Photo d’un aigle royal en vol

La protection et le rétablissement des espèces en péril en Ontario

Le rétablissement des espèces en péril est un volet clé de la protection de la biodiversité en Ontario. La biodiversité – la diversité des organismes vivants sur la Terre – nous fournit de l’air et de l’eau propres, de la nourriture, des fibres, des médicaments et d’autres ressources dont nous avons besoin pour survivre.

La Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) représente l’engagement juridique du gouvernement de l’Ontario envers la protection et le rétablissement des espèces en péril et de leurs habitats. Dès qu'une espèce est désignée comme disparue de l’Ontario, en voie de disparition ou menacée aux termes de la LEVD, elle est automatiquement protégée contre toute forme de harcèlement. En outre, dès qu'une espèce est désignée comme en voie de disparition ou menacée, son habitat est protégé contre les dommages et la destruction.

Aux termes de la LEVD, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (le ministère) doit veiller à ce qu'un programme de rétablissement soit élaboré pour chaque espèce inscrite à la liste des espèces en voie de disparition ou menacées. Un programme de rétablissement offre des conseils scientifiques au gouvernement à l’égard de ce qui est nécessaire pour réaliser le rétablissement d’une espèce.

Déclarations du gouvernement en réponse aux programmes de rétablissement

Dans les neuf mois qui suivent l’élaboration d’un programme de rétablissement, la LEVD exige que le ministère publie une déclaration qui résume les mesures que le gouvernement de l’Ontario prévoit prendre en réponse au programme de rétablissement et ses priorités à cet égard. Le programme de rétablissement pour l’aigle royal (Aquila chrysaetos) a été achevé le 2 mars 2015.

Cette déclaration est la réponse du gouvernement de l’Ontario aux conseils scientifiques fournis dans le programme de rétablissement. En plus de se fonder sur les renseignements fournis dans le programme de rétablissement, elle tient compte des commentaires reçus de la part de parties intéressées, d’autres territoires de compétence, des collectivités autochtones et du public. Cette déclaration reflète les meilleures connaissances traditionnelles, locales et scientifiques auxquelles on peut accéder en ce moment; elle pourrait être modifiée si de nouveaux renseignements deviennent accessibles. En mettant en œuvre les mesures prévues à la présente déclaration, la LEVD permet au ministère de déterminer ce qu'il est possible de réaliser, compte tenu des facteurs sociaux et économiques.

L’aigle royal (Aquila chrysaetos; Giniw en ojibway et Mikisiw en cri) est l’un des plus grands rapaces d’Amérique du Nord. Ses ailes sont à la fois longues et larges, pour une envergure de 185 à 220 cm, tandis que son corps peut faire de 70 à 84 cm. Chez l’adulte, la tête, le corps et les ailes sont marron foncé, sauf pour une sorte de couronne dorée sur la tête ainsi que sur la nuque.

Démarches futures pour protéger et rétablir l’aigle royal

L’aigle royal est classé parmi les espèces en voie de disparition en vertu de la LEVD, qui protège autant l’oiseau que son habitat. Aux termes de la LEVD, il est interdit d’endommager ou de perturber cette espèce, et d’endommager ou de détruire son habitat, à moins d’y avoir été autorisé. Une telle autorisation exigerait que des conditions établies par le ministère soient respectées.

L’aigle royal est l’espèce de grand aigle dont l’aire de distribution est la plus étendue du monde : on en retrouve dans de nombreux pays de l’hémisphère nord. En Amérique du Nord, on le retrouve principalement dans l’ouest, mais il faut noter qu'il était jadis plus répandu dans l’est des États-Unis et du Canada qu'il ne l’est aujourd'hui. On estime qu'à peine quelques centaines de couples nichent désormais dans l’est de l’Amérique du Nord; leur reproduction n'a lieu qu'au Manitoba, dans certaines régions nordiques éloignées du Québec et de l’Ontario, ainsi que sur la péninsule de Gaspé, au Québec et au Labrador. Ce ne sont pas toutes les populations d’aigle royal qui sont migratoires, mais celles qui se reproduisent dans l’est canadien migrent effectivement pour passer l’hiver dans les Appalaches ainsi que dans le Haut-Midwest.

