La présente fiche technique explique les causes de la dérive des pesticides, propose des moyens de réduire celle-ci, indique les mesures à prendre si l'on soupçonne la dérive de pesticides et décrit la responsabilité légale des personnes qui pulvérisent des pesticides.

Introduction

La dérive est le mouvement de particules ou de gouttelettes en suspension dans l'air et leur dépôt accidentel en dehors de la zone visée. Il y a deux types de dérive :

  • Dérive des particules – C'est le mouvement aérien des gouttelettes de pesticide ou des particules solides en dehors de la zone traitée. Les plus grosses gouttelettes se déplacent sur de courtes distances et tombent près du point de pulvérisation. Les plus fines (c.-à-d. celles de moins de 200 micromètres) peuvent demeurer longtemps en suspension dans l'air; les courants d'air peuvent alors les transporter pendant longtemps et loin de la zone traitée. Par exemple, une gouttelette de 100 micromètres prend 11 secondes pour retomber 3 mètres plus loin dans des conditions de vent nul, mais parcourra plus de 20 mètres si elle est portée par un vent de 8 km/h.
  • Dérive des vapeurs – C’;est le mouvement des vapeurs de pesticide en dehors de la zone traitée. La dérive des vapeurs est invisible et peut avoir un effet considérable. Les gouttelettes pulvérisées s’;évaporent à la fois au moment de l’;application, et quelque temps après que le pesticide a séché sur la surface du sol ou des plantes. Le risque de dérive des vapeurs est davantage fonction de la volatilité de l’;ingrédient actif, de la formule (p. ex., esters) et des conditions ambiantes (p. ex., temps chaud et sec) que du matériel utilisé.

Pourquoi se préoccuper de la dérive?

La dérive des pesticides peut avoir les répercussions suivantes :

  • Elle réduit la quantité de produit qui est déposée dans la zone visée, ce qui peut rendre le traitement moins efficace.
  • Elle entraîne une perte financière en raison du gaspillage de pesticide et du temps perdu.
  • Elle pose un risque pour la santé humaine, les plantes sensibles (p. ex., cultures adjacentes), les organismes non ciblés (p. ex., animaux sauvages et domestiques, insectes pollinisateurs), l'environnement ou les biens (voir les figures 1 et 2).

Il y a également des responsabilités et des obligations légales en rapport avec tous ces points.

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Figure 1: Feuille de vigne endommagée par la dérive du 2,4-D

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Figure 2: Plant de tomate endommagé par la dérive du glyphosate

Tous ceux qui pulvérisent des pesticides doivent se préoccuper des effets néfastes de la dérive et faire en sorte de l'atténuer sous toutes ses formes. Même si la dérive se produit toujours dans une certaine mesure pendant ou après la pulvérisation, le fait de comprendre les facteurs qui influent sur ce phénomène peut aider à en réduire les effets au minimum.

Facteurs influant sur la dérive

La dérive se produit lorsque sont réunis différents facteurs, y compris :

  • les conditions ambiantes;
  • les techniques de pulvérisation;
  • dans une certaine mesure, les propriétés physiques et chimiques du pesticide.

Les principales conditions ambiantes sont la direction et la vitesse du vent, la température et l'humidité relative. Les techniques de pulvérisation les plus importantes touchent le calibre des gouttelettes de pulvérisation produites par le pulvérisateur, la distance qui sépare la buse de la cible, et la vitesse de déplacement du pulvérisateur. Chacun de ces facteurs est décrit ci-dessous.

Conditions ambiantes

Vitesse et direction du vent

Les mouvements de l'air causeront toujours le déplacement d'une partie des gouttelettes en dehors de la zone visée. La dérive des pesticides augmente considérablement avec l'accroissement de la vitesse du vent. Pour la réduire au minimum :

  • Pulvérisez lorsque les vents sont légers à modérés, et quand ils soufflent dans la direction opposée aux zones environnementales sensibles.
  • Ne pulvérisez jamais lorsque le vent est nul, car les gouttelettes restent en suspension dans l'air jusqu'à ce que le vent change et les emporte en dehors de la zone visée.
  • Changez les réglages du pulvérisateur si le vent augmente d'intensité pendant le traitement ou cessez le travail en attendant que les conditions s'améliorent. Non seulement les vents forts ou variables augmentent-ils le risque de dérive, mais ils peuvent aussi nuire à l'efficacité de la pulvérisation en la rendant moins uniforme.

