Introduction

Des conditions météorologiques défavorables peuvent survenir à tout moment en Ontario. Dans des conditions défavorables, le risque est élevé que les travaux archéologiques sur le terrain ne respectent pas l’ensemble des normes professionnelles requises ou des meilleures pratiques. Les conditions hivernales, caractérisées par des températures basses, une couverture de neige, un sol gelé et un drainage altéré, sont considérées comme défavorables aux travaux archéologiques sur le terrain. Bien que ces conditions se produisent généralement entre octobre et avril, elles peuvent également survenir à d’autres moments de l’année. Ces conditions peuvent avoir des répercussions négatives sur le travail sur le terrain et les conditions de travail des équipes de terrain.

Les Normes et directives à l’intention des archéologues-conseils (les Normes et directives) n’autorisent pas la poursuite de travaux archéologiques sur le terrain si les conditions météorologiques ne le permettent pas. Les options et les considérations relatives à l’atténuation des conditions météorologiques défavorables pour permettre le travail sur le terrain en hiver doivent faire l’objet de discussions avec le ministère et le promoteur du projet. Si des travaux sur le terrain sont proposés, la raison pour laquelle ces travaux ne peuvent pas être effectués lorsque les conditions sont plus favorables (par exemple, l’approche d’une échéance de développement critique) devra être démontrée.

Si les travaux sur le terrain en hiver sont inévitables, il sera nécessaire de créer un environnement artificiel pour atténuer ces conditions et répondre aux exigences des Normes et directives en matière de travaux sur le terrain.

La création d’un environnement artificiel augmentera considérablement les coûts du projet. La planification logistique requise peut également prendre plus de temps et entraîner des retards dans le calendrier du projet. Il est nécessaire d’examiner avec soin tous les éléments de l’environnement (par exemple, la clarté, la température, les conditions du sol) pour éviter d’augmenter le risque d’effet négatif sur le site archéologique.

L’archéologue-conseil titulaire d’une licence est chargé de veiller à ce que les exigences des Normes et directives soient respectées. Il s’agit notamment d’élaborer des mesures appropriées pour compenser les conditions défavorables et de veiller à ce que ces mesures n’aient pas d’incidence négative sur le travail sur le terrain. Une fois qu’une stratégie d’excavation est mise en œuvre, le titulaire de licence doit s’assurer que les conditions de travail sur le terrain continuent d’être adéquates. Par exemple, il doit s’efforcer que l’environnement artificiel reproduise, dans toute la mesure du possible, les conditions qui existeraient généralement en mi-journée à la fin du mois de mai. Si des travaux archéologiques sont entrepris en hiver, les risques et les conséquences de la non-conformité aux Normes et directives et des effets négatifs sur les ressources archéologiques incombent au titulaire de licence.

Avant de procéder à des fouilles hivernales, un titulaire de licence doit discuter avec le ministère des Industries du patrimoine, du sport, du tourisme et de la culture (le ministère) et demander la confirmation de sa stratégie proposée. La demande doit être soumise par écrit au ministère avant le dépôt d’un formulaire de renseignements sur le projet. Une documentation approfondie du travail sur le terrain est un aspect clé de toute stratégie de travaux archéologiques en hiver. Une documentation suffisante des travaux sur le terrain en hiver peut dépasser les exigences minimales des Normes et directives pour la documentation du travail sur le terrain effectué dans des conditions non hivernales. Il peut s’agir de renseignements supplémentaires concernant l’administration, la gestion, l’infrastructure et le calendrier du projet. Des documents supplémentaires pour tout travail sur le terrain effectué lorsqu’il y a de la neige au sol ou que les températures approchent ou sont inférieures à zéro degré Celsius seront requis pour démontrer que toutes les exigences des Normes et directives sont respectées. Les prochaines sections présentent certains des renseignements qui devraient être consignés dans une stratégie proposée ainsi que dans le rapport.

