Les pelouses font partie intégrante du paysage urbain. Elles sont esthétiques, fonctionnelles, thérapeutiques et utiles aux activités récréatives. Une pelouse installée après une bonne préparation sera plus facile à entretenir et réclamera beaucoup moins de temps et d’argent qu'une pelouse dont l’installation a été bâclée. L’assise d’une pelouse est en quelque sorte aussi importante que celle d’une maison.

Sol

La pelouse doit d’abord et avant tout reposer sur de la bonne terre végétale.

Bien que la plupart des graminées à gazon s'accommodent de nombreux types de sol, en général, elles préfèrent un sol allant du loam sableux au loam. Si l’on ne dispose pas de ces types de sol, on peut modifier le sol ou le sous-sol existant de manière à en améliorer sensiblement les propriétés physiques.

Les types d’amendements possibles comprennent le fumier d’élevage, la mousse de tourbe et les matières organiques compostées :

  • Le fumier bien décomposé est une excellente source de matière organique, mais il peut contenir des graines de mauvaises herbes.
  • La mousse de sphaigne est la source de tourbe la plus utilisée parce qu'elle est moins décomposée et qu'elle persiste plus longtemps dans le sol que les autres types de tourbe. Humecter la mousse de tourbe pour en faciliter l’incorporation au sol.
  • Un compost de bonne qualité doit ressembler à de la terre végétale foncée et présenter une texture friable. Il doit être exempt de gros morceaux de bois, de débris et d’objets. Si la matière organique utilisée n'est pas bien décomposée, il peut être nécessaire d’y ajouter un complément d’azote (N) afin de stimuler l’activité des micro-organismes du sol qui se chargeront de la composer.

Voici les avantages que procurent les apports de matière organique :

  • amélioration de la structure des sols lourds afin qu'ils soient plus faciles à travailler et à aérer;
  • amélioration du drainage;
  • accroissement de la capacité de rétention d’eau des sols à texture grossière comme les loams sableux;
  • obtention d’un bon substrat propice à l’activité des micro-organismes du sol;
  • libération d’éléments nutritifs, comme l’azote, le phosphore et le soufre pendant leur décomposition;
  • conservation de la fertilité du sol par la réduction du lessivage des éléments nutritifs.

Quand un sol a besoin d’être passablement enrichi de matière organique, épandre une couche de 2,5-5 cm de mousse de tourbe, de fumier bien décomposé ou de compost en surface, puis l’incorporer complètement au sol jusqu'à une profondeur de 15 cm, afin d’éviter la superposition de couches distinctes de sol et de matière organique.

Analyses de sol

Faire analyser le sol avant d’installer la pelouse pour en déterminer le pH, et les besoins en chaux, en phosphore et en potassium. À l’aide d’une pelle ou d’une tarière (figure 1), prélever sur l’ensemble de la superficie, entre une quinzaine et une vingtaine d’échantillons de sol d’une hauteur de 15 cm. Déposer les carottes de sol dans un seau en plastique propre et bien les mélanger. De ce gros échantillon composite, ne conserver que 500 g qui formeront l’échantillon à envoyer au laboratoire d’analyse de sol. Pour obtenir la liste des laboratoires accrédités dans les analyses de sol, s'adresser à un bureau régional du MAAARO ou se rendre sur Ontario.ca/cultures et cliquer sur le lien « Laboratoires accrédités pour les analyses de sol ».

S'il est impossible de faire analyser le sol, on recommande d’enrichir le lit de semence de 0,5 kg d’azote, de 1 kg de phosphate et de 1 kg de potasse par 100 m2. L’idéal est d’incorporer le phosphore et la chaux (s'il en faut) dans le sol jusqu'à une profondeur de 10 cm. Si l’on utilise un motoculteur rotatif ou un appareil semblable, épandre la chaux, l’engrais et la matière organique ensemble en surface. L’appareil mélangera finement toutes ces matières et les incorporera au sol jusqu'à la profondeur voulue.

Figure 1. Pelle et tarière servant à l'échantillonnage du sol.

Figure 1. Pelle et tarière servant à l’échantillonnage du sol.

Nivelage et profilage du sol

Dans chaque pelouse, il y a au moins deux lignes de nivellement repères :

  1. celle du terrain autour de la fondation; et
  2. celle du trottoir, de la bordure de ciment ou des arbres. Au moment du profilage du sol, rechercher l’harmonie et tenir compte du niveau des propriétés voisines, de manière à mettre la maison en valeur sans toutefois qu'elle domine le paysage.

