Introduction

Au stade adulte, le scarabée japonais (Popillia japonica) mesure environ 13 mm de long et se reconnaît facilement à sa tête et son thorax vert métallique brillant, à ses ailes d'un brun métallique cuivré, teintées de vert aux extrémités, ainsi qu'aux six touffes de poils blanchâtres qui garnissent chaque côté de l'abdomen (Figure 1). Comme toutes les larves de scarabées, dont le hanneton commun (ver blanc) et le hanneton européen, celle du scarabée japonais est d'un blanc laiteux, a la forme d'un « C » et mesure environ 2 cm de long. Sa tête est brune, et son corps comporte trois paires de pattes. On la distingue des autres larves blanchâtres par la disposition en « V » des épines qui tapissent le dessous du dernier segment abdominal et forment le raster.

Disposition des épines sur le raster du scarabée japonais et du hanneton européen.

Figure 1. Disposition des épines sur le raster du scarabée japonais et du hanneton européen.

Distribution

Aux États-Unis, on trouve l'insecte dans de nombreux États. Au Canada, il existe quelques populations dans certaines parties du sud de l'Ontario et dans quelques endroits isolés du Québec. La dispersion de scarabées japonais semble limitée aux régions où la température moyenne du sol se situe entre 17,5 et 27,5 °C en été, où cette température se maintient près de - 9,4 EC en hiver, et où la précipitation estivale est constante à 25 cm. Agriculture Canada a signalé la présence de populations permanentes dans la péninsule du Niagara et d'Hamilton-Wentworth.

Dommages

Les insectes adultes minent le feuillage. Bien que les adultes ne causent aucun dommage aux pelouses, ils se nourrissent de feuillage et de fruits d'environ 300 espèces de plantes. Parmi leurs hôtes préférés, on retrouve : les rosacées (Rosa), les érables (Acer), les bouleaux (Betula), les sorbiers (Sorbus), les tilleuls (Tilia), et les arbres fruitiers tels les pommiers (Malus), les cerisiers, les pêchers et les pruniers (Prunus), les vignes (Vitis) et les bleuets (Vaccinium) - voir le tableau 1a et tableau 1b. Quelques plantes tels les géraniums (Pelargonium), le ricin (Ricinus communis) et les fleurs du marronnier d'Inde blanc (Aesculus parviflora) entraînent la paralysie et la mort des adultes.

L'insecte est nuisible pour les pelouses puisque, au stade larvaire, il tire sa subsistance des racines fasciculées des graminées. Les pelouses attaquées commencent par flétrir puis jaunissent en août et septembre. Au fur et à mesure que progressent les dommages, apparaissent des zones de pelouse morte. Bien qu'on attribue souvent ces symptômes à la sécheresse, ces zones, lorsque soulevées et retournées, laissent voir les larves en dessous. Les larves se nourrissent aussi des racines de plantes ornementales et de légumes.

Scarabées japonais adultes. Noter les feuilles minées par l'activité alimentaire des adultes.

Figure 2. Scarabées japonais adultes. Noter les feuilles minées par l'activité alimentaire des adultes.

Biologie

Il n'y a qu'une génération par année. Les adultes sortent du sol de la fin juin à la mi-juillet et ravagent fortement le feuillage des endroits ensoleillés durant 30 à 45 jours. Des températures voisines de 21 °C et une humidité relative de 60 % sont des conditions idéales pour l'envolée des scarabées adultes. Les vols cessent dès que la température dépasse 35 °C et que l'humidité est supérieure à 60 %. Les insectes peuvent voler sur une distance de 1,6 km; par bon vent, on a même constaté des vols de 8 km. Dans certaines régions des États-Unis, on a signalé une dispersion de 16 à 24 km par année. Généralement, les insectes se nourrissent et s'accouplent le matin, alors qu'il retournent dans le sol à la fin de l'après-midi et dans la soirée.