Participation des communautés autochtones

Pour de nombreux sites, la participation des communautés autochtones sera exigée par les Normes. Qu’une norme s’applique ou non, le ministère recommande de faire participer les communautés autochtones chaque fois que des travaux sur le terrain en hiver sont envisagés pour un site autochtone.

Contactez-nous

Si vous avez des questions ou des préoccupations concernant l’information contenue dans ce bulletin, veuillez nous envoyer un courriel à archaeology@ontario.ca.

1. Évaluations des stades 1 et 2

L’inspection du bien au stade 1, la prospection pédestre au stade 2 et la prospection par sondage ne peuvent se faire dans des conditions hivernales.

L’accumulation de neige empêchera la prospection pédestre. Bien que les sondages puissent être creusés dans la neige si le sol n’est pas gelé, une forte couverture de neige empêchera l’inspection visuelle du site, de sorte que la topographie locale, les ruines et d’autres éléments ne pourront pas être recensés. Il y a une probabilité accrue que le sol excavé soit humide et ne se tamise pas bien.

La prospection par sondage peut se faire lorsque l’accumulation de neige est minimale. Toutefois, il incombe au titulaire de licence de démontrer que l’accumulation de neige était minimale, que le sol n’était pas gelé et que les conditions étaient adéquates.

Le sol gelé empêchera le tamisage du sol et donc les sondages. Il réduira également la visibilité dans les champs labourés où la glace se forme et limitera la capacité de recueillir tous les artefacts de manière appropriée. Par conséquent, ni la prospection pédestre ni la prospection par sondage ne peut se faire lorsque le sol est gelé.

Le creusage de tranchées exploratoires à la pelle mécanique du stade 2 pour évaluer le potentiel de vestiges archéologiques profondément enfouis peut également poser un problème. Le titulaire de licence, en proposant ces travaux, doit prévoir les problèmes logistiques et évaluer le risque d’entraîner des effets négatifs sur le site archéologique. Si l’on creuse des tranchées pour confirmer la présence ou l’absence de vestiges archéologiques profondément enfouis (comme l’exige la section 2.1.7), il se peut qu’il ne soit pas possible de procéder à une prospection par sondage ou à une prospection pédestre selon la norme 2 en raison de l’accumulation de neige ou du sol gelé. Le creusage de tranchées ne sera pas autorisé tant que ces étapes de prospection n’auront pas été réalisées. Le creusage de tranchées exploratoires à la pelle mécanique peut être une pratique acceptable à condition que la stratégie ait été discutée au préalable avec le ministère.

2. Évaluation du stade 3

De nombreuses exigences des Normes et directives pour le travail sur le terrain du stade 3 seront difficiles à satisfaire dans des conditions hivernales. S’il est possible de prendre des mesures pour établir des conditions appropriées pour certaines méthodes du stade 3, d’autres travaux du stade 3 ne pourront pas être réalisés. C’est notamment le cas lorsque les évaluations du stade 3 doivent être réalisées sur une zone étendue.

Il est possible d’effectuer les travaux sur le terrain dans le cadre des évaluations plus modestes du stade 3. Toutefois, les travaux en hiver peuvent être interdits dans la série d’activités. En particulier, l’obligation d’effectuer la collecte supplémentaire contrôlée en surface est soumise à des conditions qui risquent de ne pas être possibles en hiver.

Une collecte contrôlée en surface nécessite une bonne visibilité en surface, ce que ne permettent pas l’accumulation de neige et le sol gelé. Même si plusieurs méthodes de déneigement et de dégel du sol ont été proposées, aucune n’est parvenue à créer les conditions appropriées (sol dégelé et sec), ni à empêcher la surface de regeler avant la fin de la collecte contrôlée en surface. La collecte contrôlée en surface ne devrait pas être effectuée lorsque le sol est recouvert de neige.

