Pour déterminer si un ingrédient donné peut être intégré à une ration pour animaux d'élevage, et en quelle quantité, on doit regarder plusieurs facteurs :

  • la difficulté à équilibrer la ration quand on y ajoute cet ingrédient;
  • la facilité à se procurer l'ingrédient;
  • la méthode selon laquelle il faut intégrer l'ingrédient dans la ration ou le servir aux animaux;
  • la santé et l'innocuité;
  • le rendement ultime de l'animal.

L'analyse de l'ingrédient est la première étape à accomplir si on veut pouvoir formuler la ration de façon à atteindre l'objectif qui est de maintenir la santé et la productivité du troupeau. On fait analyser toutes les sources d'aliment susceptibles d'être utilisées pour en déterminer la valeur nutritive; c'est le seul moyen de connaître leur intérêt comme aliment et leur rapport qualité/prix. On adopte ensuite un programme détaillé pour s'assurer que ces caractéristiques sont stables et donc que le produit est de qualité constante. Quand on envisage d'utiliser des aliments non traditionnels, on doit faire très attention à leur qualité nutritive, mais aussi au degré de variabilité de celle-ci. La composition de certains aliments de remplacement, comme le lactosérum et les pâtes alimentaires, est relativement constante, alors qu'elle est très variable pour d'autres (p. ex. rebuts de boulangerie, produits de confiserie). Certains sous-produits ont si peu de valeur nutritive qu'ils ne valent pas la peine qu'on les distribue aux animaux ou qu'ils ne peuvent être servis qu'à quelques catégories d'animaux. C'est le cas de la plupart des fruits ou des légumes de rebut et de certains déchets agroalimentaires qui sont tellement humides qu'ils ne sont pratiquement pas utilisables en production porcine. Ils peuvent à la rigueur être servis à des truies taries ou encore à des bovins à viande. Les producteurs de sous-produits alimentaires et les éleveurs doivent connaître la composition de ces denrées et leur variabilité pour pouvoir faire un choix et formuler des rations qui permettent d'atteindre les objectifs d'élevage. En soumettant à un laboratoire compétent des échantillons de l'aliment auquel on s'intéresse, on peut obtenir son profil nutritionnel précis. En refaisant régulièrement les analyses, on pourra avoir une bonne idée de sa variabilité.

Échantillonnage

Le soin apporté au prélèvement de l'échantillon constitue l'étape la plus importante de l'analyse de laboratoire. L'analyse n'a en effet de valeur que si l'échantillon est représentatif de l'aliment. Malgré sa petite taille, l'échantillon doit représenter le mieux possible le chargement ou la cuvée d'aliment. Pour prélever un échantillon à envoyer au laboratoire :

  • prendre les précautions qui tombent sous le sens, comme se laver les mains et utiliser du matériel propre;
  • prélever au moins dix échantillons dans différents contenants ou cuvées;
  • bien les mélanger dans un seau propre;
  • partager ce mélange en deux et mélanger à nouveau l'une des moitiés;
  • dans ce dernier mélange, prélever un sous-échantillon de la valeur de deux poignées.

On met chaque échantillon dans un sac en plastique que l'on ferme hermétiquement après en avoir chassé l'air pour prévenir la déshydratation et la détérioration du produit. Si l'échantillon ne peut être envoyé au laboratoire avant plusieurs jours, le garder au congélateur. Réduire au minimum le temps de transport pour préserver la fraîcheur. Bien étiqueter les échantillons en indiquant le type de produit, la date de prélèvement, le nom, l'adresse et le numéro de téléphone de la personne qui fait la demande l'analyse.

