En Ontario, la jaunisse de l'aster cause périodiquement aux cultures de laitue, de céleri et de carotte des dégâts, qui sont à l'occasion très étendus. Cette maladie est imputable à un organisme de type mycoplasme (AYP) et est propagée par la cicadelle de l'aster, Macrosteles phytoplasma (AYP) (figure 1).

Image

Figure 1. Cicadelle adulte et nymphe au 4e stade

Dans le sud de l'Ontario, la cicadelle de l'aster produit de trois à cinq générations par année et hiverne à l'état d'oeuf. Parfois, les populations provenant du sud des États-Unis atteignent l'Ontario et contribuent à l'infestation. Par ailleurs, certaines cicadelles étant porteuses de l'AYP, répandront la jaunisse dans leur nouveau milieu. La cicadelle et l'AYP ont tous deux un grand nombre de plantes-hôtes, ce qui explique les fluctuations annuelles de l'incidence de la jaunisse de l'aster dans les cultures.

Biologie de la cicadelle

En Ontario, la cicadelle de l'aster hiverne à l'état d'oeuf à l'intérieur du tissu foliaire de céréales d'hiver, comme le blé et le seigle (figure 2). La couche de neige favorise la survie des oeufs; en effet, les adultes ne survivent pas à l'hiver dans le sud de l'Ontario. Les oeufs éclosent et les nymphes apparaissent lorsque le nombre de degrés-jours nécessaires à leur développement est atteint. Il faut environ 130 degrés-jours au-dessus de 9 oC, à hauteur d'herbe, pour favoriser la maturation de l'oeuf. À cela s'ajoutent les 270 degrés-jours nécessaires à l'insecte pour qu'il atteigne le stade adulte. Avec la maturation des céréales d'hiver à la fin de mai et au début de juin, les premières générations locales de cicadelles se dispersent à la recherche d'hôtes favorables, comme les mauvaises herbes, les graminées et les légumes. Les céréales de printemps abritent parfois d’importantes populations de cicadelles pendant la saison de croissance.

Image

Figure 2. Blé d'hiver

Les cicadelles migratrices arrivent des États-Unis portées par un courant d'air chaud qui souffle en permanence du sud et accompagne les averses associées aux fronts froids. Leurs migrations sont intimement liées à la maturation des céréales, qui se fait d'abord dans le sud, puis dans le nord. Toutefois, comme les migrations sont régies par les vents et les températures, elles fluctuent d'une année à l'autre. L'incidence et la gravité des infestations sont donc liées à la dissémination locale des cicadelles et de la jaunisse dont elles sont porteuses, ainsi qu'à leurs migrations sur de grandes distances.

Dommages causés par la jaunisse de l'aster

Les cicadelles de l'aster porteuses de l'AYP se nourrissent de plantes sensibles en introduisant leurs pièces buccales dans les tissus du phloème. L'AYP n'est pas transmis immédiatement, car il doit d'abord se développer à l'intérieur de l'insecte. Cette phase se nomme incubation, et elle peut durer de deux à trois semaines. L'insecte, infesté, le sera toute sa vie.

Les cicadelles porteuses doivent se nourrir suffisamment longtemps d'une plante sensible avant de lui transmettre l’AYP. De même, l'agent pathogène doit se développer à l'intérieur de la plante avant que n'apparaissent les premiers symptômes. Chez les jeunes laitues et céleris, les symptômes de la jaunisse de l'aster se manifestent au bout de sept jours; ils se manifestent au bout de 14 à 21 jours chez les plants plus vieux (figures 3 et 4). La gravité de la maladie dans une culture dépend de l'importance de la population de cicadelles, de la proportion de porteuses au sein de cette population et de la capacité des porteuses de transmettre l'agent pathogène. La gravité de l'infestation n'est pas forcément liée au nombre de cicadelles. Certaines années, le pourcentage d'insectes porteurs est inférieur à 2 %, ce qui se traduit par un taux de jaunisse de l'aster inférieur à 1 % dans les cultures de légumes. Un pourcentage d'infection accru entraînerait probablement un taux de jaunisse plus élevé. En outre, des facteurs comme la température et l'humidité ont beaucoup d’influence sur la gravité des infestations. Pendant les étés chauds et secs, le nombre de cicadelles de l'aster et l'incidence des infestations de jaunisse diminuent; le temps sec nuit, par ailleurs, au développement des plantes-hôtes de la cicadelle. Cependant, une faible population de cicadelles comptant une grande proportion d'insectes porteurs (plus de 2 %) pourrait provoquer des poussées importantes de jaunisse de l'aster.

Image

Figure 3. Jaunisse de l'aster la laitue

Image

Figure 4. Jaunisse de l'aster sur le céleri

Plantes-hôtes sauvages

Les plantes-hôtes de la cicadelle de l'aster et de l'AYP sont très diversifiées et comprennent nombre de dicotylédones (mauvaises herbes à feuilles larges), de céréales et de graminées. Les mauvaises herbes qui croissent à proximité des cultures influent sur le nombre de cicadelles, car elles leur permettent de survivre. D'ailleurs, certaines mauvaises herbes qui poussent dans les cultures ont une incidence sur l'apparition de la maladie.