Voyez les recommandations générales de pulvérisation en fonction du vent au Tableau 1. Les signes visibles, tels que le mouvement de la fumée ou des feuilles, ne sont que des indices. Il est conseillé d'utiliser un anémomètre afin de mesurer et de noter la vitesse du vent à la hauteur de la pulvérisation.

Température et humidité relative

En général, si l'on veut obtenir une meilleure couverture de la zone visée et réduire le risque de dérive lié à une inversion de température ou à l'évaporation, il ne faut pas pulvériser lorsque l'humidité relative est inférieure à 40 p. 100 et que la température de l'air est supérieure à 25 °C.

Évitez également de pulvériser en période de calme plat, tôt le matin ou tard en soirée, lorsque la température est habituellement plus fraîche et que l'humidité relative est plus élevée. Cette combinaison de facteurs peut faire en sorte que des gouttelettes d'un diamètre propice à la dérive restent dans le champ. Lorsque le vent se lève, ces gouttelettes peuvent être emportées loin de la zone ciblée et nuire à des zones adjacentes non visées par le traitement. Ce phénomène est particulièrement à craindre avec certains herbicides lorsqu'ils atteignent des cultures sensibles avoisinantes.

La dérive augmente par temps chaud et sec, car les gouttelettes s'évaporent rapidement et deviennent des gouttelettes fines, de la vapeur ou des particules de pesticide concentré. Quand il fait chaud, le sol se réchauffe aussi, ce qui crée des courants de convection ascendants qui transportent les gouttelettes au-dessus des cultures pendant la pulvérisation. Les courants d'air latéraux poussent alors les particules en dehors de la zone visée, parfois sur plusieurs kilomètres.

Tableau 1. Recommandations de pulvérisation en fonction du régime des vents
Régime des vents Vitesse du vent Description Signes visibles Pulvérisation
Vent nul 0-2 km/h
(0-1,25 mi/h)
Cette situation peut favoriser la dérive des produits sous forme de vapeur (les gouttelettes, restées en suspension dans l'air, s'évaporent et sont entraînées au loin longtemps après la pulvérisation) La fumée s'élève droit dans l'air Ne pas pulvériser
Très légère brise 2-3,2 km/h
(1,25-2 mi/h)
Conditions convenables pour la pulvérisation La fumée suit la direction du vent Pulvériser
Brise, de légère à modérée 3,2-9,6 km/h
(2-6 mi/h)
Conditions idéales pour la pulvérisation Les feuilles des arbres bruissent, on sent le souffle du vent sur le visage et les brindilles d'herbe s'agitent Pulvériser
Vent fort 9,6-16 km/h
(6-10 mi/h)
Le souffle du vent accroît évidemment les risques de dérive des particules à travers, autour et par-dessus la cible visée Les petites branches des arbres s'agitent et la poussière peut être soulevée de terre Pulvériser avec précaution ou ne pas pulvériser


Techniques de pulvérisation

Calibre des gouttelettes de pulvérisation

Les buses hydrauliques à pastille sont classées selon la forme de dispersion du jet, le débit et la grosseur moyenne des gouttelettes, critères qui déterminent ce qu'on appelle le « calibre des gouttelettes de pulvérisation ». Lorsqu'on change la pression de service, on modifie ainsi la grosseur moyenne des gouttelettes. Par exemple, une buse qui produit un jet moyen à faible pression produira un jet plus fin si la pression augmente.

En général, les gouttelettes plus fines assurent une meilleure couverture mais risquent davantage de s'évaporer et de dériver. Elles ralentissent vite dès leur sortie de la buse, prennent beaucoup plus de temps à passer de la buse à la cible et ne pénètrent pas un couvert végétal dense sans l'aide d'un système pneumatique. Les gouttelettes plus grossières résistent à l'évaporation et, puisqu'elles ont plus d'élan, elles ne sont pas facilement détournées par le vent. Elles sont cependant plus susceptibles de rebondir et de manquer la cible, ce qui réduit l'efficacité du traitement.

