Introduction

Qu'est-ce que le gazon en plaques?

Le gazon en plaques est un tapis de gazon à maturité produit par des exploitations pratiquant l'agriculture intensive. Le gazon est prélevé intact avec une mince couche de sol et transplanté ailleurs pour former instantanément une couverture gazonnée.

Quels sont les avantages du gazon en plaques?

La création d'une pelouse peut se faire par semis, mais la pose de gazon en plaques présente de nombreux avantages qui en font une meilleure solution. Le terrain a besoin de moins de jours d'arrosage après la pose de gazon en plaques qu'après l'ensemencement. Les terrains recouverts de gazon en plaques ne nécessitent en principe aucun traitement herbicide avant 2 à 4 ans. Le gazon en plaques protège le sol des dommages causés par le vent et l'eau, ce qui lui confère une valeur sur le plan de la lutte contre l'érosion. Les chances de réussite dans l'établissement de la pelouse sont plus grandes avec le gazon en plaques qu'avec les semis. La pose de gazon en plaques peut se faire en tout temps au cours de la saison de croissance, tandis que les périodes propices aux semis se limitent à certaines périodes de l'année. Une pelouse tondue présente peu d'attrait pour les rongeurs, serpents, couleuvres, tiques et autres organismes nuisibles, qui préfèrent la protection des herbes folles. De par son imposante masse racinaire qui se décompose pour former de l'humus, le gazon en plaques contribue par ailleurs à enrichir le sol.

Le gazon en plaques procure aussi des avantages du point de vue de la santé. Grâce au phénomène d'évapotranspiration, le gazon abaisse la température de l'air. Il absorbe les polluants atmosphériques, comme le dioxyde de carbone, et piège les particules de poussière, la saleté et les produits chimiques présents dans l'air. Grâce à la photosynthèse, une pelouse dégage une grande quantité d'oxygène dans l'atmosphère. La réduction des peuplements de mauvaises herbes contribue à limiter le pollen, cause de réactions allergiques. Un gazon luxuriant offre une aire de jeu pour les activités récréatives. Le gazon crée un bel environnement qui peut contribuer à rehausser la valeur d'un bien immobilier.

Petite histoire du gazon en plaques en Ontario

Le coup d'envoi de la production commerciale de gazon en plaques au Canada a été donné au début des années 1950 par un producteur en vue d'Alliston (Ontario), du nom de William Ruthven, un homme qui avait beaucoup voyagé et qui créa une gazonnière de 364 hectares (900 acres), la première du genre au Canada.

Le secteur de la production de gazon en plaques connut une croissance rapide à ses débuts. Les facteurs qui expliquent cet essor sont les suivants : au premier chef, l'arrivée sur le marché du pâturin des prés Marion, l'une des premières variétés de pâturin des prés de qualité supérieure possédant un système racinaire étendu, apte à produire rapidement des plaques de gazon commercialisables; la sortie sur le marché de la déplaqueuse de gazon, qui avait été mise au point vers la fin des années 1940; la relance de l'économie et l'augmentation des revenus, qui favorisèrent parallèlement l'augmentation de la demande de gazon en plaques pour tous les types de construction; et enfin, la mise au point des herbicides permettant de combattre les dicotylédones (mauvaises herbes à feuilles larges).

Type de terrain idéal pour la production de gazon en plaques

Il y a bien des facteurs à prendre en considération dans le choix de l'emplacement d'une gazonnière : le type de sol, le dégagement du terrain, le drainage, la maîtrise des eaux, le nivelage, les voies d'accès et la mise en place d'un réseau d'irrigation efficace.

Au même titre que le type de sol, il faut vérifier la profondeur du sol, voir si celle-ci est uniforme et si le niveau du terrain est le même dans tout le champ. Faut-il installer des tuyaux de drainage souterrain? Des fossés de drainage sont-ils nécessaires? Est-il possible d'enfouir plus profondément tout le réseau de drainage? Le loam sableux constitue le sol le meilleur pour la production de gazon en plaques. Même s'il est possible de pratiquer cette culture dans des terres noires ou des sols organiques, le rendement se trouve alors considérablement réduit. Les sols lourds ou l'argile compliquent beaucoup la récolte, car les plaques de gazon deviennent trop lourdes lorsqu'elles sont mouillées ou trop dures quand elles sont sèches. Le relief du sol doit être plat ou à peine vallonné, car les semences et plantules sont facilement emportées par l'érosion si le terrain est en pente. Choisir une zone bien drainée pour éviter la destruction par l'hiver. Les terres basses ont tendance à s'assécher plus lentement.

