Déclaration du gouvernement de l’Ontario en réponse au programme de rétablissement du cypripède blanc

Photo: Sam Brinker

La protection et le rétablissement des espèces en péril en Ontario

Le rétablissement des espèces en péril est un volet clé de la protection de la biodiversité en Ontario. La Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) représente l'engagement juridique du gouvernement de l'Ontario envers la protection et le rétablissement des espèces en péril et de leurs habitats.

Aux termes de la LEVD, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (le ministère) doit veiller à ce qu'un programme de rétablissement soit élaboré pour chaque espèce inscrite à la liste des espèces en voie de disparition ou menacées. Un programme de rétablissement offre des conseils scientifiques au gouvernement à l'égard de ce qui est nécessaire pour réaliser le rétablissement d'une espèce.

Dans les neuf mois qui suivent l'élaboration d'un programme de rétablissement, la LEVD exige que le ministère publie une déclaration qui résume les mesures que le gouvernement de l'Ontario prévoit prendre en réponse au programme de rétablissement et ses priorités à cet égard. Cette déclaration est la réponse du gouvernement de l'Ontario aux conseils scientifiques fournis dans le programme de rétablissement. En plus de la stratégie, la déclaration du gouvernement a pris en compte (s'il y a lieu) les commentaires formulés par les parties intéressées, les autres autorités, les collectivités et organismes autochtones, et les membres du public. Elle reflète les meilleures connaissances scientifiques et locales accessibles actuellement, dont les connaissances traditionnelles écologiques. Elle pourrait être modifiée en cas de nouveaux renseignements. En mettant en œuvre les mesures prévues à la présente déclaration, la LEVD permet au ministère de déterminer ce qu'il est possible de réaliser, compte tenu des facteurs sociaux et économiques.

Le programme de rétablissement pour le cypripède blanc (Cypripedium candidum) en Ontario a été achevé le 28 janvier, 2016.

Protection et rétablissement du cypripède blanc

Le cypripède blanc est considéré comme une espèce en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition (LEVD), qui protège à la fois la plante et son habitat. Aux termes de la LEVD, il est interdit d'endommager ou de perturber cette espèce, et d'endommager ou de détruire son habitat, à moins d'y avoir été autorisé. Une telle autorisation exigerait que des conditions établies par le ministère soient respectées.

Le cypripède blanc est originaire de l'est de l'Amérique du Nord. Son aire de répartition s'étend sur 18 États américains et deux provinces canadiennes. Moins de 10 % de cette aire est située au Canada. L'aire totale occupée par le cypripède blanc en Ontario est de 150 ha au maximum. Selon l'évaluation et le rapport de situation du cypripède blanc au Canada effectués en 2014 par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada, trois populations de cypripède blanc ont été observées en Ontario, une dans le comté de Hastings et deux sur le territoire de Bkejwanong (Première Nation de Walpole Island). La situation actuelle de plusieurs autres populations sur le territoire de Bkejwanong (Première Nation de Walpole Island) est inconnue. Une population dans le comté de Norfolk est considérée comme étant historique (aucune mention au cours des 20 dernières années) et quatre populations dans d'autres localités sont considérées comme étant disparues.

On estime que la majorité de la population en Ontario se trouve sur le territoire de Bkejwanong (Première Nation de Walpole Island), soit dans le delta formé par la rivière Sainte-Claire avant de se jeter dans le lac Sainte-Claire. L'abondance actuelle du cypripède blanc en Ontario est inconnue. En effet, les données du dernier relevé de la plupart des populations existantes auquel le ministère a accès datent de 2003. D'autre part, l'inconsistance des approches utilisées pour le relevé de cette espèce (p. ex. dénombrement des tiges par rapport à celui des groupes) a compliqué le recensement.

Les menaces les plus importantes qui pèsent sur l'espèce sont associées à l'aménagement résidentiel et à son infrastructure (p. ex. routes, fossés d'assèchement), ainsi qu'à la suppression des incendies naturels et aux modifications hydrologiques des sites qui en résultent. L'établissement d'espèces ligneuses (p. ex. le thuya occidental (Thuja occidentalis)) et l'accumulation de chaume (herbes) sont attribuables à la suppression des incendies. Ces changements subis par la communauté végétale augmentent la concurrence pour la lumière du soleil, altèrent la température et l'humidité de la surface et réduisent la disponibilité d'emplacements propices à l'établissement du cypripède blanc. Les aménagements qui altèrent le drainage des sites représentent une menace sérieuse, car la retenue de l'humidité est un facteur limitatif primaire du cypripède blanc. Les changements associés à l'aménagement peuvent également entraîner l'empiètement des plantes envahissantes (p. ex. la sous-espèce européenne du roseau commun (Phragmites australis ssp. australis)) qui exercent une concurrence avec le cypripède blanc pour obtenir les ressources indispensables. La présence accrue du cypripède jaune (Cypripedium parviflorum), dont l'hybridation avec le cypripède blanc a été observée, peut aussi être attribuable à l'altération des conditions de l'habitat. L'étendue et la gravité de la menace potentielle d'hybridation ne sont pas claires. Les autres menaces qui pèsent sur l'espèce dans un ou plusieurs sites comprennent le fauchage à une période inappropriéela fenaison, le broutage, l'érosion des berges, le piétinement accidentel et la cueillette illégale.

La disponibilité de renseignements actuels sur la zone d'occurrence de l'espèce sera un facteur clé de la réussite de la mise en œuvre des mesures de rétablissement du cypripède blanc. Les travaux effectués en collaboration avec le territoire de Bkejwanong (Première Nation de Walpole Island) en vue de combler les lacunes dans les connaissances sur l'espèce favoriseront une mise en œuvre efficace des mesures de rétablissement. Le défi que présente le rétablissement de l'espèce vient du fait que la plupart des populations ontariennes de cypripède blanc historiques et considérées comme existantes sont associées à la prairie à grandes graminées et que les communautés écologiques de savanes de chênes sont extrêmement rares en Ontario. Des techniques établies peuvent être utilisées pour restaurer l'habitat de prairie et de savane aux endroits où l'habitat du cypripède blanc a été dégradé. À ce titre, les approches à l'égard du rétablissement seront axées sur une surveillance et une recherche destinées à combler les lacunes dans les connaissances et sur une mise en place de mesures de gestion active qui amélioreront la qualité de l'habitat dans les localités où pousse le cypripède blanc.

Mesures

La protection et le rétablissement des espèces en péril sont une responsabilité partagée. Aucune agence ni aucun organisme n'a toutes les connaissances, l'autorité ni les ressources financières pour protéger et rétablir toutes les espèces en péril de l'Ontario. Le succès sur le plan du rétablissement exige une coopération intergouvernementale et la participation de nombreuses personnes, organismes et collectivités. En élaborant la présente déclaration, le ministère a tenu compte des démarches qu'il pourrait entreprendre directement et de celles qu'il pourrait confier à ses partenaires en conservation, tout en leur offrant son appui.

Mesures appuyées par le gouvernment

Le gouvernement appuie les mesures suivantes qu'il juge comme étant nécessaires à la protection et au rétablissement du cypripède blanc. On accordera la priorité aux mesures portant la mention « hautement prioritaire » en ce qui concerne le financement aux termes de la LEVD. Lorsque cela est raisonnable, le gouvernement tiendra également compte de la priorité accordée à ces mesures lors de l'examen et de la délivrance d'autorisation en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. On encourage les autres organismes à tenir compte de ces priorités lorsqu'ils élaborent des projets ou des plans d'atténuation relatifs à des espèces en péril. Le gouvernement ciblera son appui sur ces mesures hautement prioritaires au cours des cinq prochaines années.

On manque énormément de connaissances sur l'abondance du cypripède blanc en Ontario. Le recensement des populations existantes, suivi d'une surveillance régulière,  permettra de détecter les changements survenus dans l'abondance et la qualité de l'habitat de l'espèce. Cette dernière est très sensible aux modifications de son habitat, en particulier à celles liées à l'humidité et à la lumière du soleil. L'amélioration des connaissances sur les conditions de l'habitat et les menaces facilitera la prise de mesures en matière de gestion de l'habitat.

Mesures :

1. (Hautement prioritaire) Concevoir et mettre en œuvre un protocole normalisé d'enquête et de surveillance du cypripède blanc afin de :
   • recueillir des renseignements sur l'abondance de la population, la zone d'occurrence, les changements démographiques, le taux de reproduction, les conditions d'habitat, les conditions hydrologiques de l'espèce, ainsi que sur la gravité des menaces qui pèsent sur elle dans chaque site;
   • déterminer l'état des populations dont on ne connaît pas la situation actuelle.
2. Travailler en collaboration avec les collectivités et organismes autochtones à l'inscription, au partage et au transfert des connaissances traditionnelles autochtones sur le cypripède blanc quand elles sont disponibles, y compris les renseignements sur la répartition historique de l'espèce et les conditions de son habitat (p. ex. la fréquence historique des feux de friches dans l'aire d'habitat de l'espèce). Utiliser les renseignements recueillis pour rédiger les protocoles de relevé, définir les mesures de gestion de l'habitat  et coordonner le transfert des connaissances aux autres espèces végétales en péril qui sont dans le même écosystème.

On manque de renseignements sur les effets des processus hydrologiques sur le cypripède blanc et sur les conséquences probables des changements hydrologiques sur son habitat. De la même manière, il faut des études sur les effets que l'hybridation avec le cypripède soulier peut avoir sur l'espèce. Des recherches sur les diverses facettes écologiques et sur les exigences d'habitat du cypripède blanc, ainsi que des approches visant à éliminer les menaces qui pèsent sur l'espèce, faciliteront la conception de protocoles d'enquête et de surveillance tout en favorisant une mise en œuvre efficace des mesures de gestion de l'habitat.

Mesures :

3. Étudier l'hydrologie de chaque localité afin de mieux comprendre les conditions d'habitat dont a besoin le cypripède blanc et d'enquêter sur les effets d'éventuelles altérations que le régime hydrologique peut subir aux sites où la présence de l'espèce a été signalée en Ontario.
4. Mener des études qui amélioreront les connaissances sur les sujets suivants :
   • écologie de l'espèce, y compris sa biologie reproductrice, la dynamique de sa population et ses exigences d'habitat;
   • menaces pesant sur l'espèce (p. ex. hybridation et espèces envahissantes);
   • efficacité et risques des pratiques de gestion de l'habitat (p. ex. techniques de gestion de la végétation) appliquées pour gérer l'habitat de l'espèce.

La coordination des activités destinées au cypripède blanc et aux autres espèces qui se trouvent dans des écosystèmes similaires, comme d'autres plantes des prairies, soutient le rétablissement de l'espèce. Si le moment est approprié, le brûlage dirigé ou le fauchage peut éviter l'empiètement de la végétation ligneuse et réduire l'accumulation de chaume, c'est-à-dire deux menaces importantes à certains sites. Il faudra peut-être envisager d'autres méthodes pour contrôler la végétation des sites en milieux humides. La collaboration dans la conception de plans de gestion, la surveillance de leur efficacité et le partage permanent des renseignements sur les exigences d'habitat de l'espèce permettront d'assurer une gestion adaptative et de prendre des initiatives en matière d'intendance.

Mesures :

5. (Hautement prioritaire) Travailler en collaboration avec les membres de la collectivité du territoire de Bkejwanong (Première Nation de Walpole Island), ainsi qu'avec d'autres collectivités et organismes autochtones intéressés, les propriétaires fonciers et les gestionnaires de terres, à la conception, à la mise en œuvre et à l'évaluation des plans de gestion afin de maintenir ou d'améliorer la qualité de l'habitat de chaque localité où peut s'établir une population de cypripède blanc existante. Les plans peuvent comprendre des pratiques réputées efficaces et appropriées :
   • nouvelles pratiques de fauchage, de fenaison et de broutage du bétail;
   • enlèvement, sans nuire au cypripède blanc, des plantes envahissantes (p. ex. sous-espèce européenne du roseau commun) et de la végétation ligneuse (p. ex., thuya occidental) qui menacent directement le cypripède blanc;
   • brûlage dirigé (au besoin);
   • détournement des activités récréatives de l'espèce;
   • soutien aux initiatives d'intendance communautaires et de conservation des sols qui sont en place et qui renforcent la protection de l'habitat du cypripède blanc.

On a observé que certaines populations ontariennes de cypripède blanc étaient victimes des amateurs d'orchidées. Étant donné la petite taille des populations présentes dans la province, le ramassage de plants peut avoir des effets considérables sur la capacité de persister de l'espèce. Les activités de renforcement de la sensibilisation à ces risques et la protection de l'espèce peuvent être utiles, mais elles doivent être menées avec prudence afin d'éviter qu'un plus grand nombre de gens se rendent sur les lieux où pousse l'espèce.

Mesures :

6. Sans divulguer les lieux où se trouvent les orchidées, donner aux amateurs d'orchidées, aux randonneurs et aux autres parties intéressées des renseignements sur les risques que représentent la cueillette et le piétinement accidentel du cypripède blanc.

Mise en œuvre des mesures

Le programme d'intendance des espèces en péril offre une aide financière pour la mise en œuvre de mesures. On encourage les partenaires en conservation à discuter de leurs propositions de projets liés à la présente déclaration avec le ministère des Richesses naturelles et des Forêts. Le ministère peut aussi conseiller ses partenaires à l'égard des autorisations exigées aux termes de la LEVD afin d'entreprendre le projet.

La mise en œuvre des mesures pourra être modifiée si les priorités touchant l'ensemble des espèces en péril changent selon les ressources disponibles et la capacité des partenaires à entreprendre des activités de rétablissement. La mise en œuvre des mesures visant plusieurs espèces sera coordonnée partout là où les déclarations du gouvernement en réponse au programme de rétablissement l'exigent.

Évaluation des progrès

Aux termes de la LEVD, le gouvernement doit évaluer l'efficacité des mesures de protection et de rétablissement visant une espèce au plus tard cinq ans après la publication de la présente déclaration en réponse au programme de rétablissement. Cette évaluation permettra de déterminer si des rectifications sont nécessaires pour en arriver à protéger et à rétablir l'espèce.

Remerciements

Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont pris part à l'élaboration du Programme de rétablissement pour le cypripède blanc (Cypripedium candidum) en pour leur dévouement en ce qui a trait à la protection et au rétablissement des espèces en péril.

Renseignements supplémentaires

Le déclaration du gouvernement de l'Ontario en réponse au programme de rétablissement pour le cypripède blanc est disponible en format PDF sur demande. Veuillez faire parvenir vos demandes de PDF par courriel à recovery.planning@ontario.ca.