Prenez ces deux possibilités en considération au moment de choisir une buse et de régler la pression de service et la vitesse de déplacement du pulvérisateur.

Classification selon le diamètre des gouttelettes

Le système de classification du calibre des gouttelettes de pulvérisation (de très fin à grossier) est fondé sur le « diamètre volumétrique moyen », expression employée par les fabricants pour décrire la grosseur moyenne des gouttelettes produites par une buse (voir le Tableau 2). Ce système a été mis au point pour les buses à jet plat utilisées en période de vent nul et dans des conditions précises, et ne devrait pas servir à classer les buses à jet conique, comme les buses à divergent ou en cône creux. En général, les buses à jet conique produisent des particules plus fines que la plupart des buses à jet plat utilisées en horticulture, car elles fonctionnent à pression élevée, produisent un effet de cisaillement dû au système pneumatique et leur jet a une plus longue portée.

Distance entre la buse et la zone visée

Une fois pulvérisées, les gouttelettes diminuent vite de grosseur par évaporation et/ou volatilisation. Plus la hauteur de pulvérisation au-dessus de la zone visée ou du couvert végétal augmente, plus le risque de dérive augmente aussi. Il en va de même pour la distance qui sépare la buse à jet porté ou la rampe verticale de la cible.


Modélisation générée par ordinateur

Voyez l'effet que la grosseur des gouttelettes et les conditions ambiantes exercent sur la dérive des particules. Mis au point par des chercheurs du département de l'Agriculture des États-Unis, « DRIFTSIM » est un programme d'ordinateur convivial qui prédit la distance de dérive des gouttelettes pulvérisées dans diverses conditions.


Tableau 2. Classification selon le diamètre des gouttelettes
Classification Diamètre volumétrique moyen (micromètres) Description
Très fines
<100
Forte probabilité de dérive - déconseillé
Très fines/fines
154
Les gouttelettes se fixent sous les feuilles mais ont tendance à rester en suspension dans l'air
Fines/moyennes
241
Atterrissent sur les tiges et les feuilles étroites
Moyennes/grossières
356
Atterrissent sur les grandes surfaces plates, comme les mauvaises herbes à feuilles larges, mais peuvent rebondir
Grossières/très grossières
>451
Tolérantes au vent, mais entraîneront un ruissellement


Propriétés physiques et chimiques des pesticides

Formules et adjuvants

Des adjuvants sont offerts pour réduire la dérive des pesticides, mais vous devez vérifier s'ils sont compatibles avec le pesticide que vous utilisez. Si l'adjuvant ne convient pas, il peut modifier le calibre des gouttelettes de pulvérisation, ce qui pourrait endommager les cultures, nuire à l'uniformité du traitement et/ou réduire la pénétration du couvert végétal. Faites un essai sur une petite superficie avant d'utiliser le produit à grande échelle. Les adjuvants peuvent aussi se détériorer et perdre leur efficacité quand ils sont utilisés dans un réservoir à lame de mélange ou à agitation hydraulique.


Par exemple, les formules d'herbicides acides à base d'amines et peu volatiles sont moins sujettes à la dérive des vapeurs, tandis que les formules à base d'esters le sont davantage. Si vous devez utiliser un produit qui a tendance à causer la dérive des gouttelettes, des précautions supplémentaires seront conseillées sur l'étiquette du produit. Évitez par exemple de pulvériser du dicamba (sel de diméthylamine, une amine très volatile) par temps chaud, puisque la dérive des vapeurs risque de se produire à température élevée (> 25 °C) dans les 2 jours suivant l'application. Même très légère, la dérive du dicamba peut endommager gravement des cultures sensibles avoisinantes.


Il est préférable d'employer un herbicide déjà formulé pour réduire la dérive. La documentation complémentaire indiquée à la fin de la présente fiche technique propose une liste de publications qui contiennent plus de détails sur les recommandations liées aux produits chimiques.

