Production commerciale d’arachides en Ontario
Découvrez les meilleures pratiques pour produire des arachides de haute qualité. Ces renseignements sont destinés aux cultivateurs commerciaux d’arachides de l’Ontario.
Introduction
L’arachide (Arachis hypogaea L.) n’est pas une véritable noix. Il s’agit d’une plante légumineuse qui aime la chaleur et qui appartient à la famille des haricots. La plante est originaire d’Amérique du Sud et constitue une culture importante dans de nombreuses régions chaudes du monde.
Les arachides existent en 4 variétés :
- Valencia
- Spanish
- Virginia
- Runner
Les variétés Valencia et Spanish ont une maturité plus précoce et sont les seules à convenir au climat de l’Ontario. Actuellement, seules les variétés de type Valencia sont produites commercialement.
L’arachide produit des fleurs jaune vif. Les premières fleurs apparaissent entre la mi-juin et le début du mois de juillet. Après la pollinisation, la fleur tombe et une pousse ou une tige, également appelée gynophore, commence à pousser à partir de la base de la fleur, se plie et s’enfonce dans le sol. Ce processus est souvent appelé « germination totale ». La tige pousse à une profondeur de 5 à 7,5 cm dans le sol, puis se met à l’horizontale et se transforme en gousse d’arachide. Seules les 15 à 20 premières fleurs se transforment en gousses matures à la fin de la saison. Même si la plante continue à fleurir pendant une longue période, les gousses qui se développent plus tard n’auront pas suffisamment de temps pour arriver à maturité.
Zone d’adaptation
Un minimum de 3 000 unités thermiques du maïs est nécessaire pour une croissance et un développement normaux. Les arachides cultivées dans les régions où les unités thermiques sont plus faibles n’atteignent pas une maturité optimale et le rendement est généralement trop faible pour justifier une production commerciale.
Type de sol et fertilisation
Les arachides poussent mieux sur des sols sableux ou limoneux-sableux, légers et bien drainés. Les sols qui ne drainent pas parfaitement et ceux qui sont très sensibles à l’érosion éolienne doivent être évités. Les sols à texture plus fine qui ont tendance à se tasser et à s’encroûter sont moins souhaitables car ils risquent de :
- Réduire l’émergence des semis
- Entraver la « germination totale »
- Contribuer aux problèmes de récolte
Les sols contenant des pierres sont également indésirables. Les pierres de la taille d’une arachide sont particulièrement préoccupantes car elles sont difficiles à séparer des arachides.
La capacité des sols à fournir des éléments nutritifs varie considérablement. Une analyse du sol est le meilleur moyen de déterminer si un engrais ou de la chaux est nécessaire. La chaux doit être appliquée lorsque le pH est inférieur à 5,8. En général, les cultures ayant poussé dans des sols présentant un bon niveau de phosphate et de potasse réagissent peu à l’application directe d’engrais commerciaux. Toutefois, si l’analyse du sol indique qu’un engrais supplémentaire est nécessaire, il doit être épandu à la volée et incorporé au sol avant les semis.
L’arachide est une légumineuse qui a la capacité de fixer biologiquement ses propres besoins en azote. Les semences doivent être correctement inoculées au moment de la plantation pour favoriser la nodulation. L’application d’un inoculant granulaire (ou liquide) [pas une préparation à base de tourbe] à raison de 56 g par 100 m de rang (9 kg/ha) est nécessaire. L’inoculant doit être appliqué directement sur les semences dans le sillon de semences pour assurer une bonne nodulation.
Les arachides ont besoin d’une grande quantité de calcium facilement disponible au moment de la « germination totale ». Dans certains pays, du gypse est appliqué au début de la floraison comme source de calcium. Toutefois, aucune réponse n’a été obtenue à la suite d’applications de gypse dans le cadre d’essais de recherche.
Préparation des terres
Pour protéger les sols sablonneux contre l’érosion éolienne et hydrique, ils sont normalement ensemencés de plantes couvre-sol d’hiver. Ces plantes couvre-sol doivent être labourées et le sol doit être tassé avant la fin du mois d’avril afin de laisser suffisamment de temps pour la décomposition des plantes avant la plantation. Le travail superficiel du sol est effectué à l’aide d’une herse à dents flexibles ou à disques juste avant la plantation.
Le lit de semence final doit être lisse et de préférence tassé. Pour que la récolte en un passage soit efficace, il faut le plus possible que chaque plante soit ramassée à la même hauteur, ce qui implique que les champs doivent être maintenus à niveau.