Le profil le plus naturel est celui où la pelouse descend en pente douce à partir de la maison sur tous les côtés. La pente doit permettre aux eaux de surface de s'écouler graduellement sans engendrer d’érosion. La pente idéale doit être de 2 cm/m.

Éviter de créer des terrasses ou des pentes trop prononcées, car il est difficile d’y installer du gazon, de les garder gazonnées et d’y tondre le gazon. Si toutefois la pente à partir de la maison devait être de plus de 6 cm/m, il serait conseillé d’aménager des terrasses maintenues par des murs de soutènement. Les terrasses sont plus esthétiques que les pentes abruptes et elles sont plus faciles d’entretien. Parfois, si la pente et l’espace le permettent, des terrasses en pente douce peuvent être une solution intéressante.

Il est fortement conseillé de poser des tuyaux de drainage avant de terminer le profilage, si l’écoulement de l’eau ne peut se faire autrement. Le drainage souterrain assèche les endroits détrempés et permet d’évacuer rapidement les excédents d’eau de pluie. Il améliore ainsi l’aération du sol. Des rangées de drains de 7 à 10 cm de diamètre espacées de 3 à 5 m et posées à 50 cm de profondeur selon une pente de 1 à 2 % (1-2 m/100 m) sont généralement satisfaisantes. L’efficacité du drainage souterrain peut être amoindrie si les tuyaux sont recouverts de terre fine (argile lourde du sous-sol). Plus le sous-sol est dense, plus les rangées de tuyaux doivent être rapprochées. Amener les tuyaux de drainage jusqu'à un exutoire convenable et prendre soin de protéger la sortie de drainage par un treillis métallique, afin d’empêcher les oiseaux, les rats et les souris d’y faire leur nid. La sortie de drainage peut être raccordée à un égout pluvial ou à un tuyau de descente de gouttière ou simplement déboucher dans la rue. Une autorisation de la municipalité peut être exigée pour certains types de sorties de drainage. En l’absence d’égouts pluviaux, il est possible d’aménager un puisard en périphérie de la pelouse et d’y amener les tuyaux de drainage.

Lorsqu'on planifie la construction d’une maison, il faut s'attarder à la pelouse parce qu'elle en constitue les abords. Prendre les dispositions nécessaires pour faire enlever la terre excavée, mais demander à ce que l’on garde la terre végétale qui se trouve à la surface du sol. S'abstenir de recouvrir la pelouse (et par conséquent la terre végétale) avec de la terre excavée du sous-sol. Interdire aussi que la terre excavée soit épandue à la surface du sol lors des opérations de profilage et de nivellement.

S'il faut faire des travaux de profilage et de nivellement importants, enlever la couche de surface (12-15 cm) et la conserver en tas jusqu'à ce qu'on soit prêt à la remettre en place. Souvent, malheureusement, sur les chantiers de construction, la terre végétale (de surface) est chargée à bord des camions et la future pelouse est couverte de terre provenant de l’excavation. Cette terre n'est pas suffisamment aérée et, habituellement, forme une couche qui nuit au drainage. Il faut conserver suffisamment de bonne terre végétale et au besoin en acheter pour recouvrir la surface à aménager d’une couche de 12-15 cm d’épaisseur.

Préparation du lit de semence

Commencer la préparation finale du lit de semence deux ou trois semaines avant le semis. Détruire les graminées adventices vivaces comme le chiendent ou l’agrostide stolonifère par un travail du sol avant l’installation de la pelouse. Passer un rouleau sur la surface à engazonner, puis un râteau afin d’obtenir un lit de semence ferme et aplani. Sur les grandes surfaces, on obtient le même résultat en déplaçant, par un mouvement de va-et-vient, une planche lourde ou un tapis métallique. Au moment du semis, il ne devrait plus y avoir de grosses mottes à la surface.

Après le profilage, laisser le terrain se tasser un peu avant de semer. L’arrosage permet au sol trop meuble de se raffermir. En plus de révéler les petites dépressions du terrain, il humidifiera suffisamment la terre en dessous du lit de semence. Passer le rouleau pour terminer le profilage. Aplanir au râteau les petites bosses et combler les dépressions. Le lit de semence doit être ferme, mais friable. Si les chaussures laissent des empreintes plus profondes que l’épaisseur de la semelle, c'est que le sol est encore trop meuble. Se garder toutefois de faire trop de passages du rouleau sous peine de compacter le sol et de nuire à l’enracinement.