Matériel pour réduire la dérive

Il existe plusieurs façons de réduire au minimum les risques de dérive des gouttelettes, que ce soit en effectuant des réglages du matériel ou en modifiant la technique de pulvérisation. Dans tous les cas, le conducteur du pulvérisateur doit être au courant des conditions qui sont propices à la dérive et être disposé à faire les changements voulus pendant la pulvérisation.

Matériel de pulvérisation

Il existe bien des types de pulvérisateur qui sont utilisés en agriculture pour l'application au sol des pesticides, mais ceux qui sont le plus souvent associés à la dérive sont le pulvérisateur à jet porté et le pulvérisateur à rampe horizontale. Réduisez au minimum la dérive des gouttelettes en réglant ces pulvérisateurs de manière à produire un calibre de gouttelettes plus grossier, à la distance efficace minimale de la cible. Voici comment apporter ces réglages sur le pulvérisateur.

Pulvérisateurs à jet porté

Le pulvérisateur à jet porté est un appareil monté sur véhicule ou tracté, qui produit un jet d'air à haute vitesse afin de propulser le pesticide à partir de la buse à pastille hydraulique ou à effet de cisaillement jusque dans la zone visée. On peut réduire les risques de dérive en employant les moyens suivants :

  • Réglez le pulvérisateur de manière à maintenir la vitesse d'air efficace minimale pendant toute la saison. Selon la culture, l'air devrait seulement faire frémir les feuilles qui sont du côté opposé du couvert végétal. Il est rarement approprié de régler le jet d'air à plein régime tôt dans la saison.
  • Accroissez la grosseur des gouttelettes :
    • en réduisant la pression (à l'intérieur de la fourchette indiquée par le fabricant de la buse),
    • en utilisant des buses à admission d'air,
    • en utilisant des buses à divergent (ou en cône creux) qui produisent un calibre de gouttelettes plus grossier.
  • Utilisez des déflecteurs afin de canaliser l'air directement dans la zone visée, et non au-dessus ou en dessous (voir la Figure 3).
  • Utilisez des tours pour réduire la distance jusqu'à la cible et diriger l'air vers la cible (voir la Figure 4).
  • Optez pour un pulvérisateur à flux tangentiel (Figure 5), un pulvérisateur recycleur (Figure 6), un pulvérisateur à plusieurs conduites (Figure 7) ou un pulvérisateur à plusieurs ventilateurs, qui réduisent tous le dépôt des pesticides en dehors de la zone visée.
  • Utilisez des capteurs de feuillage qui mettent certaines sections de la rampe sous tension et d'autres hors tension afin d'adapter la pulvérisation à la taille et à la forme du couvert végétal.
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Figure 3: Pulvérisateur à jet porté avec déflecteurs

Pulvérisateurs à rampe horizontale

Le pulvérisateur à rampe horizontale est un appareil porté ou tracté qui permet de pulvériser les cultures par l'intermédiaire de buses fixées sur une rampe qui s'étend vers l'extérieur sur un ou sur deux côtés. On peut réduire les risques de dérive :

  • en maintenant la rampe à la hauteur efficace minimale. La hauteur est déterminée par les buses, mais elle se situe généralement à 50 cm au-dessus de la cible. Suivez les directives du fabricant de buses;
  • en utilisant des buses à faible dérive, telles que des modèles à admission d'air, à dérive limitée, Turbo TeeJet, etc.;
  • en utilisant des rampes basses pour rapprocher les buses de la culture visée et suivre les contours du couvert végétal (Figure 8);
  • en utilisant le bon angle de pulvérisation. Les buses à grand angle de pulvérisation (p. ex., 110o) créent des gouttelettes plus petites que les buses à angle réduit (p. ex., 80o). Bien que les gouttelettes plus fines posent généralement un risque accru de dérive et pénètrent moins bien les couverts denses, les buses à grand angle permettent à la rampe d'aller plus près de la cible;
  • en utilisant un système pneumatique pour diriger le jet de pulvérisation dans le couvert végétal (Figure 9);
  • en posant des écrans qui formeront des obstacles physiques à la dérive (Figure 10).
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Figure 4: Pulvérisateur à jet porté, doté de tours

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Figure 5: Pulvérisateur à flux tangentiel

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Figure 6: Pulvérisateur recycleur