Selon les résultats d’une collecte contrôlée en surface ou de la répartition des sondages positifs effectuée dans des conditions acceptables, il peut être possible de réaliser les fouilles exploratoires du stade 3. L’approche proposée pour réaliser les fouilles exploratoires du stade 3 en hiver doit répondre aux exigences des Normes et directives du stade 4 (voir la section suivante).

Le creusage de tranchées exploratoires à la pelle mécanique représente également un défi dans des conditions hivernales. Souvent, la taille de l’équipement utilisé empêchera d’ériger une structure de protection au-dessus de la zone de la tranchée. Sans structure, il est difficile de créer un environnement contrôlé qui simule les conditions requises par les Normes et directives. Des approches similaires à celles entreprises lors du creusage mécanique du stade 2 peuvent être proposées.

3. Atténuation du stade 4

L’atténuation des effets de l’aménagement du stade 4 porte à la fois sur l’évitement et la protection (section 4.1) et sur les fouilles (section 4.2). Les archéologues-conseils peuvent suggérer de réaliser des travaux sur le terrain dans des conditions hivernales liées à ces deux mesures d’atténuation.

3.1. Protection et évitement

Les normes 2 et 3 de la section 4.1.1 énoncent les exigences relatives à l’inspection et à la surveillance des travaux de terrassement et des autres activités entraînant un dérangement du sol à proximité de sites archéologiques protégés par évitement. Lorsque ce travail est entrepris en hiver, le titulaire du permis doit prendre des précautions raisonnables pour s’assurer qu’il est possible d’effectuer la surveillance selon une norme professionnelle sans que cela soit compromis par des conditions défavorables. Ces conditions doivent faire l’objet d’un rapport détaillé, comme indiqué à la section 7.10 des Normes et directives.

3.2. Accès sur sol gelé

Il existe généralement deux cas dans lesquels le titulaire de permis peut être amené à effectuer des travaux sur le terrain pendant l’hiver pour assurer la protection et l’évitement d’un site archéologique : l’enlèvement de la végétation et l’accès sur sol gelé.

L’accès sur sol gelé vers les zones d’un site archéologique pour un accès temporaire ou l’enlèvement de la végétation (au-dessus du sol) ne nécessite pas l’intervention active d’un archéologue-conseil en hiver. Cependant, la norme 2 de la section 4.1.2 exige que le titulaire de permis effectue un examen l’année suivante pour évaluer le niveau de perturbation, le cas échéant, résultant de l’activité réalisée. Le titulaire du permis devrait s’assurer que les recommandations d’évitement et de protection formulées à la fin du stade 3 comprennent des directives concernant l’accès sur sol gelé et l’enlèvement de la végétation. Par exemple : le sol doit être gelé jusqu’à une profondeur d’au moins 10 cm; la végétation doit être coupée uniquement au niveau du sol, sans enlever les souches, etc. Conformément aux meilleures pratiques, tout accès sur sol gelé d’un site archéologique devrait être facilité et surveillé par un archéologue titulaire d’une licence.

Les propriétaires de biens peuvent également vouloir effectuer des travaux d’entretien de leur propriété, comme l’enlèvement de la végétation, sur un site archéologique qui a été protégé et évité. Dans une telle situation, le ministère recommande que les travaux soient effectués lorsque le sol est gelé, conformément à la section 4.1.2, afin de ne pas perturber les dépôts archéologiques. L’enlèvement devrait être effectué à la main et les souches ne devraient pas être arrachées. Les broussailles devraient être coupées à l’aide d’une scie mécanique ou d’un taille-bordure manuel. L’enlèvement devrait être photographié et consigné dans un rapport de protection et d’évitement comme il est indiqué à la section 7.10.

3.3. Planification de fouilles hivernales

À la fin du stade 3, l’étendue du site archéologique à atténuer devrait être connue et des stratégies détaillées pour le stade 4 devraient être recommandées. Si le titulaire du permis détermine que les fouilles du stade 4 doivent être effectuées en hiver, le titulaire du permis doit respecter les Normes et les directives. Il n’y a aucune exception.

