La manière d'entretenir les champs dès le début de la saison du pacage aura un effet sur la réaction des pâturages aux conditions de sécheresse. Le système racinaire est habituellement proportionnel à la partie aérienne. En gardant l'herbe à une hauteur de 7 à 10 cm (3 à 4 po) et en lui accordant une période de repos et de repousse suffisante, on obtiendra des racines profondes et vigoureuses. De telles racines peuvent ainsi rester humides par temps sec et continuer d'utiliser l'humidité du sol même lorsque la surface de ce dernier est très sèche. L'application de tous les principes de gestion recommandés pour les pâturages donne des résultats en période de sécheresse et les conséquences de cette dernière sont alors moins graves. Il est important d'adapter rapidement la gestion du pacage aux conditions de sécheresse, mais le type d'herbe et la santé des plants auront aussi un impact important sur la production.

Les herbes de pâturage qui sont gardées saines en raison d'un bon programme de fertilisation et de bonnes périodes de repos facilitant le maintien des réserves dans les racines pourront reprendre rapidement leur croissance avec le retour de la pluie. L'azote, particulièrement, devra être appliqué par temps humide, pour un effet optimal. Par ailleurs, la fertilité naturelle du sol ou des épandages de phosphate et de potasse contribueront à la santé des systèmes racinaires.

Lorsque l'herbe est saine, le couvert végétal est plus dense, ce qui réduit l'évaporation du sol et l'empêche de s'assécher trop rapidement.

Il sera plus facile de gérer les pâturages en les subdivisant. La gestion des pacages est en fait une gestion de la récolte des plantes fourragères produites. En situation de paissance continue, 70 % du fourrage produit est gaspillé; dans le cadre d'un système rationnel, cette perte est réduite à 45 %. Dans les systèmes de pâturage rationné, seulement 30 % ou moins des plantes sont gaspillées. Les pâturages non entretenus et trop abondants sont piétinés par les bovins qui s'y étendent et y défèquent. On réduit considérablement les pertes lorsqu'on réussit à faire en sorte qu'ils se dirigent dans la même direction et à les faire déplacer systématiquement à travers le champ. On ne martèle pas les champs avec la faucheuse, alors pourquoi laisser le bétail faire encore pire? La mise en place de plus petites parcelles permet d'appliquer tous les principes mentionnés au début de cet article. Dans des champs plus petits, on peut en effet empêcher les animaux de pénétrer dans une section et donner ainsi à l'herbe le temps de repousser. On peut empêcher le bétail de brouter la même herbe et éviter ainsi le surpâturage. De cette manière, l'herbe a le temps de se refaire des réserves au niveau des racines. Les plantes qui ont encore une grande surface foliaire après le broutage peuvent reprendre leur croissance plus facilement, puisque la photosynthèse y est plus importante, ce qui favorise le maintien d'un plus gros système racinaire. Sept jours de surpâturage suffisent pour retarder la repousse de deux semaines. On ne peut jamais se permettre un tel délai, surtout en période se sécheresse où ce serait trop coûteux!

Vous vous êtes probablement déjà demandé s'il valait mieux laisser les champs en pâturage ou les faucher pour le foin. Si l'herbe est très haute dans les pacages, le piétinement par les animaux peut être réduit en réduisant la superficie de ces champs. Le broutage est plus efficace lorsque les déplacements des animaux sont réduits. On doit ensuite décider du moment pour remettre les animaux au pâturage. Il est habituellement recommandé de ne pas faire brouter les champs dont l'herbe a moins de 15 cm (6 po), ni les champs où la repousse a moins de 30 jours, car l'herbe peut encore pousser s'il pleut. Si la période de repousse excède 30 jours, le pâturage devrait être brouté pour éliminer l'excès de végétation et relancer une autre repousse.

Il peut devenir nécessaire de compléter l'alimentation fournie par le broutage pour prévenir le surpâturage. Il faudra alors déplacer les animaux vers un pâturage « sacrifié » et leur donner un complément d'alimentation. Le bétail va habituellement préférer le pâturage, s'il y a accès, et continuera de brouter en détériorant le pâturage plutôt que d'accepter des aliments. Les producteurs constatent qu'ils ont besoin de moins de compléments d'alimentation et qu'ils obtiennent de meilleurs gains s'ils donnent ce complément assez tôt, avant que l'état du bétail soit affecté et que les pâturages aient commencé à se détériorer. Il ne faut pas attendre que le bétail et le pâturage dépérissent, et il est donc nécessaire de surveiller la situation. L'apport de rations équilibrées constitue la méthode d'alimentation la plus efficace.

La période de pacage peut être prolongée en intégrant d'autres cultures dans la rotation. La deuxième coupe de foin sert souvent à prolonger la période de repos des pâturages. D'autres cultures, comme les céréales, le sorgho, le chou fourrager, le ray-grass annuel, etc., peuvent être broutées durant l'été pour prolonger le repos des pâturages principaux. La moitié des fourrages est produite durant les 60 premiers jours de la saison et l'autre durant le reste de la saison. C'est pourquoi il est conseillé de planifier ses besoins en matière de pâturage et de semer une culture annuelle qui sera broutée à la mi-été ou en fin d'été. Il est important de prévoir ce qu'on entend faire et de ne pas être prisonnier de décisions prises à la dernière minute quand il est déjà trop tard.

Une gestion rigoureuse des pâturages permet d'en obtenir une production optimale sans sacrifier la production de l'année suivante pour récupérer les fourrages pour l'année en cours. Il faut permettre aux racines de se reposer, ne pas faire brouter les pâturages à l'excès et laisser suffisamment de végétation au sol pour permettre la reprise de la croissance lorsque les précipitations reviendront. Une bonne gestion des pâturages contribue à améliorer l'efficacité de la culture et de la récolte.