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Figure 7: Pulvérisateur à commande pneumatique, à balayage laser et à capteurs (Photo reproduite avec l'aimable autorisation de M. Heping Zhu, de l'unité de recherche sur la technologie des applications de l'USDA, dans l'Ohio)

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Figure 8: Rampe horizontale munie de rampes basses

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Figure 9: Rampe horizontale munie d'un manchon à air

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Figure 10: Rampe horizontale munie d'écrans

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Figure 11: Système d'application à mèche ou à rouleau

Autres types de pulvérisateur

Certains pulvérisateurs sont plus difficiles à catégoriser, car ils comportent plusieurs des modifications décrites plus haut. En voici quelques exemples :

  • Pulvérisateurs à rampe verticale : la rampe est semblable à la rampe horizontale, mais elle fonctionne à la verticale et sert à traiter des cultures comme les cannes, les buissons et les plantes grimpantes en treillis.
  • Pulvérisateurs sans rampe : ils sont dotés de buses ou de disques rotatifs disposés en faisceau pour déterminer la forme de dispersion du jet. Les buses groupées en faisceau produisent souvent des gouttelettes de gros diamètre qui réduisent la dérive du produit, mais les disques rotatifs peuvent aussi en produire de très fines et causer ainsi un problème de dérive.
  • Systèmes d'application à mèche ou à rouleau (Figure 11) : avec ces types d'appareil, les pesticides sont appliqués directement sur le feuillage et les tiges par badigeonnage. Puisque ces systèmes d'application ne créent pas de gouttelettes, il n'y a aucun risque de dérive.

Techniques de réduction de la dérive

Il existe plusieurs techniques permettant de réduire la dérive au minimum grâce au matériel ci-dessus. La modification du matériel ne suffit pas à elle seule à réduire tout risque de dérive. L'efficacité du traitement dépendra des méthodes d'application employées. Prenez connaissance des pratiques optimales expliquées ci-dessous afin de limiter la dérive des pulvérisations.

  • Utilisez des buses qui produisent le calibre de gouttelettes désiré tout en réduisant la dérive au minimum.
  • Maintenez la distance minimale efficace entre la buse et la cible. Assurez-vous de confirmer la couverture des pulvérisations en plaçant du papier sensible à l'eau aux endroits du couvert qui sont les plus difficiles d'accès. N'utilisez pas la rampe à une hauteur ou à une pression supérieures à celles qui sont recommandées par le fabricant de buses.
  • N'appliquez pas les herbicides à pression élevée. Une pression moins forte réduira la proportion de particules fines sujettes à la dérive.
  • Dans la mesure du possible, employez des produits moins susceptibles de causer la dérive.
  • Un bon calibrage est essentiel pour que toutes les buses produisent le débit correct et un calibre de gouttelettes optimal. Le processus du calibrage consiste également à confirmer la vitesse de déplacement idéale, la distance minimale efficace entre la buse et la cible, et la position correcte des déflecteurs, des rideaux d'air et des écrans.
  • Effectuez le calibrage au moins deux fois pendant la saison ou chaque fois que vous modifiez le matériel de pulvérisation.
  • Des recherches montrent que les rideaux-abris (aussi appelés brise-vent) plantés sous le vent peuvent réduire de beaucoup la dérive des pesticides. Communiquez avec Conservation Ontario pour obtenir notamment de l'aide pour la conception d'un brise-vent, pour déterminer les bonnes essences d'arbre et pour trouver du financement.
  • Lorsque vous pulvérisez des pesticides sur les rangs extérieurs à l'aide d'un pulvérisateur à jet porté, mettez hors tension la rampe qui est orientée vers l'extérieur et pulvérisez seulement vers l'intérieur lorsque vous arrivez aux deux derniers rangs qui se trouvent sous le vent. Sachez cependant que l'application faite d'un seul côté réduira la couverture du traitement.
  • Une vitesse de déplacement raisonnable améliore la pénétration du couvert et réduit le risque de dérive. Plus la vitesse de déplacement augmente, plus il y a de chances que le jet dévie vers l'arrière sur des courants d'air ascendants et tourbillonne derrière le pulvérisateur. Le dépôt du produit est donc moins ciblé, ce qui est généralement à éviter car cela contribue à la dérive. Ce problème s'intensifie lorsqu'on conduit face au vent, parce que l'effet de cisaillement augmente le nombre de particules fines sujettes à la dérive, même quand on règle l'appareil pour obtenir des gouttelettes de plus gros diamètre.
  • Réduisez la vitesse d'air du jet porté (en particulier tôt en saison, quand le feuillage n'est pas assez dense pour justifier le surcroît d'air) afin de réduire nettement les chances de dérive. Pour ce faire :
    • Réduisez le régime prise de force (enclencher une vitesse supérieure, réduire les gaz).
    • Réduisez la vitesse du ventilateur.
    • Utilisez un moteur hydraulique pour actionner le ventilateur.