Par conséquent, un facteur limitant essentiel pour décider si un site peut être fouillé ou non est la possibilité d’ériger une structure suffisante pour couvrir le site archéologique et maintenir des conditions appropriées. Dans de nombreux cas, le site archéologique peut être trop vaste pour être couvert dans une seule enceinte. Dans ce cas, une planification logistique supplémentaire sera nécessaire pour répondre à différentes préoccupations, comme la détermination des zones à fouiller sous la structure et la façon dont les effets potentiels supplémentaires sur les zones non fouillées du site à l’extérieur de la structure seront atténués. D’autres considérations sont énumérées à la section 5 du présent bulletin technique.

3.4. Fouilles manuelles

Les objectifs des fouilles sont les suivants :

  • consigner le site pour indiquer les éléments et les artefacts présents
  • consigner les fouilles en tant que telles
  • conserver un enregistrement du site en vue d’une étude ultérieure

Les fouilles manuelles constituent la méthode de fouilles la plus couramment utilisée dans un environnement artificiel. Ces fouilles fonctionnent mieux lorsqu’il existe une limite bien définie, généralement prévisible, sur laquelle une structure peut être érigée.

Sauf dans le cas où la stratégie d’atténuation du stade 4 consiste à éviter et à protéger entièrement le site archéologique, les Normes et directives nécessitent que soient effectuées des fouilles manuelles. Il existe une exception lorsque les fouilles manuelles sont précédées d’un enlèvement mécanique de la couche végétale. Les conditions de travail sur le terrain doivent permettre de consigner le site au moins selon les exigences des Normes et directives.

Les fouilles manuelles ne peuvent être réalisées efficacement que si les conditions et l’environnement appropriés sont créés. Par exemple :

  • les sols ne doivent pas être gelés (soit maintenus non gelés, soit dégelés une seule fois au cours des fouilles) et relativement et uniformément secs (pour faciliter le tamisage)
  • les températures et les niveaux d’humidité dans les environnements artificiels doivent être modérés
  • la clarté doit être suffisante pour imiter la lumière normale du jour
  • les eaux souterraines et le retrait de terre doivent être gérés à l’intérieur de l’enceinte

En outre, il faut tenir compte des préoccupations relatives aux éventuels dommages causés au site archéologique par la construction, l’entretien et le retrait de la structure.

3.5. Enlèvement mécanique de la couche végétale

La grande taille de l’équipement utilisé pour l’enlèvement mécanique de la couche végétale ou la grande surface à évaluer de cette manière peuvent empêcher l’érection d’une structure pour obtenir des conditions de terrain appropriées. S’il est possible d’enlever la couche végétale sans structure, l’enlèvement du sol gelé sur un terrain vierge peut avoir des effets sur le sous-sol et nuire aux éléments. Par conséquent, l’enlèvement mécanique de la couche végétale pour les sites situés sur un terrain vierge n’est pas recommandé en hiver.

Toutefois, si les conditions permettent l’enlèvement mécanique de la couche végétale, une planification convenable est requise pour éviter tout effet sur les artefacts et les éléments culturels qui sont exposés. Selon la taille de la zone, il peut être possible d’ériger une structure suffisamment grande pour permettre à l’équipement lourd de fonctionner et de stocker les sols. Une autre solution consiste à surveiller l’enlèvement de la couche végétale en plein air, lorsque les températures le permettent et que seule la surface est gelée (par exemple, à moins de 5 cm de profondeur). Les éléments exposés doivent être immédiatement protégés par des couvertures isolantes ou l’équivalent, jusqu’à ce qu’une structure puisse être érigée ou que les conditions météorologiques soient favorables.

