Introduction

Un fourrage de grande qualité est indispensable pour assurer la rentabilité d'une production laitière. Les équations prédictives de la qualité de la luzerne (ÉPQL) permettent de prévoir la qualité du fourrage que donnera la luzerne sur pied et facilitent le choix, si important, de la bonne journée où faire la première coupe de luzerne destinée à l'ensilage préfané.

Les paramètres utilisés pour une vache laitière à forte production de lait sont de 20 % de protéines brutes (PB), 30 % de fibres au détergent acide (ADF) et 40 % de fibres au détergent neutre (NDF). Les teneurs en NDF et ADF servent à prévoir, respectivement, la consommation de fourrage et sa digestibilité. Bon nombre considèrent que la teneur en NDF est le critère prépondérant.

Fibres au détergent neutre (NDF)

La teneur optimale en NDF pour l'ensilage préfané de luzerne dans une ration équilibrée est d'environ 40 %. On estime que ce pourcentage offre un bon équilibre entre les objectifs parfois incompatibles associés à une prise alimentaire optimale, l'énergie digestible, l'utilisation de la protéine, la quantité adéquate de fibre alimentaire (pour le fonctionnement du rumen) et le rendement à l'acre.

La teneur de 40 % en NDF est normalement atteinte à peu près au milieu de la récolte. Cette teneur est normalement atteinte à peu près au milieu de la récolte. Sous l'effet du temps doux, elle peut toutefois s'accroître de 0,7 unité par jour, de telle sorte que la qualité du fourrage peut diminuer rapidement. Il est toujours préférable de récolter trop tôt que trop tard. En effet, si on récolte trop tôt, il est toujours possible d'ajouter les fibres requises en intégrant de la paille à la ration totale mélangée. L'attente de temps sec pour procéder à la récolte peut souvent retarder cette dernière.

Des recherches ont montré que pour une même date de récolte, la teneur en NDF peut varier jusqu'à 10 % d'une année à l'autre. La relation entre le stade phénologique (début ou fin du stade du bouton) et la teneur en NDF n'est pas toujours aussi précise qu'on pourrait le croire. Des conditions fraîches et pluvieuses peuvent retarder l'apparition du stade du bouton tandis que la teneur en NDF continue de s'accroître. Dans le cadre d'une étude menée à l'Université Cornell, on a observé que dans certains cas, la teneur en NDF atteignait 40 % avant même l'apparition de boutons tandis que dans d'autres, elle n'atteignait ce pourcentage que deux semaines après l'apparition des boutons. Lorsque le printemps est sec, la croissance peut parfois être réduite alors que la maturité se poursuit, ce qui fait que la longueur de la tige ne constitue pas un bon indicateur.

Quand faire la coupe?

Il est toujours difficile de décider du moment où faucher la luzerne. Cette décision peut reposer sur divers facteurs :

  1. une date précise;
  2. le stade de développement (comme la fin du stade bouton, etc.);
  3. les degrés-jours de croissance (DJC) (accumulations des températures quotidiennes minimales et maximales);
  4. services d'analyse d'échantillons coupée aux ciseaux avec un temps de roulement court
  5. les équations prédictives de la qualité de la luzerne (ÉPQL).

Équations prédictives de la qualité de la luzerne (ÉPQL)

La méthode des ÉPQL a été élaborée à l'Université du Wisconsin. Elle consiste à évaluer la teneur en NDF de la luzerne dans un peuplement sur pied à partir de la tige la plus longue et de la tige à l'état de maturité le plus avancé. Voici comment s'y prendre pour évaluer la teneur en NDF par la méthode des ÉPQL.

Étape 1 : Parcourir le champ et y choisir un carré représentatif de 0,19 m2 (2 pieds carrés). Trouver à l'intérieur de ce carré la tige à l'état de maturité le plus avancé, qu'elle soit au stade végétatif (aucun bouton visible), au stade du bouton (boutons visibles sur au moins un nœud) ou au stade de la floraison (au moins une fleur ouverte sur la tige).