Plantation
Les arachides doivent être plantées parallèlement à la direction du labourage pour réduire l’ondulation. La période idéale pour planter les arachides se situe entre le début du mois de mai et la mi-mai. Si les conditions climatiques sont froides et humides, la plantation doit être retardée. Cette culture, bien qu’elle ne tolère pas bien les températures froides, résiste mieux au froid que les haricots cultivés traditionnellement et, une fois que la pousse a émergé, elle peut résister à une gelée de printemps.
Les graines d’arachide étant extrêmement fragiles, des plaques de semoir appropriées seront nécessaires pour réduire les dommages. Toute graine qui se fend ne poussera pas. Le semoir doit être équipé de bandes de profondeur, de protections et de roues plombeuses pour un ensemencement optimal.
L’idéal est de mettre 10 à 13 plantes par mètre de rangée. Pour obtenir cette quantité optimale, il faut planter 13 à 16 graines de bonne qualité par mètre de rangée. Les graines doivent être placées à une profondeur de 4 à 5 cm dans le sol et les rangées doivent être espacées de 60 à 75 cm.
Traitement des semences
Le traitement des semences est souhaitable pour lutter contre la fonte des semis et d’autres organismes de décomposition des semences, mais malheureusement, il n’existe actuellement aucun produit homologué pour cet usage au Canada.
Variétés
Les principales variétés cultivées en Ontario sont :
- OAC Garroy
- OAC Ruby
- OAC Tango
Il s’agit de variétés de type Valencia qui arrivent à maturité un peu plus tôt et ont un rendement plus élevé que de nombreuses variétés américaines telles que McRan, Valencia A et Valencia C.
Culture et désherbage
La présence de mauvaises herbes dans la récolte d’arachide peut réduire considérablement le rendement de la récolte et rendre la récolte difficile. Les mauvaises herbes contribuent au bourrage des têtes de ramassage et entraînent de la terre supplémentaire dans la machine. Il existe des herbicides qui permettent de lutter contre la plupart des mauvaises herbes annuelles. Les mauvaises herbes vivaces en général, et le chiendent en particulier, ne seront pas contrôlées par les herbicides actuellement homologués pour les arachides. Les arachides ne doivent pas être plantées dans des champs connus comme étant infestés de chiendent.
Les arachides peuvent être cultivées et, certaines années, il peut être nécessaire de les cultiver pour lutter contre les mauvaises herbes qui s’échappent. La culture doit être peu profonde afin d’éviter de ramener de la terre fraîche non traitée qui ruinerait les effets du traitement herbicide chimique. Lors du travail du sol, il faut veiller à ce que les champs restent plats et exempts de crêtes ou de collines.
Lutte contre les insectes
La cicadelle de la pomme de terre est l’insecte principal causant d’importantes pertes d’arachides en Ontario. Cet insecte est susceptible d’apparaître à la fin du mois de juin ou au début du mois de juillet. Les symptômes des dégâts causés par les cicadelles consistent en un jaunissement de l’extrémité et des bords des feuilles. En cas de dommages graves, une partie de la feuille peut devenir brune et tomber. La lutte contre les cicadelles de la pomme de terre est nécessaire lorsqu’on observe une moyenne de 2 à 3 nymphes par plante. Certains produits peuvent être homologués.
Par temps sec, les acariens sont connus pour attaquer la récolte et provoquer des pertes de rendement. L’acarien adulte est minuscule, arrondi, à huit pattes et généralement rouge. Les acariens adultes et immatures se nourrissent de la sève de la face inférieure de la feuille. Leur alimentation provoque du jaunissement, de l’enroulement et du bronzage. Un examen approfondi révélera la présence des acariens et d’une fine toile sur la surface inférieure des feuilles. Les données des États-Unis indiquent que l’irrigation peut contribuer à atténuer ce problème. Certains produits peuvent être homologués.
Lutte contre les maladies
Les maladies n’ont pas été problématiques pour les arachides en Ontario. L’ascochytose et la cercosporiose ont été cernées mais n’ont pas causé de pertes de récoltes importantes. Des champignons causant la pourriture des gousses ont également été observés, mais ils ne sont pas considérés comme un problème grave.
Irrigation
Les arachides réagissent à l’irrigation lorsque les conditions météorologiques sont sèches, du début de la floraison jusqu’à la « germination totale ». Une application de 2,5 cm d’eau est considérée comme suffisante pour soulager l’état de stress.
Récolte
La période optimale pour la récolte des arachides en Ontario se situe entre le 20 septembre et le 10 octobre. Une récolte plus précoce est susceptible de réduire le rendement et la qualité, tandis qu’une récolte tardive peut entraîner une augmentation des pertes de gousses en raison de l’activité des organismes de décomposition.