Plus de 300 espèces accueillent l'AYP. Ce sont notamment des céréales, comme le blé, l'avoine, le seigle et l'orge, et des mauvaises herbes communes en Ontario, comme le chiendent, le plantain, la chicorée, la renouée, le chénopode blanc, l'aster sauvage, le laiteron, l'herbe à poux, le tabouret des champs et la carotte sauvage. Dans la région du marais Holland, les hôtes favoris sont la matricaire odorante et le pâturin des prés (figures 5 et 6).

Image

Figure 5. Matricaire odorante

Image

Figure 6. Pâturin des prés

Moyens de lutte

Dans la région du marais Holland, les pertes de 15 à 50 % dans la production de laitues résultent de graves manifestations de la jaunisse de l'aster. La proportion ou le pourcentage de cicadelles porteuses est difficile à déterminer, mais une technique permet de vérifier leur degré d’infectiosité. Malheureusement, cette technique n’est pas encore commercialisée en Ontario.

L'épidémiologie de la jaunisse de l'aster repose sur trois paramètres : l'infectiosité des cicadelles, leur nombre et le taux de contamination de la jaunisse de l'aster. Actuellement, seules les données portant sur le nombre de cicadelles et sur la proportion d’insectes infectés peuvent être recueillies sans qu'il en coûte trop cher. Les années où les populations de cicadelles sont élevées, la présence de plantes sauvages comme hôtes intermédiaires leur permet de se maintenir et de survivre, car elles leur fournissent la nourriture et les lieux de reproduction nécessaires au moment de la dispersion ou en l'absence de plantes cultivées. Une forte infectiosité des cicadelles accroîtra l'exposition des plantes sauvages à la jaunisse de l'aster. Ces plantes deviendront à leur tour sources de maladie. Les mauvaises herbes vivaces serviront de réservoir abritant la jaunisse de l'aster et seront associées à l'incidence de la maladie à la saison suivante.

Il existe deux méthodes de contrôle des cicadelles. Des pièges collants jaunes ou orange peuvent servir à contrôler les cicadelles de l’aster dans les laitues, les céleris et les carottes, il faut toutefois les vérifier quotidiennement pour pouvoir déceler les fluctuations rapides de la population (figure 7). La chronologie est essentielle en ce qui concerne ce ravageur. La méthode des pièges collants est efficace afin de déceler les augmentations importantes de la population de cicadelles d’une région.

Les filets fauchoirs de nylon ou de tissu permettent de contrôler les cicadelles dans un champ en particulier. La cicadelle de l’aster vole sur de courtes distances entre les plantes selon le régime des vents. Les filets fauchoirs sont plus efficaces quand la vitesse du vent est faible et lorsque le feuillage est sec. Pour les carottes, les céleris et les laitues, il faut prendre note du nombre de cicadelles de l’aster capturées par 100 balayages. Un balayage équivaut à un passage au-dessus du feuillage, et on recommande d’effectuer 20 balayages en cinq points d’un même champ.

Image

Figure 7. Pièges collants jaunes

Le seuil de traitement varie non seulement selon le type de laitue, de céleri et de carotte, mais aussi d’une année à l’autre, en fonction du potentiel pathogène prévu de la jaunisse de l’aster. En début de saison, on peut déterminer l’infectiosité des cicadelles en suivant l’évolution des populations aux États-Unis et en faisant subir des tests aux cicadelles locales. L’infectiosité combinée au nombre d’insectes capturés dans le filet fauchoir permettent de déterminer le potentiel pathogène annuel.

L’indice de jaunisse de l’aster (IJA) permet de déterminer s’il faut traiter une culture. On calcule l’IJA en multipliant le degré d’infectiosité par le nombre moyen de cicadelles capturées par 100 balayages. (Taux d’infectiosité) ´ (100 balayages) = (indice de jaunisse de l’aster)

Voici le seuil de traitement de la carotte, du céleri et de la laitue par rapport à leur IJA :

Culture Indice de jaunisse de l’aster
Carotte - Résistante
100
Carotte - Intermédiaire
70
Carotte - Sensible
50
Céleri, romaine
30 - 35
Laitue pommée
20 - 25

En Ontario, on a négligé d’évaluer la tolérance à la jaunisse de l’aster de nombreuses variétés de carottes. La Spartan Bonus est jugée sensible, alors que la Six Pak II est considérée comme résistante. Pour les autres variétés, les maraîchers devraient adopter un IJA de 70.

Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter la publication intitulée Lutte intégrée contre les ennemis de l’oignon, de la carotte, du céleri et de la laitue en Ontario, no de commande 700F, ou communiquer avec votre conseiller local en production horticole auprès du MAAO.