octobre 2012
Le phragmite commun est une espèce envahissante qui cause des dommages aux terres humides.

Que sont les espèces envahissantes?

Certains des animaux et plantes qu’on trouve en Ontario ne sont pas indigènes à la province. Beaucoup de ces espèces sont inoffensives et peuvent même offrir des avantages en matière de nourriture et de possibilités sur le plan des loisirs. Malheureusement, d’autres menacent l’environnement, l’économie, la société ou la santé humaine en Ontario. On appelle ces espèces nuisibles « espèces envahissantes ».

Les espèces envahissantes ont été introduites sur les terres et dans les eaux de l’Ontario par les eaux de ballast rejetées par des navires de charge et par l’entremise de marchandises importées d’autres parties du monde. Les espèces envahissantes n’ont souvent pas de prédateurs naturels dans leurs nouveaux milieux; elles s’adaptent facilement à une gamme de conditions environnementales et se reproduisent rapidement. Ces caractéristiques permettent aux espèces envahissantes de s’établir promptement dans leur nouvel habitat. Plus de 185 espèces non indigènes vivent dans le bassin des Grands Lacs, y compris des espèces envahissantes comme la salicaire pourpre et la moule zébrée.

Les espèces envahissantes peuvent perturber les écosystèmes et causer du tort et du stress aux espèces indigènes, y compris les espèces en péril. Les espèces envahissantes peuvent modifier les réseaux trophiques, nuire aux cycles des substances nutritives et déloger les espèces indigènes. Ces changements sont souvent irréversibles et peuvent réduire la biodiversité.

une photo du peuplement de phragmite mesurant 5,2 mètres.
Peuplement de phragmite mesurant 5,2 mètres. Photo : J.M. Gilbert

Qu’est-ce que le phragmite commun?

Le Phragmites australis (sous-espèce australis, aussi connue sous le nom de roseau commun ou phragmite commun) est une graminée vivace envahissante qui a cause de graves dommages aux terres humides et aux plages de l’Ontario depuis plusieurs décennies. On ne sait pas exactement comment le phragmite commun a été introduit en Amérique du Nord depuis son milieu indigène eurasien. En 2005, des chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada l’ont désigné comme la « pire » espèce végétale invasive au pays. Malgré cette désignation, le Phragmite commun est toujours vendu comme plante ornementale dans certains centres jardiniers.

Le phragmite commun est une plante très agressive qui se répand rapidement et s’approprie l’eau et les éléments nutritifs dont ont besoin les espèces indigènes. Cette espèce envahissante est florissante dans les habitats perturbés et est souvent l’une des premières espèces à les coloniser. Le phragmite commun dispose d’un réseau complexe de racines spécialisées qui sécrètent des toxines dans le sol, lesquelles empêchent la croissance des plantes voisines et les tuent. Bien que le phragmite commun préfère les eaux stagnantes, ses racines peuvent atteindre des longueurs extrêmes. Celles-ci peuvent aussi se prolonger profondément dans le sol pour trouver l’humidité qui lui est nécessaire, ce qui permet à la plante de survivre dans des endroits relativement secs.

Les peuplements de phragmites communs se reproduisent principalement par le prolongement de stolons ou la dispersion de fragments de racines qui croissant et deviennent rapidement de nouvelles plantes. Les fragments de racines peuvent être transportés par l’eau courante, le vent ou les animaux qui se déplacent. L’activité humaine comme les industries horticoles et agricoles ainsi que le déplacement des bateaux, des remorques et des VTT peut aussi contribuer à la dispersion des fragments de racines. Une fois établi, le nouveau phragmite peut croître de plusieurs mètres en hauteur et produire jusqu’à 2 000 graines chaque année.

Le phragmite commun est un proche parent de la sous-espèce indigène Phragmites australis, sous-espèce americanus. Le phragmite indigène n’atteint généralement ni la taille ni la densité des sous- espèces envahissantes, pas plus qu’il ne fait la concurrence à d’autres espèces indigènes. À l’inverse, les peuplements de phragmites communs sont extrêmement denses, comptant jusqu’à 200 tiges par mètre carré, et les plantes individuelles peuvent atteindre jusqu’à cinq mètres de hauteur. Les peuplements de phragmites communs peuvent gagner une telle densité qu’ils supplantent d’autres espèces tandis que le phragmite indigène croît en combinaison avec d’autres plantes (Figure 1).