Bien que les pelouses et les pâturages soient le lieu de prédilection pour la ponte, on retrouve aussi des oeufs dans des champs cultivés de seigle, de maïs, de haricots, de tomates et dans les pépinières, surtout si les surfaces gazonnées adjacentes sont sèches et fibreuses. Puisque l'humidité est indispensable à l'éclosion des oeufs et au développement larvaire, la ponte peut avoir lieu dans des sols mal drainés, des zones irriguées ou des terrains en jachère où le sol meuble est le plus propice durant les périodes de sécheresse. La ponte se poursuit jusqu'à la fin de juillet et en août. Les oeufs éclosent en deux semaines environ. Au cours des sécheresses, les oeufs et les larves n'arrivent pas à se développer. Les larves nouvellement écloses se nourrissent de petites racines dans les 5 à 10 cm supérieurs du sol, si l'humidité est suffisante. Dans les sols plus secs ou cultivés, les larves sont enfouies plus profondément.

En septembre, lorsque le sol commence à se refroidir, les larvent s'enfoncent davantage, jusqu'à un niveau où la température est environ 10 °C, soit à une profondeur de quelque 15 à 25 cm. Dans les sols cultivés, elles s'enfouissent parfois jusqu'à 25 ou même 30 cm. Une pénurie de neige peut accroître la mortalité larvaire. Lorsque le sol se réchauffe au printemps, les larves remontent vers la surface et s'y nourrissent pendant 3 ou 4 semaines avant d'amorcer leur pupaison à la fin mai et au début de juin. La distribution verticale des larves dans le profil de sol dépend principalement de la température et, jusqu'à un certain point, de l'humidité. Les migrations horizontales sont fonction de la présence de racines fasciculées.

Lutte

Les programmes de lutte devraient être conçus de manière à dissuader et empêcher les adultes de pondre dans les pépinières. Comme les oeufs sont pondus en général dans des surfaces gazonnées, le sarclage contribue à entraver la ponte. Le sarclage du sol permet aussi de réduire la taille des populations, puisqu'en ramenant les oeufs et les larves à la surface du sol, il les expose au soleil, au vent ainsi qu'aux prédateurs. Le sarclage devrait coïncider avec le moment où les larves se nourrissent près de la surface au début de l'automne ou à la fin du printemps. On doit aussi noter qu'à l'encontre des adultes, qui préfèrent le trèfle et la luzerne, les larves cessent généralement de se développer lorsque seules les plantes suivantes leur sont accessibles : trèfle blanc, trèfle rouge, trèfle alsike, sarrazin, luzerne, avoine, orge, seigle commun et dactyle pelotonné. Ces plantes sont donc avantageuses comme couvre-sol car elles déciment les populations de larves. De nombreuses mauvaises herbes servent d'hôtes aux scarabées japonais adultes de sorte que les surfaces gazonnées ou occupées par des mauvaises herbes en bordure des champs peuvent devenir des zones propices à l'établissement de ces ravageurs. L'adoption de mesures de désherbage favorise l'élimination des sources potentielles de nourriture.

Certains moyens de lutte biologiques existent, mais ils ne sont pas efficaces en raison des conditions climatiques de l'Ontario. La maladie laiteuse, Bacillus popilliae, est causée par une bactérie d'origine naturelle qui a été isolée en 1933 à partir de larves infectées. Après avoir été attaquées par le Bacillus popilliae, les larves de scarabées japonais s'affaiblissent peu à peu. Cette bactérie n'est toutefois pas homologuée au Canada.

L'utilisation de nématodes entomophages dans le traitement du sol contre la prolifération des larves est en cours d'analyse et pourrait s'avérer utile dans l'avenir. Cependant, les nématodes n'ont pas la capacité de se fixer; il faut donc répéter le traitement au besoin. Pour être efficaces, ces traitements doivent être réalisés lorsque le taux d'humidité est adéquat avant et après l'application, et la température du sol ne doit pas être inférieure à 11 °C. Les nématodes peuvent être utilisés pour traiter les cultures en conteneurs ou en mottes. Leur coût risque d'être très élevé.

Les recherches n'ont pas réussi à démontrer que le pH et le chaulage pouvaient nuire à la ponte et à la survie des larves, comme on l'a déjà cru.