Le territoire de reproduction de l’aigle royal en Ontario se limite actuellement aux régions nordiques de la province, notamment les basses terres de la baie d’Hudson et le bassin hydrographique de la rivière Severn, dans le nord-ouest de l’Ontario. L’aigle royal joue un rôle important dans les traditions et la culture des peuples autochtones de ces régions et de bien d’autres encore du Canada. On estime que la population d’oiseaux nicheurs en Ontario est composée d’une dizaine ou d’une vingtaine de couples.

Partout en Amérique du Nord, l’aigle royal chasse principalement de petits animaux ou d’autres de taille moyenne, y compris des rongeurs, des lièvres, des lapins et, dans une moindre mesure, des oiseaux. Dans l’est du Canada, il semblerait se nourrir plus fréquemment d’oiseaux (notamment de sauvagine) que dans l’ouest de l’Amérique du Nord. Pour cette raison, des experts s'interrogent actuellement au sujet des répercussions que pourraient avoir les contaminants environnementaux, comme le mercure, sur les aigles royaux qui se nourrissent fréquemment d’espèces prédatrices de sauvagine, espèces elles-mêmes présentes dans les échelons supérieurs de la chaîne alimentaire aquatique. Les aigles royaux de l’est canadien se nourrissent également de charognes de caribous, d’orignaux et de cerfs quand les proies se font rares. Notons qu'en Amérique du Nord, il est interdit de chasser les oiseaux migratoires avec des balles de plomb, mais les balles utilisées pour le grand gibier (orignaux, cerfs, etc.) renferment de ce métal. Par conséquent, les aigles royaux de l’Ontario sont effectivement exposés au plomb, quoi qu'à un niveau et avec des répercussions démographiques qui n'ont pas encore été déterminés.

Il arrive parfois que des aigles royaux se retrouvent prisonniers de pièges à ressort destinés à des animaux à fourrure; ce phénomène a été documenté en Amérique du Nord. Le nombre de piégeages fortuits d’aigles royaux en Ontario est inconnu, mais dans la province voisine du Québec, on en signale de deux à sept chaque année. L’aigle royal fait également partie des quelques espèces qui nichent sur des falaises et dans des arbres et qui sont sensibles aux perturbations d’origine humaine pouvant être causées par divers loisirs et activités de développement. Des études ont démontré que, dans certains cas, 85 % des pertes de nids d’aigle royal étaient occasionnées par des perturbations d’origine humaine ayant fait fuir les oiseaux du nid et laissant ainsi leurs petits vulnérables.

L’aigle royal ne nichant que dans des régions éloignées du nord de l’Ontario, on connaît encore peu de choses au sujet de son abondance dans la province et des menaces auxquelles il doit faire face. Plusieurs dangers potentiels existent en Ontario pour cette espèce, y compris la perte d’habitats, les perturbations à proximité des nids, les contaminants environnementaux et le piégeage fortuit. Les approches de rétablissement de l’aigle royal consisteront essentiellement à obtenir l’information manquante relativement à la distribution, à l’abondance et aux menaces susceptibles de peser sur cette espèce en Ontario, ainsi qu'à atténuer lesdites menaces par l’entremise d’une campagne de sensibilisation du public visant à réduire au minimum les perturbations et le piégeage fortuit.

L’objectif du gouvernement pour le rétablissement de l’espèce

L’objectif du gouvernement en matière de rétablissement de l’aigle royal consiste à maintenir les populations existantes en favorisant l’augmentation de la reproduction en Ontario.

La protection et le rétablissement des espèces en péril sont une responsabilité partagée. Aucune agence ni aucun organisme n'a toutes les connaissances, l’autorité ni les ressources financières pour protéger et rétablir toutes les espèces en péril de l’Ontario. Le succès sur le plan du rétablissement exige une coopération intergouvernementale et la participation de nombreuses personnes, organismes et collectivités.

En élaborant la présente déclaration, le ministère a tenu compte des démarches qu'il pourrait entreprendre directement et de celles qu'il pourrait confier à ses partenaires en conservation, tout en leur offrant son appui.