Graminées utilisées dans la production du gazon en plaques

De nombreuses espèces servent à la production de gazon en plaques. Le choix d'une espèce est guidé par ses caractéristiques propres, la demande et l'adaptation de l'espèce au milieu où le gazon sera transplanté.

Pâturin des prés : Gazon en plaques de pépinière obtenu à partir d'un mélange de semences d'un ou de plusieurs cultivars de pâturin des prés. Espèce fortement recommandée par la Nursery Sod Growers Association of Ontario (NSGA). Production vigoureuse de rhizomes et facilité d'adaptation aux milieux froids et humides, des caractéristiques qui en font l'espèce de graminée à gazon la plus utilisée en Ontario. Si l'espèce convient autant aux situations ensoleillées qu'aux situations partiellement ombragées, elle reste sensible à l'oïdium (blanc), une maladie qui cause l'apparition dans les zones ombragées de plaques de gazon clairsemé. Son beau vert et sa texture en font un gazon de haute qualité pour les pelouses résidentielles de même que pour celles des parcs, des cimetières, des institutions, des boulevards, des parcours de golf, des terrains de sport, des immeubles à bureaux et des zones commerciales. Il existe autour de 66 cultivars de pâturin des prés se prêtant à la culture du gazon en plaques en Ontario. Pour la liste à jour des cultivars qu'on trouve sur le marché, consulter la publication 384F du MAAARO, Recommandations pour la gestion des gazons. L'utilisation de mélanges réunissant de 2 à 4 cultivars de pâturin des prés est une pratique à privilégier dans la production commerciale de gazon en plaques. Ces mélanges mettent à profit la capacité d'adaptation de chacun des cultivars à des niveaux d'entretien faibles ou élevés, à des sols sableux ou lourds et à des situations ombragées ou ensoleillées. On obtient ainsi un gazon affichant une plus grande adaptabilité à son nouveau milieu.

Mélange pâturin des prés-fétuque à feuilles fines : Gazon en plaques de pépinière obtenu à partir d'un mélange de semences renfermant, en poids, de 90 à 95 % de semences de différents cultivars de pâturin des prés et de 5 à 10 % de semences de fétuque rouge traçante, de fétuque rouge gazonnante ou de fétuque ovine durette. Mélange tout usage passablement adapté aux situations ombragées, utilisé pour les pelouses des parcs, des cimetières, des institutions, des boulevards, des terrains de sport, des immeubles à bureaux et des zones commerciales.

Mélange fétuque à feuilles fines-pâturin des prés : Gazon en plaques de pépinière obtenu à partir d'un mélange de semences renfermant, en poids, de 60 à 70 % de semences de différents cultivars de pâturin des prés et de 30 à 40 % de semences de fétuque rouge traçante, de fétuque rouge gazonnante ou de fétuque ovine durette. Produit une pelouse moins attrayante, mais qui nécessite moins d'entretien. Mélange offrant une grande tolérance à l'ombre et à la sécheresse, d'où son utilisation dans des situations ombragées où l'entretien doit être minimal.

Mélange de la NSGA : Mélange de différentes espèces de graminées à gazon, dont l'agrostide stolonifère, le ray-grass vivace de type à gazon, la fétuque à feuilles fines, et autres, y compris le pâturin couché (Poa supina) et la puccinellie à fleurs distantes.

  1. Agrostide stolonifère : Espèce basse à texture fine, très dense. S'assortit de coûts d'entretien élevés pour la tonte et la lutte contre les maladies. S'utilise surtout sur les verts de golf, les terrains de boulingrin, les allées de golf et les tertres de départ.
  2. Ray-grass vivace à gazon : Espèce à texture moyenne, à feuilles brillantes et à croissance moyennement rapide qui affiche une bonne tolérance au piétinement, mais une résistance au froid insuffisante pour bien des régions de l'Ontario. Espèce habituellement utilisée pour les pelouses, les terrains de sport et les allées de golf. Le ray-grass vivace peut être mélangé avec du pâturin des prés. Comme il ne produit pas de rhizomes, il ne saurait toutefois représenter plus de 25 % du poids du mélange.
  3. Fétuques à feuilles fines : Feuilles très fines peu attrayantes. Ces fétuques comprennent la fétuque rouge traçante, la fétuque rouge gazonnante, la fétuque ovine durette et la fétuque ovine. Espèces adaptées à l'ombre, tolérantes à la sécheresse et convenant parfaitement aux endroits qui doivent nécessiter peu d'entretien. Les fétuques ont moins besoin d'azote et d'eau; on peut les mélanger avec du pâturin. L'utilisation de la fétuque rouge n'est pas très répandue dans les gazonnières commerciales en raison du peu de rhizomes qu'elle produit et de sa faible résistance aux taches foliaires. On l'utilise surtout à l'ombre, là où le sol est sec. On la mélange peu avec le pâturin des prés, bien qu'elle soit adaptée au plein soleil comme à l'ombre.
  4. Fétuque élevée à gazon : Espèce à texture grossière, résistante à la sécheresse et tolérante au piétinement. Elle est peu propice à la culture du gazon en plaques en raison d'une production insuffisante de rhizomes qui retarde la récolte et qui oblige à prélever une plus grande quantité de terre pour faciliter le transport. Elle ne peut être récupérée une fois endommagée. On l'utilise sur les terrains de sport et les terrains qu'on veut à faible entretien, où le gazon est coupé plus haut.
  5. Pâturin couché : Espèce tolérante à l'ombre et au piétinement.
  6. Puccinellie à fleurs distantes : Espèce tolérante au sel et à un pH alcalin.

