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Photo: New York State Department of Environmental Conservation

La protection et le rétablissement des espèces en péril en Ontario

Le rétablissement des espèces en péril est un volet clé de la protection de la biodiversité en Ontario. La biodiversité – la diversité des organismes vivants sur la Terre – nous fournit de l’air et de l’eau propres, de la nourriture, des fibres, des médicaments et d’autres ressources dont nous avons besoin pour survivre.

La Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) représente l’engagement juridique du gouvernement de l’Ontario envers la protection et le rétablissement des espèces en péril et de leurs habitats. Dès qu’une espèce est désignée comme disparue de l’Ontario, en voie de disparition ou menacée aux termes de la LEVD, elle est automatiquement protégée contre toute forme de harcèlement. En outre, dès qu’une espèce est désignée comme en voie de disparition ou menacée, son habitat est protégé contre les dommages et la destruction.

Aux termes de la LEVD, le ministère des Richesses naturelles et des Forêts (le ministère) doit veiller à ce qu’un programme de rétablissement soit élaboré pour chaque espèce inscrite à la liste des espèces en voie de disparition ou menacées. Un programme de rétablissement offre des conseils scientifiques au gouvernement à l’égard de ce qui est nécessaire pour réaliser le rétablissement d’une espèce.

Déclarations du gouvernement en réponse aux programmes de rétablissement

Dans les neuf mois qui suivent l’élaboration d’un programme de rétablissement, la LEVD exige que le ministère publie une déclaration qui résume les mesures que le gouvernement de l’Ontario prévoit prendre en réponse au programme de rétablissement et ses priorités à cet égard. Le programme de rétablissement pour le méné camus (Notropis anogenus) a été achevé le 22 novembre, 2013.

Cette déclaration est la réponse du gouvernement de l’Ontario aux conseils scientifiques fournis dans le programme de rétablissement. En plus de se fonder sur les renseignements fournis dans le programme de rétablissement, elle tient compte des commentaires reçus de la part de parties intéressées, d’autres territoires de compétence, des collectivités autochtones et du public. Cette déclaration reflète les meilleures connaissances traditionnelles, locales et scientifiques auxquelles on peut accéder en ce moment; elle pourrait être modifiée si de nouveaux renseignements deviennent accessibles. En mettant en œuvre les mesures prévues à la présente déclaration, la LEVD permet au ministère de déterminer ce qu’il est possible de réaliser, compte tenu des facteurs sociaux et économiques.

Le méné camus est un petit vairon svelte qui peut atteindre 6 cm de longueur. Sa coloration est argentée, son dos présente des marques jaune pâle à olivâtres, et ses flancs sont marqués par une bande foncée. Il possède un museau aplati et une très petite gueule renversée. On le trouve seulement dans quatre regions de l’Ontario, soit dans la partie sud du bassin versant des lacs Huron, Sainte-Claire, Érié et Ontario, et dans le fleuve Saint-Laurent.

Démarches futures pour protéger et rétablir le méné camus

Le méné camus est désigné comme espèce menacée aux termes de la LEVD. Aux termes de la LEVD, il est interdit d’endommager ou de perturber cette espèce, et d’endommager ou de détruire son habitat, à moins d’y avoir été autorisé. Une telle autorisation exigerait que des conditions établies par le ministère soient respectées.

Le méné camus est considéré comme rare à non commun à l’échelle mondiale, et l’espèce est endémique en Amérique du Nord, où elle fréquente plusieurs affluents du fleuve Mississippi supérieur, la partie supérieure du bassin versant de la rivière Rouge et le bassin versant des Grands Lacs. Au Canada, on trouve le méné camus seulement à quelques endroits dans le Sud de l’Ontario, notamment dans la rivière Teeswater, le chenal Old Ausable et quelques milieux humides sur les rives du lac Sainte-Claire (et de certains de ses affluents), du lac Érié, du lac Huron inférieur, du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent. Grâce à de récentes initiatives d’échantillonnage ciblé, le méné camus a également été observé dans la rivière Trent, le lac East et la baie Waupoos. Il est prévu que d’autres activités seront entreprises pour le lac West et la baie Wellers. Bien qu’on ait récemment constaté des baisses, les tendances en matière de répartition demeurent inconnues à cause de l’insuffisance de l’échantillonnage ciblé et des difficultés à identifier l’espèce dans son milieu.

Le méné camus privilégie un habitat densément végétalisé sur un substrat de sable limoneux et des eaux de moins de deux mètres de profondeur pour le frai. Une fois éclos, les petits sont souvent associés à la présence de plantes aquatiques telles que le chara, la vallisnérie américaine et le potamot. Les adultes aiment les eaux limpides des ruisseaux, des lacs et des baies offrant de faibles courants et une ample végétation, où le substrat se compose de sable, de limon, de boue, d’argile, de marne ou de débris organiques.