Mesures menées par le gouvernement

Afin de protéger et de rétablir l’aigle royal, le gouvernement entreprendra directement les mesures suivantes :

  • surveiller les cas de piégeage fortuit d’aigle royal signalés par les Avis d’activité et autres avis en vertu du règlement de l’Ontario 242/08 de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition en vue de mieux comprendre l’importance de cette menace en Ontario
  • collaborer avec les Premières nations pour la planification de l’aménagement des territoires des collectivités dans le Grand Nord de l’Ontario de manière à tenir compte de la faune, y compris des aigles royaux. Les équipes de planification cerneront également l’emplacement de l’habitat de l’aigle royal et prendront en considération les effets cumulatifs. En plus de la faune, les équipes de planification tiendront compte des autres intérêts, sur le plan communautaire, comme à plus grande échelle, de manière à englober la nature complexe de l’écologie, de la culture et de l’économie dans le Grand Nord
  • renseigner les autres organismes et autorités qui prennent part aux processus de planification et d’évaluation environnementales quant aux exigences de protection prévues à la LEVD
  • encourager la soumission de données sur l’aigle royal à l’entrepôt de données du ministère des Richesses naturelles au Centre d’information sur le patrimoine naturel
  • entreprendre des activités de communication et de diffusion afin d’augmenter la sensibilisation de la population quant aux espèces en péril en Ontario
  • protéger l’aigle royal et son habitat par l’entremise de la LEVD
  • rédiger des instructions afin de mieux définir les zones protégées d’habitat des espèces d’oiseaux en péril en vertu de la LEVD à l’intention des promoteurs et des partenaires
  • appuyer les partenaires en conservation, et les organismes, municipalités et industries partenaires et les collectivités autochtones, pour qu'ils entreprennent des activités visant à protéger et rétablir l’aigle royal. Ce soutien prendra la forme de financement, d’ententes, de permis avec des conditions appropriées, et de services consultatifs
  • encourager la collaboration, et établir et communiquer des mesures prioritaires annuelles pour l’appui gouvernemental afin de réduire le chevauchement des travaux

Mesures appuyées par le gouvernement

Le gouvernement appuie les mesures suivantes qu'il juge comme étant nécessaires à la protection et au rétablissement de l’aigle royal. On accordera la priorité aux mesures portant la mention « hautement prioritaire » en ce qui concerne le financement aux termes de la LEVD. Lorsque cela est raisonnable, le gouvernement tiendra également compte de la priorité accordée à ces mesures lors de l’examen et de la délivrance d’autorisation en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. On encourage les autres organismes à tenir compte de ces priorités lorsqu'ils élaborent des projets ou des plans d’atténuation relatifs à des espèces en péril. Le gouvernement ciblera son appui sur ces mesures hautement prioritaires au cours des cinq prochaines années.

Secteurs d’intervention : Surveillance et recherche

Objectif : Se renseigner davantage au sujet des zones où niche l’aigle royal, des tendances des populations et de la gravité des menaces en Ontario.

L’aigle royal niche dans des régions nordiques éloignées de l’Ontario. Nous ne possédons pas à l’heure actuelle d’estimations justes et à jour des populations en raison du manque d’études à ce sujet et de la difficulté de telles entreprises. En déterminant les zones où niche l’aigle royal en Ontario et en surveillant lesdites zones, il sera possible d’effectuer un suivi des progrès de rétablissement de l’espèce ainsi que de cerner les menaces qui pèsent sur les populations. De plus, en encourageant le partage des connaissances traditionnelles autochtones et de l’information sur les espèces entre les collectivités autochtones et les partenaires de conservation (et autres instances), il sera possible de mener une approche collaborative pour le rétablissement de l’espèce. Les répercussions possibles des changements climatiques sur l’aigle royal et son habitat nordique sont encore incertaines. Au fil des recherches, si certaines menaces en lien avec les changements climatiques sont cernées, les approches pourront éventuellement être adaptées. Le niveau de risques que présentent les activités menées à proximité des sites de nidification, le mercure, le plomb et d’autres contaminants en Ontario est inconnu. Il faudra d’abord obtenir de plus amples renseignements avant de pouvoir s'attaquer à ces menaces potentielles qui pèsent sur l’aigle royal.

