Déclaration du gouvernement de l’Ontario en réponse au programme de rétablissement du buchnéra d’Amérique

Photo : Michael J. Oldham

La protection et le rétablissement des espèces en péril en Ontario

Le rétablissement des espèces en péril est un volet clé de la protection de la biodiversité en Ontario. La Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) représente l’engagement juridique du gouvernement de l’Ontario envers la protection et le rétablissement des espèces en péril et de leurs habitats.

Aux termes de la LEVD, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (le ministère) doit veiller à ce qu'un programme de rétablissement soit élaboré pour chaque espèce inscrite à la liste des espèces en voie de disparition ou menacées. Un programme de rétablissement offre des conseils scientifiques au gouvernement à l’égard de ce qui est nécessaire pour réaliser le rétablissement d’une espèce.

Dans les neuf mois qui suivent l’élaboration d’un programme de rétablissement, la LEVD exige que le ministère publie une déclaration qui résume les mesures que le gouvernement de l’Ontario prévoit prendre en réponse au programme de rétablissement et ses priorités à cet égard. Cette déclaration est la réponse du gouvernement de l’Ontario aux conseils scientifiques fournis dans le programme de rétablissement. En plus de la stratégie, la déclaration du gouvernement a pris en compte (s'il y a lieu) les commentaires formulés par les parties intéressées, les autres autorités, les collectivités et organismes autochtones, et les membres du public. Elle reflète les meilleures connaissances scientifiques et locales accessibles actuellement, dont les connaissances traditionnelles écologiques. Elle pourrait être modifiée en cas de nouveaux renseignements. En mettant en œuvre les mesures prévues à la présente déclaration, la LEVD permet au ministère de déterminer ce qu'il est possible de réaliser, compte tenu des facteurs sociaux et économiques.

Le programme de rétablissement pour le buchnéra d’Amérique (Buchnera americana) en Ontario a été achevé le 28 janvier, 2016.

Protection et rétablissement du buchnéra d’Amérique

Le buchnéra d’Amérique est considéré comme une espèce en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition (LEVD), qui protège à la fois la plante et son habitat. Aux termes de la LEVD, il est interdit d’endommager ou de perturber cette espèce, et d’endommager ou de détruire son habitat, à moins d’y avoir été autorisé. Une telle autorisation exigerait que des conditions établies par le ministère soient respectées.

À l’échelle mondiale, le buchnéra d’Amérique est répandu dans le nord-est et le sud des États-Unis. Moins d’un pour cent de sa population mondiale pousse au Canada. Le buchnéra d’Amérique est considéré en péril ou disparu dans une grande partie de son aire de répartition dans l’est de l’Amérique du Nord. Au Canada, le buchnéra d’Amérique pousse dans trois localités, toutes en Ontario, soit dans les rares prairies humides situées entre 50 m et 500 m du rivage sud du lac Huron, au nord-est de Sarnia et au sud-ouest de Grand Bend. Une distance de 480 km sépare les populations ontariennes des populations américaines. Les trois populations ontariennes poussent sur une bande de terre de10 km, entre Kettle Point et le parc provincial The Pinery, couvrant l’ancien camp Ipperwash, des territoires en cours de désaffectation par le ministère fédéral de la Défense nationale, et Richmond Park, le parc provincial The Pinery et la plage Ipperwash. Le buchnéra d’Amérique a été observé historiquement dans trois localités de cette région (dans l’ancien parc provincial Ipperwash, à Port Franks et dans la réserve de la Première Nation des Chippewas et de Kettle et de Stony Point) ainsi que dans une localité du territoire de Bkejwanong (Première Nation de Walpole Island). Il se peut que le buchnéra d’Amérique soit encore présent dans l’ancien parc provincial Ipperwash et dans les localités où il reste un habitat convenable, mais il est peu probable qu'il soit encore dans des localités historiques où son habitat a cédé la place à la construction de résidences ou à la forêt de cèdres.

Le nombre de buchnéra d’Amérique varie d’une année à l’autre, mais les données actuelles indiquent un déclin des populations ontariennes depuis les années 1980. De toutes les localités où poussent le buchnéra d’Amérique en Ontario, c'est celle de l’ancien camp Ipperwash et Richmond Park qui en compte le plus. La population observée au parc provincial The Pinery a décliné considérablement depuis les années 1980. Deux années d’enquête au début des années 2000 ne font aucune mention de sa présence. La population de la plage Ipperwash a également diminué. Certains relevés ont indiqué un nombre d’individus très faible.