Confirmez la couverture des pulvérisations avec du papier sensible à l'eau et souvenez-vous que les vents changeants peuvent nuire à l'uniformité du traitement.

  • Délimitez des « zones vulnérables ». Pour les plantations établies, dressez la carte de la culture et entourez celle-ci d'une zone vulnérable de 1 km. Cette superficie ne constitue PAS une bande tampon. Étudiez la zone vulnérable et déterminez les secteurs sensibles qui pourraient être touchés par les pulvérisations, p. ex., des cultures sensibles avoisinantes, des espèces de flore et de faune indigènes en voie de disparition, des cours d'eau, des terres humides, des abeilles butineuses et des sites d'habitation ou d'activité humaine. Élaborez des directives spécifiques (y compris les techniques mentionnées ici) pour pulvériser près de chaque secteur sensible situé à l'intérieur de la zone vulnérable.

Par exemple, avisez les serriculteurs voisins lorsque vous prévoyez appliquer des pesticides tôt le matin pour leur donner la chance de fermer les prises d'air et d'éviter ainsi la possibilité que des pesticides dérivent jusque dans les serres.

Bandes tampons

Une bande tampon désigne généralement la distance sous le vent qui sépare le point d'application directe des pesticides et la limite la plus rapprochée d'un habitat sensible (voir la Figure 12). Vérifiez l'étiquette du pesticide pour connaître les exigences concernant les bandes tampons.

L'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada a mis en ligne un calculateur de zone tampon qui permet d'adapter la superficie d'une zone tampon précisée sur l'étiquette d'un pesticide en fonction des conditions météorologiques, du type de pulvérisateur ou du diamètre des gouttelettes.

Législation et responsabilité

Quiconque utilise des pesticides est responsable de les appliquer prudemment. Lorsque des cultures adjacentes sont endommagées, les experts en sinistres posent généralement les questions suivantes :

  • Les dommages touchent-ils les cultures de l'exploitant qui a fait la pulvérisation? Si oui, il est peu probable que celui-ci puisse bénéficier d'une couverture en vertu d'une police d'assurance.
  • Les cultures endommagées sont-elles celles d'un voisin? Si oui, il est possible que les dommages soient couverts par l'assurance responsabilité de l'exploitant qui a fait la pulvérisation.
  • Le produit a-t-il été pulvérisé suivant le mode d'emploi de l'étiquette?

Selon la Loi sur les pesticides, le titulaire d'une licence pour appliquer des pesticides doit détenir une police d'assurance responsabilité spécialisée qui fournit une couverture suffisante pour son entreprise. L'exploitant qui loue ses services (p. ex., le titulaire d'une licence de pulvérisation) ou qui travaille ailleurs que dans sa propre exploitation doit détenir une couverture complémentaire.

Il est possible que la police d'assurance agricole ordinaire ne couvre pas les pulvérisations faites par le titulaire d'une licence ou faites dans le cadre d'un accord de métayage.

Il importe de consulter un courtier ou un agent d'assurance afin de vérifier qu'il existe une couverture suffisante pour tout type d'exploitation.


Selon l'article 29 de la loi, quiconque utilise un pesticide produisant un effet nocif est tenu d'en aviser le ministère de l'Environnement de l'Ontario (MEO). En vertu de l'article 4, des accusations peuvent être portées si l'utilisation d'un pesticide cause un préjudice à la qualité de vie ou à l'environnement.