Agronomie

Établissement

Avant d'ensemencer les champs, travailler le sol sur une profondeur de 20-25 cm. Dans la préparation du lit de semence, retirer toutes les pierres sur une profondeur d'au moins 10 cm (4 po). Effectuer des analyses de sol pour en déterminer le pH (et le corriger) avant l'établissement du gazon. Un chaulage permet de hausser le pH du sol à 5,5-6,0 en sols organiques et à 6,0-6,5 en sols minéraux. Veiller à ce que l'emplacement soit bien drainé, car les accumulations d'eau occasionnent des problèmes et des retards.

Avant les semis, débarrasser le champ des graminées vivaces envahissantes, comme le chiendent commun, l'agrostide, l'alpiste roseau, le sorgho d'Alep, le chiendent pied-de-poule et le souchet. Comme il est difficile de se débarrasser des digitaires dans les pelouses, une pulvérisation de Roundup, un herbicide non sélectif ayant une faible rémanence (7-10 jours), s'impose. Niveler le lit de semence en veillant à ce qu'il soit le plus lisse possible et qu'il soit exempt de débris et d'objet pouvant nuire à l'ensemencement et à la récolte. Utiliser un cultitasseur pour niveler le sol. Le nivelage du sol effectué immédiatement avant l'ensemencement dans le but d'éliminer les micro-dépressions permet, au moment de la récolte, de réduire la hauteur de la barre de coupe sans risque de scalpage. Effectuer cette opération quand le sol est sec afin d'éviter la formation de mottes ou l'encroûtement de la couche de surface.

Les semis de fin d'été sont ceux qui donnent les résultats les meilleurs, surtout sous des climats nordiques. L'ensemencement se fait généralement fin août début septembre, alors que les conditions d'humidité, de température et de croissance sont optimales. On utilise un semoir cultitasseur, un appareil composé d'un semoir qui dépose les semences à la bonne profondeur et de rouleaux qui enterrent celles-ci et affermissent le sol autour d'elles (figure 1). Compter de 1 à 2 semaines pour la germination, selon l'espèce et les conditions climatiques. Le gazon semé à l'automne doit avoir atteint une hauteur de 2,5 à 10 cm avant le gel et son système racinaire doit s'être suffisamment développé pour supporter les effets de la déshydratation et du déchaussage dus à l'hiver.

L'ensemencement peut également se faire au printemps, mais le gazon fait alors face à une concurrence accrue de la part des mauvaises herbes et des graminées annuelles. Il est également exposé à des facteurs de stress liés à l'humidité et à la température. Autant de conditions qui rendent difficile l'obtention d'un peuplement uniforme.

Le semis en dormance se pratique dans les régions où les températures restent longtemps sous zéro pendant l'hiver. Les chances de succès sont cependant moins grandes. Les semences germent au printemps, ce qui évite certains des inconvénients des semis printaniers. Cette méthode est valable dans les terrains qui ne sont pas sujets aux inondations et qui ne sont pas soumis aux érosions éolienne ou hydrique.

L'obtention d'un peuplement uniforme est primordiale. La méthode d'ensemencement varie selon le matériel dont on dispose. Les semoirs cultitasseurs (semoirs de type Brillion) (figure 2) sont ceux qui sont le plus utilisés, car, en une seule opération, ils déposent les semences à faible profondeur et tassent le sol autour de celles-ci. L'on ne saurait trop insister sur l'importance d'un contact étroit sol-semence. Les semis peuvent aussi se faire à la volée, après quoi il faut recouvrir les semences d'un peu de sol, puis passer un rouleau. Cette méthode demande toutefois plus de travail et n'est pas pratique pour les grandes superficies.

