Une description de l’habitat général est un document technique fournissant une plus grande précision sur l’habitat protégé d’une espèce; cette description se fonde sur la définition d’habitat général prévu à la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. La protection générale de l’habitat ne comprend pas une aire où l’espèce se trouvait antérieurement ou qui a le potentiel afin de l’y réintroduire, à moins que les membres existants de l’espèce ne dépendent de l’aire pour mener à bien leurs processus de vie. La description d’habitat général décrit aussi comment la catégorie de l’habitat a été établie conformément à la « politique de catégorisation et de protection de l’habitat aux termes de la Loi sur les espèces en voie de disparition » et est fondée sur la meilleure information scientifique disponible.

Catégorisation de l’habitat pour l’engoulevent bois-pourri (Antrostomus vociferus)

Catégorie 1. Le nid et une zone d’un rayon de 20 m autour du nid

Catégorie 2. La zone entre 20 m et 170 m à partir du nid ou du centre du territoire défendu approximatif

Catégorie 3. L’aire d’habitat adéquat contigu entre 170 m et 500 m du nid ou du centre du territoire défendu approximatif

Catégorie 1

Le nid de l’engoulevent bois-pourri et la zone située immédiatement autour du nid (c.-à-d. 20 m) sont des caractéristiques très sensibles qui soutiennent le stade vital de reproduction de l’espèce et qui ont la plus faible tolérance aux perturbations. L’espèce dépend de son nid pour la ponte des œufs et de leur incubation ainsi que pour l’alimentation et l’élevage des oisillons et pour se reposer. L’engoulevent bois-pourri ne construit pas un nid traditionnel, mais pond ses œufs directement sur une couche de feuilles mortes (Peck et James 1983). Le nid a besoin d’un couvert forestier, d’ombrage, d’une faible couverture végétale au sol et d’une proximité à des aires ouvertes pour leur permettre de rechercher leur nourriture, qui se compose d’insectes volants (Eastman 1991, Reese 1996, Wilson et Watts 2008). Ces caractéristiques sont importantes pour qu'un site de nidification soit adéquat. Une zone d’un rayon de 20 autour du nid est importante pour le maintien du microclimat et des caractéristiques végétales. L’engoulevent bois-pourri manifeste une fidélité à l’égard de son site de nidification (Cink 2002).

Il est important de signaler qu'il est rare de repérer les nids de l’engoulevent bois-pourri en raison de leur nature cryptique. On déconseille la recherche des nids de cette espèce puisque ce faisant, on peut compromettre par inadvertance le site de nidification et les oisillons. Cependant, si on repère un nid, celui-ci et la zone d’un rayon de 20 m qui l’entoure sont classés comme faisant partie de la catégorie 1.

Catégorie 2

La zone entre 20 m et 170 m du nid ou du centre approximatif du territoire défendu est comprise dans l’habitat de catégorie 2 et on juge qu'elle a une tolérance moyenne à la perturbation. Cette zone comprend le territoire défendu par l’espèce et dont elle dépend pour la nidification, l’élevage des oisillons, l’alimentation et le repos. La superficie de ce territoire varie entre 3 et 1 ha, avec une superficie moyenne de 4 à 5 ha (Fitch 1958, Hunt 2009). Cependant, de récentes recherches effectuées en Ontario ont démontré que les territoires d’engoulevent bois-pourri ont une superficie approximative de 9 ha (c.-à-d. environ 170 m à partir du nid ou du centre du territoire défendu approximatif) (English, comm. pers. 2011).

Parmi les habitats de reproduction adéquats, il y a généralement les aires ouvertes ou mi-boisées, souvent avec une distribution éparpillée d’espaces boisés et ouverts. On sait que la structure est un facteur important dans le choix de l’habitat (Garlapow 2007, Wilson et Watt 2008, Hunt 2009). Les lieux de perchage et de repos sont d’importantes caractéristiques de l’habitat. Pendant la journée, les adultes se tiennent immobiles dans l’aire de repos (ou sur le nid) et ne deviennent actifs qu'au crépuscule (Cink 2002). On a signalé que l’engoulevent bois-pourri utilisait le même perchoir de façon répétée, nuit après nuit (Cink 2002). Les aires de repos sont généralement situées dans l’habitat forestier sur une branche à peu de distance du sol ou directement sur le sol (Mills 2007).

Cette aire peut aussi soutenir des lieux de nidification supplémentaires. Les nichées doubles sont communes chez cette espèce, avec un intervalle moyen de 32 jours entre les nichées (Cink 2002). Des lieux de nidification différents sont généralement utilisés pour la seconde nichée, mais ceux-ci sont habituellement situés à moins de 80 m du premier nid.

