Une description de l’habitat général est un document technique fournissant une plus grande précision sur l’habitat protégé d’une espèce; cette description se fonde sur la définition d’habitat général prévu à la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. La protection générale de l’habitat ne comprend pas une aire où l’espèce se trouvait antérieurement ou qui a le potentiel afin de l’y réintroduire, à moins que les membres existants de l’espèce ne dépendent de l’aire pour mener à bien leurs processus de vie. La description d’habitat général décrit aussi comment la catégorie de l’habitat a été établie conformément à la « politique de catégorisation et de protection de l’habitat aux termes de la Loi sur les espèces en voie de disparition » et est fondée sur la meilleure information scientifique disponible.

Catégorisation de l’habitat

  1. Le nid, l’arbre de nidification et une zone d’habitat adéquat d’un rayon de 200 m autour de l’arbre de nidification
  2. La zone d’habitat adéquat entre 200 m et 400 m de l’arbre de nidification
  3. Ne s’applique pas à cette espèce

Catégorie 1

Le nid, l’arbre où se trouve le nid et une zone d’un rayon de 200 m entourant l’arbre sont inclus dans l’habitat de catégorie 1; on juge que ceux-ci ont la tolérance la plus faible à la perturbation. Cette zone faisant partie de l’habitat de catégorie 1 est extrêmement sensible parce que l’espèce l’utilise pour la pariade, la ponte et l’incubation des œufs, l’alimentation, le repos et l’élevage des oisillons (Yosef 1996, Collister et Wilson 2007, Environnement Canada 2010, Glynn-Morris 2010). La pie-grièche migratrice et l’habitat adéquat dont elle a besoin sont rares en Ontario.

L’habitat adéquat de la pie-grièche comprend généralement de grandes aires herbagères ouvertes et souvent broutées situées sur une assise de roche-mère calcaire aux sols ou autres substrats peu profonds. En Ontario, l’espèce utilise principalement deux essences d’arbres pour nicher : l’aubépine dans la plaine de Carden et le genévrier de Virginie dans la plaine de Napanee (Chabot  et coll.   2001, Glynn-Morris 2010). La pie-grièche migratrice est très territoriale et manifeste une fidélité à son site de reproduction. L’espèce utilisera le site où la reproduction est réussie l’année suivante; il sera occupé soit par la même paire, soit par une paire différente (Collister et De Smet 1987, Glynn-Morris 2010, Wildlife Preservation Canada données inédites). La pie- grièche migratrice réutilise rarement son nid (Yosef 1996).

En Ontario, le territoire de reproduction défendu moyen de l’espèce pendant la période de nidification est de 12,6 ha (c.-à-d. la zone d’un rayon de 200 m à partir de l’arbre où se trouve le nid) (Glynn-Morris 2010). Le territoire de reproduction contient généralement des sites de nidification adéquats, des perchoirs (naturels ou artificiels) et des aires de recherche de nourriture, y compris des lieux pour l’empalement des proies (Environnement Canada 2010). Les perchoirs sont des caractéristiques très importantes de l’habitat de l’espèce (Yosef et Grubb 1994, Pruitt 2000, Glynn-Morris 2010). En Ontario, la pie-grièche utilise des perchoirs de fabrication humaine et naturels, dont les câbles de transmission d’énergie, les clôtures et les poteaux, les arbres, les tas de broussailles et les roches (Chalbot  et coll.   2001, Glynn-Morris 2010).

La zone désignée dans cette catégorie peut aussi être importante en fournissant des possibilités de nidification supplémentaires. Kridelbaugh (1983) a signalé que les paires qui nichaient à nouveau, soit après une nidification réussie, soit après un échec, le faisaient dans le territoire de reproduction original.

Catégorie 2

La zone d’habitat adéquat entre 200 m et 400 m de l’arbre où se trouve le nid fait partie de l’habitat de catégorie 2; on juge que cette zone a un niveau moyen de tolérance à la perturbation. Ces aires sont celles dont l’espèce dépend pour l’élevage des oisillons, le repos et la recherche de nourriture (Yosef 1996, Glynn-Morris 2010) et comprennent presque tous les endroits susceptibles d’être utilisés par les paires nicheuses pendant la saison de reproduction (Luukkonen 1987, Collister 1994, Glynn- Morris 2010). L’habitat adéquat de la pie-grièche comprend généralement de grandes aires herbagères ouvertes et souvent broutées situées sur une assise de roche-mère calcaire aux sols ou autres substrats peu profonds.