4. Production de rapports sur les travaux archéologiques en hiver

Le titulaire de licence doit s’assurer que les conditions hivernales ont été évaluées de manière convenable afin que les travaux réalisés sur le terrain respectent les exigences des Normes et directives. Les Normes et directives définissent les normes minimales en matière de production de rapports sur les travaux archéologiques sur le terrain. Toutefois, le rapport devra dépasser ces normes minimales pour consigner pleinement la stratégie adoptée et les résultats obtenus. Le rapport doit décrire la manière dont les exigences de cette stratégie ont été respectées sur le terrain, et consigner tous les travaux sur le terrain supplémentaires ou extraordinaires, en plus des exigences des Normes et directives relatives aux conditions optimales.

Des documents supplémentaires seront également requis pour tous les travaux effectués sur le terrain, lorsqu’il y a de la neige au sol ou lorsque les températures sont près du point de congélation ou inférieures au point de congélation. Ce rapport fait partie du processus visant à démontrer que toutes les normes requises ont été respectées, réduisant ainsi le risque pour l’état de la licence de l’archéologue-conseil.

Parmi les documents supplémentaires requis, il faut prendre d’autres photos que celles prises dans des conditions optimales. Les photographies doivent montrer les aspects constatés sur le terrain, à la fois en relation avec la fouille du site archéologique et les artefacts et éléments découverts, et également consigner les aspects attribuables à la réalisation des travaux d’archéologie en hiver.

Les méthodes utilisées pour créer l’environnement artificiel, comme l’érection de la structure, les méthodes de chauffage, d’assèchement et de clarté, et les défis logistiques, comme le contrôle de l’humidité et la gestion du sol retiré, doivent figurer dans le rapport. Cela devrait faire partie du rapport obligatoire sur les méthodologies des travaux sur le terrain. Les observations sur l’efficacité des travaux archéologiques en hiver, ou les défis qu’elle pose, peuvent faire l’objet d’un examen dans la section du rapport réservée à l’analyse et aux conclusions. Dans les deux cas, l’examen de travaux archéologiques en hiver doit être séparé du reste du rapport, et aucune recommandation ne doit être faite concernant travaux archéologiques en hiver ou les stratégies employées.

Des photographies doivent être présentées pour le stade 4 : protection et évitement du lieu au début de l’activité, accès sur sol gelé ou enlèvement de la végétation et après l’enlèvement de la végétation. Pour l’accès sur sol gelé, il sera également nécessaire de présenter des images des conditions observées pendant la saison de travaux sur le terrain, suivant l’activité, afin de respecter la norme 2 du sous-paragraphe 4.1.2.

5. Facteurs à prendre en compte pour proposer des travaux sur le terrain en hiver

Le titulaire de licence est considéré comme entièrement responsable des travaux sur le terrain, et on s’attend à ce que des conditions optimales soient établies. Les conditions doivent être comparables à celles qui prévalent normalement dans cette zone géographique, en mi-journée, à la fin du mois de mai. Pour vérifier que les conditions convenables ont été établies, le ministère exigera que le rapport contienne plus de renseignements que ceux habituellement fournis pour d’autres projets sur des questions comme l’administration, la gestion, l’infrastructure et le calendrier du projet. Ces éléments font l’objet d’un examen ci-après.

5.1. Conception de la structure

Une structure de protection sera nécessaire pour obtenir les conditions requises afin de permettre de réaliser les travaux sur le terrain. Elle devra être assez grande pour accueillir la zone du site et assez haute pour installer un éclairage convenable. Le cadre devra être suffisamment solide pour supporter les lumières et résister à toute contrainte attribuable aux vents ou à la charge de neige. Les règlements locaux peuvent exiger que la structure ait une fondation, qui doit être placée de manière à éviter le site et les éventuelles ressources culturelles.