Catégorie 3

La zone d’habitat adéquat contigu entre 170 m et 500 m d’un lieu de nidification ou du centre du territoire défendu approximatif fait partie de l’habitat de catégorie 3; on juge que cette zone a une tolérance élevée aux perturbations. Cette zone soutient divers processus vitaux, principalement l’alimentation. L’engoulevent bois-pourri recherche sa nourriture seulement à l’aube ou au crépuscule, mais il peut aussi le faire pendant toute la nuit lors de clairs de lune. Selon des données inédites recueillies sur le terrain au Kansas au cours de dix étés à partir de l’étude de 20 paires, il semble qu'on trouve rarement l’engoulevent bois-pourri à plus de 500 m de son lieu de nidification (Cink comm. pers. 2012). Les engoulevents bois-pourri qu'on trouve à plus de 500 m de leur site de nidification sont probablement des femelles ayant abandonné leur territoire en raison de la perte de leur compagnon (Cink, comm. pers. 2012). La zone entre 170 m 500 m d’un site de nidification peut intégrer des parcelles de forêts plus grandes qui soutiennent des possibilités supplémentaires pour la recherche de nourriture.

Activités dans l’habitat de l’engoulevent bois-pourri

Les activités dans la zone d’habitat général peuvent se poursuivre pourvu que la fonction de cette zone en ce qui concerne l’espèce soit maintenue et qu'on ne tue ni ne harcèle les individus de l’espèce et qu'on n'y nuise pas.

Généralement compatibles :

  • La randonnée et l’utilisation de véhicules non motorisés sur les sentiers récréatifs existants.
  • L’utilisation normale de routes existantes, y compris les chemins d’accès.
  • La coupe sélective à petite échelle d’arbres individuels.

Généralement non compatiblesfootnote * :

  • L’aménagement à grande échelle ou d’autres activités qui perturbent l’habitat de façon importante ou la coupe de végétation.
  • L’application sans discernement de pesticides dans l’habitat.

Exemple d’application de la protection de l’habitat général de l’engoulevent bois-pourri

Diagramme servant d’exemple d’application du règlement sur l’habitation de la  l’engoulevent bois-pourri (Antrostomus vociferus). Il illustre la catégorisation d’habitat décrite dans ce document.

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Bibliographie

Cink, Calvin L., Eastern Whip-poor-will (Antrostomus vociferus), The Birds of North America Online, A. Poole éd., Ithaca, Cornell Lab of Ornithology, 2002; tiré de Birds of North America Online : http://bna.birds.cornell.edu/bna/species/620doi :10.2173/bna.620

Cink, C. L., professeur de biologie, communication personnelle, conversation téléphonique avec A. Chard, Baker University, Baldwin City, Kansas, 13 mars 2012.

Eastman, J., « Whip-poor-will », pp. 252 à 253, in The Atlas of Breeding Birds of Michigan, Brewer, R. et coll.éditeurs, Michigan State University Press, East Lansing, Michigan, 1991, 594 p.

English, P., étudiant au doctorat, communication personnelle, conversation avec C. Risley, Trent University, Peterborough, Ontario, décembre 2011.

Fitch, H. S., Home ranges, territories, and seasonal movements of vertebrates of the Natural History Reservation. Univ. of Kansas Publ. Mus. Nat. Hist. 11(3), 1958, pp. 63 à 326.

Garlapow, R. M., Whip-poor-will prey availability and foraging habitat : implications for management in pitch pine / scrub oak barrens habitats, dissertation de maîtrise, université du Massachusetts, Amherst, Massachusetts, 2007, 47 p.

Hunt, P. D., Whip-poor-will territory mapping at two New Hampshire sites, Nuttall Ornithological Club and Norcross Wildlife Foundation, 2009, 16 p.; tiré du site Web New Hampshire Audubon : http://www.nhaudubon.org/wp-content/uploads/2011/05/2009-WPWI-report.pdf

Mills, A., « Whip-poor-will », pp. 312-313, in Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario, 2001-2005, Cadman, M.D. et coll.éditeurs, Études d’Oiseaux Canada, Environment Canada, Ontario Field Ornithologists, le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario et Ontario Nature, Toronto, 2007, xxii + 706 p.

Peck, G. K. et R. D. James, Breeding birds of Ontario, nidiology and distribution, vol. 1 : nonpasserines, Musée royal de l’Ontario, Toronto,1983, 321 p.

Reese, J. G., « Whip-poor-will », pp. 194-195, in Atlas of the Breeding Birds of Maryland and the District of Columbia, C. S. Robbins éd., université du Michigan, Pittsburgh Press, Pittsburgh, Pennsylvanie,1996

Wilson, M. D. et B. D. Watts, « Landscape configuration effects on distribution and abundance of Whip-poor-wills », Wilson Journal of Ornithology, vol. 120, 2008, pp. 778-183.

Cette description d’habitat général est disponible en format PDF sur demande. Veuillez faire parvenir vos demandes de PDF par courriel à recovery.planning@ontario.ca.