Catégorie 3

Ne s’applique pas à cette espèce.

Activités dans l’habitat de la pie-grièche

Les activités dans la zone d’habitat général peuvent se poursuivre pourvu que la fonction de cette zone en ce qui concerne l’espèce soit maintenue et qu’on ne tue ni ne harcèle les individus de l’espèce et qu’on n’y nuise pas.

Généralement compatibles :

  • Les pratiques agricoles existantes et les activités de gestion prévues, comme la récolte et le fauchage annuels et le broutage en rotation du bétail peuvent se poursuivre.
  • Les activités qui contribuent à maintenir des habitats ouverts ou semi-ouverts qui fournissent une nourriture abondante (par ex., élagage de taillis arbustifs denses).
  • L’utilisation des routes existantes, y compris les chemins d’accès.

Généralement non compatiblesfootnote * :

  • Activités d’aménagement de grande échelle qui perturbent l’habitat de façon importante ou la coupe de végétation.
  • L’application sans discernement de pesticides dans l’habitat.

Exemple d’application de la protection de l’habitat general de la pie-grieche migratrice

Diagramme servant d’exemple d’application des mesures générales de protection de l’habitat de la pie grièche migratrice. Il illustre la catégorisation d’habitat décrite dans ce document.

Agrandir Exemple d’application de Ia protection de l’habitat general de Ia pie-grieche migratrice

Bibliographie

Chabot, A. et coll. , « Habitat use by Loggerhead Shrikes in Ontario and Quebec »,  Canadian Journal of Zoology , Vol. 79, 2001, pp. 916 à 925.

Collister, D. M.,  Breeding ecology and habitat preservation of the Loggerhead Shrike (Laniusludovicianus) in southeastern Alberta , mémoire de maîtrise en sciences, University of Calgary, Calgary, Alberta,1994.

Collister, D. M. et K. De Smet, « Breeding and natal dispersal in the Loggerhead Shrike »,  Journal of Field Ornithology , Vol. 68, no. 2, 1997, pp. 273 à 282.

Collister, D. M. et S. Wilson, « Territory size and foraging habitat of Loggerhead Shrikes (Lanius ludovicianus) in southeastern Alberta »,  Journal of Raptor Research , Vol. 41, 2007, pp. 130 à 132.

Environment Canada,  Programme de rétablissement de la Pie grièche migratrice de la sous-espèce migrans (Lanius ludovicianus migrans) au Canada [Proposition] , Série des programmes de rétablissement publiés en vertu de la  Loi sur les espèces en voie de disparition , Environment Canada, Ottawa, 2010, viii + 35 pp.

Fiducie pour la faune au Canada, données données inédites, 2011.

Glynn-Morris, M.,  Breeding Habitat Selection by the Loggerhead Shrike in Ontario : A Hierarchical Analysis , travail de baccalauréat ès sciences, Queens University, Kingston, Ontario, 2010.

Luukkonen, D. R.,  Status and breeding ecology of the loggerhead shrike in Virginia, mémoire de maîtrise en sciences, Virginia Polytechnic Institute and State University, Blacksburg, Virginia,1987.

Kridelbaugh, A., « Nesting ecology of the Loggerhead Shrike in central Missouri »,  The Wilson Bulletin , Vol. 95, no. 2, 1983, pp. 303 à 308.

Pruitt, L.,  Loggerhead Shrike Status Assessment , US Fish and Wildlife Service, Fort Snelling, Minnesota, États-Unis, 2000.

Yosef, R. et T. Grubb, Jr., « Resource dependence and territory size in Loggerhead Shrikes (Lanius ludovicianus ) », The Auk, Vol. 111, 1994, pp. 465 à 469.

Yosef, R.,  Loggerhead Shrike (Lanius ludovicianus), The Birds of North America Online , A. Poole éd., Ithaca, Cornell Lab of

Ornithology, 1996; tiré de Birds of North America Online