Les thrips de l'oignon (Thrips tabaci) ne s'alimentent pas que d'oignons, loin de là! Ils se nourrissent aussi de chou, de laitue en feuilles et de divers légumes et fruits, de grandes cultures et de nombreuses espèces de mauvaises herbes. Les thrips se distinguent d'autres insectes par leurs pièces buccales qui leur permettent de râper les parois cellulaires des feuilles et d'aspirer le contenu des cellules, dont la chlorophylle, ce qui laisse une trace brillante et translucide sur la feuille. Une femelle peut produire à elle seule jusqu'à 80 œufs qui éclosent en 5 à 10 jours. Le passage de l'œuf à l'adulte prend de 10 à 30 jours et une fois à maturité, les femelles commencent à pondre des œufs. Sous des conditions idéales, c'est-à-dire par temps chaud et sec, les populations de thrips peuvent croître très rapidement. Les thrips ont un cycle de vie relativement court et plusieurs générations se chevauchent durant les mois d'été.

Les thrips de l'oignon mesurent environ 1,5 mm de longueur; ils sont jaune pâle et bruns et se déplacent très rapidement. Ils peuvent se reproduire de manière asexuelle et les mâles sont rares. Les femelles possèdent deux paires d'ailes effilées et frangées qui s'étendent légèrement au-delà de l'abdomen et sept segments sur chaque antenne. La taille des larves, qui sont jaune pâle, est d'environ le quart à la demie de celle des adultes. Au stade prépupal et pupal, tous deux inactifs, les larves ne s'alimentent pas et sont habituellement présentes dans le sol autour des plants ou à la base du col.

En Ontario, les thrips passent habituellement l'hiver dans les champs de céréales, de trèfle, de luzerne ou de foin. Quand ces champs sont fauchés ou s'assèchent, de vastes populations de thrips se déplacent vers les champs avoisinants, habituellement au cours des deux premières semaines de juin. Les premiers thrips de la saison s'observent normalement près des bordures de champs. Par le passé, le dépistage des thrips a été effectué à l'aide de pièges collants lesquels facilitent leur identification lorsqu'ils commencent à se déplacer dans le champ.

Dans les plants d'oignons, les thrips ont tendance à s'alimenter dans les aisselles des feuilles sur les plus jeunes tissus foliaires. On peut dépister les premiers thrips de la saison en déchirant les feuilles et en observant le fonds des aisselles des feuilles. Étant donné que les premiers thrips survivent enfoncés dans la gaine foliaire, il est difficile de détecter dès le début les dommages aux feuilles. Des dommages graves surviennent quand les lésions deviennent si nombreuses que tout le plan devient blanchâtre ou de couleur paille. À mesure que les feuilles se développent, les dommages antérieurs prennent plus d'ampleur et laissent des stries caractéristiques sur les feuilles. L'alimentation des thrips accroît le stress sur les plants d'oignons et peut les rendre plus vulnérables aux agents pathogènes bactériens et fongiques. Une alimentation intense peut provoquer une déformation des feuilles, le flétrissement, le brunissement et de la verse prématurée, ce qui contribue dans l'ensemble à réduire les rendements de 50 %.

Les thrips devraient être dépistés et dénombrés avant de prendre la décision de traiter le champ. Examinez 25 plants et comptez le nombre total de thrips par plant, puis divisez par le nombre moyen de feuilles par plant pour obtenir le nombre moyen de thrips par feuille. Le seuil d'Intervention est normalement d'un adulte par feuille ou tout signe de trace argentée révélatrice de dommages. Afin de prévenir l'apparition de résistance, il est indispensable d'utiliser en alternance des insecticides de différents groupes, ayant des modes d'action différents. Dans le cas des thrips, des études antérieures ont montré que deux applications du même produit appliqué à 7 à 10 jours d'intervalle et ciblant la même génération de thrips peuvent être nécessaires pour que le traitement soit efficace.

Il y a actuellement de nombreux produits chimiques homologués contre les thrips, présentant chacun différents degrés d'efficacité. Agri-Mek SC (groupe 6), Malathion 85E (1 B), Dibrom(1 B) et Movento 240 SC(23) ont démontré une bonne efficacité. Movento 240 SC est systémique et présente une certaine activité résiduelle qui est plus efficace contre les larves lorsque le produit est appliqué plus tôt en saison. L'utilisation d'un surfactant ayant des propriétés pénétrantes peut se révéler utile pour maximiser l'efficacité des produits utilisés contre les thrips.

Il est important de se rappeler de supprimer les repousses spontanées d'oignons de l'année précédente ou provenant de champs voisins, car les populations de thrips peuvent se développer à partir de ces repousses tôt en saison. On peut aussi réduire les populations de larves de thrips de l'oignon tôt en saison en diminuant les quantités d'azote appliquées au moment de la plantation, ce qui peut aussi réduire la pourriture bactérienne plus tard au cours de l'entreposage. Des recherches ont aussi montré que des quantités inadéquates de calcium dans le sol peuvent favoriser des populations plus nombreuses de thrips plus tard en saison.

En ce qui a trait aux méthodes de lutte culturales et biologiques, les oignons aux feuilles bleues et qui présentent des teneurs en cire plus élevées sont plus vulnérables aux thrips que les variétés ayant de plus faibles teneurs en cire et des feuilles vertes. On a constaté que certains prédateurs naturels des thrips comme la punaise anthocoride, la chrysope, les acariens prédateurs, les coccinelles et les araignées s'attaquent aux thrips de l'oignon. Des recherches sont en cours sur la mise au point de champignons s'attaquant aux insectes et des essais d'élevage de masse et de lâchers de prédateurs naturels de thrips de l'oignon sont également effectués. Ces futurs moyens de lutte biologiques pourraient réduire le besoin d'insecticides chimiques si les méthodes sont précises et économiquement réalisables. Suivez ONVegetables.com pour plus de renseignements à jour concernant le thrips de l'oignon et pour des nouvelles sur d'autres cultures légumières.

Figure 1. Thrips de l'oignon visible sur des plants de repiquage en tirant sur les aisselles de feuilles.

Figure 2. Le premier stade (A) et le deuxième stade (B) larvaire du thrips de l'oignon.