Mesures :

  1. (Hautement prioritaire) Élaborer et mettre en œuvre des méthodes normalisées en vue d’estimer la population reproductrice ainsi que d’étudier, de surveiller et de signaler les sites de nidification de l’aigle royal.
  2. Coordonner les efforts et partager l’information entre les collectivités autochtones et les autres instances, y compris le Québec, le Manitoba et les partenaires de l’est des États-Unis, afin de surveiller les populations actuelles et d’obtenir de plus amples renseignements sur les menaces qui pèsent sur la reproduction de l’aigle royal en Ontario.
  3. Déterminer le niveau de sensibilité de l’aigle royal face aux loisirs, aux initiatives industrielles et aux projets de développement qui se déroulent à proximité des sites de nidification en Ontario. Déterminer la distance à laquelle les sites de nidification de l’aigle royal ne seront pas perturbés.
  4. Étudier l’importance de l’impact des contaminants environnementaux (intoxication par le plomb, par le mercure, etc.) sur l’aigle royal en Ontario ainsi que les endroits où ces contaminants nuisent à l’espèce.

Secteurs d’intervention : Éducation et sensibilisation

Objectif : Sensibiliser le public pour l’aider à mieux connaître l’aigle royal et son habitat en Ontario.

La rédaction et la promotion de documents de sensibilisation au sujet de l’aigle royal favoriseront les signalements de l’espèce et aideront à réduire les perturbations d’origine humaine à proximité des sites de nidification. Dans le Grand Nord de la province, là où se reproduisent les aigles royaux, le cri, l’ojibway et l’oji-cri sont des langues couramment employées. En traduisant le matériel de communications pertinent dans les dialectes de ces langues, il sera possible de favoriser l’intendance et les efforts de rétablissement dans ces zones. La collaboration avec les groupes de piégeage permettra à la fois de mieux comprendre l’importance du piégeage fortuit et de réduire le nombre d’incidents en Ontario.

Mesures :

  1. (Hautement prioritaire) Rédiger et livrer du matériel de communications ciblé afin de sensibiliser le public aux questions de protection, de conservation, de signalement des espèces, d’exigences en matière d’habitat et d’approches de réduction des perturbations des nids d’aigle royal en Ontario. Traduire les documents pertinents dans les dialectes de cri, d’ojibway et d’oji-cri.
  2. Collaborer avec les groupes de piégeage d’animaux à fourrure afin d’encourager l’emploi de méthodes qui réduisent les risques de piégeage fortuit d’aigle royal ainsi que le signalement des incidents qui surviennent.

Mise en œuvre des mesures

Le soutien financier pour la mise en œuvre des mesures de rétablissement approuvées pourrait être fourni par l’entremise du Fonds d’intendance des espèces en péril, ou du Programme d’encouragement des exploitants agricoles à la protection des espèces en péril. On encourage les partenaires en conservation à discuter de leurs propositions de projets liés à la présente déclaration avec le ministère des Richesses naturelles. Le ministère peut aussi conseiller ses partenaires à l’égard des autorisations exigées aux termes de la LEVD afin d’entreprendre le projet.

La mise en œuvre des mesures pourra être modifiée si les priorités touchant l’ensemble des espèces en péril changent selon les ressources disponibles et la capacité des partenaires à entreprendre des activités de rétablissement. La mise en œuvre des mesures visant plusieurs espèces sera coordonnée partout là où les déclarations du gouvernement en réponse au programme de rétablissement l’exigent.

Évaluation des progrès

Aux termes de la LEVD, le gouvernement doit évaluer l’efficacité des mesures de protection et de rétablissement visant une espèce au plus tard cinq ans après la publication de la présente déclaration en réponse au programme de rétablissement. Cette évaluation permettra de déterminer si des rectifications sont nécessaires pour en arriver à protéger et à rétablir l’espèce.

Remerciements

Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont pris part à l’élaboration du Programme de rétablissement pour l’aigle royal (Aquila chrysaetos) en Ontario pour leur dévouement en ce qui a trait à la protection et au rétablissement des espèces en péril.

Renseignements supplémentaires

Le déclaration du gouvernement de l’Ontario en réponse au programme de rétablissement pour l’aigle royal est disponible en format PDF sur demande. Veuillez faire parvenir vos demandes de PDF par courriel à recovery.planning@ontario.ca.