Privilégier l'utilisation de machinerie dotée de gros pneus plats ou de pneus basse pression, qui, contrairement aux pneus de camion, ne laissent pas d'ornières qui gênent les semis et la récolte. Les pneus larges exercent une moins grande pression sur le sol, ce qui réduit le compactage et l'orniérage lorsqu'on roule sur de nouveaux semis, des filets et de l'agrostide.

Un champ nouvellement semé.

Figure 1. Champ nouvellement ensemencé.

Semoir de type Brillion

Figure 2. Semoir de type Brillion

Entretien

Dans la culture du gazon en plaques, les producteurs doivent se préoccuper d'abord et avant tout de la formation d'un matelas racinaire en stimulant la croissance des stolons et la formation des racines et des rhizomes. Si la qualité de la partie aérienne de la culture est aussi importante à leurs yeux, elle l'est moins que la partie souterraine. Choisir une espèce qui s'enracine bien et qui produira rapidement un gazon qui se prêtera facilement au déplacage.

L'irrigation est très importante dans la culture du gazon en plaques, car elle remédie à l'absence de précipitations suffisantes et favorise la formation d'un matelas racinaire (figure 3). Les quantités d'eau exigées (jusqu'à 61 cm ou 24 po d'eau par saison de croissance) dépendent de la texture du sol, de l'abondance des précipitations, de l'évapotranspiration et du rythme de croissance du gazon. Trop d'eau soumet la culture à des facteurs de stress, comme la mauvaise oxygénation des racines, la prolifération des mauvaises herbes, l'apparition de maladies, en plus de nuire à la tonte. Une trop grande salinité de l'eau peut nuire à l'absorption de l'eau par les racines, ce qui retarde le moment de la récolte. La teneur optimale en matières dissoutes totales (salinité) d'une eau de qualité avoisine généralement les 700 ppm. Les sols sableux ou légers doivent être irrigués, plus particulièrement en juillet et en août, lorsque le temps est sec. Si de faibles arrosages fréquents sont de mise pendant l'établissement, il est préférable, une fois la culture à maturité, de faire des arrosages moins fréquents, mais plus abondants.

Commencer à tondre le gazon le printemps qui suit les semis ou dès que la tonte est possible. De nombreux producteurs utilisent des trains de tondeuses, ou encore de larges faucheuses rotatives (figure 4). La tonte stimule l'étalement du système racinaire qui, par ses rhizomes, forme un matelas racinaire suffisamment solide pour être récolté. Tondre le gazon tous les 4 à 5 jours, afin de favoriser la croissance latérale des pousses et induire du coup l'entremêlement des racines. Dans le cas du pâturin des prés, tondre le gazon tous les 2 à 3 jours. À chaque tonte, enlever tout au plus le tiers de la hauteur des plants. La hauteur de coupe idéale est de 3-4 cm dans le cas du pâturin des prés et des fétuques rouges, et de 1 cm ou moins dans le cas des agrostides. Si la pluie ou d'autres circonstances retardent la tonte, il faudra peut-être ramasser l'herbe coupée. Avant de récolter les plaques de gazon établi depuis un bon moment, procéder à une tonte verticale, afin de supprimer les plants morts et l'herbe coupée.

Les recommandations de fertilisation varient selon le type de sol et les cultivars utilisés. L'azote est le principal engrais d'entretien, sauf pour les terrains où des carences en éléments nutritifs sont observées. L'apport d'azote est important pour assurer une croissance rapide et la formation d'un matelas racinaire convenable. Les apports d'azote se font surtout au printemps et à l'automne, selon le moment des semis. On épand de l'azote à faibles doses durant l'été, au besoin, pour entretenir le gazon et rehausser sa couleur avant la récolte.

Irrigation par rampes pivotantes articulées caractéristique des gazonnières.

Figure 3. Système d'irrigation par rampes pivotantes articulées caractéristique des gazonnières.

Train de tondeuses à rouleau sur un champ de gazon en plaques.

Figure 4. Train de tondeuses à rouleau dans une gazonnière.

Besoins en azote du gazon de pépinière

Moment de l'année Taux d'azote
Avant les semis 50-90 kg de N/ha (50 sur les sols à texture fine et jusqu'à 90 sur les sols à texture grossière)
Le printemps qui suit les semis 70 kg de N/ha si la couverture végétale est inférieure à 85 %
35 kg de N/ha si la couverture végétale est supérieure à 85 %
De la mi-juin à la fin juin 50 kg de N/ha
Trois semaines avant la récolte 35 kg de N/ha
Si la récolte est reportée à la 2e année - septembre 35 kg de N/ha
Si la récolte est reportée à la 2e année - novembre 35 kg de N/ha
Si la récolte est reportée à la 2e année - fin mai 35 kg de N/ha

    Les doses de phosphore et de potassium doivent être déterminées par une analyse de sol. Pour connaître les apports de phosphore et de potassium recommandés en fonction des résultats des analyses de sol, voir la publication 384F, Recommandations pour la gestion des gazons.