Analyse de laboratoire

L'information qui est disponible sur la valeur nutritive des sous-produits utilisables comme aliments de remplacement est plus ou moins abondante suivant le cas. Pour ce qui est de certains produits communs, comme les sous-produits du lait, le marc de pommes et les résidus de chocolat, on peut trouver beaucoup d'information sur les teneurs en éléments nutritifs et les quantités qui peuvent être incluses dans les rations. Par contre, pour d'autres sous-produits, comme les déchets de l'industrie de la confiserie ou les déchets d'épicerie, l'information est souvent limitée, voire inexistante. Comme ces produits sont de qualité variable, il est recommandé de les faire analyser régulièrement. Il est en effet important de tenir compte à la fois de leur analyse nutritionnelle et de leur variabilité pour équilibrer la ration. Il faut aussi être conscient que l'analyse nutritionnelle à elle seule ne fournit pas tous les renseignements utiles à la prise de décision. Selon l'aliment considéré, des analyses supplémentaires peuvent être nécessaires, notamment pour détecter la présence de toxines, de pesticides, de métaux lourds, de résidus de médicaments, d'additifs, d'agents de conservation, de contamination microbienne ou d'autres éléments. À partir du profil nutritionnel, on peut déterminer à laquelle des catégories ci-après appartient le produit auquel on s'intéresse :

  • sources d'énergie; p. ex. maïs, grosse semoule de maïs, produits de confiserie, résidus de céréales pour petit-déjeuner;
  • sources de protéines; p. ex. tourteau de soya, tourteau de canola, tofu;
  • sources de fibres; p. ex. pellicule de soya, gousses de coton;
  • sources moyenne de protéines; p. ex. drêches de brasserie, drêches de distillerie;
  • sources de plusieurs éléments; p. ex. soya torréfié, graines de coton entières;
  • sources de matières grasses; p. ex. suif, graisse, sous-produits du chocolat;
  • sources de protéines digestibles dans l'intestin; p. ex. farine de sang, farine de poisson.

On peut alors comparer l'ingrédient à un aliment usuel appartenant à la même catégorie. Le tableau 1 intitulé Laboratoires effectuant des analyses d'aliments (liste à jour en novembre 2002) donne les coordonnées des laboratoires auxquels on peut envoyer des denrées à analyser. Il précise aussi ce qu'englobent certains des forfaits offerts. Les analyses de base doivent porter, à tout le moins, sur la matière sèche (MS), la protéine brute (PB), le calcium (Ca), le phosphore (P), le sel et le gras. La plupart des laboratoires proposent des forfaits qui permettent d'obtenir à meilleur prix un profil nutritionnel complet. Par exemple, le forfait combinant le dosage de la MS et le dosage de la PB coûte généralement de 12 à 17 $. En général, le prix du dosage d'un minéral est de 6 à 15 $. Pour les analyses nécessitant une extraction à l'éther (épreuve utilisée pour mesurer la matière grasse), il en coûte de 10 à 15 $. Appeler les laboratoires pour connaître leurs tarifs courants (voir les numéros de téléphone dans la liste des laboratoires, au tableau 1). Selon la nature du produit qu'on envisage de servir aux animaux, d'autres analyses peuvent s'avérer nécessaires. Par exemple, il est fortement recommandé de faire mesurer le pH des aliments alcalins ou acides comme les résidus de pommes de terre ou le lactosérum. S'il s'agit d'une denrée que l'on projette de donner à des ruminants, il est crucial d'en mesurer la teneur en fibres pour pouvoir équilibrer la ration.

Explication de la terminologie

Les laboratoires utilisent deux méthodes pour déterminer la composition nutritive des aliments : la chimie par voie humide et la réflexion dans le proche infrarouge (RPI). Il est important de comprendre ce qui différencie ces deux méthodes pour choisir celle qui est la mieux adaptée pour analyser un aliment non traditionnel.

Chimie par voie humide

La chimie par voie humide est la méthode à privilégier pour analyser des aliments non traditionnels, car elle donne une mesure plus précise des éléments nutritifs. Chaque élément nutritif est dosé à l'aide d'une épreuve qui lui est spécifique et qui obéit à un protocole normalisé.

Avantages de la chimie par voie humide :

  • les résultats des épreuves sont des mesures réelles, non des valeurs prédictives;
  • les épreuves utilisent les mêmes méthodes quel que soit le type d'aliment;
  • les erreurs sont faciles à contrôler. Si un résultat s'écarte de la normale, on recommence seulement l'épreuve correspondante.

Inconvénients :

  • le coût peut être deux fois plus élevé que celui des analyses par RPI;
  • les laboratoires peuvent demander jusqu'à une semaine pour faire les analyses. Certains, cependant, offrent de les faire en 24 heures pour concurrencer les analyses par RPI;
  • le risque d'erreur humaine est plus grand, car il faut pour chaque élément nutritif une épreuve différente. Par contre, ce risque est faible quand on fait affaire avec un laboratoire agréé mettant en pratique des méthodes approuvées normalisées par l'Association of Analytical Chemistry (AOAC).

