Photo d’un gomphe riverain se reposant sur une feuille (vue de la région dorsale)

La protection et le rétablissement des espèces en péril en Ontario

Le rétablissement des espèces en péril est un volet clé de la protection de la biodiversité en Ontario. La biodiversité – la diversité des organismes vivants sur la Terre – nous fournit de l’air et de l’eau propres, de la nourriture, des fibres, des médicaments et d’autres ressources dont nous avons besoin pour survivre.

La Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) représente l’engagement juridique du gouvernement de l’Ontario envers la protection et le rétablissement des espèces en péril et de leurs habitats. Dès qu'une espèce est désignée comme disparue de l’Ontario, en voie de disparition ou menacée aux termes de la LEVD, elle est automatiquement protégée contre toute forme de harcèlement. En outre, dès qu'une espèce est désignée comme en voie de disparition ou menacée, son habitat est protégé contre les dommages et la destruction.

Aux termes de la LEVD, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (le ministère) doit veiller à ce qu'un programme de rétablissement soit élaboré pour chaque espèce inscrite à la liste des espèces en voie de disparition ou menacées. Un programme de rétablissement offre des conseils scientifiques au gouvernement à l’égard de ce qui est nécessaire pour réaliser le rétablissement d’une espèce.

Déclarations du gouvernement en réponse aux programmes de rétablissement

Dans les neuf mois qui suivent l’élaboration d’un programme de rétablissement, la LEVD exige que le ministère publie une déclaration qui résume les mesures que le gouvernement de l’Ontario prévoit prendre en réponse au programme de rétablissement et ses priorités à cet égard. Le programme de rétablissement pour le gomphe riverain (Stylurus amnicola) a été achevé le 25 juin 2015.

Cette déclaration est la réponse du gouvernement de l’Ontario aux conseils scientifiques fournis dans le programme de rétablissement. En plus de se fonder sur les renseignements fournis dans le programme de rétablissement, elle tient compte des commentaires reçus de la part de parties intéressées, d’autres territoires de compétence, des collectivités autochtones et du public. Cette déclaration reflète les meilleures connaissances traditionnelles, locales et scientifiques auxquelles on peut accéder en ce moment; elle pourrait être modifiée si de nouveaux renseignements deviennent accessibles. En mettant en œuvre les mesures prévues à la présente déclaration, la LEVD permet au ministère de déterminer ce qu'il est possible de réaliser, compte tenu des facteurs sociaux et économiques.

Le gomphe riverain est l’une des plus petites libellules de la famille des gomphidés. Il peut mesurer de 4,3 à 5,2 cm de longueur. La partie antérieure du thorax de cette libellule, qui vit dans les rivières et dans la végétation environnante, est ornée d’une étoile à trois branches distinctive.

Démarches futures pour protéger et rétablir gomphe riverain

Le gomphe riverain est considéré comme une espèce à risque en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition (LEVD), qui protège à la fois l’insecte et son habitat. Aux termes de la LEVD, il est interdit d’endommager ou de perturber cette espèce, et d’endommager ou de détruire son habitat, à moins d’y avoir été autorisé. Une telle autorisation exigerait que des conditions établies par le ministère soient respectées.

À l’échelle mondiale, la distribution du gomphe riverain se limite au centre et à l’est de l’Amérique du Nord. La population mondiale de l’espèce est considérée comme stable et, en 2014, on estimait les niveaux de population entre 2 500 et 10 000 individus. Le gomphe riverain se trouve dans 3 provinces canadiennes (Ontario, Québec et Manitoba) et dans 25 États des États-Unis. Aux États-Unis, l’espèce est considérée comme rare dans les États limitrophes de l’Ontario. Au Canada, on a repéré trois populations de gomphes riverains et la population des plaines des Grands Lacs (la seule en Ontario) est considérée comme en voie de disparition à la fois par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) et par le Comité de détermination du statut des espèces en péril de l’Ontario (CDSEPO).

Les tendances de population du gomphe riverain en Ontario sont actuellement inconnues en raison des dossiers limités concernant l’espèce. En Ontario, le gomphe riverain n'a été repéré que dans trois emplacements : aux ruisseaux Big Creek et Big Otter Creek, deux cours d’eau importants se jetant dans le lac Érié, et à la rivière aux Sables, dans le parc provincial Chutes. Le gomphe riverain a été observé pour la première fois en Ontario, à l’été 1999, au ruisseau Big Otter Creek. Depuis ce temps, l’espèce a été vue moins de 100 fois aux ruisseaux Big Creek et Big Otter Creek. En 2014, de nombreux individus ont été observés pour la première fois au parc provincial Chutes.

Comme son nom l’indique, le gomphe riverain se trouve dans de nombreux habitats riverains. L’espèce préfère les habitats riverains au lit sableux ou boueux, un mélange de masses d’eau en mouvement lent et rapide, une végétation continue tout au long des talus. Tout comme les autres libellules, cette espèce a besoin d’un environnement aquatique pour les larves et d’un environnement terrestre pour les libellules adultes. Il existe d’importantes lacunes de connaissances quant à la distribution, à l’abondance et à la biologie du gomphe riverain en Ontario. Ce manque d’information et le fait qu'il n'y ait aucune étude scientifique connue portant sur le gomphe riverain compliquent l’établissement des menaces propres à cette espèce. De plus, le gomphe riverain est difficile à détecter en raison de sa tendance à se percher sur les branches hautes des arbres entourant les cours d’eau qu'il habite.