Les principales menaces qui pèsent sur le buchnéra d’Amérique dans son aire de répartition sont la perte et la dégradation de l’habitat. En Ontario, la principale menace historique était la perte d’habitat attribuable à la construction de chalets et de résidences dans les habitats dunaires. À l’heure actuelle, on estime que les menaces qui pèsent le plus sur les populations ontariennes existantes sont les conditions qui altèrent les perturbations naturelles et favorisent l’apparition de plantes ligneuses dans le processus de succession. Cela comprend la suppression du régime de perturbation naturelle et la baisse du niveau du lac Huron qui éliminent les inondations saisonnières des prairies humides. Le buchnéra d’Amérique dépend des perturbations régulières comme les incendies et les inondations pour conserver son habitat ouvert. En Ontario, les perturbations attribuables aux activités humaines (p. ex. activités récréatives, détection et enlèvement de munitions explosives non explosées) le menacent également de façon importante. L’installation d’enclos pour protéger le buchnéra d’Amérique des herbivores et du piétinement peut toutefois représenter une menace en laissant le thuya occidental (Thuja occidentalis) s'établir. Les autres menaces comprennent la cueillette de fleurs, la perte de pollinisateurs, la construction de routes et la concurrence avec les plantes envahissantes (p. ex. sous-espèce européenne du roseau commun, Phragmites australis ssp. australis).

Dans certaines localités où l’espèce a été observée historiquement, l’habitat du buchnéra d’Amérique ne peut pas être remis en état, car les lieux ont cédé leur place à des résidences. Cependant, les aires d’habitat du buchnéra d’Amérique dans les localités existantes qui ont a été supplantées par la végétation ligneuse (ou dégradées par d’autres menaces réversibles) pourraient être remises en état en mettant en place une gestion de l’habitat. Étant donné que deux des trois populations de buchnéra d’Amérique observées comptent un très petit nombre de plants, la gestion de l’habitat pour diminuer les menaces et favoriser l’augmentation naturelle de l’abondance risque de ne pas suffire pour assurer la survie de l’espèce en Ontario. Par conséquent, les approches du rétablissement comprendront principalement la gestion des menaces qui pèsent sur les populations existantes, la remise en état de l’habitat convenable dans les localités existantes où il a été dégradé et, s'il y a lieu, des enquêtes de faisabilité sur l’augmentation des populations existantes.

Mesures

La protection et le rétablissement des espèces en péril sont une responsabilité partagée. Aucune agence ni aucun organisme n'a toutes les connaissances, l’autorité ni les ressources financières pour protéger et rétablir toutes les espèces en péril de l’Ontario. Le succès sur le plan du rétablissement exige une coopération intergouvernementale et la participation de nombreuses personnes, organismes et collectivités. En élaborant la présente déclaration, le ministère a tenu compte des démarches qu'il pourrait entreprendre directement et de celles qu'il pourrait confier à ses partenaires en conservation, tout en leur offrant son appui.

Mesures appuyées par le gouvernment

Le gouvernement appuie les mesures suivantes qu'il juge comme étant nécessaires à la protection et au rétablissement du buchnéra d’Amérique. On accordera la priorité aux mesures portant la mention « hautement prioritaire » en ce qui concerne le financement aux termes de la LEVD. Lorsque cela est raisonnable, le gouvernement tiendra également compte de la priorité accordée à ces mesures lors de l’examen et de la délivrance d’autorisation en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. On encourage les autres organismes à tenir compte de ces priorités lorsqu'ils élaborent des projets ou des plans d’atténuation relatifs à des espèces en péril. Le gouvernement ciblera son appui sur ces mesures hautement prioritaires au cours des cinq prochaines années.

Les populations de buchnéra d’Amérique ne sont pas faciles à dénombrer ni à surveiller en raison de la fluctuation de leur taille. Certaines années, on ne trouve que des graines, car celles-ci peuvent survivre dans le sol pendant au moins trois ans. Un protocole de surveillance normalisé permettrait de mieux comprendre les zones d’occurrences et la dynamique de l’espèce, et de détecter plus facilement les changements de taille de la population et de qualité de l’habitat.

Mesures :

1. (Hautement prioritaire) Concevoir et mettre en œuvre un protocole normalisé dans le but de faire l’inventaire et de surveiller régulièrement les populations existantes de buchnéra d’Amérique, ainsi que de prendre en note les changements de taille de la population, le taux de reproduction et la qualité de l’habitat.
2. En collaboration avec les collectivités et organismes autochtones locaux, surveiller les aires d’habitat convenable dans l’ancien parc provincial Ipperwash (et autres localités historiques qui offrent un habitat convenable) pour savoir si le buchnéra d’Amérique y pousse toujours. Puisqu'on sait que les populations de buchnéra d’Amérique fluctuent, il faut effectuer les relevés les années où un grand nombre de plants sont observés dans d’autres populations ontariennes afin de les trouver plus facilement.
3. Favoriser l’inscription, le partage et le transfert des connaissances traditionnelles autochtones sur le buchnéra d’Amérique disponibles, y compris les renseignements sur la répartition historique de l’espèce et les conditions de son habitat (p. ex. la fréquence historique des feux de friches dans l’aire d’habitat de l’espèce) dans le but de concevoir des protocoles de surveillance et des mesures de gestion de l’habitat. Coordonner ces activités avec celles menées pour d’autres espèces en péril présentes dans le même écosystème.

