La plupart des années, la cicadelle de la pomme de terre (CPT) est l'un des ravageurs les plus redoutables de la luzerne en Ontario. Ses déprédations sautent moins aux yeux que celles du charançon postiche de la luzerne ou de la légionnaire uniponctuée, mais elles sont plus chroniques et généralisées. Bon nombre de producteurs agricoles ne sont pas conscients de l'importance des dommages de la CPT, lesquels sont souvent attribués au temps chaud et sec souvent associé à sa présence. Les dommages dus à la CPT de terre s'observent fréquemment dans tout le sud de l'Ontario. La région de Niagara et les comtés au nord du Lac Érié sont particulièrement touchés, et les dommages y sont souvent majeurs.

Insectes minuscules, verts et cunéiformes

La cicadelle de la pomme de terre ne survit pas à l'hiver en Ontario, mais y migre chaque année, habituellement autour de la fin mai, portée par les vents en provenance des États américains voisins du golfe du Mexique. La CPT mesure environ 3 mm (1/8 po) de longueur, elle est vert lime et cunéiforme et pond quelques œufs par jour qui éclosent environ neuf jours plus tard, dans les tiges et les pétioles de la luzerne. Les jeunes cicadelles, aussi appelées nymphes, mesurent environ 1 mm (1/32 po) au moment d'éclore. Elles ressemblent aux adultes, sauf qu'elles n'ont pas d'ailes. On les trouve souvent sur le revers des feuilles.

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Les cicadelles de la pomme de terre sont des insectes ailés vert pâle et cunéiformes. Les nymphes, immatures, sont plus petites et sans ailes.
Figure 1. Les cicadelles de la pomme de terre sont des insectes ailés vert pâle et cunéiformes. Les nymphes, immatures, sont plus petites et sans ailes.

Croissance explosive

L'intervalle entre les générations est court, soit environ 25 jours de la ponte au stade adulte, ce qui permet à la cicadelle de connaître une croissance explosive. Les producteurs qui parcourent leur champ de luzerne au cours de la deuxième ou troisième fauche voient souvent des cicadelles qui volent ou sautent de côté lorsqu'on les dérange. Les cicadelles se nourrissent d'une grande variété de plantes, dont les haricots comestibles. Les méthodes de lutte biologique n'ont pas été très efficaces. Le gel automnal les tue.

Brûlure de la cicadelle

La cicadelle se nourrit en enfonçant son stylet dans la nervure médiane des feuilles où elle ponctionne la sève des plants, et y injecte sa salive qui contient une toxine. Cette dernière entraîne une croissance anormale des cellules et altère le transport des fluides et des éléments nutritifs dans les feuilles. C'est ce qui donne la brûlure caractéristique de la cicadelle, qui se manifeste au début par des taches jaunâtres cunéiformes en « V » à la pointe des feuilles (figure 2).

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Symptômes de la brûlure de la cicadelle.
Figure 2. Symptômes de la brûlure de la cicadelle.

Dommages

Les dommages causés par les déprédations de la cicadelle de la pomme de terre compromettent l'élongation des tiges, nuisent à la croissance des racines et provoquent l'enroulement des feuilles et le rabougrissement du plant. Une infestation grave peut entraîner jusqu'à 50 % de pertes de rendement, et une diminution de la teneur en protéines. Le manque de vigueur du peuplement ralentit la repousse après une coupe, ce qui expose davantage la culture à la destruction par l'hiver. Les plantules sont très vulnérables. La plupart des dommages surviennent entre juin et la mi-août. Les symptômes sont parfois confondus avec des carences nutritives ou des dommages causés par les herbicides et sont souvent attribués aussi à la sécheresse.

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Les dommages causés par la cicadelle de la pomme de terre sont plus graves chez les plantules et les jeunes repousses.
Figure 3. Les dommages causés par la cicadelle de la pomme de terre sont plus graves chez les plantules et les jeunes repousses.