Selon la biologie d’autres espèces étroitement liées et les connaissances restreintes disponibles sur le gomphe riverain, il semble que les principales menaces pour l’espèce soient la perte et la dégradation de l’habitat, la mortalité sur les routes, les espèces envahissantes et les contaminants de l’environnement. Selon le COSEPAC, les activités qui modifient la qualité, le pH, l’oxygène dissous, la température, le débit, la profondeur ou la quantité de sédiments de l’eau peuvent gêner le développement de l’espèce. La perte ou la dégradation de l’habitat terrestre (c'est-à-dire les rivages végétalisés) peuvent également représenter une menace. Les espèces envahissantes peuvent menacer autant la vie aquatique que la vie terrestre du gomphe riverain. Par exemple, le gobie à taches noires (Neogobius melanostomus) et l’écrevisse américaine (Orconectes rusticus) peuvent s'attaquer aux œufs et aux larves de l’espèce et les moules zébrées (Dreissena polymorpha) peuvent exercer une influence sur les gomphes riverains des stades aquatique et terrestre en modifiant leur habitat. La bioaccumulation des contaminants de l’environnement, comme les métaux lourds et les produits pharmaceutiques présents dans les cours d’eau occupés, peut également représenter une menace pour l’espèce. Les approches de rétablissement de l’espèce en Ontario se concentreront sur la réalisation d’un inventaire et sur la surveillance des activités de manière à acquérir une meilleure connaissance de la distribution, de la biologie, des niveaux de population et des menaces possibles de l’espèce, ainsi que sur la gestion de l’habitat existant afin de réduire les menaces pour l’espèce.

L’objectif du gouvernement pour le rétablissement de l’espèce

L’objectif du gouvernement en matière de rétablissement du gomphe riverain consiste à maintenir la viabilité et l’autosuffisance des populations dans l’aire de répartition de l’espèce en Ontario.

La protection et le rétablissement des espèces en péril sont une responsabilité partagée. Aucune agence ni aucun organisme n'a toutes les connaissances, l’autorité ni les ressources financières pour protéger et rétablir toutes les espèces en péril de l’Ontario. Le succès sur le plan du rétablissement exige une coopération intergouvernementale et la participation de nombreuses personnes, organismes et collectivités.

En élaborant la présente déclaration, le ministère a tenu compte des démarches qu'il pourrait entreprendre directement et de celles qu'il pourrait confier à ses partenaires en conservation, tout en leur offrant son appui.

Mesures menées par le gouvernement

Afin de protéger et de rétablir le gomphe riverain, le gouvernement entreprendra directement les mesures suivantes :

  • continuer à gérer l’habitat du gomphe riverain dans les zones protégées de la province afin de maintenir l’intégralité écologique de son habitat et de minimiser les menaces de pressions et d’impacts récréatifs
  • continuer à mettre en œuvre le Plan stratégique contre les espèces envahissantes de l’Ontario pour prendre en charge les espèces envahissantes (par exemple, gobie à taches noires, moules zébrées) qui menacent le gomphe riverain
  • renseigner les autres organismes et autorités qui prennent part aux processus de planification et d’évaluation environnementales quant aux exigences de protection prévues à la LEVD
  • encourager la soumission de données sur le gomphe riverain à l’entrepôt de données du ministère des Richesses naturelles au Centre d’information sur le patrimoine naturel
  • entreprendre des activités de communication et de diffusion afin d’augmenter la sensibilisation de la population quant aux espèces en péril en Ontario
  • Protéger le gomphe riverain et son habitat par l’entremise de la LEVD
  • appuyer les partenaires en conservation, et les organismes, municipalités et industries partenaires et les collectivités autochtones, pour qu'ils entreprennent des activités visant à protéger et rétablir le gomphe riverain. Ce soutien prendra la forme de financement, d’ententes, de permis avec des conditions appropriées, et de services consultatifs
  • encourager la collaboration, et établir et communiquer des mesures prioritaires annuelles pour l’appui gouvernemental afin de réduire le chevauchement des travaux

Mesures appuyées par le gouvernement

Le gouvernement appuie les mesures suivantes qu'il juge comme étant nécessaires à la protection et au rétablissement du gomphe riverain. On accordera la priorité aux mesures portant la mention « hautement prioritaire » en ce qui concerne le financement aux termes de la LEVD. Lorsque cela est raisonnable, le gouvernement tiendra également compte de la priorité accordée à ces mesures lors de l’examen et de la délivrance d’autorisation en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. On encourage les autres organismes à tenir compte de ces priorités lorsqu'ils élaborent des projets ou des plans d’atténuation relatifs à des espèces en péril. Le gouvernement ciblera son appui sur ces mesures hautement prioritaires au cours des cinq prochaines années.

