Introduction

A Un bon système de logement des truies doit viser l'atteinte d'un équilibre entre les besoins du producteur et ceux des animaux. Le choix d'un tel système de logement se fait en fonction de critères économiques, des exigences en matière de bien-être animal et du type de régie souhaité. Divers systèmes de logement des truies sont utilisés en Ontario, dont le logement en groupe et le logement individuel. Les préoccupations grandissantes des consommateurs envers les questions de bien-être animal et les changements apportés au Code de pratiques pour le soin et la manipulation des porcs contribuent à accroître la présence de systèmes de logement collectif au sein de l'industrie porcine en Ontario et au Canada. La présente fiche technique présente de l'information de base sur le logement en groupe pour les truies gestantes. On y mentionne en outre des ressources pour permettre au lecteur d'approfondir davantage la question.

Exigences du code de pratiques

En 2014, le Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage (CNSAE) a publié une mise à jour du Code de pratiques pour le soin et la manipulation des porcs. Le Code précise : « Dans toutes les installations nouvellement construites, rénovées ou mises en usage pour la première fois après le 1er juillet 2014, les cochettes et les truies saillies devront être logées en groupe.? »

Le document précise en outre ce qui suit : « À compter du 1er juillet 2024, les cochettes et truies saillies devront être logées en groupe, ou dans des enclos individuels, ou dans des cages à la condition d'avoir la possibilité de se retourner ou de faire périodiquement de l'exercice? ». La définition d'exercice reste à établir par le comité scientifique du Code de pratiques, et le CNSAE précisera les méthodes d'exercice appropriées d'ici le 1er juillet 2019. Dans tous les cas, « on peut utiliser des cages individuelles jusqu'à 28 jours après la date de la dernière saillie, et une période additionnelle allant jusqu'à 7 jours est permise pour organiser le regroupement.? »

Logement en groupe

Le logement collectif offre aux truies une liberté de mouvement, accroît les possibilités d'exercice et favorise les interactions sociales, qui sont toutes des composantes indispensables au bien-être des animaux. Le logement en groupe des truies augmente toutefois la difficulté de surveiller la dynamique du troupeau et peut présenter des risques de comportements agressifs entre les animaux. Des études montrent que dans les systèmes de logement adéquatement conçus et bien gérés, il est possible d'arriver à ce que les truies logées en groupe soient aussi productives et en santé, et même davantage, que si elles sont gardées dans des cages de gestation individuelle. De plus, un sondage réalisé dans des exploitations agricoles de l'Ontario a permis de constater une augmentation du nombre de portées/truie/année chez les truies logées en groupe.

Systèmes de logement en groupe avec compétition alimentaire

Dans un système de logement en groupe avec compétition alimentaire, les truies peuvent manifester des comportements agressifs envers leurs congénères lorsqu'elles tentent d'obtenir davantage de nourriture. Il est recommandé, dans la mesure du possible, de regrouper les truies en fonction de leur parité, de leur gabarit ou de leur état de chair afin de réduire les comportements agressifs au moment des repas. Il est courant de recourir à l'alimentation au sol et à l'alimentation en bat-flanc (cages ouvertes). Ces systèmes exigent habituellement moins de dépenses d'investissement, mais les producteurs doivent être confiants en leur capacité en matière de régie du troupeau afin de réduire au minimum les comportements agressifs entre les truies.

Alimentation au sol

L'alimentation au sol est le système qui requiert le moins d'investissement, mais qui est le plus exigeant en matière de régie du troupeau (figure 1). Dans ces systèmes, la prise alimentaire et le gain de poids des truies dominantes sont plus importants que pour les truies dominées. On peut toutefois réduire les agressions en répandant la moulée ou en installant des cloisons dans les enclos.

Plusieurs truies debout ou couchées à proximité de demies-cloisons
Figure 1. Système de logement en groupe avec compétition alimentaire, avec alimentation au sol, à la porcherie de recherche de l'Université de Guelph.

Alimentation en bat-flanc

Le système d'alimentation en bat-flanc (système de cages ouvertes) (figure 2) demande un faible investissement, mais il requiert une régie attentive du troupeau. Les aliments sont distribués en quantités égales dans chaque « cage » au moyen de mangeoires, et des cloisons protègent les truies au niveau de la tête et des épaules, ce qui contribue à réduire les agressions et les blessures. L'utilisation de rations humides ou d'un système d'alimentation à distribution lente ajusté à la vitesse de consommation de la truie la plus lente contribuera à réduire les comportements agressifs.