Comme la fermeté du lit de semence est propice à la germination, on peut passer le rouleau une dernière fois immédiatement avant de semer. La terre doit être bien sèche pour qu'elle ne colle pas au rouleau. Faire un bon arrosage dans les vingt-quatre heures qui suivent en ayant soin de ne pas traîner le boyau d’arrosage sur le terrain.

Les pelouses privées sont généralement ensemencées avec un mélange à gazon combinant des espèces capables de pousser en plein soleil et des espèces qui peuvent pousser à l’ombre. Les espèces de graminées les plus couramment utilisées dans les mélanges pour gazon sont le pâturin des prés, les fétuques fines et le ray-grass vivace. Les fétuques fines sont recommandées pour les endroits en proie à la sécheresse.

Choix des espèces de graminées à gazon

Le choix des espèces et des cultivars est fonction de l’usage prévu pour la pelouse ou la surface gazonnée. Les espèces recommandées varient selon les besoins d’entretien et selon la qualité de pelouse recherchée. Les conditions climatiques, de sol et d’ensoleillement ou d’ombre entrent également en ligne de compte.

Les espèces de graminées à gazon peuvent s'utiliser seules, mais elles s'utilisent le plus souvent en mélange en fonction des caractéristiques recherchées. Selon les conditions, on combinera certaines espèces plutôt que d’autres. Le tableau 1 indique les mélanges les plus appropriés aux différentes situations. En jouant avec les proportions des espèces choisies, on aura un mélange adapté à différentes conditions et à différents emplacements.

La plupart des mélanges renferment du pâturin des prés, car cette espèce donne un gazon d’un beau vert foncé, de texture allant de moyenne à fine, uniforme, court, qui verdit rapidement au printemps et qui résiste bien aux rigueurs de l’hiver et au piétinement. Il s'accommode d’un vaste éventail de conditions, mais il affectionne les endroits ensoleillés et les sols bien drainés. Si l’on recherche une pelouse de haute qualité, le pâturin des prés devrait former de 50 à 75 % (en poids) du mélange de semence. Là où l’on impose des restrictions d’arrosage, le pâturin entre en dormance en période de sécheresse mais reprend habituellement une croissance active dès le retour de la pluie. Comme il est lent à s'établir, on l’associe souvent à d’autres graminées à croissance rapide, comme le ray-grass vivace, qui procurent vite une couverture végétale.

Dans les sols peu fertiles, sablonneux ou acides ou dans les lieux ombragés, le pâturin des prés ne donnera pas d’aussi bons résultats que d’autres espèces de graminées. On l’associera alors à des fétuques fines, comme la fétuque rouge traçante, la fétuque rouge gazonnante et la fétuque à feuilles rudes, qui possèdent un feuillage fin et peuvent s'adapter à un vaste éventail de sols. Leurs besoins en fertilisants sont les plus modestes parmi toutes les espèces de graminées de saison fraîche. Si c'est un gazon résistant qu'on recherche, capable de supporter un piétinement intense, on peut employer un mélange de pâturin des prés et de ray-grass vivace.

Tableau 1. Mélanges de semence à gazon

Terrains irrigués
EspèceSols lourds ou moyensfootnote 1Sols légers
Pâturin des prés60 %–75 %40 %–50 %
Fétuques fines15 %–25 %40 %–50 %
Ray-grass vivace10 % –20 %10 %–20 %
Terrains non irrigués
EspèceSols lourds ou moyensfootnote 1Sols légers
Pâturin des prés35 %–45 %55 %–60 %
Fétuques fines45 %–55 %55 %–65 %
Ray-grass vivace10 %–20 %10 %–20 %
Zones ombragées
EspèceSols lourds ou moyensfootnote 1Sols légers
SèchesFétuques fines, seules ou en mélange avec des cultivars de pâturin des prés tolérant l’ombre, du ray-grass vivace ou de la fétuque élevéeFétuques fines, seules ou en mélange avec des cultivars de pâturin des prés tolérant l’ombre, du ray-grass vivace ou de la fétuque élevée
MouilléesPâturin rudePâturin rude
Sursemis100 % de ray-grass vivace à gazon100 % de ray-grass vivace à gazon

