Le semis direct semble attrayant

Les producteurs de maïs qui souhaitent remplacer la culture de fourrage déclinante par une autre dans un champ pourraient envisager de semer du maïs après une première récolte de fourrage. Ce maïs semé tardivement est d'ordinaire destiné à l'ensilage et on pourrait ainsi changer la vocation du maïs semé plus tôt, destiné à l'origine à l'ensilage, pour produire du maïs grain. Dans certaines zones de la province, en choisissant une variété adéquate, la culture semée plus tard pourra produire du maïs grain. Avec les facteurs limitatifs du temps et de l'accumulation des degrés jours de croissance, cette culture de maïs doit être semée au plus tôt après la récolte de fourrage. C'est pourquoi il peut être très attrayant de semer le maïs sans labours dans les chaumes du fourrage. En outre, plusieurs des avantages offerts par la culture précédente de fourrage, dont le contrôle de l'érosion et de la structure du sol, seront accrus ou prolongés, ou les deux, si le producteur a recours au semis direct.

Les résultats de la recherche

En Ontario, des chercheurs de l'Université de Guelph se sont penchés sur les rendements du maïs à ensilage avec différents modes de travail du sol, lors d'une étude menée près de Woodstock en 1988 et en 1989. Lors de ces travaux, une surface d'herbage de cinq ans (composé à 75 % de luzerne) a été convertie à la production de maïs à la fois par un travail du sol classique et un mode sans labours après l'enlèvement du fourrage (destiné à l'ensilage préfané) au début juin. On trouve au tableau 1 les rendements obtenus selon ces deux systèmes de travail du sol. Les rendements du maïs à ensilage ont été équivalents avec les deux systèmes de travail du sol classique et sans labours en 1989, cependant ce dernier a donné des rendements sensiblement moindres que le travail conventionnel en 1988. Les pluies étaient à 7 % de la normale en juin 1988, provoquant en semis direct des conditions qui ont donné de faibles peuplements et un piètre début de croissance. On attribue le succès des semis de maïs sans travail du sol qui ont succédé à la récolte de fourrage en 1989 à une teneur adéquate d'humidité du sol pendant et après les semis.

Table 1. Effet des systèmes de semis du maïs après la récolte de fourrage du début juin sur les rendements de maïs à ensilage à Woodstock, Ontario.
Système de semis de maïs Rendements du maïs à ensilage, avec un taux d'humidité de 65 % (tonnes/acre)
1988 1989
Travail du sol classique (après la récolte de fourrage)
17,0 16,6
Semis direct (après la récolte du fourrage)
8,9 16,8
Date des semis
2 juin 8 juin

Aflakpui, T. Vyn, G. Anderson, D. Clements, M. Hall et C. Swanton, Université de Guelph.

La University of Wisconsin (M. Smith, P. Carter et A. Imholte) a effectué de 1985 à 1987 des études similaires à celles menées en Ontario, avec des résultats relativement semblables. Dans ces travaux, les rendements de maïs grain en semis direct après la récolte de fourrage hâtive se comparaient aux rendements obtenus avec labour seulement une année sur trois. Les semis directs étaient réussis l'année où les pluies de juin étaient supérieures à la moyenne. Les deux autres années de l'étude, les rendements du maïs en semis direct étaient en moyenne inférieurs de 46 boisseaux/acre à ceux du système avec travail du sol.

Les facteurs que le producteur peut contrôler

Pour le producteur déterminé à semer du maïs à la suite d'une récolte de fourrage au début juin, si la pluie semble limitée, les risques sont moindres en incluant un peu de travail du sol avant les semis. Ce travail n'aide pas à conserver l'humidité du sol ou sa structure, mais il est essentiel pour favoriser un bon contact entre la semence et le sol, et l'exploration hâtive des racines du maïs dans ces sols relativement secs et durs. Il s'agit d'un phénomène courant en Ontario. On peut mesurer un taux d'humidité du sol plus élevé dans les sols sans labours par rapport au sol travaillé, mais quand le temps sec se met de la partie assez tôt les plants de maïs ne peuvent implanter un système racinaire en mesure d'explorer tout le profil du sol. Dans ce cas les semis direct donnent de moins bons résultats que le travail du sol, puisque même si le sol non travaillé a conservé plus d'humidité, les racines n'y ont pas accès.

Toutefois, les années comme celles où l'humidité du sol est adéquate, il semble que le maïs croît aussi bien dans ces prés, à la condition de pouvoir s'implanter et connaître un bon départ. Voici quelques suggestions à cet égard.

  1. La manœuvre exige un semoir avec une pression descendante et une densité de semis globale supérieures à la normale. Les poids légers sont déconseillés.
  2. Certains prés plus denses ne peuvent être travaillés adéquatement au motoculteur à trois coutres répandus dans les semoirs à semis direct. La bande qui en résulte aura des mottes, elle sera remplie d'air et elle ne favorisera pas la germination ou le début de la croissance du plant. Le producteur voudra envisager un coutre simple avec des roues qui éliminent les débris, pour obtenir un lit de semence plus propre et plus ferme.
  3. L'élimination chimique des mauvaises herbes et du fourrage est essentielle. Appliquer un traitement recommandé avant la récolte du fourrage, ou des herbicides de prélevée ou de postlevée à la culture de maÏs.
  4. Le producteur devra choisir un hybride de maïs dont le nombre de degré jour de croissance convient à la date tardive des semis et à l'usage souhaité (maïs ensilage ou maïs grain). Le maïs semé tardivement est plus sensible à l'attaque du charançon du maïs, le recours à un hybride Bt est recommandé.