Systèmes de logement en groupe sans compétition alimentaire

Les systèmes de logement en groupe sans compétition alimentaire empêchent les truies de manifester des comportements agressifs pour se procurer de la nourriture?; toutefois, des agressions sont toujours possibles à l'entrée du distributeur de nourriture lorsque les truies négocient l'accès à la station d'alimentation. Il existe trois systèmes d'alimentation courants sans compétition pour les truies logées en groupe : les distributeurs automatiques de concentrés, les réfectoires et un système mixte combinant les deux premiers systèmes.

Distributeur automatique de concentré

Le distributeur automatique de concentrés (DAC) (figure 3) demande des dépenses d'investissement modérées et une régie d'intensité moyenne. Le DAC comporte une seule zone d'alimentation pour un groupe pouvant atteindre 60 truies, selon le système utilisé. Les courbes d'alimentation individuelles peuvent être programmées dans l'ordinateur, et les truies ont davantage la possibilité de faire de l'exercice et de se retrouver en groupe. La station d'alimentation dans un système de DAC est gérée par un système informatique qui lit la puce de la boucle d'identification à l'oreille de la truie lorsque celle-ci pénètre dans la station d'alimentation et qui distribue la ration adaptée à chaque truie. Cela permet de réduire la compétition entre les truies puisque celles-ci ont accès à la station en tout temps. Elles peuvent obtenir leur ration quotidienne en une seule visite ou revenir plusieurs fois pour compléter leur ration.

Avec ce système, il est toutefois indispensable d'entraîner les truies pour en assurer l'efficacité. Les préposés aux soins des truies doivent avoir une certaine compréhension du système informatique afin de pouvoir repérer les truies qui ne mangent pas ou qui peuvent nécessiter plus d'attention en raison de blessure ou de maladie. Les DAC peuvent aussi être utilisés pour un tri automatisé des truies, procurer de nombreuses rations différentes et pour identifier les truies qui sont en chaleur.

Réfectoires

Les réfectoires (figure 4) demandent des dépenses d'investissement élevées ainsi qu'une plus grande superficie de plancher. Ils requièrent toutefois une régie du troupeau moins exigeante que les autres systèmes. Les réfectoires permettent aux truies de se nourrir en même temps et empêchent les truies dominantes de dérober la nourriture aux truies soumises. Les truies entrent dans le réfectoire au moment des repas par une porte arrière et peuvent en sortir à tout moment en reculant.

Chaque truie du groupe doit avoir accès à un réfectoire?; ce système ne permet pas toutefois de disposer de courbes d'alimentation individuelles. Il est important d'identifier et d'entraîner les truies qui manifestent des difficultés à s'adapter aux réfectoires afin de s'assurer qu'elles peuvent tirer pleinement profit de tous les avantages du logement collectif en passant du temps dans l'aire commune de détente. L'utilisation de diverses ressources et de jouets ainsi que l'amélioration du confort de la zone de détente inciteront les truies à utiliser cet espace.

Truies alignées devant leur mangeoire et séparées par des cloisons peu élevées, dans des cages ouvertes sans barrière arrière.
Figure 2. Système de logement en groupe avec compétition alimentaire, avec alimentation en bat-flanc (cages ouvertes)footnote 1.
Plusieurs truies regroupées autour d'un distributeur automatique de concentré.
Figure 3. Système de logement en groupe sans compétition alimentaire, avec distributeurs automatiques de concentrésfootnote 2.
Truies dans un enclos collectif. Plusieurs truies sont couchées dans des réservoirs ou stalles d'alimentation en libre-accès et d'autres truies sont debout dans l'aire commune.
Figure 4. Système de logement en groupe sans compétition alimentaire, avec réfectoires.

Systèmes mixtes avec DAC et réfectoires

Les systèmes de distributeurs automatiques de concentrés combinés à des réfectoires (figure 5) sont une forme relativement nouvelle de systèmes de logement en groupe sans compétition alimentaire offerts à un coût intermédiaire. Ce système de logement combine les avantages des DAC et des réfectoires. Le dispositif d'alimentation individuelle des truies fait appel aux boucles d'identification (ou puces électroniques) qui fonctionnent par radiofréquence (RFID) et permet d'établir des courbes d'alimentation, comme avec le matériel standard des DAC.

Ce système demande beaucoup moins d'espace que les réfectoires. Les cages peuvent être facilement utilisées par les truies?; certaines truies peuvent cependant avoir besoin d'un peu d'entraînement. Les agressions durant les repas sont réduites avec ce système en raison du plus faible ratio truies/mangeoire (20:1). De plus, ce système exige peu d'entretien, car il est mécaniquement moins complexe que les systèmes de DAC habituels.

Truies étendues sur un plancher latté et devant un distributeur automatique de concentrés.
Figure 5. Système de logement en groupe sans compétition alimentaire avec réfectoires comportant des distributeurs automatiques de concentresfootnote 3.

Cette fiche technique a été rédigée par Laura Eastwood, spécialiste de la production porcine, MAAARO, Stratford.

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