    Pour corriger les soulèvements et dépressions causés par l'hiver, niveler le sol par un passage du rouleau trois ou quatre fois par an.

    Pour maîtriser les mauvaises herbes, faire les traitements herbicides peu après la récolte. Éliminer les graminées vivaces avant le nouveau semis. Parmi les graminées vivaces à combattre, le chiendent commun, l'agrostide, le souchet et le pâturin annuel sont les plus courantes dans les zones de culture fraîches et humides. La présence des mauvaises herbes diminue en principe après quelques années, à moins qu'il n'y ait une nouvelle source d'infestation. Contre la plupart des dicotylédones, utiliser du 2,4-D, du mécoprop ou du dicamba. En postlevée, pour maîtriser les graminées annuelles adventices comme les digitaires et les sétaires, faire deux applications espacées de 7 à 10 jours. Il est important de ne pas laisser les graminées vivaces monter à graines dans les fossés de drainage.

    Les dommages causés par les maladies et les insectes sont moins fréquents dans les cultures de gazon en plaques. Il est important de maîtriser les insectes qui s'attaquent aux racines et aux feuilles. Combattre particulièrement la punaise des céréales, la pyrale des prés et la noctuelle ponctuée. L'oïdium (blanc), la tache annulaire nécrotique et l'helminthosporiose du pâturin peuvent nuire à la formation du matelas racinaire de certains cultivars. Les maladies épargnent relativement le pâturin des prés.

    Cycle cultural

    En moyenne, le cycle cultural dure entre un an et demi et deux ans et demi, selon le climat et l'intensité de la gestion. Il est toutefois possible de récolter après une seule année de croissance. Le gazon en plaques est en demande entre la fin avril et la fin novembre. Il faut compter entre 3 mois et 2 ans pour produire une récolte de pâturin des prés commercialisable. Ce délai étant beaucoup plus long dans le cas des fétuques rouges. Pour devancer la récolte, choisir un cultivar qui produit rapidement un matelas racinaire (p. ex., le pâturin des prés).

    Qualité du gazon en plaques

    Voici quelles sont les caractéristiques d'un gazon en plaques de haute qualité :

    1. Il est uniforme.
    2. Il possède une bonne densité.
    3. Il est exempt des mauvaises herbes, des graines des mauvaises herbes, des maladies, des insectes et des nématodes que l'on redoute.
    4. Il a une couleur acceptable.
    5. Il présente un matelas racinaire résistant aux manipulations.
    6. Il a atteint une maturité suffisante en termes de réserves de glucides.
    7. Il renferme très peu de chaume.

    Le développement des rhizomes ou des stolons est le facteur qui influence le plus la solidité du matelas racinaire et la capacité d'enracinement du gazon en plaques.

    Récolte et expédition du gazon en plaques

    Le gazon en plaques est prêt à être récolté dès que les rhizomes et les racines se sont développés et noués suffisamment pour permettre la manutention des plaques sans risques de déchirement. Les plaques de gazon doivent être humides, sans l'être trop, afin d'éviter qu'elles ne soient trop lourdes et que leur transport ne coûte en conséquence plus cher. Des déplaqueuses mécaniques découpent des plaques d'une largeur de 30, de 45 ou de 60 cm (figure 5). L'épaisseur des plaques retirées dépend de l'espèce de gazon semé, du type de sol, de son uniformité et de l'importance du développement des rhizomes et des racines. Les plaques minces se manipulent plus facilement et s'enracinent plus vite que les plaques épaisses. Ces dernières sont cependant plus résistantes à la sécheresse. Les plaques de faible densité doivent être plus épaisses pour faciliter la manutention et compenser le développement insuffisant du matelas racinaire. La plage horaire optimale pour la récolte est entre 6 h et 8 h le matin, quand le sol est à son plus frais. En moyenne, on récolte 8 470 m² de gazon/hectare (4100 verges carrées/acre) (figure 6).

