Précautions à observer en cas de présence de blé contaminé par des moisissures et des mycotoxines dans l'alimentation des ruminants

Étant donné que le champignon Fusarium est très répandu dans le blé récolté en Ontario, de grandes quantités de cette céréale seront réservées à l'alimentation animale. En règle générale, l'exploitant fait une bonne affaire en achetant du blé pour un prix égal ou inférieur à celui du maïs.

Niveaux acceptables de blé normal non infecté pour les ruminants

  • pour les vaches laitières en période de lactation, 15 à 20 % de la ration totale (extrait sec)
  • pour les vaches laitières en période de lactation, 25 à 40 % de la ration en grain
  • pour le bétail d'engraissement et les ovins, jusqu'à 40 % de la ration totale (extrait sec)

La concentration de blé à inclure dans la ration dépend de plusieurs facteurs:

  • le coût du blé par rapport à celui des autres céréales;
  • la qualité des autres céréales contenues dans la ration, et notamment la rapidité de la dégradation, dans le rumen, de l'amidon qu'elles contiennent;
  • le type et la proportion de fourrage présent dans l'alimentation, et en particulier la longueur de ses particules constitutives;
  • l'ordre de présentation et la quantité des ingrédients consommés, ainsi que le système de gestion des mangeoires, qu'elles soient automatiques ou non;
  • l'ajout éventuel de tampons (bicarbonate de sodium, oxyde de magnésium);
  • l'addition ou non d'un ionophore (Rumensin, Bovatec, Posistac);
  • l'ajout éventuel de carbonate de calcium;
  • la concentration des mycotoxines dans le blé.

Voici les lignes directrices d'Agriculture et Agro-alimentaire Canada pour la teneur en DON (vomitoxine) dans les aliments pour bétail:

  • porcins, veaux, agneaux, vaches et brebis en période de lactation : 1 ppm dans l'alimentation;
  • bovins et ovins adultes et volailles, 5 ppm dans l'alimentation.

Mesures correctives à prendre initialement pour le blé infecté par le champignon Fusarium :

  • nettoyer les grains moisis, en éliminant les fines particules et les grains légers soupçonnés d'être contaminés par les mycotoxines.
  • réduire les niveaux d'énergie du blé moisi ou des grains légers de 5 à 10 % et reformuler les rations. Observer les limites applicables au blé.
  • diluer les aliments contaminés par les moisissures ou les mycotoxines, en y ajoutant des aliments exempts de moisissures.
  • si les effets observés sur les animaux sont modérés, réduire de 50 % la teneur en blé suspect de la ration.
  • si les effets sont graves, cesser l'utilisation du blé suspect pendant une semaine au moins; en cas d'amélioration, prélever un échantillon de blé et le faire analyser de nouveau pour déterminer le niveau auquel il peut être utilisé sans danger dans l'alimentation du bétail.

Méthode d'échantillonnage pour les aliments secs (Université Penn State) :

  • prélever des échantillons de 3 à 5 repas, ou au moment où les aliments sont retirés de l'entreposage; prélever 8 à 12 échantillons chaque fois ou prélever 12 à 20 échantillons provenant d'une livraison complète, à la nappe de chute, ou encore, à l'aide d'une sonde, 12 à 20 échantillons provenant des couches profondes du compartiment de stockage. Inclure des échantillons prélevés sur les côtés ou les rebords du compartiment, ces endroits étant plus propices à l'apparition de moisissures.
  • Bien mélanger les sous-échantillons et prélever un échantillon composite de 500 g pour expédition au laboratoire. Certains laboratoires recommandent de prendre un échantillon composite de 1 kg pour toute analyse visant à détecter et à quantifier la présence des mycotoxines.
  • Conserver un échantillon supplémentaire de 500 g aux fins de confirmation ou pour d'autres analyses.
  • Garder tous les échantillons dans des sacs en papier (genre sacs à provision) ou en coton propres à double épaisseur. Les conserver dans un lieu sec et frais. Les envoyer au laboratoire dès que possible.
  • Toujours vérifier si les chiffres sont donnés pour l'extrait sec ou pour l'aliment préparé. Dans le second cas, corriger pour trouver la teneur dans l'extrait sec afin de pouvoir calculer les taux d'inclusion. Par exemple : un aliment préparé contenant 15 % d'humidité donne 5 ppm de DON à l'analyse.
    100
  • 15 = 85 % d'extrait sec
    5 / 0,85 = 5,9 ppm de DON dans l'extrait sec.
  • Les résultats peuvent être exprimés de plusieurs façons. Se rappeler qu'une partie par million (ppm) = 1 mg/kg = 1 µg/g, et que 1 000 parties par 109 = 1 ppm

