Élaboré par l’équipe de rétablissement de l’airelle à longues étamines

L’airelle à longues étamines (Vaccinium stamineum) est un arbrisseau colonial apparenté à la bruyère, du genre Vaccinium, qui comprend le bleuet et la canneberge. Elle est classée dans la catégorie des espèces dites « menacées » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) et le Comité de détermination du statut des espèces en péril en Ontario (CDSEPO). Elle est également classée dans cette catégorie dans l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (Canada) et sur la Liste des espèces en péril en Ontario (Règlement de l’Ontario 230/08).

Moins de 1 % de l’aire de répartition mondiale de l’airelle à longues étamines se trouve au Canada. En fait, la présence de l’espèce n'a été constatée qu'à deux endroits au Canada, les deux en Ontario : la région de Niagara (un site) et celle des Mille Îles (cinq sites). Au moins six populations de l’espèce dans la région de Niagara ont disparu au cours des sept dernières décennies. La population globale de l’espèce dans la région des Mille Îles est assez stable depuis 40 ans. La population qui existe toujours dans la région de Niagara consiste en trois communautés comptant un total de neuf tiges. Elle est protégée par la Commission des parcs du Niagara. La population de la région des Mille Îles est plus grande. À cet endroit, le parc national des Îles-du-Saint-Laurent protège quatre des cinq sites. Deux de ces sites comprennent des populations issues d’une réintroduction de l’espèce. Un site dans la région des Mille Îles se trouve sur un terrain privé.

Dans la région de Niagara, l’airelle à longues étamines pousse dans des forêts claires peuplées de chênes. Dans la région des Mille Îles, elle pousse dans des peuplements de chênes rouges (Quercus rubra), de pins rigides (Pinus rigida) et de pins blancs (Pinus strobus). Ces types de communautés végétales sont habituellement considérés comme associés à d’anciens incendies. Ce sont des communautés de transition (stade intermédiaire de succession écologique).

Plusieurs caractéristiques inhérentes pourraient être des facteurs limitants pour l’airelle à longues étamines dans son aire de répartition la plus septentrionale. Ce sont ceux-ci : faible succès de reproduction; faible tolérance au froid de l’hiver; faible diversité génétique; manque possible d’agents de pollinisation et de propagation des graines; concurrence de la part d’autres plantes (p. ex., le bleuet). Le faible succès de reproduction est l’obstacle le plus grand au rétablissement de l’espèce. Aucun établissement de plants naturels n'a été observé en Ontario jusqu'à présent, mais les arbrisseaux peuvent donner des fruits.

Le manque d’habitat (attribuable à des successions naturelles ou à l’extinction d’incendies), le piétinement et l’érosion ou l’affaissement du sol sont parmi les dangers auxquels est exposée l’airelle à longues étamines. À certains endroits, le broutage par des chevreuils pourrait être un danger important. Plusieurs facteurs, non considérés pour l’instant comme perturbateurs, pourraient en fait l’être déjà ou le devenir. Mentionnons entre autres les espèces envahissantes, l’aménagement urbain et les agents pathogènes.

Maints travaux ont déjà été réalisés ou sont en cours, notamment les travaux de réintroduction de l’espèce au parc national des Îles-du-Saint-Laurent, les travaux de recherche sur la germination et la génétique de l’espèce, et les traitements herbicides visant à éliminer le nerprun commun (Rhamnus cathartica) au site dans la région de Niagara.

Sont parmi les lacunes dans les connaissances qu'il faut combler afin d’accroître l’efficacité des travaux de rétablissement : déterminer la cause du faible succès de reproduction de l’espèce; déterminer les besoins en matière d’habitat; déterminer le rôle du feu dans la création et l’entretien d’habitats; déterminer la variabilité génétique des populations locales; déterminer les conditions du milieu nécessaires à l’établissement de plants; connaître le cycle biologique de l’espèce (p. ex., vecteurs, associations de genre mycorhizien et agents pathogènes).

Le but central de la stratégie est de faire en sorte que l’airelle à longues étamines persiste dans son milieu naturel aux endroits où sa présence a été constatée, sans régression de ses populations à court terme, et qu'il y ait, à long terme, une augmentation du nombre et de la taille de ses populations, jusqu'à ce qu'il soit décidé que l’espèce n'est plus en péril dans l’une ou l’autre des deux régions où elle existe en Ontario.

Les objectifs sont ceux-ci :

  1. Assurer la persistance de l’airelle à longues étamines dans son habitat actuel à tous les endroits où elle pousse naturellement et aux endroits propices à sa réintroduction, pour que ses effectifs restent stables ou s'accroissent au cours des 10 prochaines années et par la suite.
  2. Relever les mesures requises pour atténuer les dangers qui pèsent sur l’espèce et son habitat, et les mettre en œuvre lorsque cela est jugé approprié.
  3. Terminer les travaux de recherche et de surveillance nécessaires pour déterminer les besoins en matière d’habitat, la diversité génétique, le cycle biologique et les tendances relatives aux populations.
  4. Fournir un milieu propice au rétablissement de l’espèce par la planification, la protection et la remise en état d’habitats actuels ou potentiels, et par la réintroduction, l’introduction et l’accroissement de populations dans des milieux convenables.

Les actions recommandées pour aider à atteindre ces objectifs ont trait aux domaines de la gestion et de l’intendance, de la recherche et de la surveillance, de la remise en état de milieux dégradés, des actions de proximité et de la collaboration. Des moyens de mesurer les progrès sont définis. Ils rattachent des jalons à des délais sur une période de cinq ans.

Il est recommandé que les endroits où il existe des populations naturelles de l’espèce ou des populations introduites avec succès soient désignés « habitat de l’airelle à longues étamines » dans un règlement sur la protection de l’habitat de l’espèce. Il est en outre recommandé que l’aire dans un rayon de 30 mètres autour de la limite externe de chaque plante soit désignée « habitat de l’airelle à longues étamines » dans un tel règlement. Lorsque les plantes sont séparées de plus de 30 mètres, mais qu'il existe (d’après la classification écologique des terres) un habitat contigu dans cette zone intermédiaire, il est recommandé que cette zone intermédiaire soit désignée « habitat de l’airelle à longues étamines » dans un règlement sur la protection de l’habitat de l’espèce.