une photo d’un peuplement de phragmites indigènes (à gauche) et un peuplement de phragmites envahissants (à droite).
Figure 1 : Un peuplement de phragmites indigènes (à gauche) et un peuplement de phragmites envahissants (à droite). Remarquez la végétation variée et la densité plus faible des tiges de phragmites indigènes dans le peuplement à gauche, tandis que les tiges de phragmites envahissants, à droite, sont plus hautes et plus denses. Photo : Erin Saunders et J.M. Gilbert
une photo d’une tige de phragmite indigène (à gauche) et celle d’un phragmite envahissant (à droite).
Figure 2 : Une tige de phragmite indigène (à gauche) et celle d’un phragmite envahissant (à droite). Remarquez la tige brun rougeâtre à gauche et celle brun clair ou beige de l’espèce envahissante à droite. Photo : Erin Saunders et J.M. Gilbert
une photo d’une feuille de phragmite indigène (bas) et celle d’un phragmite envahissant (haut).
Figure 3 : Une feuille de phragmite indigène (bas) et celle d’un phragmite envahissant (haut). Remarquez la couleur jaune vert de la feuille du phragmite indigène tandis que celle du phragmite envahissant est bleu vert. Photo : Erin Saunders

Un peuplement de phragmites communs est caractérisé par des tiges brun clair ou beige, des feuilles bleu vert et de grandes tiges porte-graines de haute densité (Figures 2, 3 et 4). Un certain nombre de caractéristiques doivent être examinées afin de determiner si l’espèce est une variété indigène. Dans certains cas, une analyse génétique pourrait être nécessaire en vue d’établir la présence d’une sous-espèce envahissante de phragmite.

Quelles sont les répercussions des phragmites envahissants?

  • Le Phragmite commun pousse en des peuplements denses qui dominent la végétation indigène, ce qui cause une réduction de la biodiversité végétale.
  • Généralement, les peuplements de phragmites envahissants n’offrent pas un habitat pour la faune ni un bon approvisionnement alimentaire, y compris pour plusieurs espèces à risque.
  • Le phragmite envahissant pousse très rapidement. Les endroits où se trouvent des peuplements de phragmites envahissants ont des niveaux d’eau plus bas parce que chez ces plantes, le taux de transpiration de l’eau est plus élevé qu’il ne l’est chez les plantes indigènes. Cela peut se traduire par l’assèchement des terres humides et la disparition des fonctions hydrologiques comme la rétention et la filtration de l’eau.
  • Les peuplements de phragmites envahissants comptent un haut pourcentage de tiges mortes, et donc, un faible pourcentage de pousses vivantes. Les tiges mortes sont sèches et combustibles, ce qui augmente les risques d’incendie.
  • Les tiges d’un peuplement de phragmites envahissants se décomposent très lentement. Ceci produit une proportion élevée de tiges mortes, ce qui ralentit la remise en circulation d’éléments nutritifs dans l’écosystème.
  • Les phragmites envahissants peuvent nuire à l’agriculture, baisser la valeur des propriétés, causer des risques d’accident routiers et nuire à des activités récréatives comme la natation, la navigation de plaisance et la pêche sportive.
une photo d’une tige porte-graines d’un phragmite indigène (haut) et d’un phragmite envahissant (bas).
Figure 4 : Une tige porte-graines d’un phragmite indigène (haut) et d’un phragmite envahissant (bas). Remarquez que la tige porte-graines du phragmite indigène est plus petite et moins dense que celle de l’espèce envahissante. Photo : Erin Saunders
les photos des techniques de lutte contre le phragmite envahissant, comme le déblai mécanique, l’inondation, l’application de pesticides et le brûlage dirigé.
Parmi les techniques de lutte contre le phragmite envahissant, il y a le déblai mécanique, l’inondation, l’application de pesticides et le brûlage dirigé. (Photo de haut en bas : J.M. Gilbert, Rick McArthur, and J.M. Gilbert

Quelle est la situation actuelle relativement au phragmite envahissant?

On trouve des peuplements de phragmites communs le long des routes et fossés ainsi que dans les terres humides, sur les plages, dans les marais et autres habitats humides en terres basses. Le phragmite envahissant est actuellement très répandu partout dans le sud de l’Ontario. On trouve de gros peuplements au lac Sainte-Claire, au parc provincial Rondeau, dans la baie Long Point et le parc provincial Turkey Point. Bien qu’on n’ait pas déterminé les limites de l’aire de répartition de la plante, les indices portent à croire que le phragmite envahissant s’étend.

Que fait l’Ontario pour lutter contre la propagation du phragmite envahissant?

