Introduction

En Ontario, on retrouve les espèces aussi bien annuelles que vivaces de morelles. Les espèces annuelles causent de graves ennuis à la culture du soya, des haricots secs, de la pomme de terre, de la tomate, des pois et de la luzerne. Les morelles sont des mauvaises herbes secondaires, c'est-à-dire des adventices qui s'implantent dans une culture après la des-truction de mauvaises herbes concurrentielles. L'infestation par les morelles abaisse le rendement et la qualité des cul-tures et augmente le coût de la récolte. Les peuplements de morelle annuelle gênent fortement la récolte du soya et des haricots secs. Longs à sécher, les plants de morelle résistent aux premières gelées d'automne. Les tiges, les feuilles et les baies peuvent obstruer les rotors et les cribles du matériel de récolte. Des particules de terre, de balle et les graines d'au-tres mauvaises herbes, agglutinées par le jus collant des baies de morelle écrasées, tachent les haricots ou le soya, et salis-sent les pièces de la moissonneuse avec lesquelles elles viennent en contact. Il est difficile, sinon impossible de nettoyer les haricots tachés par le jus des baies de morelle (figures 1 et 2). En augmentant le taux d'humidité, les baies de morelle favorisent l'apparition de moisissures et d'autres problèmes pendant l'entreposage.

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Figure 1. Fèves de soya exemptes de toute contamination par la morelle. (La photo est une gracieuseté de David Bilyea, Collège de technologie agricole de Ridgetown.)

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Figure 2. Fèves de soya contaminées par des baies de morelle. (La photo est une gracieuseté de David Bilyea, Collège de technologie agricole de Ridgetown.)

Les morelles annuelles peuvent germer, fleurir et pro-duire des graines mûres en moins de six semaines, et leur production de semences se poursuit parfois durant plusieurs mois. Leur taux de multiplication est tel qu'à peine quelques plants établis au cours d'un été suffisent à causer une infes-tation grave l'année suivante.

Description

La morelle noire de l'Est (Solanum ptycanthum Dun.) est l'espèce la plus répandue en Ontario, suivie par la morelle noire (S. nigrum L.) et la morelle poilue (S. sarachoides Sendt.). On trouve fréquemment les plants de morelle dans les champs cultivés, les jardins, les terrains abandonnés, le long des clôtures, en périphérie des pâturages et dans les bois ouverts et secs.

Les graines de morelle sont introduites dans les champs sains par des semences contaminées, par la machinerie agri-cole et peut-être même par les oiseaux. Les graines sont tellement résistantes que leur viabilité n'est pas affectée par le système digestif des oiseaux. Bien que les graines de mo-relles annuelles germent habituellement en fin de printemps, les plantules peuvent continuer à lever durant tout l'été si la terre est assez humide (figure 3).

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Figure 3. Plantule de morelle noire de l'Est

On pourrait confondre les petites plantules de morelle avec celles des amarantes si ce n'était de leurs feuilles vert foncé, au revers violacé et aux marges dentées. Les tiges des plants de morelle sont érigées, délicates et souvent ramifiées. Les feuilles sont alternes (une par noeud) et leur contour est ovale ou en losange. Les fleurs sont petites (9-15 mm de diamètre), blanches ou tirant sur le mauve, et ressemblent à celles de la pomme de terre. Par groupes de deux à cinq, les fleurs forment de courts épis qui sont fixés sur la tige. Les baies sont petites (5-9 mm), vertes d'abord, puis tournent au noir et parfois au vert-brun en mûrissant. Elles renferment un grand nombre de graines minuscules (figure 4).

Désherbage

Le désherbage mécanique et la lutte chimique sont deux moyens efficaces d'empêcher les infestations de morelles annuelles de se produire. Le sarclage permet d'éliminer les plants qui ont échappé aux traitements herbicides et met donc un terme à la production de graines. Les cotes d'effi-cacité à détruire les morelles dans les cultures de soya au moyen de différents herbicides sont présentées au tableau 1. L'incorporation dans le sol de produits contenant du cloma-zone (Merit), du métolachlore (Dual), du diméthénamide (Frontier) ou de l'imazéthapyr (Pursuit) s'avère assez efficace pour le désherbage au présemis. On a obtenu d'excellents résultats avec des traitements en prélevée au moyen de méto-lachlore, de diméthénamide et d'imazéthapyr. À noter que l'imazéthapyr est également efficace lorsqu'il est appliqué en postlevée ou qu'on l'utilise au présemis dans la culture sans labour. Pour détruire des plants de morelles annuelles déjà levés, on a recours au bentazone et à l'acifluorfène; toutefois, comme ces herbicides ne sont pas rémanents, des plantules de morelles peuvent très bien lever plus tard.

Tableau 1. Cotes d'efficacité de certains herbicides à dé-truire les morelles annuelles dans les cultures de soya
Mode d'utilisation
Incorporation au présemis Prélevée Postlevée
Clomazone B Diméthénamide E Acifluorfène B
Diméthénamide B Imazéthapyr E Bentazone A
Éthalfluraline A Linuron B Imazéthapyr E
Imazéthapyr B Métobromuron B Thifensulfurone-méthyle M
Métolachlore B Métolachlore E  
Trifuraline M Métribuzin M  
  Monolinuron B  

Cote d'efficacité : E = excellent; B = bon; A = acceptable; M = médiocre

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Figure 4. Plant adulte de morelle noire de l'Est chargé de baies noires et de baies vertes multiples

On dispose de nombreux herbicides pour combattre les morelles dans les champs de maïs de grande culture. La lutte chimique donne d'excellents résultats lorsqu'elle repose sur des produits contenant du diméthénamide (Frontier), du métolachlore (Dual), de l'atrazine, de la cyanazine (Bladex), du dicamba (Banvel), du bromoxynil (Pardner) ou du 2,4-D + dicamba + mécoprop (Kill-mor). Il faut souligner que le 2,4-D utilisé seul ne réussit pas à détruire les morelles an-nuelles. Pour plus de renseignements sur l'utilisation d'herbi-cides combinés, sur les taux d'application et sur les mises en garde particulières, se référer à l'édition courante de la publi-cation 75F du MAAO, intitulée Guide de lutte contre les mauvaises herbes.

Nous remercions le Secrétariat d'État pour sa contribution financière à la réalisation de la présente fiche technique.