Élaboré par l’Équipe de rétablissement du mené long.

Le mené long (Clinostomus elongatus) est un petit cyprinidé (famille des Cyprinidae) aux couleurs vives qui vit dans de petits ruisseaux dans le bassin sud des Grands Lacs, le bassin versant du cours supérieur du fleuve Mississippi et le bassin versant du cours supérieur du fleuve Susquehanna. Au Canada, le mené long n'existe que dans le sud de l’Ontario, le plus souvent dans des ruisseaux qui se jettent dans la zone ouest du lac Ontario. Ses populations ont régressé à bien des endroits dans toute son aire de répartition. Le Comité de détermination du statut des espèces en péril en Ontario (CDSEPO) avait initialement classé le mené long parmi les espèces dites « menacées ». C'était en 2000. Après avoir constaté un appauvrissement des populations qui survivent encore et relevé les dangers auxquels celles-ci sont exposées, il a été décidé, en 2009, de classer le mené long dans la catégorie des espèces en voie de disparition, conformément à la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. En avril 2007, le mené long est classé au Canada parmi les espèces en voie de disparition par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). Il fait actuellement l’objet d’un examen pour voir s'il devrait être classé parmi les espèces en voie de disparition aux termes de la Loi sur les espèces en péril (Canada).

La stratégie a été élaborée par une équipe composée de porte-parole des gouvernements fédéral et provincial, des offices de protection de la nature, du Musée royal de l’Ontario, du zoo de Toronto et du groupe Ontario Streams. Elle prévoit un cadre d’action pour que les compétences concernées et d’autres intéressés assurent la pérennité du mené long en Ontario.

Le mené long a besoin d’eaux fraîches et limpides, s'écoulant en une succession répétée de zones de courant et de zones calmes, et surplombées de végétation. Il a disparu de plusieurs affluents de la zone ouest du lac Ontario, et la longueur des ruisseaux occupés par plusieurs de ses populations qui existent encore a été réduite. On croit que l’aménagement urbain serait le principal danger qui pèse sur ses populations ontariennes. Le gros de ses populations canadiennes se trouve dans la région ontarienne du Golden Horseshoe, une région qui se développe rapidement. L’aménagement urbain peut causer un envasement des cours d’eau, modifier la structure du lit des cours d’eau et la turbidité des eaux, accroître la température des eaux, modifier le débit des eaux souterraines et des cours d’eau, détruire la végétation riveraine et faire introduire des polluants dans les cours d’eau. Tous ces facteurs peuvent avoir des effets négatifs sur les populations du mené long. L’agriculture intensive et l’introduction d’espèces non indigènes sont d’autres dangers auxquels est exposé le mené long.

Plusieurs lacunes dans les connaissances ont été relevées relativement à la distribution et à la biologie de l’espèce, et aux facteurs limitant ses populations. Afin de bien cibler les efforts, il est important de définir clairement les principaux facteurs qui limitent l’abondance et la distribution des populations du mené long en Ontario.

À longue échéance, l’objectif est de rétablir des populations viables du mené long dans une bonne partie de son aire de répartition historique en Ontario. Cet objectif sera concrétisé :

  1. En protégeant les populations actuelles qui sont en bonne santé et capables de se reconstituer naturellement, et en protégeant leurs habitats;
  2. En remettant en état les populations et les habitats dégradés;
  3. en rétablissant l’espèce à des endroits au sein de son aire de répartition historique, lorsque cela est possible.

À brève échéance, les objectifs à atteindre au cours des cinq prochaines années sont ceux-ci :

  1. Déterminer la distribution et l’abondance des populations actuelles;
  2. Maintenir la distribution et l’abondance géographiques actuelles, grâce à la protection des habitats et à d’autres mesures;
  3. Établir un programme de surveillance de longue durée pour déterminer la situation de l’espèce et de ses habitats;
  4. Faire un travail de sensibilisation pour faire connaître l’importance de l’espèce et la nécessité de gérer et de protéger ses habitats;
  5. remettre en état les habitats dégradés et relever des sites possibles pour la réintroduction de l’espèce.

La stratégie décrit des interventions qui pourront protéger les populations actuelles, remettre en état les habitats dégradés, recueillir de l’information sur la situation de l’espèce et de ses habitats, et mieux faire connaître l’importance de l’espèce.

De bons progrès ont été accomplis sur plusieurs fronts pendant (et avant) l’élaboration de la stratégie. Un groupe d’action a été créé dans la zone du ruisseau Irvine pour encourager des initiatives de protection du milieu, et des travaux de remise en état de ruisseaux sont en train d’être réalisés dans l’affluent Morningside, le ruisseau Fourteen Mile et le ruisseau Purpleville. Des activités de surveillance ont lieu dans tout le territoire ontarien du mené long. Elles sont organisées par le Musée royal de l’Ontario, le ministère des Richesses naturelles de l’Ontario (MRNO), Ontario Streams et plusieurs offices de protection de la nature. Le MRNO et Pêches et Océans Canada ont commencé des travaux de recherche sur le patrimoine génétique du mené long. Le zoo de Toronto a dirigé la production et la distribution de plusieurs outils d’information et de sensibilisation, dont une brochure, des panneaux informatifs et des textes pour des programmes d’études. Des travaux de recherche ont été réalisés sur les protocoles de surveillance, les besoins de l’espèce en matière d’habitat, les mouvements de l’espèce et les ressources disponibles en nourriture.

L’évaluation des mesures que prévoit la stratégie devrait être principalement réalisée par des programmes de surveillance extensifs et intensifs. Ceux-ci devraient servir à déterminer le nombre d’endroits où vit encore le mené long, l’étendue du territoire occupé par le mené long et les tendances en fait de population et d’habitat à des endroits bien précis. Les mesures d’évaluation devraient être incorporées dans le plan de sensibilisation, pour qu'on puisse déterminer le degré d’efficacité des efforts déployés dans ce domaine. La stratégie devrait être réexaminée dans cinq ans, afin d’évaluer les progrès réalisés vers les objectifs établis, et pour relever d’autres méthodes et changements qui pourraient être nécessaires.

Il est recommandé que tous les biefs où vit actuellement le mené long, tous les cours supérieurs (les aspects du patrimoine naturel et les fonctions soutenant les biefs occupés par le mené long) et tous les biefs qui avaient été occupés par le mené long, où les chances de rétablissement de l’espèce sont très bonnes, soient désignés « habitat du mené long » dans un règlement sur la protection de l’habitat du mené long pris en application de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition. L’habitat du mené long consiste en deux éléments : la bande de débordement des ruisseaux dans l’aire des ressources aquatiques; le lit des méandres des ruisseaux et son habitat riverain à au moins 30 mètres du lit des méandres (cela est mesuré horizontalement).