Les connaissances dont nous disposons au sujet de la biologie et de l’écologie du méné camus accusent de nombreuses lacunes, par exemple en ce qui concerne les effets directs et indirects des polluants sur l’espèce. Pour comprendre ces menaces, il importe de connaître la tolérance du méné camus à divers paramètres de qualité de l’eau. De plus, on ignore le degré de dégradation de son habitat dans les zones humides côtières, les effets de certaines espèces envahissantes et les répercussions connexes sur sa répartition. Du fait qu’un certain nombre de populations sont petites et isolées, l’aptitude de l’espèce à se répandre et à recoloniser ses habitats d’origine peut être limitée.

La principale menace qui pèse sur le méné camus est la dégradation de l’habitat, y compris l’altération et la destruction des zones humides, ainsi qu’une érosion accrue qui résulte de l’aménagement riverain et qui entraîne l’accroissement de la charge sédimentaire et de la turbidité. La dégradation de l’habitat entrave la connectivité entre les populations, ce qui peut finir par réduire la diversité génétique et empêcher le méné camus de coloniser d’autres habitats appropriés. Les plans d’eau qui sont habituellement fréquentés par ce poisson deviennent peu à peu moins bien adaptés en raison de l’érosion du sol et du ruissellement provenant des aménagements urbains et agricoles avoisinants. Les espèces envahissantes (p. ex. la carpe [Cyprinus carpio] et le myriophylle en épi [Myriophyllum spicatum]) sont également préoccupantes à certains endroits.

Dans le Sud-Ouest de l’Ontario, de nombreuses autres espèces aquatiques font face à des menaces similaires. Il est donc important de stimuler les activités d’intendance continue et leur coordination à l’échelle du bassin versant pour atténuer les principales menaces à l’égard de nombreuses espèces en péril. L’adoption d’une approche fondée sur l’écosystème offre des moyens plus efficaces de contrer un grand nombre des menaces qui pèsent le plus sur le méné camus et d’autres espèces aquatiques en péril dans les mêmes bassins versants.

L’objectif du gouvernement en ce qui concerne le rétablissement du méné camus en Ontario consiste à maintenir des populations viables aux sites existants et à promouvoir l’expansion et l’augmentation naturelles des populations.

La protection et le rétablissement des espèces en péril sont une responsabilité partagée. Aucune agence ni aucun organisme n’a toutes les connaissances, l’autorité ni les ressources financières pour protéger et rétablir toutes les espèces en péril de l’Ontario. Le succès sur le plan du rétablissement exige une coopération intergouvernementale et la participation de nombreuses personnes, organismes et collectivités.

En élaborant la présente déclaration, le ministère a tenu compte des démarches qu’il pourrait entreprendre directement et de celles qu’il pourrait confier à ses partenaires en conservation, tout en leur offrant son appui.

Mesures menées par le gouvernement

Afin de protéger et de rétablir le méné camus, le gouvernement entreprendra directement les mesures suivantes :

  • Élaborer un protocole de surveillance des populations et de la répartition du méné camus.
  • Faire enquête sur l’efficacité des activités de restauration des habitats situés dans les zones humides côtières pour rétablir les populations de méné camus.
  • Poursuivre la mise en œuvre du Plan stratégique de l’Ontario contre les espèces envahissantes pour traiter le problème des espèces envahissantes (p. ex. la carpe) qui menacent le méné camus.
  • Renseigner les autres organismes et autorités qui prennent part aux processus de planification et d’évaluation environnementales quant aux exigences de protection prévues à la LEVD.
  • Encourager la soumission de données sur le méné camus à l’entrepôt de données du ministère des Richesses naturelles au Centre d’information sur le patrimoine
  • Entreprendre des activités de communication et de diffusion afin d’augmenter la sensibilisation de la population quant aux espèces en péril en Ontario.
  • Protéger le méné camus et son habitat par l’entremise de la LEVD.
  • Appuyer les partenaires en conservation, et les organismes, municipalités et industries partenaires et les collectivités autochtones, pour qu’ils entreprennent des activités visant à protéger et rétablir le méné camus. Ce soutien prendra la forme de financement, d’ententes, de permis avec des conditions appropriées, et de services consultatifs.
  • Encourager la collaboration, et établir et communiquer des mesures prioritaires annuelles pour l’appui gouvernemental afin de réduire le chevauchement des travaux.

Mesures appuyées par le gouvernement

Le gouvernement appuie les mesures suivantes qu’il juge comme étant nécessaires à la protection et au rétablissement du méné camus. On accordera la priorité aux mesures portant la mention « hautement prioritaire » en ce qui concerne le financement aux termes de la LEVD. Lorsque cela est raisonnable, le gouvernement tiendra également compte de la priorité accordée à ces mesures lors de l’examen et de la délivrance d’autorisation en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. On encourage les autres organismes à tenir compte de ces priorités lorsqu’ils élaborent des projets ou des plans d’atténuation relatifs à des espèces en péril. Le gouvernement ciblera son appui sur ces mesures hautement prioritaires au cours des cinq prochaines années.

