Le mildiou est une maladie causée par un champignon aquatique, Pseudoperonospora cubensis, qui s'attaque uniquement aux concombres et aux espèces apparentées (gourdes, citrouilles, courges, melons). Cette maladie, qui atteint principalement le feuillage, peut causer de lourdes pertes en un court laps de temps.

Symptômes

Généralement, les symptômes apparaissent d'abord sur les feuilles âgées, dans la partie inférieure du feuillage. Les premiers symptômes du mildiou sont habituellement des taches jaunes angulaires sur le dessus des feuilles (figure 1).

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Taches jaunes angulaires aux contours nettement définis sur le dessus d'une feuille de concombre.
Figure 1. Taches jaunes angulaires aux contours nettement définis sur le dessus d'une feuille de concombre.
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Duvet attribuable à Pseudoperonospora cubenis sur le revers d'une feuille de concombre.
Figure 2. Duvet attribuable à Pseudoperonospora cubenis sur le revers d'une feuille de concombre.

Sur le revers des feuilles, sous les taches, un duvet gris violacé est parfois visible quand l'humidité relative est élevée ou que les feuilles sont mouillées (figure 2). Au fur et à mesure que la maladie progresse, les taches jaunes grossissent et se nécrosent ou brunissent, le brunissement progressant du centre vers le pourtour des lésions (figure 3). Ces taches peuvent fusionner et former de grandes plaques brunes sur les feuilles (figure 4). En s'étendant, les lésions finissent par faire mourir les feuilles atteintes. Le manque de tissus photosynthétisants provoque le rabougrissement des plants, une réduction du calibre des fruits et une piètre mise à fruits.

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Feuille de concombre présentant des taches brunes à la texture de papier caractéristiques du mildiou parvenu à un stade plus avancé.
Figure 3. Feuille de concombre présentant des taches brunes à la texture de papier caractéristiques du mildiou parvenu à un stade plus avancé.
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Fusion de nombreuses taches de mildiou entraînant la mort de la feuille.
Figure 4. Fusion de nombreuses taches de mildiou entraînant la mort de la feuille.

Cycle de la maladie

Pseudoperonospora cubensis est un parasite obligatoire, c.-à-d. un parasite qui a besoin des tissus vivants de l'hôte pour survivre. Il ne vit pas dans les débris au sol et rien n'indique qu'il survive à l'hiver au Canada. Occasionnellement, sous des conditions environnementales optimales, l'agent pathogène peut développer des spores à parois épaisses, appelées oospores, qui résistent à de basses températures et à des conditions de sécheresse. Cette situation se produit rarement, de sorte que les oospores ne sont pas considérées comme une importante source d'inoculum. Les infections dans les serres sont déclenchées le plus souvent par un autre type de spores (sporanges) qui pénètrent dans les installations depuis l'extérieur. Les infections observées localement dans les champs sont habituellement le fait de spores emportées par les courants d'air humide qui se dirigent vers le nord en provenance de régions éloignées, au climat plus doux, où le champignon peut survivre à l'hiver sur du matériel végétal.

Pour que l'infection se produise, il faut absolument qu'il y ait de l'eau sur les surfaces foliaires. Quand elles tombent sur une surface foliaire mouillée, les spores peuvent soit germer et infecter les feuilles en pénétrant par leurs pores (stomates), soit libérer une multitude de spores plus petites, appelées zoospores, qui nagent dans la pellicule d'eau à la surface des feuilles lorsque celles-ci sont mouillées et pénètrent dans les feuilles par les stomates et les infectent. Les températures les plus propices aux infections se situent entre 16 et 22 °C, les infections se déclenchant plus rapidement quand les températures sont plus douces. Pour que l'infection se produise, la période pendant laquelle les feuilles de concombre doivent rester mouillées est d'environ 12 heures à 10-15 °C, 6 heures à 15-19 °C et 2 heures à 20 °C. Environ 4-5 jours après l'infection, de nouvelles spores sont produites et libérées dans l'atmosphère, surtout le matin. Les spores peuvent se disséminer rapidement à l'intérieur de la serre, à la faveur des courants d'air humide ou au contact de vêtements, de doigts, de matériel et d'outils contaminés. Heureusement, les spores deviennent moins infectieux quand règnent dans la serre des conditions de températures élevées et de faible humidité.

