Distribution en Ontario

L’herbe à la puce (Rhus radicans L.) est répandue dans tout le sud de l’Ontario. Plus au nord, on en trouve à peu près jusqu'à Cochrane et Kenora, mais la plante est plus abondante au sud d’une ligne reliant la rive nord du lac Huron à North Bay. Cette région comprend les zones densément peuplées de la province et les sites de villégiature courus. En anglais, la plante est connue sous le nom de poison ivy; on l’appelle aussi parfois poison oak, mais cette dernière appellation est impropre puisqu'elle désigne une plante des États américains du Sud et de la côte du Pacifique, absente en Ontario.

L’herbe à la puce a un mode de croissance et des habitats extrêmement variables. Elle pousse aussi bien en forêt comme en plein champ, dans des sols secs ou sableux, et dans des fissures de rochers comme dans des marécages, à l’orée des bois comme le long des clôtures ou des routes. On n'est jamais à l’abri de l’herbe à la puce, même pas dans son propre jardin où elle peut apparaître dans un massif de fleurs ou d’arbustes. On la trouve habituellement en colonies plutôt denses où les plants, bas, tapissent pratiquement le sol. Dans les comtés bordant le lac Érié, pousse aussi une forme sarmenteuse qui grimpe sur les arbres, les arbustes et les poteaux, et qui atteint parfois plusieurs mètres au-dessus du sol.

Description

L’herbe à la puce est une plante ligneuse vivace. Elle se présente soit comme une plante naine au port arbustif de quelques centimètres de haut seulement qui tapisse le sol (figure 1), soit comme une plante au port dressé de 60 à 90 cm (2–3 pi) de hauteur, ou comme une plante sarmenteuse qui s'accroche aux arbres, aux arbustes et aux poteaux de clôture et qui atteint une longueur considérable au-dessus du sol. Ces plantes grimpantes forment souvent des racines aériennes qui s'enroulent autour des arbres, mais qui n'endommagent apparemment pas les sujets auxquels elles s'accrochent.

« Si la plante a trois feuilles, n'y touchez pas! » Chaque feuille d’herbe à la puce est composée de trois folioles; la feuille est donc dite composée. (À la figure 3A, l’accolade (b) indique une feuille complète et, l’accolade et les flèches (c) les folioles individuelles.) Le pétiole (e) de la foliole centrale est plus long que les pétioles (f) des deux autres folioles. Les trois pétioles (e et f) sont réunis au sommet d’un pétiole beaucoup plus long (d) dont la base est fixée à la tige ligneuse à un noeud (a). Les feuilles sont dites alternes du fait qu'un seul pétiole s'insère sur la tige à chaque noeud tour à tour d’un côté et de l’autre de la tige.

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L'herbe à la puce avec son feuillage vert brillant en été.
Figure 1. L'herbe à la puce avec son feuillage vert brillant en été.

Au printemps et au début de l’été, les folioles ont, au moment où elles se déploient, une coloration rougeâtre ou vert bronze (figure 1, en bas à gauche) et pendent mollement à l’extrémité du pétiole dressé qui les relie à la tige. Elles deviennent peu à peu plus fermes et finissent par être à peu près à la même hauteur que l’extrémité du pétiole. Leur couleur passe aussi au vert foncé brillant. La face supérieure des folioles est presque lisse et parfois luisante comme du vernis. Dans les situations claires et ensoleillées, les feuilles prennent une coloration allant de rouge orangé à bourgogne à l’automne (figure 2). Dans les situations ombragées, les couleurs ne sont pas aussi vives; les feuilles deviennent ocre ou brun clair avant de tomber. Même si les folioles ont une forme légèrement ovale, leur forme et leur dimension varient considérablement. Les bords des folioles sont tantôt parfaitement lisses (figure 3A), tantôt finement ou grossièrement dentés (figure 3D) ou lobés profondément ou de manière inégale (figure 3E). Un fin duvet peut recouvrir tout le dessous des feuilles ou seulement le dessous des nervures. Ce duvet peut aussi être carrément absent.

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Les feuilles d'herbe à la puce peuvent prendre une coloration allant de rouge orangé à bourgogne à l'automne.
Figure 2. Les feuilles d'herbe à la puce peuvent prendre une coloration allant de rouge orangé à bourgogne à l'automne.