Secteurs d’intervention : Surveillance et recherche

Objectif : Établir la distribution, l’abondance et les besoins en matière d’habitat du gomphe riverain et accroître les connaissances relatives aux processus vitaux et aux menaces pour l’espèce.

Nous en savons très peu au sujet de l’état actuel de l’espèce en Ontario et des diverses menaces pouvant mettre l’espèce en danger. En établissant les exigences en matière d’habitat de l’espèce, nous pourrons surveiller les populations actuelles et favoriser les enquêtes portant sur la recherche d’habitats convenables. Grâce à des programmes de dénombrement des habitats benthiques propres à une espèce et vastes, il sera possible d’estimer l’abondance de la population, d’étudier la présence possible sur d’autres sites et de surveiller les tendances au fil du temps. Si nous comblons nos lacunes de connaissances, nous serons mieux armés pour assurer la protection et le rétablissement du gomphe riverain en Ontario.

Mesures :

  1. (Hautement prioritaire) Établir et appliquer un protocole d’étude normalisé et surveiller le protocole pour :
    • réaliser des enquêtes sur la présence ou l’absence du gomphe riverain dans les zones comportant un habitat convenable où aucune observation n'a eu lieu;
    • estimer l’abondance du gomphe riverain aux emplacements existants;
    • cerner la structure des groupements végétaux présents aux emplacements existants; et
    • surveiller l’étendue de la mortalité sur les routes aux emplacements existants.
  2. (Hautement prioritaire) Établir la tolérance de l’espèce aux menaces, comme les changements de l’habitat aquatique, la contamination de l’environnement et les espèces envahissantes.
  3. Intégrer les recherches portant sur le gomphe riverain aux programmes de dénombrement des habitats benthiques pour les cours d’eau de l’Ontario.
  4. Entreprendre des recherches pour cerner les processus vitaux et les besoins en matière d’habitat de l’espèce (par exemple, taille moyenne des territoires et distance du butinage) à chacun des stades du développement (c'est-à-dire œuf, larve et adulte) afin de mettre en œuvre des mesures de protection et de rétablissement de l’espèce.

Secteurs d’intervention : Gestion de l’habitat et sensibilisation

Objectif : Maintenir et améliorer la qualité de l’habitat existant du gomphe riverain.

Il est important de collaborer pour maintenir l’habitat des sites actuels et de veiller à la survie de la végétation naturelle le long des cours d’eau occupés. Lorsque d’autres renseignements seront connus, nous pourrons entreprendre de nouvelles étapes pour réduire les menaces pour l’espèce et son habitat. Ainsi, les efforts collectifs pour protéger, maintenir et améliorer l’habitat cerné seront d’autant plus pertinents et importants.

Mesures :

  1. En collaboration avec les partenaires locaux, les municipalités et les organismes de protection de la nature, maintenir et améliorer l’habitat du gomphe riverain aux emplacements existants grâce à :
    • la restauration de la végétation naturelle qui borde les tronçons occupés des cours d’eau; et
    • le retrait des espèces aquatiques et terrestres envahissantes qui menacent l’habitat du gomphe riverain à l’aide de méthodes convenables.
  2. Réaliser des activités de sensibilisation afin de mobiliser l’attention des propriétaires fonciers, des gestionnaires de terres et des municipalités sur le gomphe riverain, son habitat et les stratégies pour prévenir la prolifération des espèces envahissantes aux emplacements existants.

Mise en œuvre des mesures

Le soutien financier pour la mise en œuvre des mesures de rétablissement approuvées pourrait être fourni par l’entremise du Fonds d’intendance des espèces en péril, ou du Programme d’encouragement des exploitants agricoles à la protection des espèces en péril. On encourage les partenaires en conservation à discuter de leurs propositions de projets liés à la présente déclaration avec le ministère des Richesses naturelles. Le ministère peut aussi conseiller ses partenaires à l’égard des autorisations exigées aux termes de la LEVD afin d’entreprendre le projet.

La mise en œuvre des mesures pourra être modifiée si les priorités touchant l’ensemble des espèces en péril changent selon les ressources disponibles et la capacité des partenaires à entreprendre des activités de rétablissement. La mise en œuvre des mesures visant plusieurs espèces sera coordonnée partout là où les déclarations du gouvernement en réponse au programme de rétablissement l’exigent.

Évaluation des progrès

Aux termes de la LEVD, le gouvernement doit évaluer l’efficacité des mesures de protection et de rétablissement visant une espèce au plus tard cinq ans après la publication de la présente déclaration en réponse au programme de rétablissement. Cette évaluation permettra de déterminer si des rectifications sont nécessaires pour en arriver à protéger et à rétablir l’espèce.

Remerciements

Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont pris part à l’élaboration du Programme de rétablissement pour le gomphe riverain (Stylurus amnicola) en Ontario pour leur dévouement en ce qui a trait à la protection et au rétablissement des espèces en péril.

Renseignements supplémentaires

Le déclaration du gouvernement de l’Ontario en réponse au programme de rétablissement pour le gomphe riverain est disponible en format PDF sur demande. Veuillez faire parvenir vos demandes de PDF par courriel à recovery.planning@ontario.ca.