Introduction

Les longs jours chauds et humides de l'été peuvent être une source de stress thermique dans les exploitations porcines. Il est difficile de déterminer les pertes économiques associées au stress thermique puisqu’il affecte le rendement à tous les niveaux de la production, y compris le nombre de truies dans le troupeau et de porcs à l’engraissement. Il est estimé que le stress thermique (dû à la chaleur) coûte entre 300 et 450 millions de dollars par année à l’industrie porcine des États-Unis.footnote 1

Bien que les porcs soient habituellement élevés dans des installations où les conditions environnementales sont contrôlées, il n'est pas toujours possible d'éviter les températures élevées dans les porcheries. Des températures supérieures à 23 °C peuvent avoir des conséquences néfastes sur la performance des animaux. Dans les cas extrêmes, le stress thermique chez les porcs peut même être fatal. Que ce soit pour des questions de bien-être animal ou pour des raisons économiques, il est justifié de prendre des mesures pour réduire l'effet des températures élevées sur les porcs.

Quand et comment survient le stress thermique?

Les porcs peuvent être victimes de stress thermique lorsque la température ambiante s'élève au point où le métabolisme de l'animal produit plus de chaleur, ou que ce dernier reçoit plus de chaleur de son environnement que son organisme en dégage dans le milieu ambiant.

Le stress thermique est préoccupant chez les porcs, car ces derniers ne possèdent pas de glandes sudoripares fonctionnelles pour les aider à réguler leur chaleur corporelle. Les porcs évacuent la chaleur dans le milieu environnant par conduction, rayonnement thermal, convection et évaporation de manière à maintenir une température corporelle optimale. Si la température et l'humidité relative sont trop élevées, les porcs ne sont plus en mesure de conserver leur température corporelle optimale.

La figure 1 montre les différents indices de stress thermique, applicables aux porcs d'engraissement-finition, qui ont été établis en fonction de la température et de l'humidité relative. Ces indices peuvent être utilisés pour évaluer les risques auxquels sont exposés les porcs sous différentes conditions.

Figure 1. Indice de stress thermique pour des porcs d'engraissement-finition. Adapté de H. Xin et J. Harmon, 1998.

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Sous des conditions de stress, l'objectif est de minimiser le transfert de chaleur du milieu ambiant vers l'animal et de maximiser le transfert de chaleur de l'animal vers le milieu ambiant. La première étape pour aider les porcs à supporter un environnement chaud et humide consiste à reconnaître la possibilité d'un stress thermique chez les porcs ou le fait que ces derniers subissent un tel stress.

Signes de stress thermique

  • Inconfort ou détresse manifeste : les porcs sont étendus loin des autres, et leur corps est étiré
  • Changement dans la consistance des déjections : les planchers des enclos deviennent humides et souillés
  • Augmentation de la consommation d'eau
  • Réduction notable de l'activité dans les enclos : les porcs sont lents et léthargiques
  • Tremblement des muscles
  • Chute rapide de la consommation alimentaire et diminution des gains de poids
  • Rythme respiratoire très élevé (halètement)

Adaptation au stress thermique

Les porcs vont tenter d'accroître la dissipation de chaleur et de diminuer leur production de chaleur corporelle. Recommandations pour favoriser ce processus :