Comme les dimensions précises du site ne sont souvent pas connues, il faut envisager des mesures de rechange pour la protection des zones périphériques. Cela permet de préparer de plus grandes zones, si les dimensions du site augmentent, et de tenir compte de la zone tampon de 10 mètres de tous les éléments culturels exigée par les Normes et directives, dans le cadre de la surveillance de l’enlèvement de la couche végétale. Les zones d’accroissement possible de la taille du site et les zones tampons pour l’enlèvement de la couche végétale peuvent être protégées au moyen des éléments suivants :

  • couvertures isolantes (par exemple, couvertures de cure du béton) ayant une valeur de résistance thermique (R) suffisante;
  • recouvrement des zones avec des balles de foin empilées
  • couvertures chauffantes
  • édification d’une structure plus grande que les dimensions connues du site, créant une zone tampon d’au moins 20 mètres

Pour le confort des membres de l’équipe et la sécurité du site, la structure devra être fermée et prévoir une température raisonnable.

La capacité de protéger la structure contre le vol et le vandalisme sera également importante. Comme du matériel parfois coûteux (notamment des appareils de chauffage et des lampes) peut être laissé à l’intérieur de la structure ou à proximité de cette dernière, il peut être judicieux de sécuriser soigneusement le bâtiment. On devrait également envisager d’avoir recours à des agents de sécurité pouvant garantir que le chauffage et les autres conditions sont maintenus pendant que la structure est inoccupée.

5.2. Maintenir des conditions de visibilité convenables

Les travaux à l’intérieur d’une structure exigeront des niveaux de clarté comparables à ceux que l’on trouve habituellement à l’extérieur, à cet endroit, dans des conditions optimales (en mi-journée, à la fin du mois de mai). L’observation ciblée de zones localisées comme les murs ou les sols des unités de fouille peut être améliorée au moyen de lumières mobiles ou réglables. Il est recommandé de présenter le devis descriptif dans le rapport relatif à l’intensité lumineuse produite afin de démontrer que les conditions optimales ont été atteintes. Les documents complémentaires doivent préciser l’équipement d’éclairage, l’intensité lumineuse que l’équipement est censé produire (en lumens) et les mesures en lux dans diverses zones du site, mesurées à l’aide d’un luxmètre.

La condensation à l’intérieur de la structure peut entraîner la formation d’une brume ou d’un brouillard qui peut réduire la visibilité ou se condenser sur les parois intérieures et l’équipement du site. Cette brume doit être prise en compte au moment de photographier le site ou les éléments, ou au moment des observations visuelles en général. Ces problèmes peuvent être atténués au moyen d’une ventilation convenable.

5.3. Sol gelé

Dans certains cas, comme le sol sera déjà gelé, il faudra le dégeler et le sécher avant de pouvoir procéder à l’excavation. Même si le sol en surface ne semble pas gelé, il peut l’être à une faible profondeur. Il est important d’éviter que les sols, une fois dégelés jusqu’à un degré permettant l’excavation et le criblage, ne gèlent pas de nouveau. Les couvertures chauffantes peuvent aider à éviter le gel.

Selon l’état du sol, il peut être nécessaire non seulement de dégeler le sol, mais aussi de le sécher. Pour que les variations du sol ou la stratigraphie présente demeurent observables, il faut laisser le sol dégeler et sécher sur place. Le sol ne doit pas être excavé lorsqu’il est gelé ou humide ni déplacé vers d’autres endroits pour être traité. Cela augmente le risque de perte de renseignements.

La gestion du chauffage peut comporter des difficultés. Le premier stade du dégel et la dessiccation du sol chargé d’eau peuvent nécessiter une chaleur d’une ampleur colossale. Comme le combustible doit être fourni selon un afflux constant et un volume important, il peut être difficile de le faire dans des lieux éloignés ou inaccessibles. Il y a lieu de prévoir une source de chauffage d’appoint pour éviter les retards causés par le gel du site en cas de défaillance de la source de chauffage principale.