Dépistage

Comme les pertes économiques surviennent avant l'apparition des symptômes, il est important de repérer les infestations de cicadelles avant que ces dernières aient fait trop de dommages. Il est particulièrement important de surveiller les plantules. Le dépistage à l'aide de filets-fauchoirs permet de déterminer s'il y a lieu d'avancer la date de coupe ou de procéder à une pulvérisation. Faire le dépistage tous les cinq à sept jours, en commençant après la première fauche. Pour déterminer le nombre de cicadelles, y compris les adultes et les nymphes, compter les sujets capturés avec 10 balayages et diviser ce chiffre par 10. Répéter le processus à 5 endroits représentatifs du champ et noter également la hauteur de la luzerne. Les seuils d'intervention recommandés sont indiqués au tableau 1.

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Dépistage.
Figure 4. Dépistage.
Tableau 1. Seuils d'intervention pour la cicadelle de la pomme de terre dans la luzerne
Hauteur des tigesNombre de cicadelles par balayage
9 cm (3,5 po)0,2 adulte
15 cm (6 po)0,5 adulte
25 cm (10 po)1,0 adulte ou nymphe
36 cm (14 po)2,0 adultes ou nymphes

Il est important de fonder la décision d'effectuer des traitements contre la CPT sur les seuils d'intervention, car la pulvérisation d'insecticides sur la luzerne élimine aussi les insectes utiles, qui sont les ennemis naturels de la CPT et du charançon postiche de la luzerne.

Variétés résistantes au CPT

Récemment, de nouvelles variétés de luzerne résistantes à la cicadelle de la pomme de terre ont été mises au point. Ces variétés possèdent une fine pubescence glandulaire sur les feuilles et les tiges qui leur confèrent une tolérance à la CPT. Les seuils d'intervention pour les variétés hautement résistantes, après l'année d'établissement, peuvent être quatre fois plus élevés que ceux qui sont indiqués au tableau 1. Toutefois, les poils glandulaires ne sont pas entièrement sortis durant l'année d'établissement, et alors que les variétés résistantes peuvent grandement réduire les dommages attribuables à la CPT, il peut tout de même y avoir des réductions de rendement. Les plantules des variétés résistantes à la CPT devaient être surveillées et il pourrait être nécessaire de les traiter lorsque la pression de la CPT est élevée. Voici les variétés hautement résistantes qui sont actuellement homologuées :

  • Quality Seeds' FSG400LH;
  • Growmark's WL345LH et WL352LH;
  • Pioneer's 53H92;
  • Pickseed's Trailblazer 4.0.

Pour plus d'information sur les caractéristiques de rendement de ces variétés, consulter le rapport intitulé Plantes fourragères - Comportement des variétés recommandées à l'adresse suivante : GOForages. Se rappeler que les données sur les indices de rendement proviennent d'endroits où les dommages attribuables à la CPT sont peu importants. La poursuite des essais sur les croisements et les rendements de la luzerne permettra de mettre au point un plus grand nombre de variétés à rendement élevé qui sont également hautement résistantes à la cicadelle de la pomme de terre.

Les variétés résistantes à la CPT sont particulièrement utiles aux producteurs de la région de Niagara et du Lac Érié où la CPT cause habituellement des dommages. Pour les producteurs qui ne font pas de dépistage ou n'effectuent pas de traitements pour lutter contre la CPT, l'utilisation des variétés résistantes à la CPT pourrait représenter une méthode de lutte facile et pratique.

Dépistage

Consulter les méthodes de lutte antiparasitaire contre la cicadelle de la pomme de terre (publication 812F du MAAARO, Guide de protection des grandes cultures 2012) ainsi que les étiquettes de produit pour de l'information sur les insecticides.

Matière activediméthoate
Nom commercialCygon 480 EC
Lagon 480 EC
Dose par hectare (produit)425 mL
Dose par acre (produit)170 mL
Délai d'attente avant
récolte (jours)
2
RemarquesApplication terrestre ou aérienne. Ne pas appliquer pendant la floraison. Maximum de 2 applications/an.
Matière activecyhalothrin-lambda
Nom commercialMatador 120 ESilencer 120 EC
Dose par hectare (produit)83 mL
Dose par acre (produit)34 mL
Délai d'attente avant récolte (jours)3 (pâture du bétail)
RemarquesLaisser s'écouler 7 jours entre les traitements. Maximum de 3
applications/an. Délai de sécurité après traitement : 24 heures.