Étape 2 : À l'intérieur du même carré, trouver la tige la plus longue et la mesurer à partir de la surface du sol (à partir du collet) jusqu'à l'extrémité de la tige (et non jusqu'à la pointe de la feuille la plus haute). Redresser la tige pour obtenir une mesure précise. Il se peut que la tige la plus longue ne soit pas celle dont l'état de maturité est le plus avancé; il faut bien s'assurer de mesurer la tige la plus longue et non une tige de longueur moyenne.

Étape 3 : À l'aide du tableau qui suit, déterminer la teneur en NDF de la luzerne fourragère sur pied d'après le stade de la tige à l'état de maturité le plus avancé et d'après la longueur de la tige la plus longue. Répéter les mêmes étapes pour quatre ou cinq carrés choisis en différents points du champ. Augmenter le nombre de carrés échantillonnés si le champ couvre plus de 12 hectares (30 acres). Établir une moyenne de tous les résultats afin d'obtenir la moyenne pour le champ.

Tableau des teneurs estimatives en NDF

Tableau 1. Teneur estimative (%) en NDF de la luzerne
Longueur de la tige la plus longue du niveau du sol au sommet de la tige (en pouces)Stade de la tige à l'état de maturité le plus avancé :
Stade végétatif avancé
Stade de la tige à l'état de maturité le plus avancé :
Stade du bouton
Stade de la tige à l'état de maturité le plus avancé :
Stade de floraison
1628,529,731,4
1729,230,432,0
1829,931,132,7
1930,631,833,4
2031,332,534,1
2132,033,234,8
2232,733,935,5
2333,434,636,2
2434,035,336,9
2534,735,937,6
2635,436,638,3
2736,137,338,9
2836,838,039,6
2937,538,740,3
3038,239,441,7
3239,640,842,4
3340,341,543,1
3440,942,243,8
3541,642,844,5
3642,343,545,2
373,044,946,5
3843,744,946,5
3944,445,647,2
4045,146,347,9

Par exemple, si la tige à l'état de maturité le plus avancé est au stade du bouton et si la tige la plus longue mesure 28 pouces, la teneur en NDF est évaluée à 38,0 %.

La qualité des fourrages diminue toujours un peu à la récolte et durant l'entreposage. On vise donc une teneur plus faible en NDF dans le champ que dans l'ensilage préfané. La méthode des ÉPQL permet d'estimer la qualité des plants de luzerne sur pied, et ne tient pas compte des modifications de qualité qui se produisent en raison du flétrissement (respiration), de la récolte (perte de feuilles) et de l'entreposage (fermentation). Ces facteurs vont accroître la teneur finale en NDF d'environ 2 % (ensilage préfané) et jusqu'à 6 % (foin), en présumant que les conditions sont propices au flétrissement et à la récolte. Cette méthode est précise surtout pour les bons peuplements purs de luzerne affichant une croissance normale. La teneur en NDF des graminées dans un peuplement mixte sera plus élevée que celle de la luzerne, de sorte que les peuplements renfermant une bonne part de graminées devront être fauchés plus tôt.

Baguette à mesurer

Les baguettes à mesurer la NDF par la méthode des ÉPQL sont faciles à lire et peuvent être utilisées au champ. Elles sont offertes sur le marché ou on peut les fabriquer chez soi à l'aide d'un bâton et en utilisant le tableau ci-dessus. La méthode des ÉPQL permet de prendre des décisions pour la coupe, mais elle ne saurait remplacer l'analyse des fourrages et l'équilibrage des rations. Dans les peuplements presque purs de luzerne, sous des conditions normales de croissance, cette méthode peut être très précise. L'ÉPQL n'est pas parfaite, mais elle est probablement plus précise que les méthodes qui utilisent uniquement les dates de calendrier, le stade de développement du bouton ou de la fleur ou la longueur de la tige. Elle possède en outre l'avantage d'exiger que le producteur parcoure ses champs et y découvre éventuellement d'autres problèmes.