Réflexion dans le proche infrarouge (RPI)

Cette méthode utilise des corrélations entre la réflexion d'un échantillon dans le proche infrarouge et sa composition chimique. Elle n'aboutit pas à des mesures comme telles, mais fait appel à des équations prédictives. Avant de pouvoir analyser un aliment par RPI, il faut que des centaines d'échantillons du même type d'aliment aient été soumis aux épreuves normalisées de chimie par voie humide. En mettant en parallèle les résultats des épreuves normalisées et les caractéristiques des images RPI, on établit la série de paramètres d'étalonnage de l'appareil de RPI. De la justesse de ce travail d'étalonnage dépend la justesse des résultats de la RPI. L'analyse par réflexion dans le proche infrarouge ne permet pas d'analyser les aliments de remplacement dont la composition nutritive est mal connue et susceptible d'amples variations.

Avantages de la RPI :

  • l'analyse RPI coûte environ deux fois moins cher que la chimie par voie humide;
  • elle ne prend que 24 heures.

Inconvénients :

  • l'analyse RPI aboutit à une valeur prédictive des teneurs, et ne les mesure pas réellement;
  • elle fait appel à des équations prédictives qui varient pour chaque aliment selon les milieux, les conditions et autres facteurs dans lesquels il a été cultivé ou transformé, et qui doivent être constamment mises à jour;
  • il n'existe pas d'équations prédictives pour certaines denrées non traditionnellement utilisées en élevage;
  • la gamme des équations prédictives est très large. Les résultats d'une analyse par RPI sont justes seulement si l'équation utilisée correspond à l'aliment analysé;
  • Comme toutes les concentrations d'éléments nutritifs sont déterminées à partir d'une seule lecture de l'image, il est difficile de savoir, en cas de résultat aberrant, si l'on est en face d'une erreur technique; pour le confirmer, il faut faire une analyse chimique par voie humide.

La RPI est une méthode économique et rapide qui est surtout bien adaptée à l'analyse du foin, de l'ensilage mi-fané, de l'ensilage de maïs, des céréales à paille et du maïs-grain humide, car il existe pour ces denrées un grand nombre d'équations prédictives.

Matière sèche

Devant des résultats d'analyse, il est essentiel de savoir si les concentrations sont exprimées par rapport à l'aliment à l'état sec (« sur la base de la matière sèche ») ou par rapport à l'aliment tel qu'il est servi à l'animal (« en l'état » ou « à la distribution »). Tous les aliments sont humides, mais certains beaucoup plus que d'autres. (Pensons à la différence entre la pulpe d'orange qui contient 75 % d'eau et le maïs qui en contient 15 %.). Le pourcentage de matière sèche d'un aliment est une donnée primordiale puisque la quasi-totalité des éléments nutritifs s'y concentre. On le calcule simplement comme suit :

% de matière sèche = 100 – % d'humidité

Quand on compare la valeur nutritive de différents ingrédients, on doit donc comparer des teneurs exprimées par rapport à la matière sèche. Lorsque l'on connaît le pourcentage (concentration) d'un élément nutritif dans un aliment « en l'état », on peut calculer le pourcentage rapporté à l'aliment à l'état sec en appliquant la formule suivante :

Pourcentage de l'élément dans le produit « en l'état » x 100

Pourcentage de matière sèche (%) = Concentration de l'élément nutritif (en %) par rapport à la matière sèche

Par exemple, si l'on compare la teneur en protéines de la pulpe d'orange (2,2 %) à celle du maïs (9 %) en l'état (dans l'état où ils sont distribués), le maïs semble apporter beaucoup plus de protéines. Par contre, si l'on compare ces deux aliments déshydratés (sur la base de la matière sèche), la pulpe d'orange contient 8,9 % de protéine brute et le maïs, 10,6 %. Il est trompeur de comparer des aliments à partir de leurs teneurs en éléments nutritifs « en l'état ». La conversion des valeurs en l'état en valeurs à l'état sec peut être parfois déroutante. Pourtant, il suffit de se rappeler que la valeur exprimée sur la base de la matière sèche est toujours supérieure à la valeur exprimée sur la base de l'aliment tel qu'il est servi, puisque dans ce cas, l'élément nutritif est dilué dans l'eau.

