Préparé par Holly J. Bickerton

La mauve de Virginie (Sida hermaphrodita) est une grande herbe vivace et distinctive de la famille des mauves (malvacées). Son aire de répartition couvre tout l’est de l’Amérique du Nord et l’espèce est rare au plan mondial (G3). Elle est jugée extrêmement rare dans le bassin hydrologique des Grands Lacs, qui constitue la limite nord de son aire de répartition. On ne connaît que deux populations au Canada, toutes deux en Ontario, où l’espèce figure à la liste des espèces en voie de disparition établie aux termes de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. L’une de ces populations se trouve dans le comté Haldimand, dans la zone de protection de la nature Taquanyah; elle gérée par l’Office de protection de la nature de la rivière Grand. L’autre se trouve dans une carrière autorisée située le long du couloir d’un gazoduc de la région de Niagara. On n'a documenté aucun déclin quant à ces deux populations. Au contraire, la population a récemment augmenté dans la zone de protection de la nature Taquanyah et on croit que celle de la région de Niagara est stable.

La mauve de Virginie croît dans des zones riveraines humides et des plaines inondables. Elle pousse tant en plein soleil ainsi qu'à la mi-ombre. Elle semble tolérer une grande variété de conditions physiques et chimiques du sol. L’espèce était autrefois cultivée et on la trouve le plus souvent dans des habitats perturbés comme le long des routes et autres corridors. On croit que les semences sont dispersées par l’eau. Bien que certaines populations vivant dans l’aire de répartition étaient probablement adventices, on pense que les deux populations ontariennes sont indigènes.

Le facteur limitant de mauve de Virginie est sa préférence pour des habitats étroits, riverains ou en plaines inondables, lesquels ont fait l’objet d’aménagement ou de modifications partout en Amérique du Nord. En Ontario, les menaces les plus importantes qui pèsent sur la mauve de Virginie sont la destruction de l’habitat, la concurrence de la part des espèces invasives exotiques (par ex. le roseau commun) et l’entretien des emplacements.

Le but en matière de rétablissement de la mauve de Virginie est de protéger et de maintenir toutes les populations existantes dans le sud de l’Ontario et d’assurer la longévité à long terme de l’espèce dans son aire de répartition actuelle. Les objectifs en matière de protection et de rétablissement sont les suivants : protéger les populations existantes; évaluer régulièrement la situation zootechnique de l’espèce à tous les emplacements et en faire le rapport, et rechercher des habitats adéquats en vue de populations supplémentaires; gérer les emplacements afin de réduire les menaces, et combler les lacunes sur le plan des connaissances, particulièrement en ce qui a trait à l’extrémité nord de l’aire de répartition de l’espèce. Un tableau résumant les approches précises pour réaliser les objectifs et atteindre le but du rétablissement fait partie de ce rapport.

On recommande que l’aire visée par le règlement sur l’habitat de la mauve de Virginie comprenne le ou les polygones écologiques contigus décrits dans le Programme de classification des terres écologiques (Lee et coll. 1998) où vit l’espèce. Si une population (ou une sous-population) occupe plus d’un type d’écosite, tous les polygones écologiques contigus devraient être compris. Les écosites d’origine anthropogénique (par ex. les prés et les fourrés) pourraient faire partie du règlement sur l’habitat. On recommande de cartographier l’habitat de toutes les sous-populations de cette espèce, surtout si ce processus fait participer les propriétaires et les gestionnaires de terres à la protection de l’espèce.