Les ray-grass vivaces à gazon germent rapidement, tolèrent d’être tondus de près et s'adaptent à la plupart des sols. Plusieurs cultivars de ray-grass vivace à gazon contiennent des endophytes (champignons vivant à l’intérieur des tissus) qui accroissent la résistance aux insectes phyllophages (qui consomment les feuilles), comme les punaises des céréales, les pyrales des prés et les calandres. Les ray-grass à gazon sont résistants à la tache annulaire nécrotique qui est devenue une maladie fort répandue dans les pelouses de pâturin de prés. Enfin, les ray-grass vivaces à gazon se prêtent très bien au sursemis. En revanche, le ray-grass vivace est la moins rustique des graminées à gazon de saison fraîche et, dans certaines parties de la province, il risque de ne pas survivre à l’hiver.

Des cultivars de fétuque élevée à gazon ont récemment été mis en marché et leur popularité s'accroît en raison de leur excellente tolérance à la sécheresse et au sel. C'est une graminée nécessitant peu d’entretien qui s'utilise le long de boulevards, en bordure de routes et, dans une moindre mesure, sur les terrains de sport. Les fétuques élevées donnent de meilleurs résultats lorsqu'on les utilise seules ou en mélange avec environ 10 % de pâturin des prés.

Plusieurs cultivars de fétuques élevées à gazon contiennent des endophytes qui leur confèrent une résistance accrue aux insectes phyllophages. Toutefois, les fétuques élevées sont sensibles aux basses températures et, par conséquent, s'éclaircissent et sont réduites à des touffes peu attrayantes dans certaines régions de l’Ontario.

Selon ses préférences, on peut inclure au mélange de semences de 5 à 10 % de trèfle blanc. L’avantage du trèfle est qu'il fixe l’azote atmosphérique. Ses inconvénients sont sa croissance clairsemée, sa tendance à tacher les vêtements et les chaussures, sa sensibilité à l’hiver et l’attrait qu'il présente pour les abeilles.

L’utilisation de semences bon marché est une économie de bout de chandelle. Il n'est pas rare que les mélanges de ce genre aient un moins bon pouvoir germinatif ou contiennent des graines de mauvaises herbes, des menues pailles et des corps étrangers. Ils peuvent aussi être composés d’espèces mal adaptées à nos conditions. De nombreux mélanges contiennent du ray-grass annuel, parce que c'est une semence qui ne coûte pas cher et qui s'établit très rapidement, mais le ray-grass annuel ne convient pas à un mélange pour pelouse. Compte tenu de sa couleur vert pâle et de sa texture grossière, le ray-grass annuel se marie mal avec le pâturin des prés. De plus, comme son nom l’indique, le ray-grass annuel est une plante annuelle, qui est donc détruite par l’hiver et laisse par la suite des zones dénudées de gazon. Les mélanges présentés au tableau 1 peuvent être adaptés et modifiés selon des conditions particulières.

Moment du semis

Dans le sud de l’Ontario, la meilleure période pour aménager une pelouse va de la mi-août à la mi-septembre. C'est en effet à cette période que la teneur en eau et la température du sol sont le plus propices à la germination et à l’établissement. La concurrence exercée par les mauvaises herbes est aussi moins forte à l’automne. S'assurer de faire le semis tôt à l’automne, afin de donner le temps aux graminées de bien s'établir avant l’hiver. Les plants seront alors bien enracinés et résisteront mieux à la sécheresse et à la chaleur l’été suivant.

Ensemencer les zones ombragées de préférence à l’automne. Comme les arbres ont alors perdu leurs feuilles, les plantules bénéficient d’un ensoleillement abondant au départ de la culture. Le gazon semé l’automne reprend aussi plus vite sa croissance le printemps suivant, car il profite alors de la période où les arbres ne sont pas encore parés de feuilles.

Si l’ensemencement est fait au printemps, il doit l’être dès que le sol peut être travaillé. S'attendre à une germination lente et inégale si les semences sont déposées dans un sol trop frais et humide, et s'attendre aussi à une concurrence plus forte par les mauvaises herbes. Si possible, attendre que les mauvaises herbes aient levé, faire un bon binage pour les détruire, puis semer le mélange à gazon.