L’arachide ne supporte pas les gelées d’automne. Une légère gelée ne devrait réduire que légèrement le rendement. Une forte gelée qui tue toute la partie supérieure de la plante nécessite le début de la récolte. Si des conditions froides et humides prévalent après la gelée meurtrière, la qualité et le rendement seront touchés. Les systèmes de récolte disponibles sont :
- le système de récolte en un passage
- le système traditionnel des États-Unis
Le système de récolte en un passage implique l’utilisation d’une récolteuse de construction canadienne. Cette machine effectue une coupe en profondeur sous les gousses tandis que des courroies saisissent le feuillage pour soulever la plante du sol. Lorsque les plantes sont soulevées, des racleurs mécaniques enlèvent les gousses de la masse de racines. Les arachides tombent sur un tapis collecteur, les déchets sont aspirés et les arachides sont acheminées vers une trémie. Dans des conditions de récolte humides, de nombreux producteurs de l’Ontario utilisent un certain type de nettoyeur auxiliaire (tel qu’une nettoyeuse à tambour rotatif) avant le séchage pour enlever l’excès de terre.
Le système de récolte des États-Unis implique deux ou trois opérations pour terminer la récolte. Tout d’abord, une partie de la croissance supérieure doit être enlevée. Cette opération peut être réalisée à l’aide d’une hacheuse rotative. Si une gelée meurtrière s’est déjà produite, cette étape n’est peut-être pas nécessaire car la plupart des feuilles seront déjà tombées de la plante. Ensuite, les plantes sont déterrées et mises en andains. Pendant l’opération de déterrement et d’andainage, les plantes sont légèrement secouées pour enlever la terre. Les plantes doivent être laissées en andains suffisamment longtemps pour permettre un certain séchage. Si les plantes sont laissées dans l’andain pendant la nuit et que la température descend en dessous du point de congélation, les arachides seront endommagées. L’étape finale est d’utiliser une moissonneuse-batteuse spécialisée dans les arachides, qui se sert de cylindres à dents flexibles pour séparer les gousses du reste de la plante.
Séchage
Pour un stockage sûr, l’arachide doit passer d’une teneur en humidité de 60 à 70 % normalement présente au moment de la récolte à 10 % d’humidité. Dans ces conditions, les arachides doivent être séchées dans des séchoirs à courant d’air élevé équipés d’une capacité de chauffage supplémentaire. Les séchoirs à tabac en vrac peuvent être adaptés à cette fin, mais quelques modifications mineures seront nécessaires. Des chariots spéciaux pour le séchage d’arachides peuvent également être utilisés.
Les mouvements d’air, la température et l’humidité relative contribuent tous à la qualité du produit séché.
Courant d’air
Les arachides récoltées doivent être aussi propres que possible. Un excès de terre et de débris végétaux entraînera un séchage inégal. Le ventilateur doit être capable de déplacer un minimum de 500 litres d’air par seconde et par m3 d’arachides.
Température de l’air et humidité relative
La température de l’air de séchage doit être ajustée en fonction des conditions de l’air extérieur et ne doit jamais dépasser 30 °C. Voir le tableau 1.
Température de l’air extérieur (°C) | Température de séchage °C à 100 % d’humidité relative | Température de séchage °C à 80 % d’humidité relative | Température de séchage °C à 60 % d’humidité relative | Température de séchage °C à 40 % d’humidité relative |
---|---|---|---|---|
5 | 19 | 17 | 15 | 14 |
10 | 21 | 19 | 17 | 15 |
15 | 24 | 22 | 29 | 17 |
20 | 28 | 25 | 22 | 20 |
25 | 30 | 28 | 25 | 25 |
Source : « Mechanical Peanut Curing ». North Carolina Agriculture Extension Service. Numéro de dossier PPG20.
Une façon d’utiliser le tableau 1 serait de déterminer les conditions de l’air extérieur en écoutant les bulletins météorologiques locaux ou en utilisant un psychromètre à rotation.
En supposant que l’air extérieur a une température de 5 °C et une humidité relative de 80 %, la température maximale de l’air de séchage sera de 17 °C.
L’augmentation de la température de l’air de séchage au-dessus de celle suggérée dans le tableau 1 entraînera un séchage plus rapide puisque l’humidité relative de l’air de séchage est plus faible. Toutefois, les arachides séchées dans ces conditions peuvent présenter une plus grande proportion de saveur passée et de mauvaises caractéristiques de broyage. Les arachides séchées à des températures inférieures à celles indiquées dans le tableau 1 peuvent développer des moisissures et des germes qui se traduisent par une saveur passée et un aspect médiocre.
Marketing
Toute personne qui envisage de produire des arachides doit accorder une attention particulière au marketing. À l’heure actuelle, la seule solution consiste à passer un contrat avec un décortiqueur local. Étant donné qu’il n’y a aucune garantie que des arachides supplémentaires seront nécessaires au cours d’une année donnée, il convient de prendre des dispositions avant de planter la récolte.