Sommaire – Programme de rétablissement du lépisosté tacheté (Lepisosteus oculatus) en Ontario

Préparé par le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l’Ontario. Adoption du Programme de rétablissement du lépisosté tacheté (Lepisosteus oculatus) au Canada (Staton et ses coll., 2012).

La Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD) oblige le ministère des Richesses naturelles et des Forêts à veiller à la préparation de programmes de rétablissement pour toutes les espèces inscrites en tant que menacées ou en voie de disparition sur la Liste des espèces en péril en Ontario (LEPO). En vertu de la LEVD, un programme de rétablissement incorporera en totalité ou en partie un plan existant relatif à l’espèce.

Le lépisosté tacheté (Lepisosteus oculatus) est inscrit sur la LEPO en tant qu'espèce menacée. Il est aussi inscrit en tant qu'espèce menacée en vertu de la Loi sur les espèces en péril(LEP) fédérale. Pêches et Océans Canada a préparé le Programme de rétablissement du lépisosté tacheté (Lepisosteus oculatus) au Canada en 2012 pour satisfaire aux exigences de la LEP. Ce programme est par la présente adopté en vertu de la LEVD. Grâce aux ajouts mentionnés ci-dessous, le programme ci-joint satisfait à toutes les exigences en matière de contenu que stipule la LEVD.

La section 1.3 du programme de rétablissement fédéral pour le lépisosté tacheté (annexe 1) fournit une description des populations et de la répartition du lépisosté tacheté en Ontario. Des activités de relevés additionnelles ont cependant donné lieu à de nouvelles observations du lépisosté tacheté à l’extérieur de l’habitat essentiel désigné au niveau fédéral. Voici un résumé des emplacements des nouvelles observations :

  • affluents de la baie Rondeau : les ruisseaux Mill, Flat et Indian, et les rigolets Wood et McLeans;
  • le ruisseau Muddy (entre pointe Pelée et le parc provincial Wheatley);
  • la baie de la pointe Long (entre Port Rowan et pointe Turkey);
  • le marais de la pointe Turkey.

Des études d'ADN environnemental ont aussi décelé le lépisosté tacheté dans un affluent de la partie inférieure de la rivière Thames (ruisseau Jeanette) et dans Cootes Paradise; des activités subséquentes menées à partir de méthodes traditionnelles d’échantillonnage n'ont toutefois pas permis de déceler l’espèce.

Des analyses génétiques, réalisées en 2015 par W. Glass et se coéquipiers, ont indiqué chez plusieurs populations distinctes de lépisosté tacheté vivant en Ontario, le flux génétique inféré présentait de faibles niveaux, entre elles.

La section « Habitat essentiel » du programme de rétablissement fédéral désigne un habitat essentiel (conformément à la définition de la LEP). La désignation d’un habitat essentiel ne fait pas partie des éléments d’un programme de rétablissement préparé aux termes de la LEVD. Par contre, il est recommandé de tenir compte de l’approche utilisée pour désigner l’habitat essentiel dans le programme de rétablissement fédéral dans l’élaboration d’un règlement sur l’habitat en vertu de la LEVD. Il faudra en outre tenir compte des emplacements des nouvelles observations mentionnées plus haut dans l’élaboration d’un règlement sur l’habitat pour cette espèce.

Sommaire – Programme de rétablissement du lépisosté tacheté (Lepisosteus oculatus) au Canada

Préparé par Stanton et ses coll., 2012, Pêches et Océans Canada.

Le lépisosté tacheté est une espèce de taille relativement grande (jusqu’à 760 mm de longueur totale), fortement cuirassée. Ce prédateur possède un corps long et étroit ainsi qu’un museau oblong muni de nombreuses dents pointues. Le dos et la partie supérieure des flancs sont de couleur vert olive à brun velouté, au-dessus de la ligne latérale, et la partie inférieure est de couleur argent mat. Les adultes présentent des taches brunes sur le museau, la tête, le corps et les nageoires. Le lépisosté tacheté se distingue du lépisosté osseux, qui est plus courant, par son museau plus court et plus large. Bien que non menacé à l’échelle mondiale, le lépisosté tacheté est à la limite nord de son aire de répartition dans le sud de l’Ontario, région où il n’a jamais été courant. Les populations subsistantes sont présentes dans trois milieux humides côtiers peu profonds et fortement végétalisés du lac Érié (baie Long Point, parc national de la Pointe‑Pelée et baie Rondeau). De plus, cette espèce a été récemment observée dans le lac East et le havre Hamilton (bassin hydrographique du lac Ontario); on ne sait toutefois pas si des populations reproductrices existent à ces endroits du fait que la présence d’un seul individu a été confirmée à chaque emplacement (en 2007 et en 2010 respectivement). Les observations historiques de lépisosté tacheté comprennent des spécimens isolés provenant du lac Sainte-Claire et de la baie de Quinte (lac Ontario). Parmi les menaces pesant sur les populations de lépisostés tachetés, mentionnons la perte générale d’habitats (en raison du dragage, du remblaiement et des améliorations portuaires), la charge en sédiments et en éléments nutritifs, les espèces exotiques, les barrières qui limitent les mouvements, le changement climatique et, probablement, les pressions exercées par la pêche (prises accidentelles dans les pêches commerciale et récréative).