Il est difficile d’obtenir de bons résultats si l’ensemencement se fait à la mi-été à cause de la chaleur et de la sécheresse, sauf s'il est possible d’arroser la pelouse pour la garder humide.

  • Lorsqu'il est impossible de faire le semis au printemps ou à l’automne, on peut effectuer un semis dormant (en fin d’automne ou en début d’hiver) lorsque la température du sol est trop basse pour permettre la germination. Les semences ne germent alors que le printemps suivant, une fois que le sol s'est réchauffé. Voici les conditions hivernales nécessaires pour que cette méthode réussisse : es températures suffisamment froides pour empêcher toute germination;
  • une couverture de neige ininterrompue;
  • le moins d’érosion possible.

Le problème le plus fréquent que pose le semis dormant est l’entraînement des graines par les eaux de ruissellement au printemps. La stabilisation du lit de semence avec un paillis approprié aidera à maintenir les semences en place. Vu les difficultés qu'il occasionne, le semis dormant est une solution beaucoup moins populaire.

Taux de semis

Une fois le terrain bien préparé, on ne doit pas lésiner sur les semences; un taux trop faible donnera une pelouse clairsemée, ponctuée de sol nu. Comme les semences de graminées varient en grosseur, en poids et en habitudes de croissance, les recommandations pour les semis sont très variées. Suivre les directives qui figurent sur l’étiquette du sac de semence ou se guider sur les directives générales présentées dans le tableau 2. De façon générale, on considère comme convenable un taux de semis de 15 à 20 graines de semences par 2,5 cm2 (1 po2).

Tableau 2. Taux de semis
Pâturin des prés0,5-1,0 kg/100 m2
Fétuques fines1,0-3,0 kg/100 m2
Ray-grass vivace2,0-4,0 kg/100 m2
Fétuque élevée2,0-3,0 kg/100 m2

Employer de 2 à 3 kg de semence par 100 m2 lorsque le mélange renferme une forte proportion de pâturin des prés. N'utiliser que des semences ayant un bon pouvoir germinatif. Pour les petites surfaces, on peut accroître légèrement le taux de semis. Pour les grandes surfaces, un taux de 100 à 150 kg/ha constitue une bonne recommandation générale.

Méthode de semis

On ensemence habituellement les petites surfaces à la main en veillant à répartir les semences uniformément. Le meilleur moment de la journée pour le faire est le début de la matinée ou la fin de l’après-midi quand il n'y a pas de vent. Le mieux est de diviser le lot de semences en deux et de semer la moitié de la semence dans un sens, puis l’autre moitié transversalement à celui-ci (figure 2). On peut aussi semer en bandes d’environ 1 à 2 m de large. Pour les petites étendues, on obtient une meilleure répartition des semences en les mélangeant avec un engrais organique. Les graines adhèrent aux particules d’engrais et, vu le volume plus grand du mélange, on obtient un épandage plus égal. Un épandeur d’engrais par gravité procure alors une répartition des semences satisfaisante.

Figure 2. Tracé à suivre sur le terrain pour obtenir une répartition égale de la semence. On sème d'abord la moitié de la semence dans un sens, puis l'autre moitié transversalement à celui-ci.

Figure 2. Tracé à suivre sur le terrain pour obtenir une répartition égale de la semence. On sème d’abord la moitié de la semence dans un sens, puis l’autre moitié transversalement à celui-ci.

Après le semis, ratisser légèrement pour recouvrir les graines d’une couche de 2 à 5 mm de terre. Ratisser dans un sens seulement, sans mouvements de va-et-vient, pour éviter que les graines ne s'accumulent au fond de raies ou au sommet de crêtes.

Une fois les graines recouvertes, un passage du rouleau pour tasser la terre favorisera une germination rapide et uniforme. Garder le rouleau sec pour éviter que la semence n'y adhère. Il y a quatre moments où il est indiqué de passer un rouleau sur une nouvelle pelouse :

  • immédiatement après le semis,
  • après la germination, pour tasser le sol soulevé et pour donner aux racines un bon ancrage,
  • après la première tonte, et
  • le printemps suivant, pour renfoncer dans le sol les plantules déchaussées par le gel.

