Préparé par Holly Bickerton

Le frasère de Caroline (Frasera caroliniensis) est une plante vivace caractéristique de la famille des gentianes (Gentianaceae). On trouve cette espèce partout dans le centre et l’est de l’Amérique du Nord, et bien qu'elle soit considérée comme non en péril (G5) en Amérique du Nord, elle n'est pas commune dans toute son aire de répartition. Au Canada, le frasère de Caroline n'est présent que dans le Sud-Ouest de l’Ontario, et il est répertorié comme espèce en voie de disparition en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en péril. On recense environ 12 populations existantes connues, concentrées dans les régions de Hamilton, Halton, Brant et Niagara. La population totale est estimée à 7 633 plantes, soit une augmentation de près de 80 pour cent depuis le rapport de situation de 2006 du Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). En revanche, cette augmentation évidente est sans doute attribuable à d’importants efforts de recherche depuis 2005. Une petite proportion de la population totale du frasère de Caroline est présente dans des zones protégées comme des parcs provinciaux et des aires de conservation. La majorité des plantes au Canada se trouve sur des terres privées et le long des couloirs de services publics et de transports.

Le cycle biologique du frasère de Caroline est inhabituel. Les plantes de cette espèce peuvent passer de nombreuses années comme des rosettes non reproductives avant de fleurir, de former des graines et de mourir au cours de la même saison. De nombreuses plantes d’une population ou d’une région peuvent fleurir et mourir la même année. La floraison est irrégulière et les facteurs qui la stimulent sont inconnus. Cette stratégie de reproduction pourrait, dans une certaine mesure, limiter la population de cette espèce et sa répartition.

En Ontario, le frasère de Caroline pousse dans des milieux secs et caducs, notamment dans des forêts, des régions boisées et des savanes, et également dans des fourrés d’arbustes. Il semble préférer les zones arborées avec des couverts clairs ou des ouvertures de couvert, mais tolère aussi un large éventail de conditions pédologiques physiques et chimiques. Les graines sont sans doute principalement dispersées par la gravité et, dans une moindre mesure, par l’eau et le vent. Les principales menaces pour le frasère de Caroline en Ontario sont la perte et le morcellement de l’habitat, les plantes envahissantes, la gestion des couloirs de services publics et de transports, la succession et la fermeture du couvert forestier, la dégradation de l’habitat et l’érosion.

L’objectif de rétablissement du frasère de Caroline vise à protéger toutes les populations existantes, à conserver son abondance sur chaque site, et à garantir sa persistance à long terme dans son aire actuelle de répartition en Ontario. Les objectifs de protection et de rétablissement consistent à :

  • protéger et gérer les populations existantes et leur habitat
  • identifier et, le cas échéant, gérer les menaces pour les populations et les habitats
  • établir les tendances de la population et les changements aux conditions des habitats grâce à une surveillance fréquente
  • lorsque cela est faisable et nécessaire, faciliter le recrutement, augmenter les populations existantes et envisager le rétablissement des populations dans des lieux historiques dans un habitat adapté; et
  • combler les écarts des savoirs sur la situation de la population, sa gestion, son cycle biologique, et la gravité des menaces

Il est recommandé que la zone visée par un règlement sur l’habitat du frasère de Caroline englobe le type de végétation du ou des polygones de la classification é cologique des terres attenants (CET) (Lee et coll. 1998) dans lesquels se trouve l’espèce. Si des plantes se situent en bordure d’une communauté végétale, une distance minimale de 50 mètres à partir de la limite extérieure de la population est recommandée dans le cadre de la réglementation. Le frasère de Caroline est présent dans certaines communautés végétales d’origine anthropique (p. ex., des fourrés d’arbustes), et celles-ci pourraient figurer dans un règlement sur les habitats. Lorsque les populations sont présentes dans un habitat uniforme et géré de manière anthropique le long de couloirs linéaires de services publics et de transports, une distance de 50 mètres à partir de la limite extérieure de l’endroit où se trouve la population est recommandée dans le cadre de la réglementation. La représentation cartographique des habitats visés profiterait à cette espèce.