Élaboré par H. Bickerton et M. Thompson-Black.

Le cornouiller fleuri (Cornus florida) est un petit arbre de sous-étage des forêts de feuillus de l’est de l’Amérique du Nord. Au Canada, il n'existe que dans le sud-ouest de l’Ontario, où sa présence a été constatée à 154 endroits entre 1975 et 2005. Il est inscrit sur la Liste des espèces en péril en Ontario (catégorie des espèces en voie de disparition) et figure à l’annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (Canada).

Le cornouiller fleuri est en forte régression dans son aire de répartition en Amérique du Nord, en raison de l’anthracose du cornouiller, une maladie des végétaux due à un champignon microscopique appelé Discula destructiva. En Ontario, on a estimé que ses populations s'appauvrissent de 7 à 8% chaque année. La succession forestière (remplacement d’une communauté végétale par une autre), la prédation herbivore par le cerf de Virginie (Odocoileus virginianus), la perte d’habitats, les insectes et d’autres ravageurs sont parmi les autres dangers auxquels le cornouiller fleuri est exposé. Ceux-ci aggravent probablement sa régression, mais ils sont relativement mineurs par comparaison à la redoutable anthracose du cornouiller.

Le cornouiller fleuri est une espèce des forêts caroliniennes de l’Ontario. Il est présent dans diverses communautés végétales, notamment dans des habitats dont la gamme s'étend des stations mésoïques plutôt sèches, qui sont ouvertes et peuplées de chênes et de noyers, aux stations mésoïques peuplées de feuillus (érables et hêtres) ou de peuplements mixtes. Le cornouiller fleuri préfère les forêts d’âge intermédiaire à âge mûr, et peut tolérer un peu d’ombrage. On le trouve aussi en bordure de clôtures et de routes. Il affectionne les sols acides à texture grossière, bien drainés, constitués de sable limoneux. Éminemment capable de repousser par ses rhizomes après un incendie, il manifeste une assez bonne adaptation aux feux de forêt. Le brûlage dirigé est prometteur comme outil de gestion, car il ouvre le couvert forestier, ce qui crée un milieu moins favorable aux maladies causées par des champignons microscopiques.

La stratégie proposée vise à conserver et à protéger les populations du cornouiller fleuri qui existent encore, à réduire la régression de l’espèce et, aux endroits où cela est possible à rétablir les populations de l’espèce dans toute son aire de répartition dans le sud de l’Ontario. En voici les objectifs :

  • Relever et protéger les populations qui existent encore dans l’aire de répartition de l’espèce dans le sud de l’Ontario.
  • Surveiller la santé de l’espèce, les dangers auxquels elle est exposée et sa résistance possible à l’anthracnose.
  • Élaborer et mettre en œuvre des moyens pour maîtriser l’anthracnose du cornouiller et d’autres dangers présents dans les peuplements naturels, et examiner le succès des moyens mis en œuvre.
  • Aux endroits où cela est possible, rétablir l’habitat ou les populations de l’espèce (ou les deux).

 Il est recommandé que les endroits où il existe des populations naturelles de l’espèce soient désignés « habitat du cornouiller fleuri » dans un règlement sur la protection de l’habitat du cornouiller fleuri pris en application de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. Les limites de ces endroits devraient être définies par l’établissement d’écosites dans le cadre du Programme de classification écologique des terres. Pour les arbres qui poussent naturellement dans des milieux non forestiers (p. ex., au bord de routes et de clôtures), il est recommandé qu'une aire de 25 mètres autour du tronc de chaque arbre soit protégée par le règlement sur la protection de l’habitat du cornouiller fleuri.