Le mois dernier, lors d'une rencontre des Great Lakes Fruit Workers à Traverse City, au Michigan, il a été question d'un nouveau problème qui semble toucher les vergers de pommes sains dans l'État de New York (tel que signalé par Deborah Breth, Cornell Cooperative Extension) : le perce-tige noir (Xylosandrus germanus) (figures 1 et 2). Depuis quelques années, les producteurs font état d'arbres qui dépérissent et portent des signes de perçage et de suintement de sève. Depuis 2013, on a identifié 25 sites où des pommiers dépérissent, tant des plantations nouvelles que des vergers de 15 ans.

Image
Figure 1. Perce-tige noir, Xylosandrus germanus. Photo : M. Jure, Université de Ljubljana.
Image
Perce-tige noir, Xylosandrus germanus.
Figure 2. Perce-tige noir, Xylosandrus germanus. Photo : Ministère de la conservation et des ressources naturelles de Pennsylvanie.

Le perce-tige noir appartient à un groupe d'insectes appelés scolytes du bois ou scolytes à ambroisée (sous-famille des scolytidés, tribu des Xyleborini). Nombre de ceux-ci, y compris le perce-tige noir, ont été introduits en Amérique du Nord et continuent à étendre leur aire de distribution. Le perce-tige noir a été identifié pour la première fois à Long Island, dans l'État de New York, en 1932, et près de la pointe Pelée, en Ontario, au Canada, en 1994.

Même si ces insectes envahissent habituellement les arbres coupés ou stressés, certains s'attaqueront à des arbres apparemment sains. Ainsi, un autre insecte d'arrivée récente en Ontario, le scolyte du bois asiatique (ou granuleux) (Xylosandrus crassiusculus) est un ravageur très nuisible dans les pépinières agricoles et les arbres fruitiers de certaines régions des É.-U. (notamment les pommiers (Malus), poiriers (Pyrus) et pêchers (Prunus)). La gamme d'hôtes de ces scolytes est souvent étendue.

Les scolytes du bois comme le perce-tige noir et le scolyte du bois granuleux creusent des tunnels de 1,5 mm dans l'écorce jusqu'au bois de cœur, à une profondeur de un ou deux centimètres. Par contre, les scolytes apparentés et les scolytes des arbres fruitiers forent des tunnels à travers l'écorce et créent des galeries peu profondes parallèles au grain du bois. Si on enlevait l'écorce, on verrait les galeries. Dans le cas du scolyte du bois, on verrait une série de criblures, mais sans galerie sous l'écorce. Les scolytes de l'écorce et les scolytes du bois peuvent s'attaquer aux arbres fruitiers. Les femelles creusent une série de petites galeries à partir du tunnel principal (ou une seule grande chambre à couvain) où elles déposent leurs œufs et où les larves grandissent (figure 3).

Image
Chambre à couvain où se fait la ponte.
Figure 3. Chambre à couvain où se fait la ponte. Photo : L. Hyche, Université Auburn.

Les larves ne tirent pas leur nourriture du bois. Les femelles introduisent et cultivent plutôt dans les galeries des mycétophores (souvent spécifiques à telle ou telle espèce) dont s'alimentent les larves en développement. Le perce-tige noir hiverne dans des chambres à la base des arbres infestés et les femelles choisissent de nouveaux sites au printemps. Le développement de l'œuf jusqu'au stade adulte dure environ 30 jours, de sorte qu'il y a deux générations par an.

Les branches et les tiges des arbres touchés peuvent flétrir et mourir et les branches maîtresses et les troncs peuvent devenir criblés de galeries, créant des points faibles susceptibles de se rompre. On peut voir des tubulures de sciure de la taille d'un cure dents sortant des branches maîtresses et du tronc. Le bois de cœur infesté par l'insecte contient habituellement des amas brun foncé ou noirs le long des parois des galeries. En plus des dommages directs causés par l'insecte qui perce le bois de cœur, les femelles peuvent également introduire le champignon Fusarium, qui entraîne la formation de chancres et la flétrissure des collets. Souvent, on confond ces dommages avec la brûlure bactérienne.

Les options de lutte contre ces scolytes sont limitées. Maintenir la vigueur des arbres, teindre les troncs au latex, éliminer les arbres/branches infestés (et les brûler ou les transformer en copeaux) peut aider à réduire l'infestation. Bûches-pièges — pièces de bois franc fraîchement coupées d'une longueur de un à deux mètres placées à intervalles sur la limite du verger : cette tactique a connu un certain succès. Les billes doivent être enlevées et détruites avant que les nouveaux adultes en sortent. De plus, à Cornell, on évalue les pulvérisations sur les troncs.

Nous souhaitons être au courant des signalements de scolytes du bois dans les arbres fruitiers en Ontario. Si vous pensez avoir observé des blessures causées par ces insectes, prière de nous le faire savoir.