Peu après l’apparition des feuilles au printemps, des grappes de petites fleurs dressées d’un blanc verdâtre se développent chez certains plants. Ces grappes s'insèrent entre le pétiole et la tige (g). Les fleurs sont souvent cachées par les feuilles (figure 1, au centre). Pendant l’été, elles donnent de petites baies rondes et dures d’environ 5 mm (1/5 po) de diamètre (h). Une fois que les feuilles ont tombé à l’automne, l’herbe à la puce est facile à identifier par ses grappes de baies d’aspect cireux allant du gris au blanc (figure 3B) le long de tiges courtes érigées et dépouillées de leurs feuilles sur lesquelles alternent bourgeons et cicatrices laissées par les feuilles tombées. Les baies présentent des lignes longitudinales distinctives qui, si on les regarde de plus près, ressemblent à celles qu'on trouve sur une orange pelée. Certains fruits sont atypiques et peuvent même être pubescents.

L’herbe à la puce se multiplie par graines, mais aussi par drageons à la faveur d’un important réseau de tiges souterraines. Pour cette raison, le fait de détruire la partie aérienne de la plante ne détruit pas nécessairement la plante et n'élimine pas la possibilité que de nouvelles pousses lèvent à un moment donné.

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Herbe à la puce.
Figure 3. Herbe à la puce. A — Forme basse à tige cour-te et érigée avec une grappe de fleurs atta-chée à la tige, à l'aisselle de la feuille compo-sée. B — Grappe de fruits secs, blancs, sem-blables à des baies, produits par les fleurs. C-E — Variation dans le bord des folioles, plus ou moins lobées.

Plantes semblables mais inoffensives 

Bien des plantes font penser à l’herbe à la puce parce que leurs feuilles sont aussi formées de trois folioles. Voici comment les distinguer de l’herbe à la puce :

  • La clématite est une plante grimpante ou traînante mais qui a des feuilles opposées (deux feuilles composées s'insèrent à chaque noeud sur la tige) et, des fleurs blanches ou bleues plus grosses;
  • L’amphicarpe bractéolée et le ginseng à trois folioles sont des plantes sarmenteuses aux feuilles alternes (comme l’herbe à la puce), mais qui possèdent des grappes de petites fleurs purpurines ou brunâtres, comme celles du pois de senteur;
  • Les framboisiers, mûriers et ronces ont habituellement des tiges épineuses et des fleurs, allant du blanc au rose ou au rouge, pourvues de nombreuses étamines;
  • Les jeunes plants et rejets d’érable du Manitoba ont des feuilles opposées et présentent sur d’autres parties du plant une majorité de feuilles à cinq folioles;
  • La vigne vierge compte souvent sur le même plant des feuilles à cinq ou sept folioles et ses baies sont bleuâtres.

En cas de doute cependant, il vaut mieux s'abstenir de toucher la plante jusqu'à ce qu'on ait pu l’identifier avec certitude.

Lutte contre l’herbe à la puce

On se débarrasse de l’herbe à la puce en déterrant et en arrachant les racines et les tiges, ou en utilisant certains herbicides (désherbants chimiques). Les herbicides présentent certains avantages sur les méthodes mécaniques. Entre autres, on risque moins de contracter une dermatite par le contact direct avec l’herbe à la puce ou indirect avec des outils ou autres objets contaminés, si l’on opte pour la lutte chimique. Il est par ailleurs habituellement plus simple et plus efficace d’utiliser un herbicide, en observant bien les précautions et le mode d’emploi, que de recourir à la méthode mécanique (comme il est presque impossible d’arracher tous les fragments de tige souterraine, il faut s'attendre tôt ou tard à une repousse). Il faut savoir cependant que tous les herbicides qui détruisent l’herbe à la puce risquent aussi de tuer ou d’endommager la végétation qui pousse à proximité. Si l’herbe à la puce se situe en plein massif de vivaces ou sous une haie ou qu'elle s'accroche à un arbre décoratif, on n'a d’autre choix que de couper les tiges et de déterrer les racines. Ce faisant, il faut bien se protéger par des gants et des vêtements de protection. Il faut aussi veiller à ce que personne ne puisse se contaminer par inadvertance avec des outils, des racines, des tiges ou des feuilles ou, par la fumée, si on brûle les plants (voir sous Effets nocifs).

Voici plusieurs herbicides qui donnent de bons résultats dans la lutte contre l’herbe à la puce :

  • amitrole,
  • amitrole T,
  • sulfamate d’ammonium,
  • glyphosate,
  • mélanges de 2,4 D et de mécoprop et/ou de dicamba.

Ces herbicides sont vendus en différentes concentrations et sous différentes appellations commerciales ou marques, d’où l’impossibilité dans la présente fiche technique de don-ner des instructions détaillées sur la façon de préparer les mélanges et de faire les traitements. Se reporter à l’étiquette pour tous les détails sur l’utilisation du produit. Bien observer le mode d’emploi indiqué par le fabricant. Par mesure de sécurité, lire attentivement l’étiquette et prendre toutes les précautions indiquées.