Formulation des rations

On gagnera à consulter un nutritionniste compétent pour équilibrer adéquatement la ration à partir des résultats d'analyses. Si l'on composait des rations uniquement avec des sous-produits, on ne serait pas dispensé pour autant d'ajouter des suppléments minéraux et vitaminés et même d'autres éléments nutritifs. La meilleure façon d'utiliser des aliments de remplacement consiste à les substituer seulement en partie aux aliments traditionnels. En matière de nutrition et de formulation de rations, on peut trouver des conseils et de l'aide auprès d'un fournisseur d'aliments, d'un fabricant de prémélanges, d'un vétérinaire ou de consultants indépendants.

Autres fiches techniques du maao sur l'alimentation du bétail

Les fiches techniques du MAAO dont le titre figure ci-après donnent également des renseignements généraux sur la composition nutritive des aliments et l'alimentation du bétail : Terminologie de la nutrition du bétail, commande no 92-047 Comparaison des valeurs nutritives d'aliments pour ruminants, commande no 03-006 Comparaison des valeurs nutritives d'aliments pour les porcs, commande no 03-004

Nous remercions le Secrétariat d'État pour sa contribution financière à la réalisation de la présente fiche technique.

Laboratoires effectuant des analyses d'aliment (liste à jour en janvier 2016)

Des ensembles d'échantillonnage d'aliments et les formulaires adéquats sont disponibles auprès des laboratoires.1

A & L Canada Laboratories Inc.
2136, ch. Jetstream
London (Ontario) N5V 3P5
(519) 457-2575
https://www.alcanada.com/Agricultural-Feed.htm

SGS Agri-Food Laboratories
Unité 1, 503, ch. Imperial N.
Guelph (Ontario) N1H 6T9
(519) 837-1600
http://www.agtest.com/labservices.cfm

Agri-Food Laboratories2
Unité 1 - 503, ch. Imperial N.
Guelph (Ontario) N1H 6T9
(519) 837-1600
http://www.agtest.com/labservices.cfm

Agribrands Purina Canada Inc.
127, rue Zimmerman S., C.P. 303
Strathroy (Ontario) N7G 3W3
(519) 245-9600

Shur-Gain2
600, rue James Sud
St. Marys (Ontario) N4X 1C7
(519) 349-2152

Stratford Agri-Analysis
C.P. 760, 1131, rue Erie
Stratford (Ontario) N5A 6W1
(519) 273-4411 / 1 800 323-9089
http://www.stratfordagri.ca/view.php?Lab_Services/Feed_Analysis

Activation Laboratories Ltd. (Actlabs)
41, rue Bittern
Ancaster (Ontario) L9G 4V5
(905)648-9611
http://www.actlabsag.com/feed-analysis

1Légende des abréviations :

A(PB)IDA= Azote (protéine brute) insoluble au détergent acide
Ca = Calcium
Cl = Chlorure
PB = Protéine brute
Cu = Cuivre
ÉNC = Énergie nette (croissance)
ÉNE = Énergie nette (entretien)
ÉNL = Énergie nette (lactation)
FDN = Fibre au détergent neutre
FDA = Fibre au détergent acide
Fe = Fer
GNS = Glucides non structuraux
K = Potassium
Mg = Magnésium
Mn = Manganèse
MS = Matière sèche
Na = Sodium
P = Phosphore
PA = Protéine assimilable
PD = Protéine digestible
PIND = Protéine ingérée non dégradable
PS = Protéine soluble
PT = Protéine thermolabile (dégradée par la chaleur)
RPI = Analyse par réflexion dans le proche infrarouge
S = Soufre
Se = Sélénium
UNT = Unités nutritives totales
VAR = Valeur alimentaire relative
Zn = Zinc

2 Laboratoire agréé par le Conseil canadien des normes pour effectuer le titrage de certains éléments nutritifs. Pour de plus amples renseignements, communiquer avec le Conseil canadien des normes au (613) 238-3222, ou consulter le site http://www.scc.ca.

Veuillez noter quechaque laboratoire utilise son propre système pour « numéroter » ses forfaits d'analyses et peut utiliser différentes abréviations pour désigner certaines analyses.