Le lépisosté tacheté est inscrit en tant qu’espèce menacée en vertu de la Loi sur les espèces en péril fédérale. Or, la Loi prévoit l’élaboration d’un programme de rétablissement pour préciser les approches qu’il faut mettre en œuvre pour arrêter ou renverser le déclin des espèces. Pêches et Océans Canada et l’Agence Parcs Canada, en collaboration avec le gouvernement de l’Ontario, Environnement Canada (Service canadien de la faune) et d’autres partenaires, ont élaboré un programme de rétablissement pour faciliter la protection et le rétablissement de cette espèce.

Le but à long terme du programme de rétablissement (sur plus de 20 ans) est de protéger, d’améliorer et de maintenir des populations de lépisostés tachetés dans les trois milieux humides côtiers du lac Érié où des populations subsistent toujours. Les objectifs de rétablissement à court et à moyen termes suivants seront appliqués sur une période variant de cinq à dix ans pour contribuer à l’atteinte de l’objectif à long terme.

  1. Préciser les objectifs en matière de population et de répartition
  2. Assurer une protection adéquate de l’habitat essentiel
  3. Déterminer les tendances à long terme affichées par la population et l’habitat
  4. Recenser les menaces, évaluer leurs impacts relatifs et mettre en œuvre des mesures correctives au besoin pour en réduire les effets
  5. Améliorer l’efficacité des efforts de rétablissement
  6. Améliorer la qualité et l’étendue des habitats disponibles
  7. Améliorer la sensibilisation et l’appréciation générales à l’égard du lépisosté tacheté et des habitats en milieux humides côtiers où il vit
  8. Faire en sorte que les propriétaires fonciers, les communautés et les organismes prennent part à des mesures d’intendance qui limitent/éliminent les menaces recensées pesant sur le lépisosté tacheté et son habitat

L’équipe de rétablissement a relevé plusieurs approches qui sont nécessaires à l’atteinte des objectifs de rétablissement établis pour le lépisosté tacheté. Ces approches ont été classées en trois catégories, et les mesures à prendre d’urgence sont résumées ci-après.

Recherche et surveillance

  • Effectuer des relevés ciblés afin d’obtenir des valeurs de référence aux sites historiques et actuels ainsi que dans d’autres zones présentant un habitat approprié afin de déterminer l’aire de répartition, l’abondance et la taille de la population
  • Établir et mettre en œuvre un programme de surveillance afin d’évaluer les changements sur le plan des caractéristiques des populations et de l’habitat
  • Déterminer les besoins concernant l’étendue du domaine vital et l’habitat saisonnier pour chaque stade de développement du lépisosté tacheté
  • Confirmer l’importance de tous les facteurs associés à des menaces ayant une incidence sur les populations
  • Évaluer le degré de connectivité (hydrologique, écologique et génétique) entre les populations de lépisostés tachetés

Gestion et coordination

  • Assurer une coordination avec les équipes de rétablissement et les groupes d’intendance, y compris l’équipe de rétablissement de la région Essex-Érié (EREE) et d’autres groupes concernés, afin de partager des connaissances et de mettre en œuvre des mesures de rétablissement
  • Inciter les municipalités et d’autres groupes de gestion des terres à protéger les habitats qui sont importants pour le lépisosté tacheté sur le territoire qu’ils administrent (p. ex. dans des plans officiels)

Intendance, vulgarisation et sensibilisation

  • Promouvoir les efforts d’intendance auprès des propriétaires terriens à l’échelle des bassins hydrographiques où se trouvent des milieux humides côtiers occupés par l’espèce dans le lac Érié
  • Favoriser, par l’entremise d’initiatives d’intendance en cours, la mise en œuvre de pratiques de gestion optimales et soutenir l’achèvement et la mise en œuvre de plans de ferme environnementaux et de plans de gestion des éléments nutritifs

Des descriptions partielles de l’habitat essentiel ont été élaborées pour les populations de lépisostés tachetés se trouvant dans le parc national de la Pointe-Pelée, l’aire de faune nationale de la baie Long Point/le ruisseau Big et la baie Rondeau. On a élaboré un calendrier des études afin d’exposer les étapes nécessaires à l’amélioration des descriptions de l’habitat essentiel se trouvant dans l’aire de répartition de l’espèce. Le calendrier des études sera également appliqué à de nouveaux emplacements si on confirme la présence de populations établies.

On adoptera une approche double pour la mise en œuvre du rétablissement, laquelle combine une approche plurispécifique, complétée par une approche axée sur une seule espèce. L’exercice sera réalisé grâce aux efforts coordonnés de divers groupes concernés (p. ex. offices de protection de la nature) ainsi que l’EREE et ses groupes de mise en œuvre du rétablissement connexes. Le programme de rétablissement sera complété par un ou plusieurs plans d’action qui seront élaborés dans les cinq ans suivant la publication de la version définitive du programme de rétablissement dans le Registre public. La réussite des mesures de rétablissement par rapport à l’atteinte des objectifs de rétablissement sera évaluée par l’entremise des mesures du rendement prévues. Le programme de rétablissement sera réévalué dans son ensemble tous les cinq ans, ce qui nous permettra de faire le point sur les progrès accomplis et d’incorporer de nouvelles données.