Le puceron lanigère du pommier, Erisoma lanigerum, était autrefois peu présent dans les vergers de l'Ontario, mais il y est maintenant beaucoup plus répandu. Outre la pomme, les hôtes du parasite sont notamment la poire, l'aubépine, le sorbier et l'orme.

Le puceron lanigère vit soit en colonie aérienne, soit en colonie souterraine (sur les racines). Quoique les colonies aériennes soient bien établies en Ontario, on se demande en ce moment si les colonies souterraines posent un problème ou si nos hivers sont trop froids pour qu'elles y survivent. On a signalé à quelques reprises que le puceron lanigère entravait le développement racinaire.

Les colonies aériennes hivernent à l'état d'œufs dans les fentes et les crevasses de l'écorce des arbres (Figure 1). Au printemps, les nymphes montent jusqu'aux nouvelles pousses et aux zones plus tendres de l'écorce. On observe habituellement les colonies en juin, sur les coupes d'émondage (Figure 2), autour des lésions sur les branches et le tronc, et à la base des jeunes pousses. Elles sont alors recouvertes d'une sécrétion cireuse blanche. À mesure que l'été avance, l'infestation progresse et gagne les rameaux en formation et les points d'attache des gourmands (Figure 3).

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Les colonies aériennes de pucerons lanigères hivernent à l'état d'œufs dans les fentes et les crevasses de l'écorce.
Figure 1. Les colonies aériennes de pucerons lanigères hivernent à l'état d'œufs dans les fentes et les crevasses de l'écorce.
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On peut observer les premières colonies de pucerons lanigères sur les coupes d'émondage en juin.
Figure 2. On peut observer les premières colonies de pucerons lanigères sur les coupes d'émondage en juin.
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À mesure que l'été avance, l'infestation de pucerons progresse et gagne les rameaux en formation et les points d'attache des gourmands.
Figure 3. À mesure que l'été avance, l'infestation de pucerons progresse et gagne les rameaux en formation et les points d'attache des gourmands.

Les larves mobiles peuvent attaquer les racines en tout temps lorsqu'elles sont actives, principalement en juin et en juillet, ainsi qu'à l'automne. Il existe des pucerons ailés et des larves mobiles qui, les uns comme les autres, se déplacent d'arbre en arbre. Le faible espacement des arbres et un sol propre et uni favorisent la migration des larves mobiles. Par contre, un sol chaud, la présence de mauvaises herbes et l'éloignement des arbres freinent les déplacements des pucerons d'un arbre à l'autre.

En se nourrissant, le puceron lanigère provoque la formation de nœuds ou de galles sur les rameaux (Figure 4) ou les racines, ce qui peut freiner la croissance des nouvelles pousses, surtout chez les jeunes arbres. En outre, les zones attaquées par les pucerons sont plus sensibles au gel et aux rigueurs de l'hiver. Sur un arbre atteint de chancre, le puceron peut, en se nourrissant, propager l'agent pathogène.

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En se nourrissant, le puceron lanigère provoque la formation de nœuds ou de galles sur les tissus charnus.
Figure 4. En se nourrissant, le puceron lanigère provoque la formation de nœuds ou de galles sur les tissus charnus.

Comme d'autres aphidés, les pucerons lanigères sécrètent une substance collante, le miellat, qui dégoutte sur les fruits et les feuilles. Le miellat provoque l'apparition de taches rousses sur les fruits et favorise l'implantation de champignons fuligineux qui réduiront la valeur marchande des fruits. Le miellat présente en outre un problème d'ordre pratique pour les ouvriers qui travaillent à la récolte, car il rend les mains collantes et tache les vêtements.

Idéalement, Aphelinus mali, une guêpe parasitoïde, peut suffire à tenir en respect les colonies aériennes de pucerons lanigères. Les pucerons parasités ont l'aspect de momies noires (Figure 5). Malheureusement, A. mali est très sensible à de nombreux insecticides couramment utilisés dans les vergers gérés de façon conventionnelle (Tableau 1).