  • Veiller à ce que les porcs aient accès à volonté à une bonne quantité d'eau potable propre.
  • Installer un système de gicleur ou de brumisateur avec minuterie qui se déclenche en fonction de la température ambiante dans le cas des porcs logés en groupe (truies, porcs d'engraissement-finition). Les gicleurs doivent s'activer durant une à deux minutes toutes les 20 à 30 minutes afin de permettre à l'humidité de s'évaporer de la peau des porcs avant que le processus redémarre. Les plus grosses gouttelettes sont plus efficaces que la fine bruine.
  • Mettre en place un système de refroidissement goutte à goutte ou des coussins de refroidissement pour les truies en logement individuel.
  • S'assurer que le taux de renouvellement de l'air est approprié aux dimensions de la salle et au poids des porcs (tableau 1).
  • Ne pas surpeupler les enclos. Ceux-ci doivent être d'une superficie suffisante pour que tous les porcs qui s'y trouvent puissent s'étendre sans se toucher tout en ayant accès aux mangeoires, aux abreuvoirs et aux aires de déjection sans piler sur leurs congénères.
  • Travailler de concert avec le spécialiste en nutrition animale en vue de reformuler des rations plus riches en éléments nutritifs durant les périodes de température chaude.
  • Lorsque les porcs sont nourris à des moments prédéterminés, varier l'heure à laquelle la plus grande partie de l'alimentation est offerte. La distribution de la majorité des aliments durant les heures plus fraîches de la journée atténuera la diminution de la consommation.
Tableau 1. Taux de renouvellement d'air recommandés par le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales (MAAARO)
Type d'élevage Taux de renouvellement d'air/animal : Temps froid Taux de renouvellement d'air/animal : Temps douxfootnote a
Truies reproductrices et gestantes 10 pi3/min 200 pi3/min
Truies à la maternité et portées 15 pi3/min 400 pi3/min
Porcelets en pouponnière, 4-25 kg 1,0-3,0 pi3/minfootnote b 15-35 pi3footnote c
Porcs d'engraissement, 25-60 kg 4,0-6,0 pi3/min 50-70 pi3/min
Porcs de finition, 60-120 kg 6,0-8,0 pi3/min 70-90 pi3/min

Source : Manuel de ventilation des installations d'élevage de bétail et de volaille, Publication 833F, MAAARO.

Il est important de repérer quand la température et l'humidité peuvent accroître le risque de stress thermique chez les porcs. En constatant que les porcs sont soumis à un tel stress, et en sachant les aider à s'y adapter, on peut prévenir ou réduire les pertes de production durant les périodes de forte chaleur.

Préparatifs

On ne peut rien faire pour modifier les conditions climatiques. Il est donc important de se préparer et de se doter de stratégies pour affronter les températures chaudes lorsqu'elles surviennent.

Les décès dus au stress thermique sont la plupart du temps attribuables à des pannes de courant dans les porcheries qui ne sont pas pourvues de dispositifs d'alimentation électrique de rechange ou de plan d'urgence. Tester chaque mois les génératrices d'urgence et les alarmes signalant les pannes de courant dans les porcheries avec ventilateurs. Vérifier le déclenchement des portes antipanique ou des rideaux de ventilation dans les porcheries ventilées naturellement. L'accumulation de chaleur dans les porcheries non ventilées peut causer des décès chez les porcs en toute saison.

Transport

Le transport peut être une source de stress thermique entraînant d'éventuels décès chez les porcs, en toute saison. Les producteurs peuvent atténuer ce risque en suivant les consignes ci-dessous :

  • Charger des groupes de moins de cinq porcs à la fois.
  • Planifier le transport pour qu'il se fasse tôt le matin ou la nuit durant l'été.
  • Charger moins de porcs par lot, les jours chauds et humides, en respectant les directives de l'Ontario Pork sur les densités de chargement (Loading Density Guidelines).
  • Utiliser des copeaux humides lorsque la température est supérieure à 15 °C; ne pas se servir de paille.
  • Asperger les porcs d'eau à l'aide d'un brumisateur ou d'un pulvérisateur avant le chargement, lorsque la température dépasse 27 °C.
  • Ne pas verser de grandes quantités d'eau froide sur un porc qui est sous l'effet d'un coup de chaleur.
  • Charger et décharger rapidement le camion pour éviter l'accumulation de chaleur.

Références

La présente fiche technique a été rédigée par Jaydee Smith, spécialiste de la production porcine, MAAARO, Guelph, et par Laura Eastwood, spécialiste de la production porcine, MAAARO, Stratford.

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Figure 1. Indice de stress thermique pour des porcs d'engraissement-finition

Graphique de stress thermique, la température ambiante est représentée à gauche, à partir de 21 °C en bas, augmentant de 1 degré à la fois et atteignant 35 °C au sommet. L'humidité relative est indiquée au sommet, à partir de 40 % à gauche, augmentant de 5 % à la fois et atteignant 100 % à droite. Le bas du graphique est coloré en bleu et porte la mention « absence de stress thermique ». Au-dessus apparaît une zone jaune qui porte la mention « alerte, stress thermique ». Au-dessus de la zone jaune apparaît une zone brun clair qui porte la mention « danger, stress thermique ». La partie supérieure du graphique est colorée en rouge et porte la mention « urgence, stress thermique ».