Secteurs d’intervention : Recherche et surveillance

Objectif : Accroître les connaissances sur les tendances liées aux populations, les conditions d’habitat de l’espèce et les menaces qui pèsent sur elle.

Mesures :
  1. (hautement prioritaire) Entreprendre un échantillonnage ciblé pour obtenir des données sur la situation démographique, la santé, l’aire de répartition, l’abondance et les nouvelles occurrences des populations :
    • aux sites actuels, y compris les zones non échantillonnées du chenal Old Ausable, de la baie Long Point, du fleuve Saint-Laurent, du lac Sainte-Claire et de la rivière aux Canards;
    • aux sites offrant des habitats propices, y compris la rivière Teeswater, la baie Waupoos, le ruisseau Big (comté Haldimand – Norfolk), la rive sud du lac Sainte-Claire et les tributaires du lac Sainte-Claire;
    • aux sites que l’espèce occupait autrefois dans le parc national de la Pointe Pelée et dans la rivière Gananoque.
  2. Déterminer la tolérance du méné camus à divers paramètres de qualité de l’eau (p. ex. oxygène dissous, turbidité, éléments nutritifs) et établir la comparaison avec les normes existantes sur la qualité de l’eau.

Secteurs d’intervention : Protection et gestion

Objectif : Faire participer les propriétaires fonciers et les principaux intervenants à des activités d’intendance pour améliorer l’habitat et réduire les menaces.

Mesures :
  1. (hautement prioritaire)Travailler avec les propriétaires fonciers et d’autres intervenants clés afin de réduire au minimum les menaces pour l’habitat de l’espèce en favorisant :
    • l’élaboration et la mise en œuvre de plans agroenvironnementaux et de plans de gestion des éléments nutritifs;
    • la mise en œuvre de pratiques de gestion optimales (PGO) dans l’habitat du méné camus et aux alentours, aux sites très dégradés pour réduire l’envasement, la turbidité et la charge en éléments nutritifs.
  2. Poursuivre la réhabilitation des rives et du littoral à l’échelle du bassin versant et aux sites très dégradés, conjointement avec les initiatives existantes de rétablissement de l’écosystème aquatique.

Secteurs d’intervention : Sensibilisation

Objectif : Mieux sensibiliser le public sur le méné camus, ainsi que sur le rôle des écosystèmes aquatiques sains et leur importance pour les humains.

Mesures :
  1. Élaborer des documents de sensibilisation qui décrivent les menaces pesant sur le méné camus et l’importance de mettre en œuvre des PGO afin de réduire l’envasement et la turbidité, ainsi que l’introduction de polluants toxiques. Diffuser de la documentation aux responsables de la protection de la nature, aux communautés autochtones, aux pêcheurs et à d’autres intervenants clés.

Mise en œuvre des mesures

Le soutien financier pour la mise en œuvre des mesures de rétablissement approuvées pourrait être fourni par l’entremise du Fonds d’intendance des espèces en péril, ou du Programme d’encouragement des exploitants agricoles à la protection des espèces en péril. On encourage les partenaires en conservation à discuter de leurs propositions de projets liés à la présente déclaration avec le ministère des Richesses naturelles. Le ministère peut aussi conseiller ses partenaires à l’égard des autorisations exigées aux termes de la LEVD afin d’entreprendre le projet.

La mise en œuvre des mesures pourra être modifiée si les priorités touchant l’ensemble des espèces en péril changent selon les ressources disponibles et la capacité des partenaires à entreprendre des activités de rétablissement. La mise en œuvre des mesures visant plusieurs espèces sera coordonnée partout là où les déclarations du gouvernement en réponse au programme de rétablissement l’exigent.

Évaluation des progrès

Aux termes de la LEVD, le gouvernement doit évaluer l’efficacité des mesures de protection et de rétablissement visant une espèce au plus tard cinq ans après la publication de la présente déclaration en réponse au programme de rétablissement. Cette évaluation permettra de déterminer si des rectifications sont nécessaires pour en arriver à protéger et à rétablir l’espèce.

Remerciements

Nous tenons à remercier tous ceux et celles qui ont pris part à l’élaboration du Programme de rétablissement pour le méné camus (Notropis anogenus) en Ontario pour leur dévouement en ce qui a trait à la protection et au rétablissement des espèces en péril.

Renseignements supplémentaires :

Consultez le site Web des espèces en péril
Communiquez avec votre bureau de district du MNRF
Communiquez avec le Centre d’information sur les ressources naturelles
1 800 667-1940
ATS 1 866 686-6072
NRISC@ontario.ca
Le site du Ministère des Richesses naturelles et des Forêts