Le maintien de températures chaudes pendant la nuit, les fins de semaine et les vacances pose aussi des difficultés. Plus important encore, lorsqu’on se demande s’il faut procéder à des travaux sur le terrain en hiver, il peut être coûteux de maintenir des conditions de température constante dans des structures temporaires, surtout si la température extérieure baisse fortement et qu’il fait très froid.

5.4. Drainage et humidité du sol

Une humidité élevée dans le sol nuira à la visibilité des artefacts et des éléments qu’il contient, empêchant ainsi un criblage efficace. Il peut être nécessaire d’appliquer de la chaleur pendant un certain temps pour obtenir des conditions de sol sec satisfaisantes à tous les niveaux et à tous les endroits du site. Comme la chaleur monte, il peut donc être très difficile d’appliquer de la chaleur si le sol a gelé à de plus grandes profondeurs auparavant. Le criblage des sols humides demandera un effort supplémentaire : les sols peuvent être criblés par voie humide ou devront être séchés avant leur criblage.

Il peut aussi être nécessaire de prendre des mesures pour prévenir les inondations. Les excavations peuvent causer des puisards en raison de toute eau présente dans une zone donnée. Cette eau peut provenir de la perte de chaleur de la structure qui fait fondre la neige et la glace dans le sol environnant, ou l’eau peut migrer à travers le sol à partir de zones possédant des nappes phréatiques plus élevées, en particulier lorsque les flux normaux ont été bloqués en raison du sol gelé. Le risque de ces problèmes augmente quand les excavations ont lieu dans des zones de faible altitude ou dans des sols argileux. La planification du projet doit tenir compte de ces facteurs.

Les problèmes posés par le drainage et l’humidité peuvent être atténués par les moyens suivants :

  • la conception de la structure
  • l’utilisation d’isolant au sol
  • l’utilisation de trottoirs de bois
  • la configuration de l’excavation et de la structure avant le gel du sol
  • l’installation d’un système de puisard et de pompes

Dans certaines situations, il peut être utile d’obtenir l’avis d’un ingénieur.

5.5. Limites de l’excavation

L’emplacement de la structure sera une décision essentielle. Si l’intention est de terminer l’excavation avant la fin de l’hiver, le titulaire de la licence devrait prévoir une structure suffisamment grande pour couvrir toute la superficie connue du site, plus une zone tampon pour tenir compte de la possibilité que l’étendue du site soit plus grande que prévu. Étant donné que la structure qui s’y trouverait pourrait être plutôt imposante, il sera important de prendre en considération tout besoin de la déplacer.

Dans certains cas, il serait possible qu’on souhaite faire une partie du travail pendant l’hiver et le terminer au printemps. Si c’était le cas, ou si l’étendue du site était plus grande que prévu, aucune partie du site ne devrait être fouillée à moins d’établir les conditions optimales pour ce faire. Ce travail comprend de prévoir la présence d’une partie du site entièrement à l’extérieur de la structure et d’une partie du site sous la structure ou contiguë à la structure. Les zones contiguës à la structure peuvent être restées partiellement gelées ou humides même quand les conditions optimales ont été obtenues dans les zones situées entièrement à l’intérieur de la structure.

5.6. Calendrier des travaux sur le terrain en hiver

S’il est probable qu’un projet doive être réalisé dans des conditions hivernales, le titulaire de la licence devra ériger les structures et obtenir les conditions de travail internes souhaitées avant le gel du sol. Si les travaux doivent commencer plus tard au cours de l’hiver, planifiez-les autant que possible avant le début de l’hiver afin de limiter au minimum la préparation nécessaire à l’obtention de bonnes conditions quand les travaux sur le terrain commenceront. Il y a lieu de se demander si l’on ne devrait pas remettre le travail sur le terrain de la fin de l’hiver au printemps pour qu’il soit tout aussi efficace.

