Élaboré par T. Pulfer, C. Bahlai et L. Mousseau

Le gomphe de Laura (Stylurus laurae) appartient à la famille des Gomphidés, qui inclut les libellules et les demoiselles. Son aire de répartition s’étend du Texas et de la Panhandle de Floride jusque dans la zone de géographie physique des Plaines de Sables de Norfolk. En Ontario, seulement deux populations sont actuellement connues, celles des ruisseaux Big et Big Otter. Le gomphe de Laura est classé espèce en voie de disparition sur la Liste des espèces en péril en Ontario (EEPEO). Il a également été classé espèce en voie de disparition par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC).

Le gomphe de Laura a besoin d’un environnement aquatique de haute qualité et d’une zone riveraine végétalisée, idéalement par des forêts matures. On l’observe généralement près de petits ou de moyens ruisseaux à substrat sablonneux ou limoneux, suspendu à des arbres ou des arbustes. Les adultes utilisent les rapides des ruisseaux pour butiner, s’accoupler et probablement pour déposer leurs œufs. Les œufs et les larves récemment écloses sont transportés en aval du ruisseau, vers un bassin. Les adultes ont une courte durée de vie. Ils se reproduisent et déposent leurs œufs en l’espace de quelques semaines suivant le passage au stade adulte.

La dégradation ou la modification de l’habitat aquatique et terrestre constitue la principale menace à la survie et au rétablissement du gomphe de Laura. Les menaces à l’habitat aquatique sont notamment les changements du débit fluvial, du pH, de la quantité d’oxygène dissous, de la température, de la charge en éléments nutritifs, de la qualité de l’eau ou encore la pollution et la construction de barrages. Les menaces principales de l’habitat terrestre comprennent la modification du rivage et la perte d’habitat rivulaire. Les espèces envahissantes (en particulier le gobie à taches noires) et les collisions avec les automobiles peuvent aussi avoir un effet négatif sur le gomphe de Laura, mais la pression que ces facteurs exercent sur les populations est inconnue et nécessite une étude plus approfondie. Les facteurs limitatifs comprennent la répartition restreinte et l’apparente sensibilité aux caractéristiques spécifiques de l’habitat. Les lacunes dans les connaissances incluent un manque général d’information au sujet de l’espèce (entre autres sur les comportements liés à la reproduction et au butinage, sur la tolérance physique aux changements des conditions des ruisseaux ou aux pesticides et herbicides), une évaluation quantitative de l’impact des collisions avec les automobiles et l’étendue de la distribution en Ontario.

Le but du rétablissement est d’assurer une population du gomphe de Laura viable et autosuffisante en Ontario. Les objectifs de protection et de rétablissement sont les suivants :

  • protéger, maintenir et améliorer la quantité et la qualité des habitats actuels de l’espèce;
  • réduire ou atténuer les menaces pour l’espèce ou son habitat, si possible,
  • accroître les connaissances au sujet de la biologie de l’espèce; notamment la distribution, l’abondance, le cycle biologique et les besoins en matière d’habitat.

Il est recommandé que tous les endroits à la portée des ruisseaux (zones de ressources aquatiquesfootnote 1, telles que définies par le MRN) actuellement occupés par le gomphe de Laura, ainsi qu’une zone terrestre de 200 mètres au-delà des milieux naturellement végétalisés des deux côtés des ruisseaux (distance typique que les libellules et demoiselles parcourent entre leur habitat de reproduction et de repos) soient réglementés en tant qu’habitat en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition.