Mûrier rouge

Photo: Allen Woodliffe

Le mûrier rouge est un arbre de sous-bois qui atteint typiquement une hauteur de six à 18 m; ses grandes feuilles poilues variables ou en forme de cœur et il produit des fruits d'un rouge sombre en juillet. En Ontario, il pousse dans les habitats forestiers caroliniens bien drainés, dont les plaines inondables, les bas-fonds et les ravins.

La protection et le rétablissement des espèces en péril en Ontario

Le rétablissement des espèces en péril est un volet clé de la protection de la biodiversité en Ontario. La biodiversité – la diversité des organismes vivants sur la Terre – nous fournit de l'air et de l'eau propres, de la nourriture, des fibres, des médicaments et d'autres ressources dont nous avons besoin pour survivre.

La Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) représente l'engagement juridique du gouvernement de l'Ontario envers la protection et le rétablissement des espèces en péril et de leurs habitats. Dès qu'une espèce est désignée comme disparue de l'Ontario, en voie de disparition ou menacée aux termes de la LEVD, elle est automatiquement protégée contre toute forme de harcèlement. En outre, dès qu'une espèce est désignée comme en voie de disparition ou menacée, son habitat est protégé contre les dommages et la destruction.

Aux termes de la LEVD, le ministère des Richesses naturelles (le ministère) doit veiller à ce qu'un programme de rétablissement soit élaboré pour chaque espèce inscrite à la liste des espèces en voie de disparition ou menacées. Un programme de rétablissement offre des conseils scientifiques au gouvernement à l'égard de ce qui est nécessaire pour réaliser le rétablissement d'une espèce.

Déclarations du gouvernement en réponse aux programmes de rétablissement

Dans les neuf mois qui suivent l'élaboration d'un programme de rétablissement, la LEVD exige que le ministère publie une déclaration qui résume les mesures que le gouvernement de l'Ontario prévoit prendre en réponse au programme de rétablissement et ses priorités à cet égard. Le programme de rétablissement pour le mûrier rouge (Morus rubra) a été achevé le 11 janvier 2013.

Cette déclaration est la réponse du gouvernement de l'Ontario aux conseils scientifiques fournis dans le programme de rétablissement. En plus de se fonder sur les renseignements fournis dans le programme de rétablissement, elle tient compte des commentaires reçus de la part de parties intéressées, d'autres territoires de compétence, des collectivités autochtones et du public. Cette déclaration reflète les meilleures connaissances traditionnelles, locales et scientifiques auxquelles on peut accéder en ce moment; elle pourrait être modifiée si de nouveaux renseignements deviennent accessibles. En mettant en œuvre les mesures prévues à la présente déclaration, la LEVD permet au ministère de déterminer ce qu'il est possible de réaliser, compte tenu des facteurs sociaux et économiques.

Démarches futures pour protéger et rétablir le mûrier rouge

Le mûrier rouge est inscrit sur la liste des espèces en voie de disparition de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD). Aux termes de la LEVD, il est interdit d'endommager ou de perturber cette espèce, et d'endommager ou de détruire son habitat, à moins d'y avoir été autorisé. Pour qu'une telle autorisation soit accordée, il faut que les conditions stipulées par le ministère soient remplies.

Le mûrier rouge pousse dans tout l'est de l'Amérique du Nord. Depuis que les recensements botaniques ont d'abord été entrepris dans la province, il semble croître principalement dans les écorégions caroliniennes du sud de l'Ontario. On ignore quelles étaient sa répartition et son abondance avant cette période, mais on sait que son aire de répartition a rétréci depuis qu'on a commencé les recensements. Depuis la colonisation par les Européens, le montant de forêt carolinienne naturellement boisée a grandement diminué en raison du défrichage à des fins agricoles, de l'aménagement urbain et de l'exploitation industrielle. Dans l'ensemble de l'aire de répartition historique de la forêt carolinienne dans le sud-ouest de l'Ontario, moins de trois pour cent du couvert forestier persiste. Au moins cinq occurrences historiques du mûrier rouge sont considérées disparues et onze n'ont pas été observées au cours de 20 dernières années. Il y a actuellement 21 occurrences de mûrier rouge connues dans deux régions distinctes du sud de l'Ontario : le Niagara, où il pousse le long de l'escarpement humide du Niagara et le comté d'Essex et Chatham-Kent, où il pousse dans des habitats plus ouverts et sablonneux. Ces diverses conditions écologiques peuvent avoir créé une génétique distincte et des adaptations locales au sein de la population de mûrier rouge. De ces 21 emplacements de mûrier rouge connus, seuls dix sont considérés comme des populations principales qui comprennent cinq arbres ou plus situées à moins d'un kilomètre l'une de l'autre.

La menace la plus grave qui pèse sur le mûrier rouge est l'hybridation avec le mûrier blanc (Morus alba), une espèce exotique et plus agressive. En raison de sa faible abondance, le mûrier rouge a un fort désavantage reproductif et un taux de survie des semis inférieur que le mûrier blanc et les hybrides. On a démontré que les arbres hybrides sont souvent plus génétiquement semblables au mûrier blanc, ce qui laisse supposer que le mûrier rouge est en voie d'être génétiquement assimilé par cette espèce. En outre, les deux populations principales qui se trouvent sur les îles du lac Érié, comme celle du parc provincial East Sister Island, sont menacées par les graves dommages aux arbres et leur perte causés par les grandes colonies nicheuses de cormorans à aigrettes (Phalocrocorax auritus). Parmi les autres menaces qui pèsent sur le mûrier rouge, il y a la perte et la fragmentation d'habitat et la maladie et les facteurs de stress qui provoquent le déclin de la santé des arbres adultes.

L'objectif du gouvernement pour le rétablissement du mûrier rouge est de maintenir ou d'accroître les niveaux de population actuels dans les deux régions distinctes où il pousse en Ontario.

La protection et le rétablissement des espèces en péril sont une responsabilité partagée. Aucune agence ni aucun organisme n'a toutes les connaissances, l'autorité ni les ressources financières pour protéger et rétablir toutes les espèces en péril de l'Ontario. Le succès sur le plan du rétablissement exige une coopération intergouvernementale et la participation de nombreuses personnes, organismes et collectivités.

En élaborant la présente déclaration, le ministère a tenu compte des démarches qu'il pourrait entreprendre directement et de celles qu'il pourrait confier à ses partenaires en conservation, tout en leur offrant son appui.

Mesures menées par le gouvernement

Afin de protéger et de rétablir le mûrier rouge, le gouvernement entreprendra directement les mesures suivantes :

  • Continuer de surveiller l'impact des colonies de cormorans à aigrettes sur les mûriers rouges dans le parc provincial East Sister Island. Si on le juge nécessaire et approprié, évaluer par l'entremise du processus public approprié s'il faut ou non mettre des mesures de gestion en œuvre pour contrôler les cormorans.
  • Renseigner les autres organismes et autorités qui prennent part aux processus de planification et d'évaluation environnementales quant aux exigences de protection prévues à la LEVD.
  • Encourager la soumission de données sur le mûrier rouge à l'entrepôt de données du ministère des Richesses naturelles au Centre d'information sur le patrimoine naturel.
  • Entreprendre des activités de communication et de diffusion afin d'augmenter la sensibilisation de la population quant aux espèces en péril en Ontario.
  • Protéger le mûrier rouge et son habitat par l'entremise de la LEVD.
  • Appuyer les partenaires en conservation, et les organismes, municipalités et industries partenaires et les collectivités autochtones, pour qu'ils entreprennent des activités visant à protéger et rétablir le mûrier rouge. Ce soutien prendra la forme de financement, d'ententes, de permis (assortis de conditions) et de services consultatifs.
  • Établir et communiquer des mesures prioritaires annuelles pour l'appui gouvernemental afin d'encourager la collaboration et réduire le chevauchement des travaux.

Mesures appuyées par le gouvernement

Le gouvernement appuie les mesures suivantes qu'il juge comme étant nécessaires à la protection et au rétablissement du mûrier rouge. On accordera la priorité aux mesures portant la mention « hautement prioritaire » en ce qui concerne le financement ou les autorisations aux termes de la LEVD. Le gouvernement ciblera son appui sur ces mesures hautement prioritaires au cours des cinq prochaines années.

Secteurs d'intervention : protection et gestion

Objectif : Protéger et améliorer l'habitat adéquat et traiter des menaces principales qui pèsent les populations existantes.

Mesures :

  1. (Hautement prioritaire) Mettre au point des protocoles de lutte contre le mûrier blanc (comme la suppression sélective de mûriers blancs et d'hybrides) et d'en vérifier l'efficacité afin de réduire la menace que représente l'hybridation.
  2. (Hautement prioritaire) Faire le recensement des populations de mûrier rouge pour évaluer les caractéristiques d'habitat, les menaces, la santé des arbres adultes et cibler les populations dont l'habitat a davantage besoin d'être amélioré ou augmenté et établir la priorité de ces populations.
  3. (Hautement prioritaire) Concevoir et mettre en œuvre des pratiques de gestion optimales pour les populations prioritaires pour gérer ou améliorer l'habitat du mûrier rouge, dont :
    • mettre en œuvre des procédures de lutte efficace à l'égard du mûrier blanc;
    • supprimer les espèces envahissantes;
    • maintenir les conditions qui améliorent l'établissement de semis de mûrier rouge.
  4. Augmenter les populations ciblées comme étant prioritaires pour accroître le succès de reproduction lorsque cela est nécessaire pour réaliser le rétablissement des populations.

Secteurs d'intervention : surveillance et recherche

Objectif : Accroître les connaissances au sujet des populations existantes de mûrier rouge.

Mesures :

  1. (Hautement prioritaire) Déterminer la composition génétique actuelle de toutes les populations pour identifier le nombre et l'emplacement de mûriers rouges purs et repérer les hybrides.
  2. Concevoir et mettre en œuvre un programme normalisé de surveillance pour déceler les changements sur le plan de la taille des populations, de la répartition, de la démographie, de la santé, du succès de reproduction, des caractéristiques d'habitat et des menaces dans tous les sites.
  3. Faire des recherches sur les conditions qui permettent d'améliorer l'établissement naturel de semis et la survie du mûrier rouge sur notamment :
    • la pollinisation et les distances de dissémination pour à la fois le mûrier rouge et le mûrier blanc afin d'orienter la gestion du mûrier blanc;
    • les conditions d'habitat qui appuient l'établissement et la croissance de mûriers rouges purs plutôt que de mûriers blancs et d'hybrides.
  4. Faire des recherches pour déterminer la population minimale viable de mûrier rouge, en tenant compte des risques que représentent les menaces et la biologie reproductive de l'espèce.

Secteurs d'intervention : sensibilisation

Objectif : Sensibiliser davantage le public au sujet du mûrier rouge et des possibilités d'intendance.

Mesures :

  1. Mettre au point et offrir des initiatives de sensibilisation à la population, à nos partenaires en conservation, aux propriétaires fonciers et aux parties intéressées clés afin de mieux les sensibiliser au sujet du mûrier rouge, les principales menaces qui pèsent sur l'espèce et pour promouvoir l'utilisation de pratiques de gestion optimales par l'entremise de mesures d'intendance volontaires. Ces initiatives de sensibilisation comprendront des renseignements au sujet du mûrier blanc, les raisons pour lesquelles celui-ci représente une menace pour le mûrier rouge et des suggestions d'arbustes indigènes pouvant être plantés au lieu du mûrier blanc.
  2. Travailler en collaboration avec les Premières Nations pour intégrer le savoir traditionnel autochtone aux initiatives de sensibilisation, lorsque cela est possible.

Mise en œuvre des mesures

Le soutien financier pour la mise en œuvre des mesures de rétablissement approuvées pourrait être fourni par l'entremise du Fonds d'intendance des espèces en péril, ou du Programme d'encouragement des exploitants agricoles à la protection des espèces en péril. On encourage les partenaires en conservation à discuter de leurs propositions de projets liés à la présente déclaration avec le ministère des Richesses naturelles. Le ministère peut aussi conseiller ses partenaires à l'égard des autorisations exigées aux termes de la LEVD afin d'entreprendre le projet.

La mise en œuvre des mesures pourra être modifiée si les priorités touchant l'ensemble des espèces en péril changent selon les ressources disponibles et la capacité des partenaires à entreprendre des activités de rétablissement. La mise en œuvre des mesures visant plusieurs espèces sera coordonnée partout là où les déclarations du gouvernement en réponse au programme de rétablissement l'exigent.

Évaluation des progrès

Aux termes de la LEVD, le gouvernement doit évaluer l'efficacité des mesures de protection et de rétablissement visant une espèce au plus tard cinq ans après la publication de la présente déclaration en réponse au programme de rétablissement. Cette évaluation permettra de déterminer si des rectifications sont nécessaires pour en arriver à protéger et à rétablir l'espèce.

Remerciements

Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont pris part à l'élaboration du Programme de rétablissement pour le mûrier rouge (Morus rubra) en Ontario pour leur dévouement en ce qui a trait à la protection et au rétablissement des espèces en péril.