Les pâturages de graminées, le foin, les grains, la paille et le chaume peuvent tous être les hôtes de nombreux champignons. Il existe des champignons saprophytes vivant à l'extérieur de la plante et qui se procurent les éléments nutritifs à partir de celle-ci sans rien lui apporter en échange; on trouve aussi des champignons endophytes en relation de symbiose, c'est-à-dire qu'ils apportent des avantages à la plante tout en se servant d'elle pour se procurer des éléments nutritifs. Les saprophytes les plus répandus comprennent les champignons du genre Aspergillus, Claviceps, Stachybotrys, Fusarium et Penicillium. Les endophytes se logent entre les parois cellulaires des végétaux et sont principalement du genre Balansia, Epichloe, Acremonium et Neotyphodium.

Les champignons et les mycotoxines qui leur sont associées s'observent chaque année, en quantités variables selon les conditions climatiques, dans les cultures de céréales. Le temps frais et humide favorise la présence de champignons, surtout du Fusarium et de ses mycotoxines, dans les céréales à paille. Un niveau d'humidité élevé dans les céréales encourage la croissance des champignons et les températures fraîches sont propices à la production de mycotoxines. Ces dernières sont des métabolites secondaires produits par les champignons et elles peuvent affecter certains animaux lorsqu'elles sont ingérées ou inhalées. Des concentrations élevées de mycotoxines dans le blé sont inhabituelles. Les mycotoxines sont surtout préoccupantes lorsque les automnes sont pluvieux et que le maïs ou les sous-produits de maïs sont infestés de champignons. Les recherches portant sur les chevaux et les mycotoxines sont peu nombreuses comparativement aux études menées sur d'autres espèces animales, comme les bovins et les porcs.

Les concentrations de mycotoxines peuvent s'exprimer de différentes manières.

1 ppm = 1 mg/kg = 1µg/g Exemple : aflatoxine @ 0,2 ppm = 200 ppb

1 ppm = 1 000 ppb DON @ 1200 ppb = 1,2 ppm

Concentrations de mycotoxines dans le cas des chevaux

Le tableau suivant présente certaines lignes directrices concernant les valeurs limites des mycotoxines dans la matière sèche de la ration totale, au-delà desquelles elles peuvent être nocives.

Valeurs limites des mycotoxines dans la ration totale (exprimées en ppm)
Toxine Bovins Réf. Chevaux adultes,non reproducteurs Réf.
Aflatoxine 0,02 ppm (en raison des risques de résidus dans le lait) 8, 17 0,02 ppm (concentration max. pour les humains et les animaux immatures) 18,19
Toxine T-2 0,7 - 1,5 ppm 19 pas d'effet sur le cycle œstral des juments à une concentration de 1 ppm 6
Déoxynivalénol (DON) 2,5 - 6 ppm 19 2 ppm (ou 5 ppm dans les grains. Ne doit pas excéder 40 % de la ration) 20
Zéaralénone (ZEN) 3,9 -7 ppm 19 pas d'effet sur le cycle œstral des juments à une concentration de 1 ppm 7
Fumonisines 30 ppm(animaux reproducteurs) 21 ne doit pas excéder 5 ppm (pas plus de 20 % de la ration sur une base de matière sèche) 4, 5, 21
Ergovaline 0,4 - 0,7 ppm 13 0,3 - 0,5 ppm 13

Prévention et recommandations

Les recherches concernant les effets des mycotoxines sur les chevaux sont encore à leur début. De façon générale, privilégier la prudence.

  • Nourrir les chevaux et leur fournir des litières avec du foin, des grains et du matériel exempts de mycotoxines.
  • La quantité de DON dans la paille de céréales dépend surtout de la présence de grain et de paillettes contaminés. Le fanage ou le râtelage de la paille avant la mise en balles contribue à diminuer la présence de paillettes et de grains et, par conséquent, à réduire la concentration de mycotoxines.
  • Puisque dans le cas des chevaux, c'est le risque d'effet cumulatif des toxines qui est le plus à craindre, il vaut mieux limiter l'utilisation de litière en paille, les années où la concentration de DON est élevée. Il faut alors également s'assurer que les chevaux reçoivent du foin de bonne qualité, en quantités suffisantes pour qu'ils ne soient pas tenté de manger la litière.
  • Les juments en fin de gestation ne devraient jamais ingérer de paille de seigle, de foin ou de chaume contaminé par des champignons endophytes ou des grains contenant du sclérote.
  • Tous les mélanges de semences de foin et de fourrages contenant de la fétuque élevée et du ray-grass vivace doivent être certifiés exempts d'endophytes.
  • Faucher les pâturages de graminées afin de les maintenir au stade végétatif plutôt que de les laisser épier, afin de réduire au minimum les risques de propagation des ascospores transportées par le vent ainsi que l'infestation des pâturages.
  • Consulter le service à la clientèle du laboratoire. La technique par CLHP peut être plus précise que la chromatographie sur plaque pour l'identification de l'alcaloïde de l'ergot à des concentrations inférieures à 1 ppm.
  • Les juments peuvent être traitées avec de la dompéridone en cas de contamination soupçonnée par l'alcaloïde de l'ergot.

Agents liants

Les fabricants de moulée utilisent souvent divers additifs pour lier les mycotoxines. Les agents liants peuvent être à base d'argile ainsi que de dérivés de paroi cellulaire de levure (ex. : Bio-Mos-M). Une étude de Raymond et coll. a conclu que l'apport de dérivés de 0,2 % de paroi cellulaire de levure (glucomannane polymérique fixant les mycotoxines par adsorption) à la moulée améliorait l'ingestion comparativement aux rations contaminées exemptes d'additifs, ce qui n'est pas le cas toutefois par rapport aux rations témoins qui ne contenaient pas de mycotoxines (2). Les effets à long terme des agents liants ne sont pas très connus d'où la nécessité de faire preuve de prudence dans leur utilisation.


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