L'ajustement des programmes d'arrosage de façon à maintenir le sol plus sec durant les périodes de ponte, d'éclosion et de développement larvaire contribue à décimer les populations. Dans les surfaces gazonnées, le maintien d'un niveau adéquat de fertilité et d'humidité du sol réduira l'impact des dommages aux racines.

Pour mieux combattre les scarabées, les traitements aux insecticides doivent être faits au cours de la seconde moitié de juillet, au moment où les insectes sont adultes. Comme les envolées des adultes sont les plus massives lorsque la température égale 21 °C, l'arrosage matinal ou en fin d'après-midi est tout indiqué.

Le traitement insecticide des pelouses doit être réalisé sur le sol humide, lorsque les larves sont jeunes et se nourrissent près de la surface, soit entre la fin juillet et la mi-septembre. Immédiatement après le traitement, il faut arroser les zones traitées avec 1 à 2 cm d'eau pour faire pénétrer le produit dans le sol sous-jacent. La lutte s'impose dès que l'on observe de 5 à 10 larves par 0,1 m2 dans les pelouses non irriguées ou quelque 20 larves dans les pelouses bien irriguées.

Les publications du MAAO 383F, Recommandations pour la culture du matériel de pépinière et des plantes paysagères, et 384F, Recommandations pour la gestion des pelouses, renferment des renseignements sur les pesticides chimiques actuellement recommandés. Lire attentivement les étiquettes.

L'exclusion des adultes des lieux de production constitue sans doute une solution à la ponte des oeufs. En étendant une toile à ombrage au-dessus des serres circulaires, on parviendra à écarter les adultes des plantes en conteneurs. On réduira aussi les populations en empêchant les adultes de sortir du sol.

Les producteurs devraient identifier les sites potentiels de développement des insectes au voisinage des aires de production et mettre sur pied un programme de dépistage des scarabées.

Dépistage

Examiner les hôtes préférentiels afin de déterminer si les ravages ont débuté. Les insectes se nourrissent de feuilles, de fruits et de fleurs. La vigne des rivages, Vitis riparia, est un bon indicateur de l'infestation par les insectes. On a noté qu'après leur sortie du sol, les adultes se nourrissent d'abord sur des plantes de petite taille, des mauvaises herbes par exemple, et migrent plus tard dans la saison vers des plantes de taille supérieure. Les adultes commencent à sortir au moment où fleurissent l'Hydrangea arborescens var. grandiflora, le chardon des champs (Cirsium arvense), la chicorée sauvage (Cichorium intybus), la carotte sauvage (Daucus carota), le marronnier d'Inde blanc (Aesculus parviflora), le sureau du Canada (Sambucus canadensis) et le yucca filamenteux (Yucca filamentosa) - Orton, D.A., Coincide, Plantsmen's Publication, 1989.

On peut utiliser des pièges pourvus à la fois d'hormones sexuelles femelles (phéromones) et de leurres floraux pour capturer les insectes adultes mâles. Les deux substances attractives doivent être utilisées ensemble. On doit installer un piège par 2000 m2 (un piège aux deux acres) de la fin juin à la mi-septembre. Les pièges devraient être vérifiés une fois par semaine. Certaines recherches démontrent que même lorsque les hormones sexuelles les plus efficaces sont utilisées, les insectes préfèrent les plantes-hôtes avoisinantes.

Résumé

  1. Apprendre à connaître les ravageurs - à leur stade adulte et larvaire.
  2. Faire le dépistage des adultes au début juillet ainsi que celui des larves avant et pendant l'enfouissement.
    • Combattre les adultes par des mesures chimiques, ou les piéger, pour diminuer les populations et la ponte des oeufs potentielle.
  3. Plantes-hôtes du scarabée japonais adulte