Stratégies de luttes

Pratiques culturales

Maîtriser les conditions ambiantes dans la serre

Éviter la formation de rosée en chauffant et en ventilant la serre convenablement. Ce point est de toute première importance si l'on veut éviter de créer des conditions propices aux infections et à la prolifération de la maladie. Prendre particulièrement soin de chasser l'air humide hors de la serre en soirée et de garder le feuillage sec, surtout durant la nuit. Compte tenu des températures qui règnent normalement dans les serres, limiter l'humidité relative à tout au plus 70-75% (soit à environ 6,5-7,5 mbar ou 0,65-0,75 kPa).

Assainir

Retirer toutes les sources d'infection, comme les plants et feuilles infectés et les jeter, dans des sacs à ordures, loin du site. L'élimination peut comprendre l'enfouissement des débris de végétaux, pourvu que l'on s'assure d'un enfouissement convenable qui empêche les spores de s'échapper et d'infecter des champs voisins servant à la culture commerciale de cucurbitacées (citrouilles, courgettes, concombres, courges). Dans le voisinage de la serre, arracher toutes les mauvaises herbes, y compris les plants de la famille des cucurbitacées, de manière à se débarrasser de réservoirs éventuels de phytovirus et du champignon responsable du mildiou. Dans les serres où sévissent des infections, désinfecter les surfaces.

Assurer une bonne aération du feuillage

Espacer suffisamment les plants et les maintenir élagués et éclaircis afin de garantir une circulation d'air convenable.

Éviter de trop arroser

Un arrosage trop abondant a pour effet non seulement de produire des plants trop mous, qui sont plus vulnérables aux infections, mais aussi de provoquer, tôt le matin, la formation sur le pourtour des feuilles de gouttelettes d'eau (guttation) qui constituent des sites parfaits pour les infections par l'agent responsable du mildiou.

Éviter l'humidification ou l'arrosage par aspersion

Toute pratique culturale (p. ex. la brumisation) qui amène une augmentation de l'humidité sur les surfaces foliaires favorise la propagation de la maladie lorsque les spores du mildiou sont présentes dans l'air.

Fongicides

Voir la publication 836F du MAAARO, La culture des légumes en serre en Ontario, pour connaître les produits qui sont actuellement homologués. Les suppléments à cette publication sont accessibles sur le site du MAAARO, au www.ontario.ca/cultures.

Faire les traitements fongicides précocement

Si seulement quelques taches sont visibles sur un petit nombre de feuilles d'un même plant, la maladie en est encore aux premiers stades de son développement. Intervenir sans tarder, parce que les spores sont facilement portées par les courants d'air et parce que la maladie peut évoluer très rapidement quand les conditions environnementales y sont favorables. S'assurer d'un bon recouvrement de la culture, surtout dans le cas des traitements fongicides à action préventive.

Alterner les produits

Dans la mesure du possible, utiliser en alternance des produits appartenant à différents groupes chimiques, afin de réduire les risques que le champignon ne développe une résistance à un produit en particulier. En général, on utilise des fongicides systémiques combinés à des fongicides à action préventive. Comme pour tout produit phytosanitaire, toujours lire l'étiquette et suivre les recommandations du fabricant.

Ressources

  • Agrios, George N. Plant Pathology, 5e éd., 2005, p. 427-433.
  • Blancard, D., H. Lecoq et M. Pitrat. A Colour Atlas of Cucurbit Diseases: Observations, Identification and Control, 3e éd., 2005.
  • Menzies, J.G. et W.R. Jarvis, dans R.J. Howard, J.A. Garland et W.L. Seaman (Eds), Diseases and Pests of Vegetable Crops in Canada, 1994, p. 308.
  • University of Illinois, Extension. " Downy Mildew of Cucurbits ", Department of Crop Sciences, Report on Plant Disease, RPD no 927, avril 2001.

La version anglaise de la présente fiche technique a été rédigée par Gillian Ferguson, spécialiste de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures légumières en serre, MAAARO, Harrow; Ray Cerkauskas, phytopathologiste, Agricullture et Agroalimentaire Canada, Harrow; et Michael Celetti, phytopathologiste, MAAARO, Guelph.