Calculer les niveaux maximaux acceptables de blé contaminé

  • Dans la ration totale en extrait sec teneur inoffensive dans la ration totale (extrait sec) teneur dans le blé (extrait sec) x 100 = proportion maximum acceptable
    par exemple : pour les vaches en période de lactation, la teneur maximum en DON est de 1 ppm. Si le blé a une teneur en DON de 5 ppm à l'analyse, on ne peut en incorporer que:
    1 / 5 x 100 = 20 % maximum dans la ration totale (extrait sec)
    Ce chiffre ne dépasse pas les limites nutritionnelles indiquées ci-dessus. Une teneur en DON supérieure à 5 ppm dans le blé ramène la proportion maximum de cet ingrédient à moins de 20 % dans la ration totale (extrait sec).
  • les vaches en période de lactation, utiliser le niveau maximum de grain dispensé, et non le niveau moyen. Même si la ration moyenne contient 50 % de grain, les vaches en début de période de lactation consomment parfois jusqu'à 60 % de grain. par exemple : pour les vaches en période de lactation
  • teneur maximum en DON de 1 ppm; si la teneur en DON du blé est de 5 ppm à l'analyse, alors le taux d'incorporation maximum dans la ration totale (extrait sec) est de :
    a) 1 / 5 x 100 = 20 %;
    et le taux d'incorporation maximum dans la ration de grains (proportion qui se situe dans la gamme acceptable donnée ci-dessus) est de :
    b) 20 % / 0,6 = 33 % .
  • le bétail d'engraissement qui tolère un maximum de 5 ppm de DON, une teneur en DON supérieure à 12,5 ppm dans le blé ramène la proportion maximum acceptable de cette substance à moins de 40 % dans la ration totale (extrait sec).
  • À partir des limites indiquées pour les autres toxines, faire les mêmes calculs que ci
  • dessus pour déterminer si la teneur en autres toxines présentes à l'analyse exige une réduction plus considérable de la proportion de blé dans la ration.
  • Quels que soient les niveaux recommandés ou acceptables calculés, les modifications apportées peuvent altérer le goût des aliments et entraîner une baisse de la consommation. L'altération du goût est parfois le principal facteur qui détermine la proportion acceptable de blé en grains dans la ration. En cas de doute, pécher par excès de prudence et ouvrir l'œil pour déceler tout problème! Le blé doit toujours être introduit graduellement dans la ration.

Conseils pratiques

  • Ajouter 0,5 % (ou la teneur recommandée par le fabricant) d'aluminosilicate ou de bentonite dans les rations des ruminants afin d'atténuer les effets des mycotoxines. Ces produits peuvent lier les mycotoxines dans le tube digestif et en réduire l'absorption. Ils sont efficaces surtout contre l'aflatoxine, et à un degré moindre contre les autres mycotoxines.
  • On peut tenter d'atténuer les effets des mycotoxines en accroissant la teneur en vitamines A, E et B1, ainsi qu'en oligo
  • éléments de la ration (sélénium, zinc, cuivre et manganèse). Ici encore, nous ne disposons que d'indications anecdotiques, selon lesquelles il conviendrait d'augmenter les teneurs de 25 %. Ne pas oublier les contre
  • indications (p. ex. taux de cuivre dans les rations destinées aux ovins).
  • ajouter un produit inhibiteur des moisissures approprié (propionate de sodium ou de calcium, ou acides organiques) aux grains stockés pour empêcher le développement ultérieur de moisissures :
  • ajouter 0,2 à 0,25 % aux aliments non ensilés et dont la teneur en humidité est de 14 à 17 %;
  • ajouter de 0,5 à 0,6 % aux aliments non ensilés et dont la teneur en humidité est de 18 à 24 % (ou suivre les recommandations du fabricant).

Pièges à éviter :

  • les mycotoxines sont en général concentrées dans la farine basse, la balle, les grains légers et les grains cassés; la teneur en mycotoxines des criblures peut aller jusqu'au quintuple de celle des grains. Cette année, il faut, semble-t-il, être particulièrement prudent lorsqu'on inclut des criblures de grains dans l'alimentation!
  • les grains contaminés utilisés dans les procédés industriels de fermentation présentent un danger potentiel, puisque la fermentation ne dégrade pas les mycotoxines, qui se concentrent dans les sous
  • produits de distillerie. Demandez à votre fournisseur de céréales à distillerie (drêche foncée) de vous indiquer le type des céréales qui ont été utilisées par les distilleurs.