    Les déplaqueuses viennent en différentes largeurs. Chaque unité découpe 0,84 m² (1 verge carrée) et roule mécaniquement le gazon (figure 7). De nombreux producteurs utilisent la déplaqueuse de gazon Brouwer qui a été conçue, mise au point et fabriquée par Gerry Brouwer de Kenswick en Ontario. Parmi les innovations, il y a la déplaqueuse de gros rouleaux ou le système Brouwer sans palettes. La déplaqueuse de gros rouleaux permet la récolte de bandes de 60 cm de large, au rythme de 1 254 m² (1 500 verges carrées) à l'heure (figure 8). Elle permet de récolter du gazon plus jeune dont le matelas racinaire est moins résistant en insérant un filet sous le gazon au fur et à mesure que celui-ci est récolté. Parce qu'elle réduit les coûts de main-d'œuvre, la déplaqueuse de gros rouleaux peut générer davantage de profits. Ces gros rouleaux sont souvent utilisés pour recouvrir des terrains de sport et d'autres terrains de grande superficie. Après la récolte, le gazon en plaques est mis à bord d'un camion pour sa livraison aux clients (figure 9). Il est recouvert d'une toile humide qui l'empêche de s'assécher en cours de transport.

    Récolteuse mécanique de gazon en plaques classique.

    Figure 5. Récolteuse mécanique de gazon en plaques classique.
    Palettes de gazon en plaques dans le champ.

    Figure 6. Palettes de gazon en plaques dans le champ.

    Rouleaux mécaniques sur la récolteuse de gazon

    Figure 7. Enrouleuses mécaniques sur une déplaqueuse de gazon.

    Installation de gazon en plaques large.

    Figure 8. Installation de la déplaqueuse de gros rouleaux.

    Palette de gazon en plaques hissée sur un camion de transport.

    Figure 9. Palette de gazon en plaques hissée sur un camion de transport.

    Durée de conservation

    Par temps chaud, le gazon en plaques mourra de chaleur s'il n'est pas transplanté dans les 12 jours suivant la récolte (voir figure 10). À cause de sa vulnérabilité à la chaleur, le gazon en plaques est, la plupart du temps, produit dans un rayon de 50 km autour de la clientèle. Le gazon transplanté mourra également s'il manque d'eau. Les effets mortels de la chaleur sur le pâturin des prés peuvent être observés en 12 à 60 heures par une température de 40,5 °C. Plusieurs facteurs peuvent augmenter la température du gazon en plaques : la température élevée du sol au moment de la récolte, un haut niveau de fertilisation à l'azote, une irrigation excessive et la présence d'herbe coupée. Les maladies de la tache helminthosporienne du gazon contribuent également à augmenter la chaleur et, par conséquent, les risques de maladies. Le gazon en plaques est plus vulnérable à la chaleur lors de la production des graines. Il est possible, mais onéreux, d'installer un système de ventilation ou de refroidissement artificiel. En période de canicule, la pose du gazon en plaques doit se faire dans les 12 heures qui suivent la récolte, sans quoi la chaleur fait mourir les racines (figure 10). En raison de cette vulnérabilité à la chaleur, la plupart des gazonnières se situent dans un rayon de 80 km (50 milles) autour du marché desservi. Le gazon transplanté peut également mourir s'il manque d'eau. Les effets délétères de la chaleur sur le pâturin des prés peuvent être observés en 12 à 60 heures par une température de 40,5 °C (105 °F). Plusieurs facteurs peuvent faire monter la température du gazon en plaques : une température du sol élevée au moment de la récolte, un sol riche en azote, une irrigation excessive et la présence d'herbe coupée. L'helminthosporiose du pâturin fait augmenter la chaleur à l'intérieur du gazon en plaques, ce qui le rend plus sensible aux maladies. Les élévations de température se produisent surtout quand s'amorce l'épiaison. L'installation d'un système de ventilation ou de refroidissement artificiel est possible, quoiqu'onéreuse.

    Échec de transplantation de gazon en plaques.

    Figure 10. Échec d'une transplantation de gazon en plaques.

    Mise en marché

    Commercialisation

    Les gazonnières se situent généralement dans un rayon de 80 km (50 milles) autour du marché desservi, ce qui limite les frais d'expédition et évite la surchauffe du produit durant le transport. Le gazon en plaques produit en Ontario est vendu à l'intérieur de la province. Pour pouvoir être exporté, le gazon en plaques doit faire l'objet d'une inspection par Agriculture et Agroalimentaire Canada. Au Canada, le secteur de la production de gazon en plaques est dominé par l'Ontario et le Québec, suivis de près depuis quelques années par l'Ouest canadien.

    En pourcentages approximatifs du chiffre des ventes total, la production de gazon en plaques est destinée à 60 % au marché de la construction résidentielle et à 40 % aux différents marchés que représentent écoles, usines, terrains de sport et autoroutes. Ces dernières années, l'utilisation de gazon en plaques a augmenté sur les terrains de sport et les parcours de golf, mais a diminué sur les autoroutes.

