes soient désignées comme habitat de l’espèce dans le cadre d’une réglementation de l’habitat en vertu de la LEVD. Les limites de cette aire devraient être désignées comme un type de végétation tamponné visé par la classification écologique des terres (CET) qui contient un habitat convenable (c.-à-d. une colonie de céanothes) et qui abrite l’hespérie tachetée. Il est recommandé que l’habitat de rétablissement potentiel pour l’espèce soit également désigné dans la réglementation de l’habitat. Ces aires sont désignées comme des types de communautés végétales tamponnés visés par la CET qui contiennent un habitat convenable et qui sont contigus à l’habitat qui assure la subsistance des populations existantes.