• Écarter préalablement par des analyses les autres causes possibles, avant de conclure que les problèmes sont causés par des moisissures et des mycotoxines.
  • La production et/ou la santé du bétail exposé aux mycotoxines se rétablissent dans un délai allant d'une à plusieurs semaines après le début des mesures correctives. Le délai de rétablissement est d'autant plus long que l'exposition aux mycotoxines est prolongée : des animaux exposés pendant des semaines, voire des mois, peuvent subir des lésions hépatiques et/ou rénales.
  • Mesures correctives initiales :
    • nettoyer les grains moisis, en éliminant les fines particules et les grains légers soupçonnés d'être contaminés par les mycotoxines;
    • rajuster les rations pour tenir compte des niveaux d'énergie réduits des aliments moisis ou des grains légers (inférieurs de 5 à 10 %).
  • Diluer les aliments contaminés, par l'ajout d'aliments exempts de moisissures. Il faut préalablement analyser les aliments contaminés afin de pouvoir les diluer dans la ration finale de matière sèche jusqu'à obtenir une teneur en mycotoxines située en deçà des limites de sécurité correspondant à la catégorie des animaux intéressés.
  • Le blé en grains peut représenter au maximum 15 à 20 % de la ration totale (extrait sec) pour le bétail en général, 25 à 40 % de la ration en grains pour les vaches laitières en période de lactation, et jusqu'à 40 % pour le bétail d'engraissement. Le niveau réel dépend en pratique des autres grains qui entrent dans l'alimentation, et en particulier de la rapidité de dégradation des amidons dans le rumen.
  • La teneur maximum inoffensive en blé est également influencée par l'ordre dans lequel les ingrédients sont dispensés, par la quantité d'aliments dispensés et par la qualité de l'entretien des étables et des mangeoires.
  • Toujours vérifier si les chiffres sont donnés pour l'extrait sec ou pour l'aliment préparé. Dans le second cas, corriger pour trouver la teneur dans l'extrait sec afin de calculer les taux d'inclusion.

    Par exemple : un aliment préparé contenant 65 % d'humidité donne 2,5 ppm de DON à l'analyse.

    100 - 65 = 35 % d'extrait sec.

    2,5 ¸ 0,35 = 7,1 ppm de DON dans l'extrait sec.

  • Les niveaux de mycotoxines peuvent influencer la proportion maximum de blé que l'on peut accepter d'incorporer dans la ration. Voici la formule :
  • teneur inoffensive dans la ration totale (extrait sec)

    teneur dans le blé (extrait sec) x 100 = proportion maximum acceptable

    Par exemple : pour les vaches en période de lactation, la teneur maximum en DON est de 1 ppm. Si le blé a une teneur en DON de 5 ppm à l'analyse, on ne peut en incorporer que :

    1,5 x 100 = 20 % maximum dans la ration totale (extrait sec) (équivalent du niveau maximum recommandé ci­dessus).

  • Règle générale : pour les vaches laitières qui tolèrent un maximum de 1 ppm de DON, une teneur en DON supérieure à 5 ppm dans le blé réduit la proportion maximum de cet ingrédient à moins de 20 % dans la ration totale (extrait sec).
  • Règle générale : pour le bétail d'engraissement qui tolère un maximum de 5 ppm de DON, une teneur en DON supérieure à 12,5 ppm dans le blé réduit la proportion maximum de cet ingrédient à moins de 40 % dans la ration totale (extrait sec).
  • Dans le cas des vaches recevant une alimentation traditionnelle, utiliser le niveau maximum de grain dispensé, et non le niveau moyen. Même si la ration moyenne contient 50 % de grain et 50 % de fourrage, les vaches en début de période de lactation consomment parfois jusqu'à 60 % de grain. Calculer comme ci­dessus.
  • Par exemple : pour les vaches en période de lactation
  • teneur maximum en DON de 1 ppm; si la teneur en DON du blé est de 5 ppm à l'analyse, alors le taux d'incorporation maximum dans la ration totale (extrait sec) est de :

    1 ¸ 5 x 100 = 20 %;

    et le taux d'incorporation maximum dans la ration de grains (proportion qui se situe dans la gamme acceptable donnée ci­dessus) est de :

    20 % / 0,6 = 33 % .

  • À partir des limites indiquées pour les autres toxines, faire les mêmes calculs que ci­dessus pour déterminer si la teneur en autres toxines présentes à l'analyse exige une réduction plus considérable de la proportion de blé dans la ration.
  • Quels que soient les niveaux recommandés ou acceptables calculés, les modifications apportées peuvent altérer le goût des aliments et entraîner une baisse de la consommation. L'altération du goût est parfois le principal facteur qui détermine la proportion acceptable de blé en grains dans la ration.
  • En cas de doute, pécher par excès de prudence et ouvrir l'œil pour déceler tout problème!
  • Ajouter 0,5 % (ou la teneur recommandée par le fabricant) d'aluminosilicate ou de bentonite dans les rations des ruminants afin d'atténuer les effets des mycotoxines. Ces produits peuvent lier les mycotoxines dans le tube digestif et en réduire l'absorption. Ils sont efficaces surtout contre l'aflatoxine, et à un degré moindre contre les autres mycotoxines.
  • Sur le terrain, l'ajout d'aluminosilicate ou de bentonite aux rations des ruminants a permis d'obtenir des améliorations en présence de mycotoxines de Fusarium. Toutefois, les études contrôlées sont soit inexistantes, soit décourageantes à cet égard.
  • On peut tenter d'atténuer les effets des mycotoxines en accroissant la teneur en vitamines A, E et B1, ainsi qu'en oligo­éléments de la ration (sélénium, zinc, cuivre et manganèse). Ici encore, nous ne disposons que d'indications anecdotiques, selon lesquelles il conviendrait d'augmenter les teneurs de 25 %. Ne pas oublier les contre­indications (p. ex. taux de cuivre dans les rations destinées aux ovins).
  • Ajouter un produit inhibiteur des moisissures approprié (propionate de sodium ou de calcium, ou acides organiques) aux grains stockés pour empêcher le développement ultérieur de moisissures :
    • ajouter 0,2 à 0,25 % aux aliments non ensilés et dont la teneur en humidité est de 14 à 17 %;
    • ajouter de 0,5 à 0,6 % aux aliments non ensilés et dont la teneur en humidité est de 18 à 24 %

    (ou suivre les recommandations du fabricant).

  • Autres facteurs à considérer :
    • si les effets sont modérés, réduire de 50 % la teneur en ingrédients suspects de la ration;
    • si les effets sont plus graves, cesser l'utilisation de l'ingrédient suspect pendant une semaine au moins; en cas d'amélioration, faire analyser l'ingrédient; et en cas de résultat positif, cesser définitivement l'utilisation de l'ingrédient, ou bien en faire établir la teneur en mycotoxines pour permettre d'en calculer la proportion appropriée dans la ration.
  • Pièges à éviter :
    • les mycotoxines sont en général concentrées dans la farine basse, la balle, les grains légers et les grains cassés; la teneur en mycotoxines des criblures peut aller jusqu'au quintuple de celle des grains. Cette année, il faut, semble-t-il, être particulièrement prudent lorsqu'on inclut des criblures de grains dans l'alimentation!
    • les grains contaminés utilisés dans les procédés industriels de fermentation présentent un danger potentiel, puisque la fermentation ne dégrade pas les mycotoxines, qui se concentrent dans les sous­produits de distillerie.