Élaboré par Rhonda Donley, Jarmo Jalava et Jennifer van Overbeeke

Le dragon vert (Arisaema dracontium) est une herbe vivace de la famille des Aracées (Arum), qui comprend aussi l’ariséma rouge foncé (Arisaema triphyllum), plus familier. Le dragon vert a été désigné comme espèce préoccupante par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) en 1984, et par le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario (MRNO) en 1988. Ces désignations sont conséquentes au petit nombre relatif de populations viables du dragon vert et de sa vulnérabilité à la disparition et la destruction de son habitat. L’espèce est désignée comme préoccupante aux termes de la Loi sur les espèces en voie de disparition (2007) de l’Ontario.

On trouve le dragon vert depuis le Texas et la Floride au sud jusqu'au Wisconsin, en Ontario, au Québec et dans l’État de New York au nord. Il pousse dans des boisés et taillis humides le long de rivières, de ruisseaux et de plaines inondables argileuses, c'est-à-dire typiquement en des endroits qui ne sont inondés que de façon saisonnière et qui sont ombragés ou partiellement ombragés par les arbres environnants. Les données actuelles suggèrent qu'il subsiste entre 60 et 80 plants de dragons verts en Ontario. De ce nombre, seule une petite partie est considérée comme viable bien, qu'il semble qu'on ait récemment découvert un certain nombre de populations dans des zones protégées. Rothfels et Smith (2003) avaient estimé que la population ontarienne du dragon vert comptait environ 11000 plants dont au moins 287 produisaient des fruits. Aucune estimation de la population n'a été calculée récemment, et donc, une estimation précise n'est pas possible en raison du manque de données globales.

La biologie reproductrice du dragon vert a fait l’objet d’une attention considérable parce que les plants individuels peuvent changer le sexe des fleurs qu'ils produisent. Des plants sains et de grande taille produisent des inflorescences monoïques (à la fois mâles et femelles), tandis que les plants plus petits ou endommagés ne produisent que des fleurs staminées (mâles). Les graines sont probablement propagées par de petits mammifères, les oiseaux et les inondations. En plus de produire des graines, le dragon vert se reproduit aussi par des stolons que rejette la plante-mère et qui deviennent physiologiquement indépendants. Les stolons sont dispersés en amont ou en aval par les inondations.

Les principales menaces pesant sur le dragon vert en Ontario sont la dégradation et la disparition de l’habitat. On trouve l’espèce dans les endroits les plus densément peuplés et les plus perturbés de l’Ontario où, historiquement, les impacts sur son habitat de plaines inondables ont été considérables. Bien qu'aujourd'hui les plaines inondables soient généralement protégées grâce au zonage, les aménagements sur les zones de terres hautes adjacentes peuvent avoir des retombées sur l’hydrologie et introduire de nouvelles menaces (comme des espèces envahissantes ou le piétinement en bordure des sentiers) même si la forêt inondable est maintenue. Le durcissement des surfaces par l’asphaltage des routes et la construction d’édifices a pour conséquence des maximums de niveaux d’eau et des inondations printanières plus graves. Parce que l’espèce s'est particulièrement adaptée à survivre dans des habitats de plaines inondables, les activités de lutte contre les inondations entreprises par les offices de protection de la nature ont peut-être contribué aux faibles taux de germination et de survie. En raison des aménagements passés et actuels, le dragon vert est confiné à des fragments d’habitat de plus en plus petits et isolés en Ontario. Ces populations sont vulnérables aux phénomènes stochastiques ainsi qu'aux menaces directes.

Ce plan de gestion offre des stratégies visant à maintenir les populations existantes du dragon vert, à rétablir celles qui ne sont pas autosuffisantes, à améliorer la connectivité entre les populations afin de faciliter la dispersion naturelle, et de favoriser l’expansion des populations. En cas de succès, la stratégie aurait pour résultat que l’espèce soit retirée de la liste des espèces préoccupantes. Les approches de gestion permettant d’atteindre ces objectifs et de combler les lacunes de connaissances sur le dragon vert en Ontario sont regroupées dans les cinq objectifs suivants :

  1. Dresser un inventaire de référence afin de déterminer la superficie et le nombre des sites subsistants, leur qualité et l’état de leur population. Mettre en œuvre une surveillance régulière pour suivre les tendances au sein des populations et les changements sur le plan de la qualité de l’habitat en réaction aux démarches de gestion et aux menaces.
  2. Protéger et voir à la gestion des espèces et de l’habitat des sites subsistants en Ontario afin d’atteindre et de maintenir des niveaux de population viables.
  3. Aborder les lacunes de connaissances clés relatives aux exigences en matière de cycle biologique et d’habitat et sur les priorités quant aux menaces.
  4. Faire la promotion de la sensibilisation et de l’intendance du dragon vert auprès des Premières Nations, des gestionnaires des terres, des propriétaires fonciers, des municipalités et des parties intéressées clé
  5. Appuyer et mettre en œuvre des initiatives de planification et de rétablissement axées sur les paysages et les écosystèmes afin d’augmenter le nombre d’habitats disponibles pour le dragon vert, et améliorer la connectivité des habitats pour favoriser la dispersion et l’expansion des populations.