Consultez les pages bleues de l'annuaire téléphonique de votre localité ou le site Web du ministère de l'Environnement, pour trouver le bureau de district le plus près. Après les heures de bureau, appelez la Ligne-info antipollution, au 1 866 663 8477.

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Figure 12: Délimitation des bandes tampons pour les méthodes de pulvérisation courantes.

Que faire si vous soupçonnez l'endommagement causé par la dérive des pesticides?

Voici les mesures à prendre si vous soupçonnez des dommages causés par la dérive des pesticides.

  1. Diagnostiquez le problème.

    • Éliminez les autres causes possibles, telles que les maladies, les insectes, une carence en nutriments, l'effet résiduel des herbicides et le stress environnemental.
    • Par exemple, la dérive des herbicides laisse souvent des marques distinctes dans la culture touchée. Les dommages sont habituellement plus graves près de la source et diminuent avec la distance. Par contraste, les dommages épars sont souvent causés par un mauvais pH du sol.
    • Établissez la preuve que des pesticides ont été pulvérisés. Cherchez des traces de roues, des signes de mauvaises herbes, le trajet suivi par la rampe d'aspersion et le recouvrement des tournières. Cherchez des indices de pulvérisation dans les champs, sur les pelouses et dans les fossés voisins.
  2. Communiquez avec les personnes concernées.

    • Parlez aux voisins ou aux conducteurs de pulvérisateur de la région. Demandez quel produit a été pulvérisé, à quel moment et qui a effectué le traitement.
    • Communiquez avec le bureau de district régional du MEO le plus près ou appelez le Centre d'intervention en cas de déversement, au numéro sans frais 1 800 268-6060. (Vous trouverez les bureaux du ministère à www.ontario.ca/environnement ou dans les pages bleues de l'annuaire téléphonique.) Des agents de l'environnement du MEO pourront visiter le site, prélever des échantillons de plantes et de sol et les faire analyser.
    • Les parties concernées devraient communiquer avec l'expert en sinistres de leur compagnie d'assurance.
  3. Consignez tous les détails.

    • Rassemblez tous les dossiers de pulvérisation en vue de leur examen. Cela comprend les produits pulvérisés, les conditions ambiantes qui régnaient pendant toutes les applications et les détails liés aux réglages du pulvérisateur.
    • Photographiez les dommages présumés et datez chaque photo. Faites-le plusieurs fois au cours de la saison.
    • Notez les pertes de rendement de la zone affectée en comparant avec une zone non touchée. Choisissez pour cela des plantations semblables (p. ex., même âge, même cultivar, même porte-greffes, etc.). Dans le cas des cultures vivaces (p. ex., vignes, vergers, asperges, baies), notez les effets pendant plusieurs années après les dommages.

Conclusion

Les méthodes et le matériel décrits dans la présente fiche technique peuvent réduire mais non empêcher complètement la dérive des pesticides. À proximité des cultures sensibles, il faut prendre toutes les précautions qui s'imposent. Suivez le mode d'emploi de l'étiquette du pesticide pour atténuer la dérive. Même si elle est extrêmement légère ou invisible, la dérive des pesticides pulvérisés peut endommager gravement des cultures ou des habitats sensibles. Il est donc crucial de lire et de suivre le mode d'emploi de l'étiquette du pesticide, ainsi que les directives du fabricant du matériel de pulvérisation pour connaître le fonctionnement de celui-ci.

Documentation complémentaire


La présente fiche technique a été rédigée par Jason S.T. Deveau, spécialiste de la technologie d'application des pesticides, MAAARO, Simcoe, et par Denise Beaton, chargée de programme, protection des cultures, MAAARO, Guelph. Soulignons également la précieuse collaboration de Kristen Callow, chargée de programme, lutte contre les mauvaises herbes - cultures horticoles, MAAARO, Ridgetown, de Leslie Huffman, spécialiste de la pomiculture, MAAARO, Harrow, de John Purdy, conseiller en exercice privé, de Robert DeBrabandere, spécialiste des demandes d'indemnisation agricoles, et du personnel du ministère de l'Environnement et du Programme ontarien de formation sur les pesticides.