Infestation sévère

Plantes ligneuses
  • Acer palmatum, érable palmé
  • Acer platanoides, érable platanoïde
  • Aesculus hippocastanum, marronnier d'Inde
  • Betula populifolia, bouleau à feuilles de peuplier
  • Castanea dentata, châtaignier d'Amérique
  • Clethra alnifolia, clèthre à feuilles d'aulne
  • Hibiscus syriacus, ketmie des jardins
  • Juglans nigra, noyer noir
  • Kerria japonica, kerrie du Japon
  • Malus floribunda, pommetier floribond
  • Malus sylvestris, pommier paradis
  • Parthenocissus quinquefolia, vigne vierge
  • Platanus H acerifolia, platane à feuilles d'érable
  • Prunus cerasus, cerisier à fruits aigres
  • Prunus domestica, prunier domestique
  • Prunus persica, pêcher
  • Prunus salicina, prunier japonais
  • Prunus serotina, cerisier tardif
  • Populus nigra 'Italica', peuplier d'Italie
  • Salix discolor, saule discolore
  • Sorbus americana, sorbier d'Amérique
  • Tilia americana, tilleul d'Amérique
  • Ulmus americana, orme blanc
  • Ulmus campestris, orme champêtre
  • Vaccinium spp., airelles (bleuets)
  • Vitis aestivalis, vigne à feuilles argentées
  • Vitis labrusca, vigne lambruche
  • Vitis vinifera, vigne vinifère
Plantes herbacées
  • Alcea officinalis, guimauve officinale
  • Alcea rosea, rose trémière
  • Asparagus officinalis, asperge
  • Glycine max, soya
  • Hibiscus moscheutos, ketmie des marais
  • Lagerstroemia indica, lilas des Indes
  • Malva rotundifolia, mauve à feuilles rondes
  • Oenothera biennis, onagre bisannuelle
  • Polygonum orientale, renouée orientale
  • Polygonum pensylvanicum, renouée de Pennsylvanie
  • Rheum rhaponticum, rhubarbe
  • Rhus radicans, herbe à la puce
  • Zea mays, maïs sucré

Infestation modérée

Plantes ligneuses
  • Aesculus parviflora, marronnier d'Inde blanc
  • Alnus glutinosa, aulne glutineux
  • Betula pendula, bouleau blanc d'Europe
  • Buddleia davidii, lilas d'été
  • Catalpa bignonioides, catalpa commun
  • Cephalanthus occidentalis, céphalante occidental Chaenomeles speciosa, cognassier joli
  • Larix decidua, mélèze européen
  • Prunus serrulata, cerisier à fleurs japonais
  • Platanus occidentalis, platane occidental
  • Quercus palustris, chêne palustre
  • Ribes sativum, gadellier cultivé
  • Rubus argutus, mûrier arborescent
  • Rubus spp., ronces
  • Salix babylonica, saule pleureur
  • Salix cordata, saule à feuilles cordées
  • Tilia cordata, tilleul à petites feuilles
  • Viburnum dentatum, viorne dentée
Plantes herbacées
  • Abutilon theophrasti, abutilon
  • Ambrosia artemisiifolia, petite herbe à poux
  • Ambrosia trifida, grande herbe à poux
  • Brassica sp., chou et moutarde
  • Canna indica, canna (balisier)
  • Dahlia sp., dahlia
  • Hibiscus trionum, ketmie trilobée
  • Hypericum perforatum, millepertuis perforé
  • Medicago sativa, luzerne
  • Mirabilis jalapa, belle-de-nuit
  • Osmunda cinamonea, osmonde cannelle
  • Peltandra virginica, peltandre de Virginie
  • Phaseolus vulgaris, haricot
  • Polygonum arifolium, renouée à feuilles d'Arum
  • Polygonum convolvulus, renouée liseron
  • Polygonum dumetorum, renouée des buissons
  • Polygonum hydropiper, renouée poivre-d'eau
  • Polygonum persicaria, renouée persicaire
  • Polygonum scandens, renouée grimpante
  • Polygonum cuspidatum, renouée japonaise
  • Pontederia cordata, pontédérie cordée
  • Pteridium aquilinum, fougère d'aigle et grande fougère de l'Ouest
  • Rhexia virginica, rhexie de Virginie
  • Tagetes patula, oeillet d'Inde
  • Trifolium hybridum, trèfle alsike
  • Trifolium pratense, trèfle rouge
  • Zinnia elegans, zinnia

(Adapté de Hawley, I.M. & F.W. Metzger, 1940. Feeding Habits of the Adult Japanese Beetle, USDA circulaire 547.)