    La demande de gazon en plaques dépend en bonne partie du marché du logement (figure 11). Ainsi, après 1991, le chiffre des ventes de gazon en plaques en Ontario a chuté de 41 %, en raison de la baisse des mises en chantier résidentielles. Une augmentation de la population et des mises en chantier s'assortit toujours d'une augmentation de la demande de gazon en plaques.

    Le rendement cible des producteurs avoisine les 11 364 m²/hectare/an (5 500 verges carrées/acre/an). Leurs prix de vente se situent entre 1,20 $ et 1,80 $/m2 (entre 1 $ et 1,50 $/verge carrée). Voici quelques chiffres à l'intention des producteurs : L'investissement s'élève à environ 12 355 $/hectare (5 000 $/acre); les coûts directs représentent de 50 à 60 % des produits d'exploitation; la production exige entre 185 et 210 heures de travail/hectare (75-85 heures/acre).

    Installation de gazon en plaques dans un nouveau lotissement.

    Figure 11. Technique habituelle de pose du gazon en plaques dans un nouveau lotissement.

    Perte de sol en cours de production

    L'importance de la perte de sol à la récolte dépend du moment de la récolte, du type de sol et de la teneur en eau de celui-ci. Selon une recherche menée à l'Université de Guelph (TPIC), 1 cm de sol est retiré à la récolte. Le sol retiré avec une plaque de gazon contient 9,4 mm de sol et 8,5 mm de chaume. Afin de régénérer le sol, bien des producteurs de gazon en plaques pratiquent cette culture en rotation avec des carottes et des pommes de terre. Après la récolte, beaucoup de racines restent sur place et sont enfouies dans le sol.

    Des agronomes pédologues ainsi que l'agence fédérale américaine Internal Revenue Service ont étudié la perte de sol consécutive à la culture de gazon en plaques et en ont conclu que ce type de culture ne risque pas d'épuiser la couche arable. Leurs recherches montrent que la culture du gazon améliore en réalité les terres cultivables en enrichissant le sol de matière organique et d'éléments nutritifs. Elles montrent aussi que le gazon protège le sol des érosions éolienne et hydrique en plus d'augmenter sa porosité, ce qui favorise la pénétration de l'eau.

    Il a été montré que, même avec les meilleures techniques de conservation, les cultures sarclées comme le maïs et le coton s'assortissent de plus grandes pertes de sol arable attribuables à l'érosion que la culture du gazon en plaques.

    Où est produit le gazon en plaques en Ontario et sur quelle superficie?

    Le gazon en plaques est cultivé partout au Canada, sauf dans les régions plus au nord où les basses températures, les longs hivers et les gels au sol tardifs retardent ou empêchent la croissance du gazon en plaques. Chaque année, l'Ontario consacre environ 4 411 hectares (10 900 acres) à cette culture.

    La NSGA et les caractéristiques du gazon en plaques

    La Nursery Sod Growers Association of Ontario (NSGA) a été constituée en 1960. Il s'agit d'un organisme indépendant financé par les cotisations de ses membres. Actuellement, ses 36 membres actifs réalisent environ 70 % des ventes de gazon en plaques en Ontario. La NSGA subventionne des recherches à l'Université de Guelph visant à déterminer les espèces, les cultivars et les techniques qui produisent une qualité supérieure de gazon en plaques à offrir sur le marché. La NSGA a recueilli 150 000 $ pour la construction du Guelph Turfgrass Institute, un centre de recherche d'une valeur de 1,5 million de dollars.

    Le gazon en plaques de pépinière est un gazon qui a été semé et cultivé dans une pépinière.

    Normes de qualité

    1. Gazon en plaques de pépinière de première qualité
      (Number One Grade Turfgrass Nursery Sod)

      Au moment de la vente, ce gazon en plaques doit être sain. Il peut contenir 1 dicotylodone/40 m2 et jusqu'à 1 % de graminées indigènes. Les graminées indigènes incluent toute autre espèce que celle qui a été semée. La densité des pousses doit être telle qu'on ne puisse pas voir le sol lorsqu'on se tient debout sur le gazon tondu à une hauteur de 4 cm. La hauteur de tonte doit se situer entre 3 et 7 cm, sauf dans le cas des plaques d'agrostide stolonifère pour lesquelles la hauteur de tonte est déterminée par l'utilisation finale. L'épaisseur du sol constituant la plaque ne doit pas dépasser 1,5 cm, mais cette donnée peut varier en fonction du site et du climat. La portion sol est généralement constituée à 50 %, en volume, de racines de gazon. Le gazon en plaques de pépinière de première qualité est recommandé pour les pelouses demandant un gazon attrayant de grande qualité, comme les pelouses résidentielles ou commerciales et celles des parcours de golf et des terrains de sport.