Les herbicides recommandés ont habituellement un maximum d’efficacité entre le moment où le feuillage est pleinement déployé et le moment où la plante entre en dormance, soit habituellement entre le 15 juin et le 31 juillet. Il peut y avoir une certaine repousse après le traitement. Il faut donc examiner périodiquement la zone traitée et répéter le traitement aussi souvent que nécessaire. C'est de cette manière qu'on peut parvenir à éliminer complètement l’herbe à la puce.

L’utilisation d’un pulvérisateur de 2–3 gallons est le moyen le plus pratique d’appliquer les herbicides sur les talles d’herbe à la puce. Un bon recouvrement de chacune des plantes est essentiel pour un effet maximal. Toutes les feuilles et les tiges doivent être mouillées à fond jusqu'à la ligne de sol.

Attention! Même à ce stade, il faut faire preuve de prudence, car la simple manipulation des feuilles mortes suffit à provoquer un empoisonnement.

Pour plus d’information sur les herbicides (choix du bon herbicide, précautions à prendre, utilisation et matériel nécessaire aux traitements), consulter la publication 75F du MAAARO, Guide de lutte contre les mauvaises herbes.

Effets nocifs 

L’herbe à la puce cause des irritations pénibles de la peau aux personnes qui y deviennent sensibles. La substance vénéneuse que contient la plante est une huile qui se trouve à la fois dans les racines, les tiges, les feuilles et les fruits. Toute partie de la plante qui est déchirée ou endommagée libère cette huile qui risque d’entrer en contact avec des parties du corps non protégées, soit directement soit par la manipulation d’objets contaminés.

L’huile peut adhérer aux vêtements, particulièrement aux bottes, aux outils ou aux paniers à pique-nique. Il est alors facile de se contaminer les mains et le visage après avoir touché ou frôlé ces objets ou les avoir pris dans nos mains, et de contaminer des personnes n'ayant eu aucun contact direct avec la plante.

Les animaux domestiques peuvent aussi être contaminés s'ils marchent sur des talles d’herbe à la puce. Même si les animaux ne réagissent pas au poison, une personne sensible peut être empoisonnée simplement en flattant un animal contaminé. On dit que l’huile peut même se volatiliser lorsque les plants sont soumis à la chaleur d’un feu de camp par exemple, ou d’une braise. La vapeur ainsi formée peut être portée par la fumée. Elle risque alors de provoquer des réactions très graves chez une personne sensible qui l’inhalerait. L’huile peut aussi jaillir de la plante comme d’un atomiseur lorsque les feuilles sont écrasées. Le jet ainsi produit risque alors de contaminer une personne qui se trouverait à proximité ou ses vêtements, même si la personne n'a aucun contact direct avec la plante.

La sensibilité à l’herbe à la puce varie énormément d’une personne à l’autre. De nombreuses personnes ne réagissent même pas à son contact. Ces dernières ne doivent toutefois pas présumer qu'il en sera toujours ainsi.

Réactivité croisée

Étant donné que plusieurs autres espèces de plantes sont apparentées à l’herbe à la puce et au sumac à vernis, les plantes apparentées ou certains de leurs produits peuvent provoquer une dermatite semblable chez les personnes sensibles. Par conséquent, si quelqu'un a été sensibilisé à l’herbe à la puce, cette personne peut à l’avenir réagir à des substances comme la pelure de mangue, la laque du Japon, les marqueurs à l’encre de Chine, l’huile extraite des coques de noix d’acajou comme on en trouve sur certains bâtonnets à cocktail de fantaisie, et la pulpe du fruit du ginkgo.

Importance de l’identification et de la coopération

L’herbe à la puce fait partie des mauvaises herbes nuisibles qui figurent dans la Loi sur la destruction des mauvaises herbes (Ontario). Cette loi réglemente la maîtrise de certaines mauvaises herbes dans les zones où elles posent un problème. Chaque conseil municipal, par l’intermédiaire de son inspecteur des mauvaises herbes, est responsable du degré de lutte qui s'effectue sur le territoire de la municipalité.

Tout citoyen devrait se faire un devoir d’apprendre à identifier l’herbe à la puce. Les conseils municipaux, les services de voirie, les propriétaires de sites de villégiature, les responsables de parcs et de zones de conservation et le public en général sont invités instamment à combattre cette mauvaise herbe chaque fois que cela est possible. Cette lutte nécessite un effort collectif. La responsabilité ultime repose sur chaque citoyen à qui il appartient d’apprendre à identifier la mauvaise herbe, de montrer à son entourage comment la reconnaître et d’éviter tout contact avec elle.