5.7. Santé et sécurité

Le ministère n’examine ni n’approuve les projets en matière de santé et de sécurité. Les archéologues-conseils doivent être conscients des problèmes de santé et de sécurité et gérer efficacement un programme de santé et de sécurité afin de réduire les risques de blessures et de maladies professionnelles graves. Il peut s’agir notamment de prévenir les chutes en raison de la glace et aux températures inférieures au point de congélation, ou de concevoir un aménagement bien ventilé afin de disperser les odeurs, la fumée ou le monoxyde de carbone dérivés ou issus du chauffage, et déplacer les moisissures de la paille humide, de la balle ou des sols organiques.

Il sera également important de maintenir une température confortable à l’intérieur de l’aménagement afin d’optimiser les conditions du travail des équipes de terrain. Les membres de l’équipe qui ont froid ou qui sont trempés sont moins enclins à travailler avec soin et à faire des observations minutieuses.

5.8. Gestion de projet

Le travail sur le terrain en hiver exige une gestion réfléchie et élaborée d’enjeux qui ne requièrent pas autant d’attention lorsqu’elles sont traitées pendant la saison de travail habituelle. Voici des exemples d’enjeux pour la gestion de projet :

  • contrôler la salissure, tout particulièrement quand elle est très volumineuse, parce qu’elle peut présenter des difficultés dans les limites restreintes d’un aménagement
  • réduire au minimum la perturbation du sol dans le site archéologique causée par l’érection d’une structure et d’autres infrastructures
  • élaborer et mettre en œuvre un plan d’urgence ou de secours en cas de défaillance de l’équipement
  • contrôler les conditions à l’intérieur de la structure pour garantir le maintien de la chaleur et de l’humidité
  • planifier une éventuelle extension de la zone de travail
  • maintenir la sécurité du site

Références

Gouvernement de l’Ontario

Ministère des Industries du patrimoine, du sport, du tourisme et de la culture

Glossaire

Collectivités autochtones
Terme utilisé seulement à des fins d’inclusion dans ce bulletin technique pour désigner les communautés des Premières Nations (également appelées « bandes » en vertu de la Loi sur les Indiens), les communautés métisses et les communautés d’autres peuples autochtones qui se déclarent comme constituant une communauté. Par exemple, ceux qui vivent dans des centres urbains ou ceux qui appartiennent à une nation ou une tribu autochtone qui englobe plus d’une communauté (par exemple, les Pottawatomis, les Mississaugas ou les Mohawks).
Projet archéologique
Terme regroupant tous les aspects de l’évaluation archéologique (stades 1 à 4), soit l’étude préliminaire, l’inspection des biens, l’évaluation du site, l’atténuation des effets de l’aménagement et le rapport.
Site archéologique
Le Règlement de l’Ontario 170/04 pris en application de la Loi sur le patrimoine de l’Ontario définit un site archéologique comme un « [b]ien où se trouvent des artefacts ou autres preuves tangibles d’un usage humain passé ou d’une activité humaine passée qui ont une valeur ou un caractère sur le plan du patrimoine culturel. »
Archéologue-conseil
Archéologue qui, en vertu d’une entente conclue avec le client, exécute ou supervise, pour le compte de ce dernier, des travaux archéologiques sur le terrain, dresse des rapports à son intention ou pour son compte et lui fournit des conseils techniques. Un archéologue-conseil doit être titulaire d’une licence professionnelle délivrée par le ministère des Industries du patrimoine, du Sport, du Tourisme et de la Culture. (Règl. de l’Ont. 8/06).
Éléments culturels
Les vestiges physiques des transformations d’origine humaine dans un lieu particulier, qui ne peuvent être enlevés en restant intacts, et qui ne peuvent être transportés, comme on peut enlever et transporter des artefacts. En général, il faut consigner les données sur un élément culturel sur le terrain, bien que l’on puisse prélever des échantillons. À titre d’exemples, mentionnons les empreintes de pieux ou de poteaux, les carrières, les sols d’occupation, les fosses à déchets, les terrassements et divers autres vestiges et ruines de structures historiques.