    2. Gazon en plaques de pépinière de qualité commerciale (Commercial Grade Turfgrass Nursery Sod)

      Au moment de la vente, ce gazon en plaques doit être sain. Il peut contenir jusqu'à 5 dicotylédones/40 m2 et jusqu'à 20 % de graminées indigènes. La densité des pousses doit être telle qu'on ne puisse pas voir le sol lorsqu'on se tient debout sur le gazon tondu à une hauteur de 4 cm. La hauteur de tonte doit se situer entre 3 et 7 cm, sauf dans le cas des plaques d'agrostide stolonifère pour lesquelles la hauteur de tonte est déterminée par l'utilisation finale. L'épaisseur du sol constituant la plaque ne doit pas dépasser 1,5 cm, mais cette donnée peut varier en fonction du site et du climat.
      Le gazon en plaques de pépinière de qualité commerciale est recommandé pour les zones où il faut lutter contre l'érosion, les bords des routes et les zones où l'entretien doit être minimal.

    Classement, description et usages du gazon en plaques de pépinière

    Gazon en plaques de pâturin des prés

    Gazon en plaques de pépinière composé d'un ou de plusieurs cultivars de pâturin des prés. Hautement recommandé par la NSGA, ce gazon en plaques tout usage est le meilleur choix pour les conditions climatiques de l'Ontario, que la situation soit ensoleillée ou partiellement ombragée. Sa couleur et sa texture en font un gazon attrayant de haute qualité, particulièrement pour les pelouses résidentielles. On l'utilise aussi pour les pelouses des parcs, des cimetières, des institutions, des boulevards, des parcours de golf, des terrains de sport, des immeubles à bureaux et des zones commerciales.

    Gazon en plaques de pâturin des prés et de fétuque à feuilles fines

    Gazon en plaques de pépinière obtenu à partir d'un mélange renfermant, en poids, de 90 à 95 % de semences de différents cultivars de pâturin des prés et de 5 à 10 % de semences de fétuque rouge traçante, de fétuque rouge gazonnante ou de fétuque ovine durette. C'est un gazon en plaques tout usage dont l'adaptation à l'ombre est moyenne. Il convient aux pelouses résidentielles ainsi qu'à celles des parcs, des cimetières, des institutions, des boulevards, des parcours de golf, des terrains de sport, des immeubles à bureaux et des zones commerciales.

    Gazon en plaques de fétuque à feuilles fines et de pâturin des prés

    Le gazon est cultivé en gazonnière à partir d'un mélange de graines contenant 60 à 70 % du poids en cultivars de pâturin des prés et 30 à 40 % de cultivars de fétuque rouge traçante, de fétuque rouge gazonnante ou de fétuque à feuilles rudes. Ce gazon moins joli et nécessitant moins d'entretien est très tolérant à l'ombre et à la sécheresse. Convient à toute pelouse demandant une tolérance à l'ombre ou un entretien minimal.

    Gazon en plaques de spécialité

    Gazon en plaques de pépinière obtenu à partir de semences de différentes espèces de gazon, notamment des espèces suivantes :

    • Agrostide stolonifère : Espèce à texture fine, très dense et de faible hauteur recommandée pour les verts de golf, les terrains de boulingrin, les allées de golf et les tertres de départ. Habituellement cultivée en monoculture d'un seul cultivar.
    • Ray-grass vivace à gazon : Espèce à texture moyenne, à feuilles brillantes et à croissance moyennement rapide qui affiche une bonne tolérance au piétinement, mais une résistance au froid insuffisante pour bien des régions de l'Ontario. S'utilise pour les pelouses, les terrains de sport et les allées de golf. Peut être mélangée avec du pâturin des prés.
    • Fétuques à feuilles fines* : Espèce moins attrayante, à texture très fine, bien adaptée à l'ombre et tolérante à la sécheresse. Convient à des endroits devant nécessiter peu d'entretien. Peut être mélangée avec du pâturin des prés. Espèce peu exigeante en azote et en eau.
    • Fétuque élevée à gazon : Espèce à texture grossière, résistante à la sécheresse et tolérante au piétinement. Incapable de se rétablir une fois endommagée. Résistance au froid insuffisante pour bien des régions de l'Ontario. Convient aux terrains de sport et aux zones devant nécessiter peu d'entretien qui sont tondues moins ras.
    • Autres espèces : Comprennent le pâturin couché (espèce tolérante à l'ombre et au piétinement), la puccinellie à fleurs distantes (espèce tolérante au sel et à un pH alcalin) et d'autres gazons spécialisés.

    *Comprend la fétuque rouge traçante, la fétuque rouge gazonnante, la fétuque à feuilles rudes et la fétuque ovine.

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