En collaboration avec des organismes gouvernementaux et non gouvernementaux du Canada et des États-Unis, le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario a entrepris de déterminer les priorités en matière de recherche et les meilleures méthodes pour contrer la propagation du phragmite envahissant. Pour ce faire, on effectue actuellement des recherches sur sa répartition et sa vitesse de propagation, et le ministère met au point des méthodes pour relever les emplacements où pousse le phragmite envahissant dans la province à l’aide d’imagerie satellitaire. Des directives concernant les pratiques exemplaires de gestion ont aussi été élaborées afin d’aider les propriétaires fonciers privés et les gestionnaires des ressources à contrôler le phragmite envahissant.

Les méthodes utilisées pour combattre le phragmite envahissant varient selon les caractéristiques des endroits où il pousse et les restrictions et règlements locaux en vigueur. Les techniques de lutte comprennent le déblai mécanique, l’inondation, l’application de pesticides et le brûlage dirigé. En raison de son important système de racines, une seule mesure de lutte n’est pas toujours efficace. De plus, la perturbation d’une zone peut en fait augmenter la densité et la propagation du peuplement ciblé. Des plans de gestion intégrés jumelant deux mesures de lutte ou plus sont habituellement plus efficaces. Il se peut qu’il soit nécessaire de faire une évaluation au cas par cas et d’adopter des solutions propres à chaque lieu. L’application de mesures initiales à des lieux envahis devrait faire l’objet d’une surveillance et d’une réévaluation fréquentes, et l’application supplémentaire de mesures pourrait être nécessaire. Dans le cadre des efforts visant à lutter contre le phragmite envahissant ou à l’éliminer, on s’efforcera de minimiser les perturbations et de causer le moins de dommages possible à la végétation et à la faune indigènes. Il est important de savoir qu’il est très difficile d’éradiquer complètement une population envahissante du phragmite envahissant après son établissement.

L’Ontario Federation of Anglers and Hunters, en partenariat avec le ministère des Richesses naturelles, veille à l’exécution du Programme de sensibilisation aux espèces envahissantes. Le but du programme est de prévenir l’établissement des espèces envahissantes et de lutter contre elles en favorisant l’éducation du public par l’entremise de la production et de la distribution de documents éducatifs ainsi que de programmes d’approche et de sensibilisation.

Le programme dispose d’un site Web sur les espèces envahissantes et d’un numéro de téléphone d’urgence (1 800 563-7711).

une photo du méchage à la main qui montre un contact direct avec chaque tige de phragmite à l’aide d’un gant en tissu absorbant trempé dans un herbicide.
Le méchage à la main nécessite un contact direct avec chaque tige de phragmite à l’aide d’un gant en tissu absorbant trempé dans un herbicide. Photo : Darren Jacobs

Ce que vous pouvez faire pour lutter contre la propagation du phragmite envahissant

  • Apprenez à identifier le phragmite envahissant et comment éviter la dispersion accidentelle des fragments de racines et des graines.
  • Ne plantez pas de phragmite commun (envahissant). Les jardiniers devraient n’utiliser que des plantes indigènes dans leurs jardins aquatiques.
  • Évitez de quitter les sentiers désignés ou de pénétrer dans des endroits où pousse le phragmite envahissant. Toute perturbation du milieu naturel peut favoriser la dissémination de cette plante. Lorsque vous quittez un endroit où pousse cette plante envahissante, brossez vos vêtements et nettoyez l’équipement sur place pour éviter le transfert des graines en de nouveaux endroits. Enlevez tous les fragments visibles de cette plante et mettez-les avec les déchets.
  • Ne tentez pas de composter le phragmite envahissant. Les graines et les rhizomes peuvent survivre et croître dans l’amas de compost. Mettez le phragmite envahissant aux déchets, débarrassez-vous-en dans un lieu d’enfouissement ou faites sécher et brûler les tiges.

Sources des renseignements

Renseignements connexes

Pour de plus amples renseignements

Pour de plus amples renseignements sur la situation du phragmite :

Rapports sur l’état des ressources Ministère des Richesses naturelles de l’Ontario, Section de l’évaluation, de la surveillance et de l’inventaire
300, rue Water,
Peterborough (Ontario) K9J 8M5
SORR@ontario.ca
Rapports sur l’état des ressources

ISBN 978-1-4435-2069-0 Imprimé
ISBN 978-1-4435-2070-6 PDF
ISBN 978-1-4435-2213-7 HTML