Les besoins biologiques spécifiques du buchnéra d’Amérique sont relativement peu connus. Des études sur les caractéristiques historiques de la vie et les exigences en matière d’habitat de l’espèce permettront de soutenir les mesures de protection et de rétablissement de l’espèce. D’autre part, des enquêtes sur la réalisation éventuelle d’activités pertinentes pourraient combler les lacunes de connaissances.

Mesures :

4. (Hautement prioritaire) Faire des recherches sur les caractéristiques historiques de la vie et sur les exigences en matière d’habitat de l’espèce (p. ex. rôle des espèces hôtes, biologie de la pollinisation, taux de recrutement, dynamique des banques de semences et écologie des graines) dans le but de gérer l’habitat et de prendre des mesures de rétablissement de l’espèce.
5. Étudier la possibilité d’augmenter les populations existantes de buchnéra d’Amérique qui sont menacées de disparaître dans les aires où il y a suffisamment d’habitat convenable.

La perte et la dégradation de l’habitat résultant des changements d’utilisation des terres et des activités récréatives sont les principales menaces qui pèsent sur le buchnéra d’Amérique. Des mesures de gestion active permettront d’améliorer plus facilement la qualité de l’habitat disponible. Le travail en collaboration avec les collectivités et organismes autochtones, les propriétaires fonciers et les gestionnaires de terres, dont bon nombre ont déjà pris des mesures pour aider l’espèce, facilitera le partage des renseignements qui peuvent soutenir la mise en œuvre de mesures d’intendance.

Mesures :

6. (Hautement prioritaire) Mettre en œuvre des mesures de gestion de l’habitat pour éliminer la dégradation de l’habitat comme l’enlèvement de la végétation ligneuse (p. ex. le thuya blanc) et des plantes envahissantes (p. ex., sous-espèce européenne du roseau commun) qui menacent directement le buchnéra d’Amérique, en s'assurant que les méthodes employées ne nuisent pas au buchnéra d’Amérique.
7. Appliquer des approches visant à éviter ou à atténuer les répercussions des activités récréatives sur le buchnéra d’Amérique et son habitat, à savoir :
   • détourner les activités récréatives de l’espèce;
   • construire des barrières physiques, tout en veillant à ce qu'elles n'entraînent pas l’établissement de la végétation ligneuse;
   • installer des pancartes pour prévenir les gens de la présence de l’espèce.

8. Sensibiliser les collectivités et organismes autochtones, les propriétaires fonciers, les gestionnaires de terres ainsi que les utilisateurs de terres au buchnéra d’Amérique, en les renseignant notamment sur :
   • la façon de reconnaître l’espèce;
   • les exigences de l’espèce en matière d’habitat;
   • la protection accordée à l’espèce et à son habitat en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition;
   • les mesures pouvant être prises pour éviter ou minimiser les effets sur l’espèce et son habitat.

Mise en œuvre des mesures

Le programme d’intendance des espèces en péril offre une aide financière pour la mise en œuvre de mesures. On encourage les partenaires en conservation à discuter de leurs propositions de projets liés à la présente déclaration avec le ministère des Richesses naturelles et des Forêts. Le ministère peut aussi conseiller ses partenaires à l’égard des autorisations exigées aux termes de la LEVD afin d’entreprendre le projet.

La mise en œuvre des mesures pourra être modifiée si les priorités touchant l’ensemble des espèces en péril changent selon les ressources disponibles et la capacité des partenaires à entreprendre des activités de rétablissement. La mise en œuvre des mesures visant plusieurs espèces sera coordonnée partout là où les déclarations du gouvernement en réponse au programme de rétablissement l’exigent.

Évaluation des progrès

Aux termes de la LEVD, le gouvernement doit évaluer l’efficacité des mesures de protection et de rétablissement visant une espèce au plus tard cinq ans après la publication de la présente déclaration en réponse au programme de rétablissement. Cette évaluation permettra de déterminer si des rectifications sont nécessaires pour en arriver à protéger et à rétablir l’espèce.

Remerciements

Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont pris part à l’élaboration du Programme de rétablissement pour le buchnéra d’Amérique (Buchnera americana) en pour leur dévouement en ce qui a trait à la protection et au rétablissement des espèces en péril.

Renseignements supplémentaires

Le déclaration du gouvernement de l’Ontario en réponse au programme pour le buchnéra d’Amérique est disponible en format PDF sur demande. Veuillez faire parvenir vos demandes de PDF par courriel à recovery.planning@ontario.ca.