Arroser les nouveaux semis fréquemment pour que le lit de semence reste bien humide jusqu'à la germination et à l’établissement des plantules. Arroser en pluie fine pour ne pas mettre les graines à nu. Garder la terre uniformément humide, sans la saturer d’eau, jusqu'à ce que les plantes soient bien établies. S'il le faut, répéter les arrosages ou les brumisations plusieurs fois par jour.

Paillage

Un paillis n'est pas une absolue nécessité, bien qu'il favorise une germination uniforme et rapide et l’établissement du gazon. Le paillis est indiqué pour l’ensemencement des pentes abruptes (afin de prévenir l’érosion du sol) jusqu'à ce que ce que le gazon se soit établi. Le paillis assure également une protection durant la germination et les débuts de la croissance. On peut utiliser de la paille, de la grosse toile ou des géotextiles à usage paysager. Si on se sert de paille, en épandre environ deux balles par 100 m2. Enlever le paillis lorsque les plantules font 4 cm.

Tonde des nouvelles pelouses

Commencer la tonte quand le gazon a atteint une hauteur d’environ 1 à 2 cm supérieure à la hauteur de tonte voulue. S'assurer que les lames de la tondeuse soient bien affûtées. Autrement, elles risqueraient d’arracher les jeunes plantules. La tonte est importante, car elle stimule le tallage et la production de rhizomes, ce qui procure un gazon plus fourni.

Pour accroître la densité de la pelouse, une légère fertilisation peut être faite quatre à six semaines environ après la germination.

Pose de gazon en plaques

La pose de gazon en plaques procure une pelouse " instantanée "; c'est la solution à privilégier dans les situations suivantes :

  • quand on veut une pelouse très rapidement;
  • pour l’établissement d’une terrasse ou d’une pente abrupte qui risquerait d’être gravement érodée si le sol remué restait sans protection;
  • pour les endroits où l’établissement du gazon est difficile à cause du piétinement ou d’une ombre intense;
  • à la mi-été ou en fin d’automne, lorsque les conditions ne sont pas propices à l’engazonnement par semis.

Chez le pâturin des prés, les nouvelles racines partent en premier lieu du collet et des rhizomes. Quand la couche de sol attachée au gazon en plaques est mince, les racines pénètrent rapidement dans le sol en place et il ne faut que deux ou trois semaines pour que le gazon soit bien établi.

On prépare la surface de la même façon pour la pose de gazon en plaques que pour les semis. La surface doit être bien aplanie et ferme. Avec le gazon en plaques, il ne s'agit que de favoriser le développement du système racinaire. S'empresser d’étendre les rouleaux de gazon dès leur livraison. Le gazon au cœur des rouleaux a tendance à s'échauffer rapidement au milieu de l’été et peut être gravement endommagé en moins de douze heures. D’habitude, on incorpore un engrais riche en phosphore dans les 7 premiers cm du sol avant la pose des plaques. Les rouleaux sont posés bout à bout, chaque rangée étant décalée par rapport à la précédente. Éviter d’étirer les plaques, car elles rétrécissent en séchant et laissent des vides qui constituent des endroits de prédilection pour les graminées adventices annuelles.

Après la pose du gazon en plaques, passer un rouleau pour assurer un contact étroit entre le gazon et le sol sous-jacent. Pendant les chaleurs de l’été, surtout en juillet et en août, arroser dans l’heure qui suit la pose. Si on laisse les plaques s'assécher, le système racinaire sera endommagé et le gazon se déshydratera et mourra. Avant d’étendre les plaques, arroser le sol légèrement. Après la pose, arroser tous les deux à trois jours, en début de journée, afin de garder le sol humide tant que les plants n'auront pas entièrement pris racine (environ deux semaines). Éviter d’arroser à l’excès. Si la pose est faite en plein été, arroser tous les jours vers midi, pendant une période allant de dix jours à deux semaines. Le gazon en plaques posé au début du printemps ou à la fin de l’automne exige très peu d’arrosage une fois en place.

Quand la pose est terminée, la fréquence des coupes et la hauteur de tonte sont les mêmes que pour une pelouse établie. Aucune fertilisation n'est habituellement nécessaire pendant la période de trois à quatre semaines suivant la pose. Par la suite, on emploie les mêmes doses de fertilisant que pour une pelouse établie. Restreindre la circulation sur la pelouse pendant trois ou quatre semaines après la pose pour donner la chance aux plaques de gazon de bien s'enraciner.