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Les pucerons lanigères parasités par Aphelinus mali ressemblent à des momies noires.
Figure 5. Les pucerons lanigères parasités par Aphelinus mali ressemblent à des momies noires. (Photo : E. Beers, WSU).
Tableau 1. Groupes d'insecticides couramment utilisés et leur niveau de toxicité pour Aphelinus mali
GroupeNom du groupeToxicité pour A. mali
1ACarbamateTrès toxique (TT)
1BOrganophosphateTrès toxique (TT)
3PyréthroïdesTrès toxique (TT)
4ANéonicotinoïdesMoyennement toxique (MT) à Très toxique (TT)
5SpinosynesMoyennement toxique (MT)
28DiamidesNon toxique (NT) à Moyennement toxique (MT)

Chose intéressante, une étude a été réalisée dans l'État de Washington pour évaluer l'utilisation de fleurs plantées au milieu des allées afin de promouvoir la suppression des pucerons dans les vergers (Gontijo et al., 2013). On a pu constater que les pucerons étaient considérablement moins nombreux sur les arbres situés à proximité des fleurs que dans les parcelles témoins. En particulier, la densité de population d'un groupe divers d'araignées et d'insectes prédateurs généralistes, y compris le syrphe, s'est nettement accrue près de l'alysson maritime (Figure 6). On peut tondre l'alysson pendant toute la saison ou adapter la faucheuse pour laisser une bande non coupée au centre des allées.

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Planté entre les rangs de pommiers, l'alysson maritime peut réduire les colonies de pucerons lanigères en créant un habitat naturel hostile.
Figure 6. Planté entre les rangs de pommiers, l'alysson maritime peut réduire les colonies de pucerons lanigères en créant un habitat naturel hostile. (Photo : Good Fruit Grower).

Quelques autres stratégies de lutte

  • Porte-greffes résistants — Les porte-greffes de série Malling portant un numéro supérieur à 100 sont généralement résistants (MM.106, MM.111), de même que G.41 et G.202. Cependant, la résistance n'est pas transmise au scion et n'a pas d'effet sur la population aérienne de pucerons.
  • Lutte chimique — Il n'existe aucun produit de lutte chimique contre les infestations souterraines. Pulvérisez un insecticide homologué dès la première apparition des colonies aériennes. Les mesures de lutte se révèlent plus efficaces lorsqu'elles sont appliquées au début plutôt qu'à la fin de l'été, car la substance cireuse recouvrant les parasites est moins abondante et donc plus facile à pénétrer. D'après des observations sur le terrain, des applications de Movento contre la cécidomyie du pommier faites au stade de la chute des pétales et de nouveau 14 jours plus tard ont donné de bons résultats contre le puceron lanigère. Des essais sur le terrain menés à San Jose avec du Closer ont également été fructueux contre les pucerons lanigères à une concentration élevée de 400 mL/ha. Des résultats similaires ont été signalés dans l'État de New York (Agnello, 2017), en Pennsylvanie (Biddinger, 2017) et dans l'État de Washington (Beers et al., 2007).
  • Lutte culturale : 
    • Surveillez les drageons et les cicatrices d'émondage entre la chute des pétales et la première couverture.
    • Retirez les drageons racinaires pour éliminer les sites de colonisation précoce.
    • Retirez les gourmands poussant sur les principales branches charpentières en début de saison (juin).
    • Couvrez les cicatrices d'émondage d'enduit cicatrisant afin de stopper la colonisation.
    • Éliminez les colonies plus nombreuses pendant l'émondage d'été.

Références

Agnello, A. « The Usual Suspects: A Reprise by San Jose Scale & Woolly Apple Aphid », présentation donnée lors de l'Ontario Fruit & Vegetable Convention, à Niagara Falls (Ontario), 2017.

Beers, E. H., S. D. Cockfield et G. Fazio. « Biology and management of woolly apple aphid, Eriosoma lanigerum (Hausmann), in Washington state », IOBC-WPRS Bulletin, vol. 30, 2007, p. 37-42.

Biddinger, D. Orchard IPM - BMSB and Woolly Apple Aphid, 2017.

Gontijo, L. M., E. H. Beers et W. E. Snyder. « Flowers promote aphid suppression in apple orchards », Biological Control, vol. 66, 2013, p. 8-15.